EXCLU - Pierre-Emile Hojbjerg : « Tu ne trouveras jamais la même sensation qu'à Marseille » | OneFootball

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·10 décembre 2025

EXCLU - Pierre-Emile Hojbjerg : « Tu ne trouveras jamais la même sensation qu'à Marseille »

Image de l'article :EXCLU - Pierre-Emile Hojbjerg : « Tu ne trouveras jamais la même sensation qu'à Marseille »

Une première. Habituellement, aucun média n’est autorisé à pénétrer dans le bâtiment sportif du centre Robert Louis-Dreyfus. Exceptionnellement, le nouveau service communication de l’Olympique de Marseille nous a ouvert les portes du club. D’abord pour réaliser un entretien XXL avec Pierre-Emile Højbjerg sur la terrasse surplombant les terrains puis au milieu du vestiaire de l’équipe professionnelle pour le shooting photo. Joueur au caractère trempé et à la personnalité particulière, le Danois a, dans un français parfait, distillé des bonbons pour chacune de ses réponses.  


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A comme Allemagne

J’ai eu cette possibilité de…  (il coupe puis se reprend). Les gens me demandent souvent : « À quel âge as-tu pris conscience que tu allais devenir footballeur professionnel ? », car c’était mon rêve depuis tout petit. En fait, quand j'ai fait mes valises et que je suis parti en Allemagne, j’ai commencé à me dire :  « Là, maintenant, c'est sérieux ». À partir de là, ma vie a changé. Je me souviens très, très bien lors de mon départ à l’aéroport, avec deux grandes valises Eastpak et mes parents en bas de l’escalator. Je montais et je regardais en bas, je me souviens des frissons. Tu sais, je sentais un peu de pression aussi. Je quittais la maison pour vivre mon rêve à l’étranger, en Allemagne, dans un club comme Munich. Je me suis régalé. J'ai beaucoup appris, j'ai profité. C'était vraiment une très belle expérience. Au départ, on ne se dit pas forcément : « Le Bayern est trop grand pour moi ». Quand tu es jeune, quand tu es amoureux de foot, tu ne penses qu’au ballon, tu ne vois pas l’institution de la même façon, tu ne vois pas la pression de la même façon. Tu vois le ballon, tu vois le bonheur, tu vois la motivation. Le reste, tu ne te prends pas la tête avec ça. C’est vrai, à l’époque, c’était rare de voir des jeunes partir dans des grands clubs à l’étranger comme ça. Moi, j’avais 16 ans. Mon père m’a soutenu même si ma mère n’était pas à l’aise. Évidemment, elle ne voulait pas bloquer mon rêve, mais le fait de quitter la maison à 16 ans pour aller dans un autre pays et dans une ville qu’on ne connaît pas, ce n’est pas simple. C’est une grande décision. Aujourd’hui, j’ai trois enfants, si tu me dis que je dois laisser le fiston à 16 ans partir de la maison, j'y pense deux fois. Je me souviens, mon père m'a dit : « Écoute, tu as envie ? », j’ai répondu « Oui ». Ensuite, il a ajouté : « Tu as confiance en  toi ? », j’ai répondu : « Oui ». Et là, il m’a dit : « Ok. Moi, c'est la même chose. Je crois en toi. Je vois que c'est ton rêve. Pourquoi ne pas essayer, va profiter et va chercher quelque chose ». En Allemagne, j’ai reçu une belle éducation quand même. Pour l’éducation footbalistique, pour la discipline, pour la mise en place d’un cadre, l’Allemagne est un pays très formateur, encore plus pour un jeune. J’ai beaucoup appris, j’avais la chance d’être dans un club comme le Bayern Munich durant presque trois ans. Il y avait Ribéry que je respectais énormément, pas seulement le footballeur, mais aussi et surtout l’homme. Il avait un cœur énorme et j'ai très vite appris que tu pouvais être le meilleur joueur du monde, mais tu restes quand même...  on peut dire le garçon du quartier. On sentait que Franck, c'était vraiment un mec simple, sympa et accueillant, avec un grand cœur.

