EXCLU - Paul Joly : "La pression me crée une excitation positive" | OneFootball

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·4 juillet 2024

EXCLU - Paul Joly : "La pression me crée une excitation positive"

Image de l'article :EXCLU - Paul Joly : "La pression me crée une excitation positive"

Élu joueur le plus impactant de Ligue 2 par le CIES et meilleur latéral droit du championnat, Paul Joly a explosé à l'AJ Auxerre en allant chercher le titre de champion. À 24 ans, il a prouvé qu'il pouvait s'imposer au plus haut niveau, que ce soit avec l'AJA, ou ailleurs. Entretien avec un revanchard qui vise les sommets.

À 24 ans, tu as déjà connu deux montées en Ligue avec l’AJ Auxerre, une descente en National 1 avec Dijon, des moments difficiles comme ne pas être conservé à Lorient à l’issue de ta formation. On peut dire que ça doit forger un certain caractère !


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C’est sur ! Je pense que le mental joue beaucoup dans le sport de haut niveau. C’est un élément essentiel, c’est difficile d’avancer sans. Très jeune, j’ai eu des difficultés comme quand le FC Lorient ne m’a pas conservé après trois années de formation. Même en professionnel, j’ai vécu des moments forts, des beaux comme des difficiles. Il faut rapidement apprendre à surmonter cela et vivre avec pour pouvoir passer à autre chose et toujours avoir de nouveaux challenges.

Justement, comment tu as vécu cette première déception à Lorient quand tu effectues 3 années de formation et que l’on ne te garde pas. Tu as 18 ans, tu te dis que le foot professionnel pourrait t’échapper ?

Non, jamais. J’ai toujours cru en moi. Je me suis toujours dit que si je mettais les ingrédients nécessaires, j’allais arriver à passer ce cap pour m’installer au plus haut niveau. Même si j’ai eu cet échec à Lorient, j’ai tout de suite basculé sur le futur en croyant en mes capacités.

Finalement, tu rebondis à Amiens, mais là encore, ça ne se passe pas comme prévu et tu ne joues pas…

Surtout que c’était une période vraiment compliquée pour tout le monde. J’arrive à Amiens et seulement quelques semaines plus tard, on se retrouve en plein dans la crise du Covid-19. Les championnats s’arrêtent, les entraînements aussi. Et par la suite, Amiens décide de ne pas me conserver. Heureusement, j’ai rapidement un appel de l’AJ Auxerre. Cela me permet de ne pas trop douter, m’enfermer, et de vite me projeter.

"J’ai un grand soutien de ma famille et de mes amis proches"

Comment fait-on pour continuer d’y croire à ce moment ? La famille, les amis, on se réfugie dans le travail ?

C’est exactement ça. Personnellement, j’ai un grand soutien de ma famille et de mes amis proches. Ils ont toujours été derrière moi dans tous les moments. Et bien sûr, le travail du quotidien, c’est l’élément clef pour continuer de pouvoir croire en soi, sans oublier le mental.

À ce moment, as-tu pensé à aller à l’étranger ou la France était toujours une destination privilégiée ?

Honnêtement, sur le moment, j’étais encore très jeune quand j’ai reçu ces refus. Je voulais signer mon premier contrat professionnel en France, c’était l’objectif. Après, je n’avais pas forcément non plus d’opportunités à l’étranger.

Finalement, tu rebondis donc à Auxerre et tu vas avoir un moment charnière en Coupe de France où tu enchaînes trois titularisations pour cinq passes décisives et un but. C’est un basculement dans ta carrière ? ?

Complètement. Il y a eu un avant et un après. Ce sont mes premiers matchs avec les professionnels. On sait tous que la Coupe de France permet aux entraîneurs de pouvoir faire tourner, de laisser un peu d’espace aux jeunes. Même si au début, c’était des équipes amateurs (Limonest, Chambéry, Ndlr), je me suis dit qu’il fallait montrer de quoi j’étais capable. Ensuite, il y a eu ce troisième match contre Lille où j’ai réalisé une belle performance malgré la défaite.

Qu’est-ce que tu te dis avant cette période ? Jean-Marc Furlan t’avait-il prévenu que tu aurais du temps de jeu pour avoir ta chance ?

L’équipe tournait super bien en Ligue 2. J’étais le troisième choix dans la hiérarchie. Avec cette Coupe de France, le coach Furlan m’a dit que j’allais avoir ma chance. Je suis passé numéro deux grâce à mes performances.

Comment vit-on ces moments ? On se dit qu’il faut absolument prouver sans vouloir trop en faire ?

Il faut trouver un équilibre. C’est une opportunité, il faut savoir la saisir, car dans le football, le train ne passe parfois qu’une fois. Après, il faut savoir gérer la pression, donner le maximum dans les moments opportuns.

"Pelissier a été honnête avec moi et ça m’a permis d’avancer"

Justement, tu as quel rapport avec la pression ?

