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·29 décembre 2025

Frédéric Barilaro : "On ne va surtout pas s’enflammer"

Image de l'article :Frédéric Barilaro : "On ne va surtout pas s’enflammer"

Les matchs clés d'une première partie de saison réussie, son groupe, son staff... Frédéric Barilaro fait le point alors que son équipe occupe la tête du Groupe D après quinze journées en Championnat National U19.

Fred, revenons tout d’abord sur le dernier match de l’année 2025 en Championnat National U19. Vous vous déplaciez en leaders chez le deuxième, le GFC Ajaccio, et vous êtes revenus avec un joli succès (3-1). Peut-on dire de ce match qu’il était symbolique de votre première partie de saison ? Symbolique, je ne sais pas, mais c’était un match important. Nous savions qu’il allait être difficile. Déjà parce que ce n’est jamais simple de gagner à Ajaccio, quel que soit le club que l’on affronte. Et puis parce que se déplacer chez le deuxième, qui peut vous passer devant en cas de victoire, c’est toujours un sacré challenge. Enfin, nous voulions surtout finir l’année sur une victoire.


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Peux-tu nous dérouler le scénario de ce match tel que tu l’as vécu ? Notre objectif était d’être solides défensivement. Nous savions que nous aurions des opportunités de marquer et c’est ce qu’il s’est passé. Nous marquons sur pénalty juste avant la mi-temps et nous arrivons à la pause en menant au score, sans avoir été inquiétés. Sur la physionomie de la première période ce résultat est assez logique. Puis nous faisons un bon début de seconde période, avec un deuxième but sur pénalty après un exploit personnel d’Anis Soubeir. Ensuite c’est un peu plus compliqué. Comme on pouvait le craindre Ajaccio joue un jeu plus direct et nous fait reculer. Nous encaissons un but à dix minutes de la fin, mais nous restons solides. Enfin, Safouane Benzahra nous assure une victoire méritée d’une très belle frappe dans le temps additionnel.

On a un bon groupe. Les 2008 qui sont arrivés ont montré de belles choses, ils ont une bonne mentalité et ça fonctionne bien avec les 2007 qui étaient déjà là la saison dernière.

Le déplacement précédent à Montpellier était déjà un match au sommet (deuxième contre troisième) et la décision s’était aussi faite en votre faveur dans le temps additionnel. Peut-on parler d’un match référence dans lequel l’état d’esprit a fait la différence ? Oui on peut parler de match référence, déjà parce qu’en face c’est Montpellier, un très bon centre de formation. Aussi parce que dans ce match nous sommes menés au score. Un peu contre le cours du jeu nous encaissons un but sur coup de pied arrêté. Mais bon, c’est vrai que c’est une équipe qui a des valeurs mentales intéressantes. Je pense qu’un groupe s’est créé depuis le début de saison, aidé aussi par les bons résultats obtenus. Cela nous permet d’égaliser assez rapidement et de prendre progressivement l’ascendant. En seconde période on a beaucoup de situations pour marquer. On peut prendre l’avantage plus tôt, mais les garçons ne lâchent rien jusqu’au bout et son récompensés de leurs efforts en marquant dans les arrêts de jeu.

La saison dernière vous aviez eu un début de saison très compliqué, cette saison c’est l’inverse. T’attendais-tu à un tel départ et comment l’expliques-tu ? On a un bon groupe. Les 2008 qui sont arrivés ont montré de belles choses, ils ont une bonne mentalité et ça fonctionne bien avec les 2007 qui étaient déjà là la saison dernière. Avec des joueurs qui passent des U17 aux U19, il y a toujours un temps d’adaptation, mais nous avons vu assez rapidement, notamment dans les matchs de préparation, qu’il y avait de la qualité. Et comme les résultats ont été bons dès l’entame du championnat, cela a donné confiance à tout le monde. C’est ce qui nous a permis de faire ce début de saison prometteur. Maintenant le plus dur reste à venir car nous allons être attendus sur la deuxième partie de saison.

Dans ce bon début de saison, après une longue série invincibilité il y a eu ce trou de novembre avec deux défaites consécutives contre Toulouse et le Cavigal. Comment les expliques-tu ? Sur la physionomie du match contre Toulouse, on peut dire que la défaite est sévère car c‘est un match que nous avons dominé et dans lequel nous avons eu de nombreuses situations pour marquer. Mais nous avons aussi été fautifs défensivement et Toulouse a su en profiter avec beaucoup d’efficacité. Ensuite il y a eu ce match contre le Cavigal avec un score que je trouve aussi assez sévère. Je ne veux pas dire par là que nos adversaires ne méritaient pas la victoire, mais malgré ces résultats négatifs, on a pu avoir des motifs de satisfaction dans le contenu de ces deux matchs.

Je ne pense pas que la pédagogie de l’échec soit la meilleure. C’est toujours mieux de travailler dans une dynamique de victoires que l’inverse.