 B comme Benatia 

Medhi, comme beaucoup le savent… (Benjamin Pavard interrompt l’interview). Il ne faut pas oublier le « B » comme  « Benjamin » (ils éclatent de rire). Plus sérieusement, je connais Medhi depuis très, très longtemps. Moi, je faisais mes premiers pas dans le foot et lui avait déjà réussi une belle carrière. Après, il a continué sa carrière extraordinaire. Il était très accueillant, un grand support et aussi, il disait les choses de manière très directe. En fait, comme il dit aujourd'hui, comme il fait aujourd'hui, il était très précis, il était très correct et c'était une personne et un joueur avec de très grandes qualités. En tant que dirigeant, je le vois un peu comme le joueur. Il arrive très vite au point important, il analyse très bien les choses. Comme c'est un défenseur, il regarde les choses de l’arrière, il voit tout, et ça lui va très bien. Ce qu'il a fait ici avec Pablo (Longoria), le coach (Roberto de Zerbi) et tout l'environnement, c'est quelque chose d’extraordinaire. Oui, j’ai connu de grands clubs, mais non, je n’ai pas la recette du grand dirigeant (rires). J’ai connu des gens, j'ai connu des dirigeants aussi. Et oui, Medhi vient de commencer, Il a fait une grande carrière de footballeur. Je crois que sa carrière de dirigeant peut être très belle aussi.

 C comme Champion

Si Marseille peut devenir champion cette saison ? Ici, on a de grandes ambitions, on a de grands rêves. C’est normal, tu es à l’OM. Après, il faut rester réaliste et focus sur ce qu’on a à faire. Le plus important est de rester concentré sur chaque match et ne pas s’éparpiller. Aujourd’hui, le match le plus important de la saison, c’est le prochain. C’est comme ça qu'on pense, c'est comme ça qu'on vit les choses. Et comme ça, tu avances pas à pas. On sait que Paris, c’est le grand favori. Dans le foot, tout peut se passer, même si on ne pense pas à ça. On veut, à chaque fois, gagner le prochain match. Et comme tu dis, le début de saison donne espoir. En mai, on parlera de notre position au classement.

 D comme Danemark 

Quand je pense au Danemark et à ma carrière avec la sélection, tout ce qui va avec, je te dis immédiatement « fierté ». J'ai la chance de représenter mon pays. J'ai la chance d'être capitaine de mon pays. On revient un peu à ce que je te disais au début, ce sont des rêves d’enfant, quand tu jouais dans les quartiers, quand tu jouais dans la cour, à l’école. Je rêvais de ça. Aujourd'hui, je vis ces choses-là, je me sens très fier et reconnaissant. C'est vraiment, encore une fois, une fierté, un honneur, d'être dans ce groupe et d’en être le capitaine. J’ai une anecdote au Danemark. Une fois, j’étais à la maison et j’avais mon ballon. J'aimais bien taper mon ballon sur le mur. Du coup, mon père vient pour la troisième fois, il me dit : « Écoute, arrête de taper le ballon sur mur. Il y a la cour en bas, sinon, il y a le city-stade, donc si tu n’as rien à faire, va là-bas ». Il était 10h ou 10h30 du matin. Moi je me disais : « Il me casse la tête, il ne veut pas me laisser jouer au ballon tranquille ». Du coup, j’ai pris mon ballon, une petite gourde et je suis sorti en bicyclette. En fait, c'était sa bicyclette. Comme on était dimanche, il n’allait pas au travail. Du coup, je suis sorti à 11h00 et suis rentré vers 17h00. Au début, il voulait que je sorte à cause du ballon, et quand je suis revenu, il m’a crié dessus parce que j’avais pris son vélo (rires). Après m’avoir bien grondé, il m’a dit (il imite son papa) : « Alors, tu as gagné ou pas ? ». J’ai répondu : « Ouais tranquille, on s’est bien amusés ». C’était le fonctionnement de mon père, il pouvait être très dur et en même temps, il avait le clin d’oeil, il savait comment me gérer.

