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·22 juillet 2025
EXCLU - Willsem Boussaid : « C’est seulement avec la confiance qu’on peut jouer au haut niveau »

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·22 juillet 2025
Du haut de ses 19 printemps, Willsem Boussaid maîtrise l’exercice médiatique à la perfection. Il faut dire qu’en parallèle d’une carrière de footballeur qu’il essaye de lancer avec Angers SCO, l’international U17 français, passé par Strasbourg, affiche des temps de passage élevés au niveau scolaire avec un Bac+2 en poche. En cette fin de saison, l’occasion était belle pour lui de passer par nos bureaux pour faire un point sur ses premiers pas dans le monde adulte.
Enfance
Comment s'est déroulée ton enfance ?
J’ai grandi à Créteil, dans le 94. Très tôt, j’ai commencé à jouer au foot, à 5 ans. Dès le début, j’ai commencé en club même si je jouais aussi beaucoup à l’école et dehors, partout, je ne jouais qu’au foot. Je n’avais qu’une envie : m’amuser.
Tu étais quel type de garçon ?
Je n’étais pas dissipé, en revanche, j’avais beaucoup d’énergie. J’étais déjà en avance pour mon âge au niveau de la réflexion.
Tu étais comment à l’école ?
J’étais bon. J’ai toujours été sérieux à l’école jusqu’à aujourd’hui. J’ai passé mon bac général - option maths, ses, physique - l’année dernière et je l’ai obtenu. Et cette année, j’ai effectué une formation sur neuf mois qui m’a donné un diplôme équivalent d’un bac+2. Concilier les études et le foot, ce n’est pas compliqué quand tu es petit parce que le foot prend moins de temps. Après, quand tu commences à entrer en centre de préformation ou au pôle espoirs, c’est plus dur. Mais si tu travailles bien, que tu mets tout en place, ça va, c’est gérable.
Tu as une histoire marquante par rapport à ton enfance ?
Quand j’allais voir mes frères au foot, je jonglais, je ne faisais que jongler. Pendant une heure et demie, je jonglais. J’avais 5 ans, 6 ans, 7 ans, c’est comme ça que j’ai appris à jongler. Je battais toujours mon record jusqu’à mes 13 ans. Si je me souviens bien, en CE2, j’en faisais 750. Je ne m’arrêtais pas.
Comment le foot est venu à toi ?
Tout le monde aime le foot dans ma famille. Mes frères jouaient au foot, je jouais à côté quand ils jouaient. Ensuite mon père m’a inscrit, un an en avance, du coup je jouais avec les plus grands. J’ai évolué à Créteil, puis j’ai enchaîné Saint-Maur et Joinville.
As-tu essayé d’autres sports ?
Je faisais du squash quand j’étais petit, avec un coach. J’ai bien aimé, mais après, c’était devenu impossible de concilier foot, école et squash.
Formation
Peux-tu détailler ton parcours ? US Créteil, Saint-Maur, Joinville… Pourquoi tous ces clubs ?Ce sont les clubs de la région. J’ai passé cinq années à Créteil, de mes 5 ans à mes 10 ans, juste à côté de la maison. Après, je suis parti à Saint-Maur durant une année parce qu’il y avait un bon coach, un bon suivi. J’ai pu jouer avec des plus grands que moi et sur le plan sportif, c’était intéressant, il y avait de bons tournois. Derrière, j’ai été à Joinville et 12 à 15 ans, jusqu’à mon départ pour Strasbourg. Joinville aussi, c’était un bon club, j’ai bien progressé.
Comment as-tu atterri à Strasbourg ?
Naturellement parce que j’étais au pôle espoirs de Reims durant deux ans, donc je passais mes semaines là-bas et je rentrais chez moi le week-end pour jouer avec Joinville. Entre les rencontres au pôle espoirs et celles à Joinville, Strasbourg m’a repéré. J’avais d’autres possibilités, mais j’ai opté pour le Racing.
Comment était la vie au centre de formation ?
C’était bien. C’est un bon centre. J’ai beaucoup appris, progressé, y compris dans la vie de tous les jours. Le centre est de qualité par rapport à d’autres qui sont moins développés. Tu t’épanouis quand tu as la chance d’être dans un endroit comme ça.
As-tu une anecdote sur ta formation ?
C’est une bêtise qui n’en est pas vraiment une, enfin maintenant, c’est vu comme une bêtise. Un jour, on a fait un tournoi entre nous avec les générations 2004, 2005. On s’est retrouvé le soir sur les terrains, sans prévenir personne. Le directeur du centre est devenu fou (sourire).