Frédéric BarilaroCoach AS Monaco U19

Sans chercher d’excuses à ce passage à vide en termes de résultats, on peut quand même évoquer les blessures, les absences de joueurs retenus en sélection ou encore l’enchaînement des matchs en Youth League pour beaucoup de joueurs du groupe U19… Effectivement. Cela explique d’ailleurs le turnover important sur cette première partie de saison. Mais celui-ci a révélé la belle homogénéité de ce groupe. Beaucoup de joueurs ont eu leur chance et ont contribué aux bons résultats de l’équipe. Après c’est vrai qu’entre les sélections et la Youth League, certains ont beaucoup enchaîné et c’est ce qui peut expliquer les blessures et ce petit creux de novembre. Mais cela fait totalement partie de l’apprentissage. Avoir des joueurs concernés par les compétitions internationales, en club comme en sélection, c’est quand même un bon problème, on ne va pas s’en plaindre.

D’un point de vue personnel, après la saison compliquée que tu as vécu en 2024-2025, on imagine que tu dois apprécier le bon parcours de ton équipe. Même si on parle de formation et que les résultats ne sont pas une fin en soit c’est quand même appréciable de retrouver les hautes sphères du championnat… À la même époque l’année dernière nous étions derniers et nous n’avions gagné que deux matchs. On peut toujours dire que c’est formateur de se confronter à la difficulté, mais je ne pense pas que la pédagogie de l’échec soit la meilleure. C’est toujours mieux de travailler dans une dynamique de victoires que l’inverse. Donc oui, on préfère tous cette première partie de saison que la précédente.

On dit que l’appétit vient en mangeant, est-ce que cette première place après la 15e journée a fait grandir vos ambitions avec ton staff et tes joueurs ? Avec l’expérience qui est la tienne comment doit être abordée la suite de la saison ?

Nous allons aborder la deuxième partie de saison comme la première. On ne va surtout pas s’enflammer. Comme tu l’as souligné, j’ai suffisamment d’expérience pour savoir que beaucoup de choses peuvent se passer et que se croire arrivés serait une terrible erreur. L’essentiel est que nous parvenions à conserver cette cohésion qui a fait notre force.

Peux-tu nous citer un match, ou le moment précis d’un match de la première partir de saison où tu as pu te dire qu’il se passait quelque chose de spécial avec cette équipe, ou plus largement ce groupe U19 version 2025-2026 ? Le match qui me vient à l’esprit est celui face au Rove. Même si à l’arrivée nous avons fait 3-3, nous avons fait une première période de grande qualité. À un moment donné nous menions 3-1 et j’ai trouvé que nous étions vraiment au-dessus. On sentait une vraie maîtrise collective. On a malheureusement pas réussi à la conserver sur 90 minutes, mais j’ai perçu ce jour-là tout le potentiel de cette équipe. D’autant plus que nous étions à l’extérieur, avec un groupe jeune et face à un adversaire de qualité. Malgré tout je parlerais plus d’une confirmation que d’une révélation.

La semaine d’entraînement avant le déplacement à Montpellier, ça faisait longtemps que ne je n’avais pas vu autant de qualité dans le contenu. Je me rappelle la séance du mercredi, sur des jeux réduits il y avait eu des choses très intéressantes.

Ce potentiel tu l’avais perçu dès la préparation ? On ne peut jamais prédire ce qu’il va se passer, mais j’ai rapidement senti qu’on pouvait faire quelque chose avec ce groupe. On a vu dans les matchs de préparation qu’il y avait une équipe, des joueurs de football, c’était intéressant. Des joueurs qui aiment bien jouer ensemble aussi. Cela se ressent dans les entraînements et bien entendu dans les matchs. Et puis il y a un bon groupe. Même les garçons qui jouent peu s’investissent à fond. Tous les jours aux entraînements il y a de la qualité. La semaine d’entraînement avant le déplacement à Montpellier, ça faisait longtemps que ne je n’avais pas vu autant de qualité dans le contenu. Je me rappelle la séance du mercredi, sur des jeux réduits il y avait eu des choses très intéressantes. Tous les joueurs étaient très concernés et il y avait peu d’écart entre les uns et les autres, c’était d’un super niveau et très homogène. Depuis le temps que j’ai des groupes cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un tel niveau à l’entraînement.

L’avais-tu dit aux joueurs ? J’en avais parlé avec mon staff. Il y avait Grégoire et Louis, je leur avais qu’il y avait longtemps que je n’avais pas vu une telle qualité. Mais je n’avais pas voulu le dire aux joueurs pour ne pas qu’ils se grisent avant le match. Par contre après la victoire contre Montpellier je leur ai dit que nous avions fait une super semaine et que dans ce contexte il n’était pas étonnant que nous ayons gagné ce match.