 E comme Enfance 

En tant que Danois, tu as une chance d'avoir un pays qui a quand même un bon niveau de vie. Je vivais dans un quartier tranquille, avec d’autres jeunes, de différentes origines. On se croisait sans souci. On ne restait pas dans notre coin, on se mélangeait, que ce soit au club de foot, à l’école ou au quartier. À Copenhague, tu fais tout à vélo, il y a des petits quartiers un peu partout. Et je me souviens, j'avais un très bon ami. Il était du Ghana, il s’appelait Jacob. J'allais lui rendre visite en vélo et il se préparait, il avait le ballon. Et puis on allait jouer avec les Bosniens, les Albanais, les Turcs, tout le monde. Et quand je revenais dans mon quartier, c’était d’autres gens, j'aimais beaucoup ce côté un peu complexe, multi-culturel, on retrouve ça dans le football. Je crois beaucoup à l’ouverture d’esprit, au fait d’avoir les bras ouverts pour tout le monde. Le plus important, c’est le respect et connaître sa limite. Je remercie mes parents pour cette enfance, ça a construit l’homme que je suis aujourd’hui.

 F comme Famille 

Ma mère et ma soeur, c’est le côté féminin de la famille, le côté émotionnel. Avec elles, ça a toujours été, et c’est encore le cas, très émotionnel. Parfois, on ne se parle pas, mais on sent cette émotion, cet amour. C'est quelque chose de spécial quand même. Parfois, ma mère m’appelle en début de semaine, elle me dit :  « Alors, c’était comment le match ? » (rires). Alors qu’on avait gagné 2-1 à Strasbourg le vendredi. Sinon, elle m’appelle le dimanche et me dit « Alors, ça va ? Tu as match aujourd’hui ? ». Et je lui dis : « Non, j’ai joué vendredi » (rires). Elle suit ma carrière, elle suit ce que je fais. Mais pour elle, le plus important, c’est ma personne. Elle me demande toujours : « Comment tu vas toi ? ». Elle veut avoir des nouvelles de Pierre-Emile. Le footballeur, elle le voit déjà. Mais ma personne, ce qu’il se passe en moi, c’est ça qui intéresse ma maman. C’est pour ça que je te parle de ce côté émotionnel, c’est très sentimental entre nous.

 G comme Greenwood 

J’aime beaucoup ce garçon, j'apprécie ce qu'il donne au vestiaire et ce qu'il procure sur le terrain. Ces 12 derniers mois, il a énormément grandi. Il peut dire un grand merci au coach et au club. Il a un vestiaire qui le comprend et lui comprend le vestiaire. Il est vraiment bien intégré. Il a de l’humour, il fait des blagues, il est bon délire, très marrant. En tant que joueur, je ne me trompe pas si je dis qu’en ce moment il fait partie des meilleurs joueurs d’Europe.

 H comme Hobbies 

Oh ! C’est une question que je me pose parfois à moi-même. J'aime bien cuisiner. Je ne suis pas le grand cuistot, mais j'aime bien m’installer en cuisine (sourire). Ça me change les idées, ça détend, ce n’est pas quelque chose de — grand, mais c’est sympa. En plus, ça fait plaisir aux gens avec qui je partage le repas. Bon, je ne cuisine pas souvent non plus. Je peux te dire le hobby que j'avais quand j'étais enfant, j'aimais beaucoup la pêche. Il y avait beaucoup de lacs, mais aussi la mer, à Copenhague. Mon oncle me ramenait là-bas. Mon père venait aussi quand il avait le temps. Quand je retourne au Danemark, j’appelle mon oncle et lui dis : « Ce serait bien de prendre du temps pour pêcher ». C'est un grand souvenir de mon enfance. J'ai des photos de ces expériences-là, où je porte la grande veste de pêcheur et je tiens un poisson dans les mains. C'était quelque chose de beau. On prenait la bicyclette, on prenait le train, on allait dans le nord de Copenhague. Il y avait les lacs, mon oncle préparait le bateau. Moi, je me mettais devant. Il y avait la petite caisse pour manger et normalement, c'était pour le déjeuner. Et au bout de 10 minutes de trajet, je commençais à mettre ma main et à picorer dans la caisse pour manger (rires). Mon oncle gueulait et disait :  « Arrête, on vient de partir ! ». C’était un moment privilégié entre mon oncle et moi, c’était vraiment spécial.

