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·11 décembre 2025
EXCLU - Valentin Atangana : « Rejoindre l’Arabie saoudite, c’est un choix sportif avant tout »

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·11 décembre 2025

Grand espoir du football français, Valentin Atangana aurait pu - dû - poursuivre sa carrière en Ligue 1. Un retournement de situation de dernière minute en a finalement décidé autrement. Le milieu de terrain formé au Stade de Reims a rejoint, à la surprise générale, Al Ahli SC contre 25 millions d’euros. Quelques semaines après avoir posé ses valises sous la chaleur de Djeddah, le natif de Yaoundé explique, en profondeur, son choix et raconte sa nouvelle vie aux côtés des stars de la Saudi Pro League.
Voici quelques extraits de notre interview de Valentin Atangana. L’intégralité de cet interview de 8 pages est à retrouver dans le magazine n°377 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 13 novembre 2025.
Démarrons fort. Comment un des plus grands talents du championnat de France peut se retrouver à signer en Arabie saoudite à seulement 20 ans ?
C'est une opportunité du marché qui s’est présentée très tard. Initialement, comme tout le monde le sait, je devais signer à Strasbourg. C’est rapidement sorti dans la presse, donc tout était clair vis à vis des autres clubs intéressés par mon profil. Finalement, le transfert à Strasbourg a capoté de dernière minute. Al Ahli en a profité pour me faire une offre et me convaincre de signer. On était sur la fin de mercato, mes dirigeants avaient mon départ, je ne pouvais pas rester à Reims en Ligue 2, je n’ai pas pris de risque et j’ai accepté la proposition d’Al Ahli. Ils ont trouvé un accord en moins de 24h, tout s’est goupillé rapidement.
Tu te voyais comme joueur de Strasbourg initialement ?
Honnêtement, oui. Je me projetais là-bas, en plus, je savais qu’il y avait la filière Chelsea. Donc, je me disais que si je performais une ou deux saisons, j’allais me retrouver en Prermier League. Bon, ça ne s’est pas fait, c’est comme ça, aujourd’hui, je suis très heureux d’être un joueur d’Al Ahli. Quand ils sont venus, j’ai foncé.
Comment l’opportunité d’Al Ahli est arrivée ?
C’était un vendredi, je me trouvais à Londres, en train de finaliser mes examens pour signer à Strasbourg. Et mon père m’appelle pour me dire : « Le Stade de Reims a reçu une offre d’Al Ahli pour toi ». On était sur la fin du mercato, ma signature à Strasbourg traînait, du coup, il m’a dit : « Réfléchis à cette possibilité ». Après avoir pesé le pour et le contre, j’ai accepté. Je suis content de mon choix.
Comment s’est opéré ton choix ?
J’ai parlé avec le coach, avec le directeur sportif de l’époque, ils ont dit qu’ils comptaient énormément sur moi, qu’ils allaient tout faire pour faciliter mon intégration, pour me mettre dans les meilleures conditions. J’ai été séduit par leur discours. Et puis, tu sais, le coach, Matthias Jaissle, a longtemps entraîné en Europe, à Salzbourg. Il est jeune donc par définition, il sait comment développer les jeunes joueurs. Je savais que j’allais progresser sous ses ordres. Et puis, il faut parler des joueurs de l’effectif. Je savais que j’allais me retrouver avec des francophones : Enzo Millot, Riyad Mahrez, Edouard Mendy, Franck Kessié. Tout ça a compté dans ma décision.
Tu peux comprendre que les gens puissent être surpris par ce transfert ?
Oui, je peux comprendre. Quand tu fais ta formation en Europe, en France, la continuité est de rester en France puis de rejoindre un beau club européen. Mais il faut aussi prendre en compte le mercato, le marché est comme ça. Il faut savoir saisir les opportunités et j’ai saisi la mienne. Je suis encore un jeune joueur, je peux facilement revenir en Europe si je suis performant.
Parlons franchement, la partie financière a été importante dans ton choix ?