Des personnes t’ont marqué durant ta formation ?
Mes coachs. J’ai eu des bons coachs, ils me faisaient confiance, ils étaient compréhensifs. J’ai beaucoup progressé. En premier lieu mon coach des U17, Stéphane Guédét, il m'a mis à l’aise. Moi, ça m’avait marqué, mais il nous avait bien expliqué comment ça marchait, c’est pour ça que j’ai réussi à m’adapter rapidement.
Tu décrirais comment le centre de formation du Racing ?
C’est un centre familial et qualitatif. Ça veut dire qu’il y a de bons joueurs, beaucoup de concurrence. Tu prends du plaisir, tu évolues dans une bonne équipe, mais ce n’est pas facile de gagner sa place.
Comment faire pour sortir du lot face à la concurrence ?
Il y a des points très importants : la rigueur, le sérieux. Le sérieux parce que quand tu n’es pas sérieux en centre de formation, tu es beaucoup plus puni parce que tu es à leur charge, tu dors sur place. Après, il faut jouer ton football, ce sont aussi les qualités footballistiques qui parlent.
Tu n’as jamais pu faire un match avec les pros, est-ce que ça reste une tâche dans ton passage à Strasbourg ?
Oui parce que j’aurais bien aimé rentrer à la Meinau. J’allais tous les week-ends voir les matchs là-bas, donc ça m’aurait plu. Mais qui sait ? Peut-être que je jouerai un jour là-bas, avec ou contre eux.
Angers SCO
Pourquoi avoir choisi un contrat amateur à Angers alors que le Racing te proposait de signer un contrat stagiaire pro ?
J’avais deux projets sur la table et celui du SCO me paraissait mieux. Sur le plan sportif, il était plus intéressant, donc j’ai choisi le SCO Angers.
Tu n’as pas encore joué ton premier match avec les pros, comment imagines-tu ce premier rendez-vous ?
Quand tu joues au foot, tu t’imagines forcément débuter chez les pros. J’ai déjà goûté à un banc sans entrer en Coupe de France, alors je m’imagine bien débuter. Je vois le niveau des joueurs et j’ai confiance en mes qualités. Nous, les jeunes des centres de formation, on a une grande confiance en nous, je trouve. J’imagine que ça se passera bien et que je ferai gagner l’équipe, comme tout le monde.
Tu t’es retrouvé une seule fois sur le banc, contre le FC93 en Coupe de France, n’est-ce pas frustrant ?
Si, c’est dur pour nous les jeunes de patienter parce qu’on a envie d’en faire notre métier le plus vite possible. Parfois, ce n’est pas bon d’être trop pressé, mais cette envie nous pousse à vouloir rentrer, que tu sois sur le banc ou lors d’un entraînement avec les pros.
Qu’est-ce qu’il te manque pour jouer ?
Aujourd’hui, il me manque juste de l’adaptation, c’est avec le temps en fait. Je pense qu’il ne me manque pas grand chose, mais je dois avoir l’habitude, prendre le rythme avec l’équipe.
Était-ce le projet qu’on t’avait « vendu » ?
Oui, c’est le projet qu’on m’avait vendu. J’ai eu beaucoup de temps de jeu pour m’exprimer, pour montrer ce que je sais faire, donc oui.
Comment s’est passée ton adaptation dans le vestiaire ?
Quand je montais avec eux, ça va, en plus ils sont accueillants. Il y a beaucoup de jeunes à Angers, ça veut dire que c’est facile parce que ces jeunes jouent avec toi en réserve le week-end, donc quand tu montes, tu as déjà des affinités avec eux. Et même avec les pros, ça fonctionne bien aussi, c’est un groupe qui vit bien.
Quelle relation entretiens-tu avec Alexandre Dujeux ?
J’ai eu l’occasion d’échanger avec lui lors des entraînements quand il me fait monter dans le groupe pro, c’est tout. Sinon, j’échange beaucoup avec le coach de la réserve.
Personnalité
Si tu devais présenter Willsem que dirais-tu ?
C’est un garçon intelligent, rigoureux et sûr de lui. L’assurance, c’est important aujourd’hui dans le foot parce que pour en faire son métier, il faut de la confiance en soi. Et c’est seulement avec la confiance qu’on peut jouer au haut niveau. Après, il ne faut pas confondre l’arrogance et l’assurance. C’est pour ça qu’il faut avoir beaucoup d’humilité, c'est-à-dire ne pas se sous estimer, ne pas se surestimer.