I comme Intelligence 

Quand je parle aux gens, je dis que je suis amoureux de foot, je regarde beaucoup de foot. Le côté intellectuel du foot m'intéresse beaucoup. Le côté tactique, le côté technique, sentir un match, parce qu'un match peu changer. Et puis, d’un autre côté, je suis très curieux sur la vie. J'aime bien parler avec les gens qui ont des expériences de vie, des points de vue différents. Je ne suis pas toujours d'accord avec eux, ils ne sont pas toujours d'accord avec moi, mais j’aime l’échange et le partage. Depuis que j'ai 16 ans, je ne vis pas dans mon pays. Je parle des langues différentes, je rencontre des gens différents, je découvre des continents différents. Et j'apprécie beaucoup ce côté du foot, tu peux rencontrer des gens avec des cultures très différentes. Depuis que je suis tout petit, ça m'intéresse. Peut-être que c’est en lien avec mon enfance, en lien avec mon papa. Il nous a toujours appris à être ouvert avec les gens, à écouter ce qu'ils ont à dire, à connaître la limite et à toujours avoir du respect pour l’autre. Mon père a travaillé durant plusieurs années en Afrique. Il partait pendant un ou deux mois, deux fois dans l'année. Il partait en Afrique de l’Ouest : Sierra Leone, Guinée et d’autres endroits encore. Il allait dans le centre du pays pour vraiment chercher, creuser dans les milieux des gens. C'était un anthropologue, un homme curieux. Un jour, on a joué au foot, et sur le retour, on était avec un ami d’origine turque. Et son papa avait un restaurant de kebab. Il nous amenait là-bas, on mangeait le kebab, on buvait le petit thé. Et tu voyais que mon père était à l'aise dans ces situations. Je m’adaptais rapidement aussi, je prenais exemple sur mon père. Ensuite, quand on voyait des Danois qui mangeaient des pommes de terre avec des fricadelles, on switchait. On s’intégrait et s’adaptait partout. Mon père parlait parfaitement français. Pourtant, ce n'était pas un Français. Il voyageait beaucoup. Pour lui, tout était normal.

 J comme Jeu 

Toutes les expériences vécues durant une carrière aident énormément. Elles te permettent de progresser plus rapidement. Je me souviens quand j'étais jeune, je faisais mes premiers pas en pro. Je jouais mes premiers matchs en équipe nationale. Tout va très vite, tout va bien, ça explose un peu. Et après, tu passes de « talent » à « joueur senior ». Ce passage a été un peu difficile. Ensuite, à 22 ans, j’étais le capitaine de Southampton. Et là encore, c'est une expérience qui te fait progresser et qui te demande aussi de progresser. Il y a des périodes dans la vie ou dans la carrière qui te demandent de progresser plus vite. Tu ne peux pas te permettre de rester sur le même rythme, il faut mettre un coup d’accélérateur et tu engranges de d’expérience très rapidement. Forcément, ça te rend meilleur et tu le ressens. Après, je suis allé à Tottenham. On a joué l’Euro avec le Danemark, nous sommes arrivés en demi-finale, toutes ces expériences te font passer plusieurs caps d’un coup. C’est la même chose maintenant. Je suis arrivé à Marseille, et on a bien évolué ces derniers mois, que ce soit l’équipe collectivement ou moi à titre personnel comme joueur. J'essaie d'avoir cette mentalité, cet état d'esprit, cette ambition, d’avoir l’envie constante de m’améliorer et de rester au top.

 K comme Christian (mais prononcé Kristian) 