Sur la première partie de saison tu as aussi incorporé des joueurs du Groupe Elite. Anis Soubeir a régulièrement joué avec vous. Plus récemment c’est Oumar Konaté qui joué contre Bastia. On peut aussi évoquer Samuel Nibombé qui a fait son grand retour à la compétition avec vous. Globalement, là aussi, on a senti un bel investissement de ces joueurs. Tu confirmes ? Oui, tous les garçons qui sont venus du Groupe Elite ont été performants et investis. Anis a eu besoin de temps au début car il manquait de rythme et de repères collectifs. Mais il a fini l’année sur des performances de grande qualité. Quand Oumar est venu contre Bastia, il s’est investi comme s’il avait toujours joué avec nous. Dans l’attitude c’était parfait et sur le plan sportif il a montré son excellent niveau. Après, c’est toujours plus facile de s’intégrer dans une équipe qui tourne bien. C’est aussi ce qui est positif quand on a de bons résultats. Quant à Samuel il est monté en puissance progressivement. Il a commencé doucement contre Air Bel, puis contre Montpellier, Bastia et Ajaccio il a été énorme. On a retrouvé le Sam que l’on connaissait.

As-tu ressenti une émotion particulière quand il est entré en jeu contre Air Bel ? C’était un très joli moment, nous avons tous été touchés. Ceux qui étaient avec lui à Rennes quand il a eu son malaise en fin de saison dernière ont dû l’être encore plus, car ils ont vécu une expérience très difficile. Mais c’est surtout pour Sam que cela dû être très fort émotionnellement, même s’il ne l’a pas trop montré. Le plus important c’est qu’il ait pu revenir et retrouver son niveau. Il a énormément travaillé pour ça ces six derniers mois et personnellement j’ai retrouvé le Sam que j’avais quitté au printemps dernier.

C’est un super staff, on sent que les gars sont contents d’être là. Leur investissement auprès des jeunes est sans faille, avec beaucoup de professionnalisme.

Nous avons parlé des joueurs, mais parlons aussi du staff, car il a été renouvelé dans une grande proportion durant l’intersaison avec les arrivées de Grégoire Puel (entraîneur adjoint), Etienne Juillard (préparateur physique) et Flavien Delcroix (kinésithérapeute). Là aussi il semble qu’un bon groupe se soit créé… Tout à fait. C’est un super staff, on sent que les gars sont contents d’être là. Leur investissement auprès des jeunes est sans faille, avec beaucoup de professionnalisme. En tant qu’entraîneur principal j’ai tout ce que l’on peu attendre d’un staff technique. Et pour les jeunes, avoir toutes ces compétences à leur disposition c’est un vrai atout pour leur progression.

En début d’année 2025 Claude Puel et Jean-Luc Ettori étaient venus visiter La Diagonale. À cette occasion tu avais rappelé que Claude Puel était celui qui t’avais mis le pied à l’étrier en te confiant l’équipe réserve à la fin des années 90. Avoir son fils,Grégoire, comme adjoint aujourd’hui doit avoir une saveur particulière pour toi… J’en suis très heureux. Effectivement, Claude m’a donné ma chance alors que je n’avais pas encore trente ans et que j’étais entraîneur des U15. Aujourd’hui c’est mon tour de jouer les mentors avec Grégoire. J’en suis très heureux car c’est un gamin extraordinaire, qui est à l’écoute, qui a une très bonne éducation et qui fait preuve d’excellentes compétences pour un jeune entraîneur. Avec Etienne aussi cela se passe très bien. Avec lui c’est très professionnel, très carré. Il fait preuve d’une grande maturité pour son jeune âge, comme Flavien également. Avec Yohann Thuram (entraîneur des gardiens) et Louis Mégel (analyste vidéo) qui étaient déjà avec moi la saison dernière, j’ai cinq jeunes de qualité pour m’épauler et c’est très appréciable. Et je n’oublie pas aussi Kafou, mon fidèle dirigeant depuis de nombreuses années, qui nous accompagne sur tous les matchs.

À la fin du mois de novembre, à l’occasion du match de Youth League contre Pafos, nous avions retrouvé Sofyane Cherfa qui est désormais l’entraîneur des U19 du club chypriote. Il nous avait parlé de ses années de formation à l’AS Monaco au début des années 2000 et d’un formateur qui l’a beaucoup influencé, un certain Frédéric Barilaro. Quel effet cela fait devoir un joueur que l’on a formé être devenu formateur à son tour ? (Il sourit) Cela m’aurait fait plaisir de le voir, c’est dommage que ce match ne se soit pas joué à domicile. Ça fait forcément plaisir quand on voit ses anciens joueurs être passés de l’autre côté. J’ai aussi ce plaisir quand je vois Yohann Thuram que j’ai aussi eu comme joueur. Concernant Sofyane, j’ai toujours suivi son parcours comme joueur, puis comme entraîneur. Je suis vraiment content pour lui qu’il s’épanouisse aujourd’hui en tant qu’éducateur. Content aussi de savoir que son passage avec moi ait pu le marquer. Avec le recul je ne suis pas surpris de son évolution. Pour faire ce métier il faut être passionné et Sofyane l’a toujours été.

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