EXCLU - Thiniba Samoura : « Je fais tout pour rendre hommage à mon papa » | OneFootball

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·17 février 2025

EXCLU - Thiniba Samoura : « Je fais tout pour rendre hommage à mon papa »

Image de l'article :EXCLU - Thiniba Samoura : « Je fais tout pour rendre hommage à mon papa »

Le changement, c’est maintenant. En plein renouveau, le football féminin français s’appuie sur des talents émergents. Parmi eux : Thiniba Samoura, talentueuse défenseure, présentée comme l’une des figures de la nouvelle génération. Déjà titulaire au Paris Saint-Germain et appelée en équipe de France, « TS2 » attire les regards. Pour sa première longue interview, la native de Paris s’ouvre à Onze Mondial.


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Comment s'est déroulée ton enfance ?

J'ai grandi à Paris, dans le 18ème arrondissement, j’ai un grand frère, un petit frère et une petite sœur. On a ensuite déménagé à Thiais. J’ai pratiqué plusieurs sports. J’ai commencé par l’athlétisme, ensuite, le tennis, le hand et le foot. Ma mère était ATSEM. Avant son décès, mon père était manutentionnaire.

Pourquoi tous ces sports ?

Ma mère voulait que ses enfants fassent du sport, elle ne voulait pas qu’on reste à ne rien faire. Elle voulait qu’on dépense notre énergie au sport. Me concernant, elle m’a fait tester plusieurs sports et elle avait bien aimé le hand. Du coup, j’ai continué. Le foot est apparu dans ma vie par l’intermédiaire de mon père et mon grand frère, deux grands passionnés de football. Et comme je jouais beaucoup avec les garçons à l’école et au city stade, ça s’est fait naturellement. J’ai ensuite dû faire un choix entre les deux sports, et j’ai choisi le foot.

Tu avais un bon niveau ?

À l’athlétisme, j’allais plutôt vite, au tennis, c’était du loisir, de l’amusement. Par contre au hand, j’étais la seule fille qui jouait avec les garçons, j’avais un bon niveau. Je jouais arrière droit.

Tu étais quel type de petite fille ?

Une petite fille plutôt timide. Mais après, quand je connaissais les personnes, je devenais de plus en plus à l’aise. J’ai arrêté l’école après l’obtention de mon bac STMG avec mention. J'ai essayé de faire une année de BTS mais je n’ai pas trop aimé. J’ai décidé de me consacrer au football. Je vais, peut-être, reprendre. Je vais prendre des cours d'anglais et sûrement m'orienter vers la comptabilité car j'aime bien ça.

Comment se passent tes débuts dans le foot ?

Quand je suis arrivée à Thiais, à l’âge de 8 ans, le club venait d'ouvrir une section féminine, du coup, je suis allée aux entraînements le week-end avec une amie. J’ai bien kiffé, et surtout, je me suis démarquée des autres filles. Les entraîneurs m’ont proposé de rester, j’ai pris une licence. Au départ le foot était secondaire, ma priorité était le hand. À mes 10 ans, j’ai inversé mes priorités (sourire). Avec le temps, les coachs ont vu que j’avais un bon niveau, du coup, ils m’envoyaient de temps en temps avec les garçons pour jouer. J’ai passé six ans au club de Thiais, ensuite, j’ai intégré le pôle France à Clairefontaine, puis l’INSEP. Et dans le même temps, j’ai changé de club, j’ai signé au Paris FC.

Comment as-tu réussi à intégrer le pôle France ?

En U14, il y a les sélections pour les inter-districts, ensuite, quand tu es prise, tu fais partie de la sélection départementale. Et tu participes aux inter-districts, toutes les sélections départementales s’affrontent. Pendant qu’on jouait, le sélectionneur régional nous observait. Il choisit les meilleures joueuses de chaque département, et à partir de là, une équipe régionale est créée. J’ai joué les inter-ligues à Reims, on a fait des tests et des matchs. L’année suivante, en U15, j’ai encore fait les inter-ligues, sauf que là, d’autres équipes régionales étaient présentes. Et sur le bord du terrain, de nombreux observateurs de la fédération nous regardaient, dont Peggy Provost, qui est devenue ma coach par la suite. Les 60 meilleures joueuses se retrouvent à Clairefontaine pour intégrer définitivement un pôle espoirs. Comme j’étais originaire d’Île de France, j’avais trois possibilités : Liévin, Tours ou l’INSEP. Douze joueuses ont été retenues.

Tu n’as pas éprouvé de difficultés à quitter la maison ?