À 17 ans, j’effectue ma première entrée avec les pros du Bayern Munich. Je joue plusieurs matchs, Pep Guardiola me prend sous son aile, s’intéresse beaucoup à moi. Je signe mon contrat pro le jour de mes 18 ans. Et deux semaines après, mon père Christian m’appelle et laisse un long silence pendant 30 secondes, une minute. Il n’y avait personne au bout du fil. Et moi, je me disais : « Il y a quelqu’un ou pas ? ». Comme je voyais que c’était le numéro de mon papa, je restais au téléphone, j’attendais un mot, un son, un truc. Je me souviens qu’à cette époque, j’étais blessé à la cheville. J’avais une attelle au pied. Et à cette période, mon papa et moi étions en dispute. Comme j’avais eu 18 ans, je pouvais signer mon contrat pro tout seul, je n’avais plus besoin de mes parents et moi, je voulais faire le garçon indépendant. Du coup, pour revenir à ce fameux appel, au début, il ne parle pas puis m’annonce difficilement qu’il est malade. Moi aussi, à ce moment, je suis très touché. J’étais en Allemagne et lui à Copenhague. Je ne savais pas trop quoi faire. Je ne voulais pas pleurer au téléphone. Je suis passé au club parce que j'avais des soins à faire durant l’après-midi. Les gens de club m'ont bien accueilli. Très vite, ils ont su qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Les responsables du club se sont vraiment bien comportés, ils ont pris soin de moi de manière familiale. On a fait en sorte que mon papa puisse faire sa chimiothérapie en Allemagne. Et toutes les trois semaines, il venait chez moi et restait à la maison pendant 10 jours, il faisait les aller-retours entre Munich et Copenhague. Durant ces quatre mois, de septembre à Noël, c'est le moment le plus intense, mais aussi le plus beau que j'ai vécu avec mon père, parce qu'on a pu parler de choses qu’on n’avait jamais évoquées auparavant. Et peut-être que sans cette maladie, je n'aurais pas pu parler avec lui de tout ça. On a parlé de pleins choses que je garde au fond de moi aujourd’hui. D’autres choses que j’ai en moi qui — sont pesantes. Mais tout ça, c’est sans regret, on a vécu le moment à fond. On a parlé de tout, on a tout fait, on a tout essayé pour qu'il guérisse de sa maladie. Ce n'était pas possible. Il avait ce côté guerrier. À chaque fois, il devenait de plus en plus faible, parce que la chimio, c'était dur. Mais il faisait les aller-retours en avion. Au début, il faisait 80/85 kilos. Et à la fin, il faisait 60 kilos. Et quand même, il faisait le trajet, il allait à fond, il disait :« Non, non, ça va ». Et un jour, je me souviens, je suis allé à l'hôpital où il était. Et les gens me racontaient en rigolant : « Il y a 15 minutes, j'ai demandé à ton papa d'aller se coucher. Il est allé sur un vélo pour faire du vélo », c’était fou de faire ça, mais il se battait. Je sais que pour moi, pour ma famille, pour ma mère, pour mon frère et ma sœur, c’est quelque chose qui nous a fait très mal. En plus, je n'étais pas à la maison quand il est décédé. Je suis rentré près des miens puis j’ai enchaîné avec la finale de la Coupe. Tout est allé très vite. Dans une carrière, tout s’enchaîne, on n’a pas le temps de penser. Je n'avais pas trop le temps de me poser et de vraiment sortir les choses. Et c'est vrai, de mon côté, je me suis un peu enfermé. Je commençais à être un peu énervé dans la vie. J'ai payé pour tout ça au début. Avec les années, tout est redescendu. Je me souviens de la journée où j’ai eu ma grande fille, Rosa. Ce jour-là, j’ai regardé vers le ciel puis dit à ma femme : « Finalement, la vie m'a redonné quelque chose ». C'est vraiment un sentiment que j'ai eu. Alors mes enfants, bien sûr, c'est quelque chose de très important pour moi.

 L comme Longoria 

Avec le président, j'aime beaucoup parler foot parce qu'il regarde tout. J’aime son côté analyste, il sait quoi dire et à quel moment, il regarde le foot de manière différente, il connait les différentes phases du foot. J'apprécie beaucoup, c’est un monsieur très intelligent. Et ce qui m'a surpris aussi, c'est un mec très calme, très posé et avec un grand cœur. Au début de la saison dernière, quand je lui parlais de choses, il était très ouvert, il était très chaleureux. Attention, je n’ai jamais cru que c’était un mec froid qui ne faisait pas attention aux gens, mais j’ai beaucoup apprécié son comportement envers les autres.