Je ne vais pas faire de langue de bois, évidemment que la partie salariale est importante. Mais moi, j’ai toujours privilégié le côté football, et ce choix de rejoindre l’Arabie, c’est un choix sportif avant tout. Je viens de t’expliquer, j’ai 20 ans, on me propose de jouer avec des joueurs de très haut niveau, avec un coach capable de me faire franchir rapidement des paliers, et en plus de me confronter à de grands joueurs. Après, oui, la proposition salariale m’a fait grandement ouvrir les yeux. Même si, à mon niveau, ça n’a rien à voir avec les stars du championnat, je tiens à le préciser.
Ça te permet quand même de mettre à l’abri ta famille, non ?
On peut dire ça comme ça. Tu sais, je me suis toujours dit que le financier, si tu es performant, il vient naturellement. J'ai toujours eu cette idée en tête et je vais toujours la garder enfouie en moi. Je vais étayer mon propos, j’ai rejoint l’un des plus grands clubs d’Arabie saoudite, je participe à la Ligue des Champions asiatique, je partage le vestiaire avec des joueurs de classe mondiale, ces mêmes joueurs prennent du temps pour moi, ils me conseillent et me poussent à donner le meilleur. On parle quand même de joueurs qui ont gagné des Champions League, des CAN, des Premier League et pleins d’autres trophées prestigieux. On ne va pas se mentir, j’ai passé un cap par rapport au Stade de Reims (sourire).
Comment situes-tu le niveau de Al Ahli ?
Franchement, en Ligue 1, notre équipe serait facilement dans le top 6. C'est un bon niveau. La seule différence notable, c’est la chaleur. Il fait très chaud ici, c’est vraiment dur à ce niveau. Du coup, c’est dur de jouer à haute intensité durant 90 minutes. Sinon, le niveau est vraiment bon. Je sors d’une belle saison à Reims, mais on est descendus en Ligue 2. Aujourd’hui, je joue dans un grand club d’Arabie saoudite, on joue les premiers rôles et j’évolue avec des tops joueurs. À Reims, c’était dur de gagner les matchs et on s’adaptait à l’adversaire. Je jouais avec de bons joueurs, mais pas du calibre de ceux que je côtoie à Djeddah. Ici, ce sont les adversaires qui s’adaptent à nous, on produit un beau football, c’est vraiment plaisant. C’est une vraie progression dans ma carrière.
As-tu des anecdotes concernant tes nouveaux partenaires ?
Dès mon arrivée, Franck Kessié m'a super bien accueilli, il m'a directement invité chez lui. C'est quelque chose qui marque. Quand tu arrives dans un club, un joueur important du vestiaire t'invite chez lui pour manger et discuter, c’est touchant. J’ai apprécié la démarche. Riyad Mahrez me donne énormément de conseils au quotidien. Il me dit ce que je pourrais améliorer et me corrige sur certains petits détails qui font la différence. Edouard Mendy également, il est passé par Reims, il prend du temps pour moi. Ils connaissent mon potentiel, donc ils me prennent sous leurs ailes.
Quels sont leurs conseils ?
Au niveau football, par exemple, récemment, Riyad Mahrez m'a dit : « Pour compléter ton jeu, il te manque juste d’être capable de mettre des petits ballons dans le dos des adversaires ». Il a ajouté : « Si tu arrives à faire ça, tu seras complet et en plus de ça, tu seras décisif ». C’est plaisant de voir qu’il reconnait mon talent. Quand un joueur comme ça me parle, je suis forcément à l’écoute. Et même les autres joueurs, le coach, je suis à l’écoute de tout le monde, je sais qu’ils veulent mon bien et veulent tirer le meilleur de moi.
Le prix de ton transfert, 25 millions d’euros, a également fait parler. As-tu été surpris par ce montant ?
Je n’ai pas du tout calculé. Ce n’est pas mon problème. Jusqu’à maintenant, tous les matchs que j’ai joués, j’ai été performant. Voilà ce qui m’importe, le reste, ça ne me regarde pas. C’est entre les clubs, je n’ai pas mon mot à dire. Mon travail, c’est sur le terrain, c’est tout.