Ça fait quoi d’être considéré comme un joueur très prometteur ?
Je n’y prête pas trop attention. Je sais que le foot va vite, je ne prends pas la grosse tête. Il ne faut pas que ce soit une mauvaise pression. Il faut jouer ton football, faire confiance à l’avenir.
Tu n’as pas peur de ne pas réussir ?
Non parce que je crois en moi. Je pense avoir les capacités pour y arriver. Si demain ça ne marche pas, j’espère juste ne pas avoir de regrets, avoir tout fait pour y arriver, et ce sera comme ça.
Qu’aimes-tu faire en dehors du foot ?
J’aime bien sortir avec des amis, regarder le foot ou jouer à la play. Niveau télé, je regarde beaucoup de football anglais. Surtout cette année, c’est Premier League ou Ligue 1.
Comment résistes-tu aux "tentations" comme les filles, les sorties, la mauvaise nourriture ?
J’ai toujours eu l’habitude d’avoir un bon rythme de vie et moi j’aime quand c’est comme ça. Je ne me sens pas bien quand je mange mal ou que je dors mal. À la maison, j’ai souvent ma mère qui m’aide pour la nourriture, sinon quand je suis seul, je me débrouille. Si tu fais un écart, tu le sens dans la vie de tous les jours. Tu es fatigué, tu te réveilles tard, bref tu passes une sale journée.
Tu as des surnoms ?
Je n’ai pas vraiment de surnom. Parfois, on m’appelle Will. Et dehors on m’appelle Chicharito parce que quand j’étais petit, j’avais une grosse tête comme lui.
Style de jeu
Comment définis-tu ton jeu ?
Un ailier plutôt à l’aise avec le ballon, capable de percuter, qui combine bien dans le jeu, capable de faire des passes décisives et de marquer.
Si tu devais parler de tes points forts ? Et tes points faibles ?
Mes points forts, c’est vraiment ça, ma capacité de percussion, de combiner avec mes coéquipiers et à répéter les efforts. Mes points à améliorer, c’est la régularité dans un match, être visible tout au long du match. Sinon, améliorer encore ma finition. En U17 et U19 avec Strasbourg, j’avais de bonnes stats, cette année, c’était plus difficile parce que je n’ai marqué que 3 buts même si j’ai offert 10 passes décisives. J’ai moins « staté » parce que j’ai parfois joué milieu défensif, il y a des années comme ça. L’année prochaine, il faudra faire mieux.
Qui sont tes exemples ?
Moi, j’aime bien Mahrez et Messi, autant dans le jeu que pour leur pied gauche. Et puis Benzema parce qu’il m’a fait rêver lors de sa saison 2021-2022.
Qu’est-ce qu’un grand offensif selon toi ?
Quelqu’un capable de faire des bons matchs et de marquer en même temps, plus offrir des passes décisives. Il doit être bon dans tous les aspects, pas seulement marquer ou juste être bon dans le jeu.
Conclusion
À quoi aspire Willsem aujourd’hui ?
Il aspire à être un homme bien, respecté, respectueux, et être un grand footballeur.
Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je ne sais pas du tout. Je ne me suis jamais posé la question parce que je n’ai jamais pensé ne pas pouvoir aimer le foot et ne pas pouvoir essayer de jouer.
Tu peux aimer le foot et ne pas réussir…
En fait, tu as tellement envie de devenir footballeur que tu ne réfléchis pas à un plan B. Après, ça peut arriver, tout le monde ne va pas réussir. Et demain, si tu aimes vraiment le foot, moi, je pense que je me reconvertirai dans le foot, un métier lié au ballon. Que ce soit coach, préparateur physique, journaliste sportif.
Si tu avais un super-pouvoir, lequel choisirais-tu ?
Lire dans les pensées.
Si tu étais journaliste, tu poserais quelle question à Willsem ?
Où tu te vois dans 10 ans ?
Et il se voit où Willsem ?
Dans sa maison, une belle maison avec sa famille, à faire le métier de ses rêves, et être heureux. Simple.
Si tu devais finir l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?
« Vis au jour le jour ». Je profite du moment présent. Je ne pense pas au passé, je ne pense pas au futur. Je vis le moment présent.
Quelle note tu te mets pour cet entretien ?
10 sur 10, c’est arrogant non (rires) ? Un bon 8 sur 10 parce que c’était très bien, mais on peut toujours s’améliorer.
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