 M comme Marseille 

La vie à Marseille, les Marseillais, c'est spécial. Que ce soit au niveau du foot, de la vie, des gens, c’est exceptionnel. Je vis ça comme une belle expérience. J’apprécie énormément. Je vis à fond ce côté chaleureux. J’ai vécu plein de moments décalés ici. L’autre jour, j’avais un rendez-vous du coup, sur l’autoroute, je me suis arrêté pour mettre de l’essence. Et là, le mec se met devant moi, il ouvre les bras et me dit : « Attends, attends », je réponds : « Quoi attends ? ». Et il bloque le magasin, il va chercher son maillot, il met son maillot et il fait la photo avec moi. J’ai commencé à sourire tout seul. C’est à la fois très simple, très passionnel et très chaleureux. Et quand je sors du magasin, je croise un autre mec, ça se voyait qu’il sortait d’une longue journée de travail. Il est sorti de son camion et m’a dit : « Écoute, je t’ai vu, je t’attends depuis tout à l’heure, je ne voulais pas partir car d’abord, je voulais te remercier et ensuite, je veux une photo ». Ça m'a touché aussi et j’ai fait la photo avec grand plaisir, on a échangé et voilà. Je suis rentré dans ma voiture, j’ai repris la route avec un grand sourire. Et tu te dis : « Ah oui, ils sont là les Marseillais ! ».

 N comme Nature 

Ma nature…. Je suis simple et direct. C’est un beau slogan, Pierre-Emile, simple et direct (sourire). Tu sais, au Danemark, on dit qu’il ne faut pas trop utiliser de coton avec les enfants, sinon, ils deviennent surprotégés… (il coupe). Tu sais, le coton, avec moi, tu l’enlèves, on n’en a pas besoin. Il n’y a pas de coton, il n’y a rien, on y va comme ça, de manière simple et directe (sourire). On ne prend pas de pincettes. J’aime les choses simples, l’honnêteté, la bonne humeur, le naturel.

O comme Olympique de Marseille 

Avant mon arrivée, je ne regardais pas trop l’OM. En plus, la saison qui a précédé ma signature était une saison difficile. Je ne suivais pas, et c’est vrai, qu’au début de mes discussions avec l’OM, j’avais des doutes. Ils n’étaient pas à leur niveau mais en même temps, ils avaient fait un beau parcours en Europa League. Il y a eu plusieurs changements d’entraîneurs (il coupe). Bon, ce n’est pas à moi de dire ce qu’il s’est passé. Mais c’est vrai que lorsque tu vois que Marseille finit huitième de Ligue 1, tu te poses des questions avant de signer. Mais sincèrement, quand je me pose et que je regarde 15 mois en arrière, je suis très fier et très content de mon choix. J’ai vécu plein de belles choses, de belles expériences, j’espère vivre encore plein de choses ici. On mérite une belle place dans le foot européen. On continue à se tirer vers le haut. Si on se voit dans le top 10 en Europe ? Pour ça, il faut de la continuité. Les clubs qui sont dans le top 10 européen, ils ont de la continuité, ils sont là depuis plusieurs années. Et ils enchaînent les performances. À Marseille, on est sur le très bon chemin. Il faut continuer comme ça.

P comme PSG 

Paris vient de remporter la Ligue des Champions en montrant de belles choses. Mais nous, on veut les battre, on veut être devant eux. On les a déjà battus cette saison, mais on veut encore les battre. Ce n'est pas facile, mais on fait ce qu'on peut pour avoir le meilleur Olympique de Marseille possible. Si Marseille va finir devant Paris cette saison ? Je sais ce que tu veux me faire dire (rires). Mais je ne te le donnerai, je ne te dirai pas ce que tu veux. Quand je te dis qu'on essaie de créer un Olympique de Marseille très, très, très fort, on espère vivre de belles expériences. Mais l'important, c'est qu'on travaille bien, on est sur le bon chemin et on fait les choses correctement. Et comme je t’ai dit tout en début d’interview, le plus important, c’est le match à venir. Le reste, on verra où on est dans quelques années.

Q comme Question 

Si j’étais journaliste, quelle question je poserais à Pierre-Emile Højbjerg ?

Tu sais, ce n’est pas simple, on ne sait pas où la vie nous mène, on ne sait jamais ce que la vie va nous donner. Du coup, je lui demanderais: « Quelles sont tes limites ? » ou « As-tu prévu une fin ? ». Je répondrais : « Jusqu’au bout, je profiterais des gens, des expériences, je donnerais toujours de ma personne. Et puis, on verra bien où se situe ma limite quand la fin interviendra. En tout cas, je suis certain que l’avenir me réserve de belles choses, je suis très motivé. ».