Si, au tout début, je disais : « Dieu merci, je suis en Île de France ». Si j’avais quitté Paris, ça aurait été très compliqué pour moi ». Comme je n’étais pas loin de chez ma famille, c’était supportable. En plus, les mercredis après-midi, on pouvait sortir ou nos familles pouvaient venir devant le portail à l'INSEP pour nous rendre visite. Mais c’est vrai qu’au début, c’était compliqué. Je trouvais les semaines assez longues. Dès les mercredis, je voulais déjà rentrer. Le dimanche, j’avais du mal à revenir. J’ai ressenti ces sensations durant la première année. Les deux années suivantes se sont mieux passées à ce niveau. Une fois qu’on s’adapte, ça passe tranquillement. Et le week-end, je jouais avec le Paris FC chez les jeunes.

Comment s'est passé ton apprentissage à l’INSEP ?

Déjà, la charge d’entraînement était totalement différente. On s’entraînait tous les jours. Le matin, on était sur le terrain, l’après-midi, on allait à la muscu. Je me trouvais dans un environnement de haut niveau, j’étais entourée d’athlètes reconnus de plein de disciplines différentes. J’ai découvert plusieurs sports, des regards différents sur le haut niveau. J’ai beaucoup appris à travers les autres. À l’école, j’étais avec les basketteurs, les gymnastes et bien d’autres. Ça permet aussi de dialoguer avec eux pour en savoir davantage, pour en apprendre plus sur leurs performances et sur les miennes. J’ai croisé la route de nombreux sportifs devenus médaillés à Paris lors des JO. Mais vraiment, le gros changement a été la charge de travail.

Tu te retrouves vite avec l’équipe première du Paris FC par la suite…

Je jouais avec les jeunes au PFC, mais quand on avait les vacances au pôle, je m'entraînais avec les professionnelles au PFC, surtout lors de ma deuxième année au pôle, j’avais 17 ans. Après avoir fait quelques entraînements, j’ai fait quelques entrées et voilà.

Comment s’est opérée la découverte du monde pro ?

Bien. Plusieurs filles m’ont bien accueillie, notamment Annaïg Butel, car elle était au club depuis longtemps. Elle m’a donné beaucoup de conseils, elle m’a prise sous son aile avec les autres jeunes. Avec les pros, c’est différent, on fait de la prévention avant chaque entraînement. Les kinés sont à disposition pour toi. L’intensité des séances est différente, le niveau technique plus élevé, tout est propre. Ça change des entraînements que tu peux faire avec les joueuses de ta génération. Au début, j’avais du mal à être à l’aise. Je ne jouais pas mon football. Mais au fur et à mesure, j’ai pris l’habitude et je me suis lâchée.

Peux-tu raconter tes premiers matchs avec les professionnels ?

Lors de ma dernière année au pôle, j’ai effectué de nombreuses entrées. Après avoir fini mon cursus à l’INSEP, j’ai définitivement intégré le groupe professionnel du Paris FC au quotidien. J’ai fait plusieurs entrées, de nombreux groupes, mais jamais de titularisation.

Pourquoi avoir signé au Paris Saint-Germain ?

Pour moi, le PSG est vraiment le club référent pour être vraiment une joueuse de haut niveau, pour performer et pour progresser. C’était un rêve de petite fille puisque je suis originaire de Paris. Le PSG, c'est un grand club, c'était une évidence. Quand le PSG te courtise, tu es obligée d’y aller. Je voulais évoluer au quotidien avec des tops joueuses. Sachant que le PSG me proposait un contrat, au Paris FC, je n’avais pas de contrat. J’ai pu devenir professionnelle et vivre du football. C’était un signe fort, une marque de confiance. Surtout que j’étais jeune, je n’avais pas beaucoup de matchs de D1 dans les jambes, c’était une vraie fierté d’être approchée par le PSG.

Tu n’as pas eu peur de la concurrence ?

Je suis arrivée au club en post-formation. Je savais que ça allait être compliqué au niveau de la concurrence. Mais je me disais : « Je vais progresser, me développer et me faire une place petit à petit ». Je n’ai jamais douté de mes qualités, je savais que c’était à moi de prouver sur le terrain dans tous les cas. C’est ce que j’ai puisque j’ai pu avoir du temps de jeu pour la première saison au club.

Comment as-tu réagi lorsque tu as découvert l’envers du décor au PSG ?

J’étais émerveillée, j’avais du mal à y croire. Initialement, on ne voit ça qu’à la télévision. Je ne pensais pas que j’allais arriver jusqu’ici. Comme quoi, tout peut arriver très vite. Je ne me suis jamais dit : « Je vais jouer au PSG à 19 ans et je vais côtoyer de grandes joueuses ». Ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Donc j’ai été, logiquement, impressionnée.

Quelles sont tes ambitions ?

Mes ambitions, c'est de performer dans ce club, de gagner des trophées collectifs : la Ligue des Champions, le championnat et la Coupe de France. Je veux écrire mon nom dans l’histoire de ce club.

Comment faire pour accrocher l’Olympique Lyonnais ?

