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·16 octobre 2024

Gabriel Jesus : la traversée du désert 

Image de l'article :Gabriel Jesus : la traversée du désert 

79 minutes de jeu, 0 but, 0 passe décisive. Telles sont les stats en Premier League d’un Gabriel Jesus à l’agonie depuis le début de saison. Sur la corde raide depuis des mois, l’attaquant brésilien semble aujourd’hui au plus mal, tant physiquement que psychologiquement. Une situation que personne n’aurait pu imaginer il y a deux ans, lors de sa signature à Arsenal.

Attendu comme le Messie

Pourtant, l’aventure Gabriel Jesus et Arsenal commence parfaitement. Comme une évidence entre l’attaquant brésilien et les Gunners dirigés par Edu, qui se mettent de plus en plus aux couleurs Auriverde. Autrefois colonie française, Arsenal se mue aujourd’hui en un “Gabriel” FC, avec pléthore de joueurs brésiliens pour notre plus grand plaisir.


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Un mariage presque évident, entre un attaquant de City à la recherche d’un nouveau challenge et un Arteta, ancien entraîneur adjoint de Manchester City, qui connait très bien le joueur et ses qualités. À la recherche d’un attaquant pour pallier le départ d’Alexandre Lacazette, l’entraîneur espagnol jette directement son dévolu sur Gabriel Jesus.

Pourtant apprécié par Pep Guardiola, l’attaquant brésilien veut Arsenal, et Arsenal veut Gabriel Jesus. Un peu plus de 50 millions d’euros plus tard, son aventure avec les Gunners démarre le 4 juillet 2022 : “J’étais très excité par le projet. J’ai dit oui directement. Je pense que mon destin est à Londres”. Mikel Arteta ne cache pas non plus son excitation quelques jours après l’officialisation du transfert : “Il crée du chaos. Il crée de l’incertitude et il est toujours sur votre dos. Il est toujours là pour vous voler le ballon. Il est toujours devant le but. C’est une vraie menace et c’est ce qu’il nous faut”.

Faire passer un palier au club, telle est la mission de Gabriel Jesus, lui habitué aux affres de la course au titre avec son ancien club, Manchester City. Pourtant déjà un attaquant reconnu de Premier League, avec 95 buts et 45 assists en 236 matchs avec les Skyblues, l’international brésilien n’hésite pas à faire un pas en arrière en terme de compétitivité pour rejoindre un Arsenal 5ème du classement à l’issue de la saison 2021/2022. Pas de top 4 et pas de Ligue des Champions, Gabriel Jesus choisit de reculer pour mieux sauter.

Une sacrée belle prise pour Edu et son staff, qui démontrait déjà une certaine force de persuasion, comme l’a avoué Gabriel Jesus : “La conversation entre moi et Edu a été incroyable”. Malgré des clubs qui tentent de faire capoter le deal jusqu’à la dernière minute, Gabriel Jesus devient l’attaquant phare des Gunners.

Et en terme de profil, Gabriel Jesus a tout pour réussir le défi. Polyvalent, rapide, altruiste et technique, c’est l’attaquant hyper complet par excellence. Une vaste palette, qui avait séduit Pep Guardiola lors de son aventure Citizens : “C’est un avant-centre, il peut jouer à cette position. Dernièrement, il a plutôt joué sur les côtés, il s’y sent aussi à l’aise. Il peut jouer sur les 3 positions offensives. Quand on a besoin de joueurs pour travailler à haute intensité avec de l’agressivité, il est le meilleur du monde”

Et ses premiers pas dans le nord de Londres sont exceptionnels. D’une justesse technique folle, d’une intensité rare et d’un sang froid incroyable, Gabriel Jesus marche sur l’eau. Entre août 2022 et décembre 2022, c’est 5 buts et 5 assists en 14 matchs de Premier. Outre sa faculté à marquer, il brille également par sa capacité à faire jouer les autres. Débordant d’énergie, il n’hésite pas à bouger entre les lignes et combiner avec les joueurs autour de lui, comme lors du 13 août 2022 où il livrera un match exceptionnel face à Leicester avec 2 buts et 2 passes décisives.