R comme Roberto De Zerbi 

J'ai eu la chance d'avoir des entraîneurs comme Guardiola, José Mourinho, Antonio Conte. Et je mets Roberto de Zerbi dans le même panier. Durant les 20 prochaines années, le coach De Zerbi va donner énormément de choses au foot. Et pour moi, c'est un honneur de travailler avec lui. Le coach… je ne sais pas comment dire. Il a un lien avec le vestiaire, il a une relation sentimentale avec le vestiaire, Mourinho avait la même chose. Roberto De Zerbi sent le vestiaire, il sent l’environnement, il comprend les comportements, il sait à l’avance ce qu’il va se passer le lendemain… (il coupe). Bon, je vais m’arrêter, sinon, je vais dire trop de belles choses (sourire). C’est un honneur de suivre un tel coach en tout cas.

S comme Soldat 

J'assume mon rôle de soldat. Chacun a son rôle sur le terrain et en dehors du terrain. Et j'assume tout à fait mon rôle. C’est important que tout le monde assume son rôle à 100% pour qu’une équipe fonctionne bien. En ce moment, l'équipe a un très bon équilibre. Il y a de très bons caractères, il y a de très bons joueurs qui assument leur rôle et ça, c'est très important. Ce n'est pas facile, ce n'est pas évident, mais c'est le cas. Franchement d'être avec ce groupe-là, avec ces gens-là dans le vestiaire, c’est plaisant. J'ai rarement vécu cette ambiance dans ma carrière. En plus d’être des joueurs exceptionnels, l’environnement est magnifique, je prends du plaisir à être joueur de l’OM.

T comme Tatouages 

Pourquoi les tatouages ? C'est une bonne question. Tu peux demander à d’autres : « Pourquoi la cigarette ? ». Les tatouages représentent ma personnalité. Ce sont des choses qui m’appartiennent, qui me correspondent, qui te montrent un peu sans rien dire. Ça me plaît bien, ça me va bien (sourire). J’en ai plusieurs. Certains représentent d’où je viens, d’autres sont pour mon papa, pour ma famille, pour mes enfants, pour l’amour, pour le foot, pour le temps, pour la vie. J’ai un viking aussi (sourire).

U comme Unanimité 

Le foot est un sport universel, tout le monde suit ce sport. Du coup, c’est important d'avoir une bonne base. D'abord de bonnes valeurs, ensuite une bonne base, ton entourage notamment. Sincèrement, avec mes enfants et mon entourage, je suis bien entouré, je suis bien accompagné dans ma vie.. Et c'est marrant parce que j’ai beaucoup de potes que je connais depuis longtemps, Il y en a un qui j’ai rencontré sur le city-stade. Aujourd'hui, c'est un de mes meilleurs amis. On a commencé à se parler, puis on s’appelait sur le téléphone de la maison. J’appelais, sa maman ou son papa prenait l’appel. Je disais : « Allo, il est à la maison ? », on me disait : « Oui ». On me le passait et je lui disais : « On se rejoint dans trois minutes sur le terrain », il me disait : « Tu prends à boire », et moi je lui répondais : « Tu prends le ballon » et c’était parti. On jouait toute l’après-midi, on profitait. Je suis très heureux d’avoir vécu ça, j’espère que mes enfants pourront vivre la même chose.

V comme Vélodrome 

Oh ! Le Vélodrome ! Le meilleur stade que j’ai connu. Le meilleur stade du monde, pas de discussion possible. C’est EX-TRA-OR-DI-NAIRE. Le meilleur stade tout simplement. C'est comme un volcan. Il y a une force dans ce stade, c'est incroyable. Et si tu ramènes la force avec toi, tu voles sur le terrain. Quand je rentre du match, je dors à 6h00 du matin. Je suis encore galvanisé, en mode Vélodrome.

 W comme World Cup 

On veut se qualifier. On veut faire ce tournoi magnifique. Le Mondial,

c’est un truc incroyable. L'Euro et la Coupe du Monde, c’est toute mon enfance. Chacun se souvient où il se  —trouvait pendant l'Euro 2000, 2004 et 2008 ou pendant la Coupe du Monde 2006, quand Zizou met le coup de tête. Je me souviens exactement où j'étais. J'étais à la campagne en France. Il y avait mon frère et mes grands-parents. Et ma grand-mère me dit : « Il est trop tard, il faut éteindre la télé ». Je lui dis : « Mais Mamita, tu n'as rien compris » (sourire). Elle est comme ma mère, le foot, elle connaît les icônes, elle connaît le jeu, mais si demain, il y a la demi-finale de Ligue des Champions, elle ne va pas savoir.