C’est mon métier. Je pars du principe que j’ai toujours rêvé de jouer dans des grands stades, de disputer des matchs à enjeux, il faut être prêt pour ça. Quand je le vis pour la première fois, je me dis que c’est que du bonheur, sans oublier l’objectif derrière. Rester bien concentré en montrant de quoi je suis capable. La pression me crée une excitation positive, ça n’est pas forcément un stress, je voulais vivre le moment présent à fond, comme ce qui me faisait rêver quand j’avais 10 ans.

Finalement, tu grattes quelques titularisations et tu vis la montée en Ligue 1 depuis le banc. Comment ça se passe à ce moment pour toi ?

À l’époque, c’était ma première saison en professionnel. Vivre cela, c’est déjà magnifique, même si la sensation n’est pas la même quand on est sur le terrain, je m’en suis surtout rendu compte cette année 2023-2024 avec la montée. Ça reste de grands souvenirs. Le groupe vivait bien, l’équipe vivait bien. Il faut montrer ses capacités pour répondre présent aux appels du coach.

Les appels du coach arrivent en Ligue 1 où tu débutes en tant que numéro 1 pour la saison 2022-2023 !

Oui, tout est allé très vite à ce moment-là. Après la montée, je suis tout de suite numéro un. J’ai été plongé dans le grand bain rapidement, il m’a fallu un petit temps d’adaptation. On se dit que ça commence à être sérieux avec des chocs face à Rennes, l’OM, le Paris Saint-Germain… C’est un rêve de gosse. On est très fier de pouvoir faire ces rencontres-là, même si les victoires ne suivaient pas forcément.

Malheureusement pour toi, il y a un changement d’entraîneur avec le départ de Jean-Marc Furlan et l’arrivée de Christophe Pélissier…

Quand le coach Pélissier arrive, il m’explique qu’il ne compte pas forcément sur moi le poste de numéro un. Il a l’honnêteté d’être franc, ça me permet de rapidement pouvoir me focaliser sur un autre projet. Je n’ai qu’une envie, c’est jouer des matchs, prendre de l’expérience, m’améliorer. C’est son choix, à moi de trouver une porte de sortie pour jouer.

Et ça se passe avec Dijon. Ça n’est pas trop dur de revenir en Ligue 2 ?

Je sais que c’est pour six mois. L’objectif, c’est le temps de jeu. Pour ma carrière, c’est le meilleur choix possible. Je n’ai pas envie d'être sur le banc en Ligue 1 et ne pas jouer. Je préfère redescendre d’un échelon et progresser, donner le meilleur de moi-même. C’est ce qu’il s’est passé. Si collectivement, ça ne se passe pas super bien avec la descente en National 1, je joue tous les matchs.

Jean-Marc Furlan, Christophe Pélissier, Omar Dar. Trois coachs avec de forts caractères, tu peux nous en parler ?

Jean-Marc Furlan m’a fait connaître le poste de latéral droit. Au départ, je suis un défenseur central, mais un jour, j’ai eu une discussion avec lui. Il me dit qu’il me voit parfaitement dans un rôle de latéral droit, que je suis capable de faire une grosse carrière, car j'ai un sacré coffre, des capacités techniques. Le coach Daf a été très important, car en tant qu’ancien latéral droit, il m’a donné de très bons conseils pour m’adapter à cette position. Il m’a beaucoup appris en très peu de temps. Et enfin le coach Pélissier. Il a tout de suite été honnête avec moi, ça m’a permis d’avancer dans ma carrière avec ce prêt, puis cette saison de la montée où j’explose.

"C’est toujours très valorisant d’être sollicité par des clubs européens"

Comment perçois-tu ce repositionnement dans le couloir droit ?

Je savais que j’avais des prédispositions pour ce rôle. En tant que défenseur central, je ne suis pas forcément le plus costaud même si j’ai des qualités pour évoluer dans ce rôle. Actuellement, on recherche des profils plus costauds que le mien pour leur dans l’axe. À droite, j’avais un coup à jouer. J’aime beaucoup monter, apporter devant, j’ai tout de suite adhéré. Mais j’ai aussi dû progresser pour m’adapter. Il faut être précis dans les centres, dans le dernier geste. Il faut aussi savoir gérer la répétition des efforts. Ne pas oublier de défendre, savoir rester derrière sur certaines situations, c’est l’intelligence du match. Ça m’a permis de mûrir aussi, gérer un match de 90 minutes. C’est en enchaînant les matchs que l’on trouve son rythme, c’était aussi ça le but de mon prêt à Dijon. Ça m’a énormément apporté.

Et il y a cette saison 2023-2024 en apothéose. En début de saison, imagines-tu que l’AJA puisse faire l’ascenseur ?

Quand on regarde l’effectif, on se rend compte qu’on a une très belle équipe sur le papier, mais comme beaucoup d’autres en Ligue 2. On sait aussi qu’une saison, c’est très long, qu’il faut prendre les matchs les uns après les autres. Au début, on est concentré sur nous, pas sur les autres. Même si on ne parle pas de montée, au fond de nous, on y pense forcément, c’est aussi ça être compétiteur. Et puis quand on voit que ça commence à enchaîner, notamment à la mi-saison, on rêve plus grand.