On est une équipe avec beaucoup de qualités. Maintenant, il faut être encore plus tueuse sur le terrain et mettre nos qualités au service de l’équipe. Si on est toutes à 100 %, on peut accrocher Lyon.

Ça fait quoi de jouer au Parc des Princes ?

C’est bien, ça montre aussi le développement du football féminin, évoluer dans le stade des garçons, c’est marquant. On y joue les grosses affiches, c’est top. En plus, les supporters répondent présent, ils nous poussent. Si on a un moment faible pendant le match, les chants nous boostent et nous donnent envie de nous surpasser. C’est magnifique de jouer au Parc des Princes.

Qui est Thiniba dans la vie de tous les jours ?

(Sourire) Une personne simple, réservée, à l’écoute, un peu chiante avec ses amis quand même. Mais sinon, toujours joyeuse. J’ai ma joie de vivre, je rigole beaucoup avec mes copines, mais je sais être sérieuse aussi.

Qu’aimes-tu faire en dehors du foot ?

Je suis casanière, j’aime me reposer à la maison. Je lis aussi des livres, en rapport avec la religion souvent, mais aussi des thrillers. Je vis seule, j’ai mon indépendance, je cuisine, et gère toutes les tâches ménagères.

Comment ta famille vit ton début de carrière ?

Ils sont fiers de moi parce qu'ils ont vu tout le travail effectué depuis le temps. Ça pousse aussi mon petit frère et ma petite sœur, car ils veulent faire comme moi. Surtout mon frère, c’est un passionné de foot. Il a pour objectif de jouer à haut niveau, ma sœur aussi d’ailleurs. Elle fait du foot, elle rêve d’être une grande joueuse. Je suis un exemple pour mon petit frère et ma petite sœur. Mon grand frère et ma mère sont contents pour moi. Ma mère suit avec attention ma carrière, elle me donne des conseils, elle est impliquée. Mon grand frère s’y connait, il faisait du foot, on échange beaucoup. Après les matchs, on débriefe. Quand je fais des choses bien, ils vont me le dire, si je fais de moins bonnes choses, ils vont me le dire aussi. Ils sont derrière moi. Ma mère me répète souvent de me libérer, de ne pas être timide, d’être à l’aise. Elle me dit : « Joue comme si tu étais avec les jeunes ». Mon frère a un regard plus technique et tactique, la première touche, la prise d’info, la bonne passe par exemple.

Tu as perdu ton papa assez jeune, ça n’a pas été difficile ?

Si, en plus, il était très passionné de football. Sa perte, je l’ai transformée en force. Je me disais : « Je vais réussir pour le rendre fier ». Je fais tout pour devenir une grande joueuse en hommage à mon papa. C’est une source de motivation.

Parle-nous de ton jeu…

Je suis une joueuse athlétique, je n’hésite pas à apporter offensivement. Je suis une défenseure offensive, j’aime avancer balle au pied, percuter, casser des lignes. Et il faut que j’améliore mon jeu de tête, même si, ces derniers temps, je me force à jouer de la tête. Je veux aussi développer mon jeu long et mon pied gauche. Il faut aussi que je progresse au niveau de la communication, c’est très important.

Quels sont les joueurs ou joueuses qui t’inspirent ?

Ibrahima Konaté. J’aime son leadership sur le terrain, sa façon de jouer, il communique beaucoup, il est très présent. On sent qu’il tient son équipe. Il joue au même poste que moi, je l’observe énormément, j’aimerais lui ressembler.

Tu as récemment connu tes premières sélections en équipe de France. Comment ça s’est passé ?

Encore une fois, c'est un autre rêve qui se réalise. Au début, j’ai mis du temps avant de bien m'acclimater, de jouer comme je savais jouer, d'être à l'aise. Les joueuses m'ont bien accueillie. Je connaissais certaines jeunes comme Vicki Becho, Louna Ribadeira aussi. Avec le temps, j’ai pris la mesure du niveau et pu m’exprimer. Mon objectif, c'est de performer et de rester dans cette équipe là. J’espère faire partie des joueuses qui feront l’Euro. J’espère qu’on va remporter cette compétition et ramener un premier trophée en France.

Si tu n’avais pas été joueuse professionnelle, qu’aurais-tu fait dans ta vie ?

J’aurais travaillé dans la mode, j’aime les habits, j’aime faire les boutiques.

Si tu avais un super pouvoir, lequel choisirais-tu ?

Celui de lire dans les pensées des gens. J'aimerais savoir ce que pensent les gens de manière générale, ce qu’ils ont dans la tête.

Et si tu devais terminer l'interview par une phrase qui te représente, que dirais-tu ?

« Le travail paie toujours », si tu te donnes les moyens, tu y arriveras à un moment ou un autre.

Quel note te mets-tu pour cette interview ?

7,5 sur 10, je me suis bien débrouillée pour ma première grande interview.

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