X comme X-Factor 

Le facteur X de ma carrière, c’est ma mentalité. Sans ça, il n’y aurait pas les douze années que je viens de faire et il n’y aurait pas les six-sept prochaines années que je vais faire. Sans la mentalité, il n’y aurait rien de tout ça parce que c'est dur. Il y a des moments très durs, il y a des moments difficiles. Parfois, il y a un peu de doute aussi. Ce qui est normal, c'est humain. Avec le cerveau, tu tiens les choses en place. Sinon, tu casses les murs…

Y comme  Yin et  Yang

Mes forces complémentaires et opposées, ce n’est pas facile, je n'aime pas trop parler de ce côté, je ne sais pas trop. Je suis très direct, je vais droit au sujet, mais toujours avec respect. Je sais quand il faut basculer. Quand on est sur le terrain, il n'y a pas maman, papa, enfants, meilleurs potes, il n'y a pas tout ça. Il y a frérot ou il y a ennemi (sourire), tout en restant dans les règles évidemment, toujours dans le respect, toujours fair-play. Je suis compétiteur. Les joueurs en face peuvent mal le prendre, mais les joueurs avec moi, ils apprécient (sourire). En dehors des terrains, c’est l’inverse, je suis plutôt un bon vivant.

Z comme Zidane 

Il était mon joueur préféré parce qu'il était de Marseille, c'est simple (rires). On finit l’interview comme ça ou pas ? C’est simple. Zizou de Marseille. Quand j'étais petit, comme j'avais ce côté un peu français, mon père est passé en Afrique et il a acheté deux maillots (il coupe). Bon, c’était des maillots faits maison (sourire). Moi, j'avais le maillot de Real Madrid avec le numéro 5 de Zidane. Et quelques semaines après, il y a la finale de la Ligue des Champions. On se met devant la télé, c'était une toute petite TV Sony, tu sais, tu appuies et ça fait « Touk-touk ». Et puis, il y a le bouton pour la chaîne où tu peux appuyer à droite ou à gauche. Tu peux monter le son ou pas. Et il y a Zizou qui met ce but fantastique contre Leverkusen. Et ce joueur est resté avec moi toute ma vie. Ce but-là et ce maillot, c'était une petite connexion. Je dormais avec le maillot, j'allais à l'école avec le maillot. Le maillot, à la fin, il était beaucoup trop petit. Je n'acceptais pas, je le mettais quand même. Et puis, mon frère a eu le maillot de la France avec Zidane et le 10. Et quand mon frère était trop grand pour ça, j'ai pris le 10 (sourire). Après, ça allait, je pouvais accepter que celui du Real soit trop petit. Bon, je le portais quand même, même s’il m’arrivait au nombril (rires). Une fois, il est venu regarder l'entraînement quand j'étais à Munich, mais j'étais tellement timide et tellement impressionné, je ne voulais pas faire le fan. Je suis resté concentré sur l'entraînement et après l'entraînement, je lui ai rapidement serré la main et je suis rentré au vestiaire. J'apprécie beaucoup l'homme. Il dégage de l’humilité, ça se voit que c’est un gars exceptionnel.

 La phrase qui représente Pierre-Emile Højbjerg 

(Il réfléchit longuement) Je dirais une phrase en anglais : « Way of life ». En fait, ma vie, c'est comme ça. Je ne rentre pas à la maison en disant : « Je ne suis pas footballeur », je ne viens pas ici en disant : « Je ne suis pas père de famille », et je ne vais dans un autre pays en disant : « Je ne suis pas Danois ». Moi, je suis Pierre-Emile du Danemark, c’est pour ça que je dis « Way of life ». Je suis qui je suis, avec mes défauts et mes forces. Je suis content de ce que la vie m’a donné. Et on va voir ce que la vie a encore à donner.

La note qu’il se met pour l’interview 

Ce n’est pas simple tout ce que tu me demandes. J’aimerais bien te poser des questions à toi. C’est à ceux qui vont lire l’interview de me noter.

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