Tu es jeune, tu as grandi avec les réseaux sociaux, tu as quand même vu tout ce qui se disait au sujet du prix de ton transfert…
Oui, j’ai vu, je ne vais pas dire que je suis resté insensible non plus, surtout vu mon mercato mouvementé. Mais ce n’est pas ma partie. 25 millions d’euros, c’est bien pour le Stade de Reims, surtout qu’on venait de descendre. Je ne m'attendais pas à ce prix-là. Oui, ça m'a fait chaud au cœur, surtout que je fais partie des plus gros transferts de l’histoire de mon club formateur, je suis deuxième derrière Hugo Ekitike. Donc forcément, c’est plaisant.
Ton transfert a bien aidé le Stade de Reims. Tu en as conscience ?
Oui, ma saison dernière a été globalement bonne. Je savais qu’un transfert allait avoir lieu, je savais qu’il allait être bon pour moi et forcément intéressant pour le Stade de Reims. Je n’avais aucun doute là-dessus. Mon seul regret, c’est la descente.
À quoi ressemble ton quotidien en Arabie saoudite ?
Mon quotidien a changé. Ici, on s'entraîne en milieu de journée, vers 17h30. En France, tu t'entraînes le matin, tu manges à midi, tu fais ta sieste et après, tu es libre. Donc ma routine a changé depuis mon départ. Ici, je m’adapte différemment.
Quelle est ta routine en Arabie ?
Je n’ai pas encore de routine, car je vis toujours à l’hôtel. J'essaie de prendre mes marques petit à petit. Mais c'est vrai que si tu ne fais rien le matin, les journées peuvent sembler longues. Moi, je vais à la salle de sport de l’hôtel, je fais de l’activation, je fais du vélo, ensuite je prends mon petit déjeuner. Je m’occupe pour que le temps passe rapidement jusqu’à l’entraînement.
Tu es tout seul en Arabie saoudite ?
Non, ma famille m’a accompagné. Mes parents et ma copine sont avec moi.
Et le reste de ta famille ?
Ma grande soeur, mon grand frère et ma petite soeur sont encore en France. J’ai aussi un petit frère qui joue au Stade de Reims. Du coup, ils vivent ensemble, là-bas. Mes parents ont tenu à m’accompagner pour ma première année ici, ils ne voulaient pas me laisser tout seul. C’est important pour mon bien-être de savoir que ma famille est derrière moi. Et ma grande chance aussi, c’est que mon père a joué en Arabie saoudite.
Où ça ?
Il a joué à Al-Fateh, du coup, il connaît les rouages du pays, ce qu’il faut faire et tout ce qui va avec. Quand j’ai été sollicité par un club saoudien, il n’était pas étonné, ce n’était pas quelque chose de nouveau pour lui, surtout qu'il a commencé sa carrière en Arabie. À son époque, ce n’était pas comme aujourd’hui, mais il connaissait le championnat et avait déjà certaines habitudes. C’était un vrai plus pour moi. Il connaissait le mode de vie des Saoudiens. Quand on est arrivés, il m’a dit que plein de choses avaient changé, que le pays s’était vraiment ouvert et modernisé. Les femmes peuvent venir au stade, elles peuvent conduire. Franchement, c'est top. Sans te mentir, avant de venir, j'avais de l'appréhension. Je me disais : « Je quitte la France, l’Europe, je rejoins un pays musulman, il faudra faire attention ». En réalité, on se trompe quand on pense comme ça. Ici, c’est comme en Europe, même mieux (rires). J’ai la chance d’être à Djeddah, une ville magnifique, il y a plein de belles activités, des plages privées, de bons restaurants, c’est animé. On a une vision complètement erronée de l’Arabie. Il y a des femmes sans voile, des femmes qui conduisent, c’est comme en Europe quoi. Tout ce que tu peux faire en Europe, tu peux le faire ici. Je me suis très bien acclimaté, je me sens bien. Et surtout, j’oubliais, mais c’est hyper important : la sécurité.