L’été dernier, tu es courtisé par plusieurs clubs…

C’est ça. J’ai eu quelques propositions. Au début, j’aurais pu être amené à partir. Je ne savais pas comment ça allait se passer avec le coach Pélissier. Le club m'a dit que l’entraîneur voulait me garder, qu’il comptait sur moi pour le couloir droit, qu’il voulait absolument me garder et c’est ce qu’il s'est passé.

As-tu quand même été tenté par un départ à ce moment ?

Au début, j'ai pu penser qu’il ne comptait pas sur moi vu qu’il m’avait fait comprendre cela l’année précédente. Mais après avoir échangé avec le coach et la direction, j'ai décidé de rester. Car le projet était très cohérent pour me faire progresser, c’est toujours bien de sentir qu’on te fait confiance. Ils ont su trouver les mots justes, tout en me rassurant sur le fait que le club ne freinerait jamais ma progression si l’opportunité de franchir une nouvelle étape se présentait un jour.

Et tu as parfaitement rendu cette confiance avec une saison majuscule : 37 matchs sur 38. Qu’est-ce que tu en retiens ?

C’est une année pleine. Je suis très satisfait de mon exercice, j’ai progressé dans de nombreux domaines, appris à mieux gérer mes matchs, la pression de la compétition, des chocs couperets pour la montée, et tout s’est passé à merveille à la fois collectivement et individuellement.

Tu termines finalement avec huit passes décisives, c'est pas mal pour un défenseur droit !

J’ai cette capacité à répéter les efforts, j’aime beaucoup monter, j’ai cette appétence-là, mais je dois rendre des comptes derrière. Car si on monte beaucoup devant, il ne faut pas que ça soit pour rien.

T’étais-tu fixé des objectifs ?

Je m’étais dit qu’il fallait au moins jouer 30 matchs. Et à côté de ça, je me suis dit que je pouvais délivrer cinq ou six passes décisives. Finalement, je termine avec 37 matchs et huit passes décisives. Le contrat est rempli. J’en suis fier, même si on peut toujours faire mieux. Je suis persuadé que j’ai encore une grosse marge de progression dans ce dernier geste.

As-tu le souvenir d'un match marquant dans ta saison ?

Le match le plus abouti collectivement et individuellement, c’est sûrement la victoire face à l’ASSE à l’Abbé Deschamps (5-2 en novembre). Sur ce match, j’ai le sentiment d’être vraiment au top, on a l’impression de dominer dans tous les domaines. C’est à ce moment qu’on peut se dire qu’on vise la montée, surtout quand on bat un club bâti pour aller chercher la Ligue 1. Le stade est en feu, c’est des grands moments.

Quelle a été te relation avec les supporters ?

Les supporters, malgré la descente, ont toujours été derrière nous. Le stade était plein du début jusqu’à la fin. On voulait leur rendre cela sur le terrain. C'est une super ambiance, familiale, avec des habitués, ça fait plaisir pour une petite ville comme Auxerre.

En plus, clin d’oeil du destin, c’est sur la pelouse d’Amiens, club qui ne t’a pas conservé quelques années plus tôt, que tu valides la Ligue 1.

Complètement. Je suis quelqu’un de revanchard. C’était beau d’être officiellement champion de France à la Licorne où j’ai vécu des moments difficiles. Après, ça n’était de la rancune, il y a une différence entre les deux. Le foot, c’est comme ça, il faut faire des choix. Moi, je voulais juste leur prouver que leur choix n’était pas le bon. C’est la vie. Ça m’a offert une petite revanche personnelle. Mais je n’ai aucune rancune envers eux.

Autres récompenses, tu termines dans l’équipe type de la saison de Ligue 2, tu es nommé comme le joueur le plus impactant du championnat. C’est beau !

J’en suis très fier. Après, le collectif est aussi ultra important dans mes performances. C’est tout un groupe qui a su performer. C’est à la fois des récompenses individuelles, mais cela représente toute la belle saison de l’équipe.

Ton nom commence d’ailleurs à circuler en Europe avec des intérêts de Feyenoord, Galatasaray. Dans quel état d’esprit es-tu ?

C’est toujours très valorisant d’être sollicité par des clubs jouant la Coupe d’Europe régulièrement. Je sens que je suis dans le bon chemin de ma carrière. Je continue de progresser. Pour le moment, je verrais ce qui se propose à moi dans les prochains jours du mercato. Actuellement, je suis concentré sur ma préparation physique. Je veux être prêt. Pour l’instant, je suis à Auxerre, mais cela est toujours gratifiant de vois ces intérêts.

J’ai aussi vu que tu avais une petite star dans tes followers avec Dylan Rocher, le champion de pétanque. C’est l’une de tes passions ?

Oui ! Je suis de près le circuit, on regarde les professionnels, mais moi, je suis un amateur. C’est un de mes petits plaisirs de l’été.

Plutôt pointeur ou tireur ?

Pointeur, mais j’aimerais bien être tireur, mais je n’y arrive pas (rires). C’est important de connaître ses qualités et travailler sur ses points faibles, comme au football !

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