Le Journal du Real
·8 décembre 2025
Faire de Xabi Alonso un fusible, l'erreur historique de la direction du Real Madrid

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·8 décembre 2025

Le Real Madrid est-il un club impossible à entraîner ? Les coachs sont-ils condamnés à se succéder au sein d'une longue litanie d'hommes au CV clinquant et au pouvoir chancelant ? Est-il obligatoire de licencier le tacticien en cas de mauvaise passe ? Toutes ces questions tourmentent les supporters de la Casa Blanca à mesure que le club s'enfonce dans la crise. L'une de ces interrogations, la dernière, figure directement sur le bureau de la présidence. Laquelle pourrait décider de démettre Xabi Alonso de ses fonctions après une possible contre-performance face à Manchester City. Pourtant, un choix aussi radical et prématuré mettrait en péril les fondations d'une Maison Blanche que l'on croyait indestructible. Autopsie d'un crash annoncé.
Lorsqu'il arrive à Madrid au mois de mai dernier, Xabi Alonso est à mille lieux de se douter de ce qui se trame déjà en coulisses. Le technicien basque pense disposer des coudées franches pour façonner une équipe à son image, fidèle à ses préceptes et cohérente dans sa composition. Certains évoquent même les pleins pouvoirs octroyés à celui qui débarque du Bayer Leverkusen, où il a laissé une empreinte indélébile. Fort de ses titres et de sa philosophie de jeu axée sur l'offensive et le mouvement permanent, Alonso a sans doute l'espoir de pouvoir construire un XI équilibré, où les statuts ne viendraient pas bouleverser une hiérarchie basée sur le mérite. Quel mirage !
En vérité, dès le départ, certains membres en haut lieu n'étaient pas convaincus par la venue de Xabi. Au premier rang, un certain Florentino Pérez. Le premier choix du président du Real Madrid n'a jamais été Alonso. Comment, dès lors qu'une telle information fuite dans la presse, est-il possible d'établir un climat serein autour de celui qui fait autorité sur les joueurs ? Comme si cela n'était pas suffisant, Juni Calafat, patron du recrutement merengue, ne fait pas mystère de sa volonté de faire venir "un coach de sélection". Deux personnalités influentes de l'écosystème madrilène ont, par conséquent, douté des capacités de Xabi Alonso avant même que celui-ci ne pose le pied à Valdebebas. On voudrait torpiller un projet que l'on ne s'y prendrait pas autrement.
Le grand artisan de l'arrivée de Xabi Alonso se nomme Jose Angel Sanchez. Le directeur général du club, bras droit de Florentino Pérez, a agi en dirigeant responsable en voulant ramener de la discipline et du professionnalisme dans un vestiaire biberonné aux passe-droits. Mais son initiative apparaît mort-née. Le scepticisme de Pérez mêlé à la fronde de poids lourds du vestiaire - Vinicius Jr, Bellingham ou encore Valverde - ont eu raison de la politique voulue par l'ex-coach du Bayer. Désormais, Alonso affronte son prochain rendez-vous européen avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et ce glaive menace de faire voler en éclats toutes ses ambitions.
Bien sûr, Xabi Alonso n'est pas exempt de tout reproche. Le Basque aurait probablement dû sanctionner Vini après son attitude inadmissible lors du Clasico. Quand on défie l'autorité sans l'apprendre à ses dépens, on finit toujours par recommencer. Bien sûr, il n'aurait sans doute pas dû mettre Federico Valverde sur le banc au Kazakhstan. Le deuxième capitaine du Real Madrid a mal vécu cette relégation après s'être présenté en conférence de presse la veille de la rencontre. Bien sûr, Alonso s'est trompé sur ses compositions d'équipe cette saison. A plusieurs reprises. Et n'a pas toujours corrigé ses erreurs en cours de match. Mais n'est-ce pas tombé dans la facilité la plus absolue que de l'écarter possiblement au bout de six mois et demi ?
Son Real Madrid est pourtant en voie de maturation. Face à Bilbao, lorsque les joueurs ont appuyé sur le bouton, l'équipe a écrabouillé son adversaire. Contre le Barça, lorsque les cadres ont mis l'intensité suffisante, le résultat final était à la hauteur. Deux grands matchs cette saison au cours desquels les ténors du vestiaire ont répondu présent. Signe que, quand il le faut, ceux-ci savent parfaitement aligner les planètes pour aboutir à un succès. Mais au-delà du bilan comptable, c'est la démobilisation des titulaires qui a attisé la colère des fans ces dernières heures.
Car s'il y a bien une chose que le supporter merengue ne peut accepter, c'est la résignation. Pourtant, la claque reçue dimanche contre le Celta met autant en relief la fissuration mentale d'un groupe que la cassure entre un entraîneur et son équipe. Si plus personne n'est réceptif, alors il faut prendre le taureau par les cornes. C'est-à-dire réaffirmer l'autorité du coach et le laisser travailler pour remettre ses troupes d'équerre. Las, le chemin pris par la direction du Real Madrid semble prendre le parti des joueurs. Au risque d'inscrire dans le ciment la primauté de leurs droits sur leurs devoirs. Confronté à une tâche sisyphéenne, Xabi Alonso, qui aperçoit dans son reflet les ombres de Zidane et Arbeloa, devrait donc payer le prix d'un état-major à la vision court-termiste. Son destin, bien malgré lui, pourrait conduire celui de ses successeurs à se fracasser face au mur des individualités. Un ouvrage dont la seule destination n'est autre que le précipice.









