Ton joueur préféré, N’Golo Kanté, évolue aussi en Arabie saoudite, cela a pesé dans ton choix ?
(Sourire) Un peu. J’ai toujours voulu jouer contre lui, on a un peu le même profil. C’est bien de le voir en vrai, face à soi. Autre chose, je sais que je vais affronter l’un des plus grands joueurs de l’histoire, Cristiano Ronaldo.
Tu regardais le championnat saoudien avant de venir ?
Je regardais les grosses affiches. Al-Ittihad, Al Nasr, Al-Hilal, Al Ahli… Et surtout, ce qui m'a plu dans mon choix, c'est que des joueurs comme N’Golo Kanté, Théo Hernandez, Kingsley Coman sont toujours appelés en équipe de France. Donc moi, je me suis dit : « Si je suis performant, je pourrai toujours être sélectionné chez les espoirs ou même avec les A. Ce n’est pas impossible ». Didier Deschamps a un oeil sur notre championnat. Et surtout, ça veut dire que le championnat est compétitif et qu'il y a la place. Aujourd'hui, je suis toujours appelé en espoirs. Quand je joue en espoirs, je montre que je n’ai pas perdu mes qualités, je suis toujours performant. Lors dernier stage, j'ai fait une passe décisive. Donc vraiment, il ne faut pas avoir peur de venir ici.
As-tu discuté de ton choix avec le sélectionneur des espoirs ?
J'ai la chance de pas être tout seul. Il y a Nathan Zézé et Saimon Bouabré aussi, ils jouent à Neom. Ils sont aussi appelés. Le sélectionneur dit que le championnat est compétitif et qu’il continuera à nous appeler si on est performants.
Lorsqu’on regarde les matchs à la télévision, l’ambiance et les stades sont impressionnants. Peux-tu en parler ?
Ah oui, comment j’ai fait pour oublier ce facteur (sourire). C’est vraiment dingue, j’évolue dans un club immense, notre stade contient 60 000 places, il est régulièrement rempli, les animations en tribunes et les tifos sont toujours magnifiques à voir et impactantes. Les fans me donnent énormément d'amour, ils aiment leurs joueurs. C'est un mini Marseille, c'est vraiment un mini Marseille, voire un grand Marseille (sourire). En France, on vit ce genre d’ambiance très rarement, seulement contre Paris et Marseille.
As-tu déjà vécu un moment spécial avec les supporters ?
Un jour, en sortant de l’entraînement, il y avait des supporters, du coup, le chauffeur s’est arrêté pour que je fasse des photos et que je signe des autographes. Et pendant que je signais, un petit m’a fait un bisou sur le front. En France, on n’est pas habitués à ça. J’ai demandé au chauffeur pourquoi le petit avait fait ça, il m’a dit : « Ça veut dire qu’il te respecte énormément et qu’il te donne énormément d'amour ».
Quels son tes objectifs ici ?
Je veux gagner le plus de trophées possible, devenir un joueur important de l’histoire du club. J’ai un contrat jusqu’en 2028, je veux honorer ce contrat et rendre la confiance qu’on m’a donnée. Je suis un jeune joueur qui a des objectifs à atteindre, on est en course en championnat, en Ligue des Champions et en Coupe.
Comment gères-tu le fait de jouer sous la chaleur ?
Au début, c’était nouveau donc spécial pour moi. Mais j’ai pris l’habitude, je me suis bien acclimaté. Si j’arrive à enchaîner tous les trois jours dans de telles conditions, avec une grosse intensité, ça voudra dire que j’ai bien progressé quand même. Je me donne les moyens pour passer des paliers et devenir la meilleure version de moi-même. Avec ma famille, on vient de trouver une maison avec toutes les commodités nécessaires, on sera vraiment bien. Tout est réuni pour que je sois bien, j’ai un chauffeur, je suis dans de bonnes conditions, j’ai juste à performer sur le terrain.
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