Des premiers matchs et déjà indispensable, Gabriel Jesus était l’élu, celui qui devait mener Arsenal vers le titre.

Décembre 2022 : Le tournant

Mais, après 6 mois idylliques, tout s’effondre. Alors au Qatar pour représenter le Brésil lors de la Coupe du Monde 2022, Gabriel Jesus se blesse gravement au genou. Fin de compétition brutale.

Après un passage sur le billard, l’absence de Gabriel Jesus est estimée à plusieurs mois. Ça sera un énorme coup dur pour Arteta qui, à la mi-saison, était encore en tête de la Premier League au coude à coude avec City.

Une longue indisponibilité sur laquelle Arteta était revenue, quelques jours après la blessure de l’attaquant brésilien : “J’espère qu’il sera de retour pour les derniers mois de la Premier League. Évidemment, c’est une blessure sérieuse, un peu plus longue que ce à quoi nous nous attendions. Il va essayer de faire tout ce qu’il peut pour revenir le plus vite possible, mais il va nous manquer pendant un certain temps”.

Et il va effectivement louper de nombreux mois. 99 jours ratés, 17 matchs manqués. Il fera son retour le 12 mars 2023 en Premier League mais, malgré une bonne fin de saison sur le plan individuel (6 buts et une assist entre mars et mai 2023), il ne pourra pas empêcher son équipe de s’écrouler sur le sprint final et laisser le titre s’échapper.

Mais sa blessure va le marquer physiquement. Son genou va se fragiliser, ne lui laissant jamais de répit. À quelques semaines de la fin de saison 2022-2023 il déclare même : “Des fois je sens mon genou. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai joué sans douleurs. J’essaie de rester fort mentalement”.

Et pour cause, son genou va récidiver plus d’une fois. Pas moins de 4 blessures liées à son genou depuis décembre 2022. 158 jours à l’infirmerie et 27 matchs manqués au total. Et souvent à des moments clés de la saison, comme lors d’une rechute à quelques semaines du début de saison 2023-2024 : “Il a eu une petite intervention ce matin, il est blessé malheureusement. Il a eu une gêne au genou qui lui a causé quelques problèmes, donc ils ont dû intervenir. Il va être absent quelques semaines” avait déclaré Arteta début août 2023.

2 rechutes au genou lors de la saison 2023-2024, forcément cela impacte le jeu de Gabriel Jesus, qui doit dorénavant adapter sa façon de jouer.

Un rendement en berne et une concurrence qui en profite.

Des blessures au genou à répétition qui vont petit à petit l’effacer du jeu. Pire que ça, le rendre moins décisif, moins influent, moins impactant, alors que c’était sa force sur ses premiers mois avec Arsenal.

Bien qu’il termine sa première saison avec Arsenal avec 11 buts et 6 assists en Premier League malgré sa longue blessure, sa saison 2023-2024 sera beaucoup moins concluante. Seulement 4 buts et 5 assists en 27 matchs. Petite éclaircie en Ligue des Champions, où il signe une campagne de haute volée : il est impliqué sur 7 buts en 8 matchs. Une forme européenne sur laquelle Arteta était revenu en octobre 2023 à l’issue du match contre le FC Séville où l’attaquant brésilien avait été élu homme du match, avec un but et une assist : “On a besoin de moments magiques dans les gros matchs et grands joueurs pour nous pousser vers le haut. Aujourd’hui il a fait quelque chose de spécial.”

Au-delà de ses stats en bernes en Premier League, sa faculté à faire jouer les autres autour de lui va aussi drastiquement diminuer.

Petit focus Data. Sur 90 min, lors de sa première saison 2022-2023, Gabriel Jesus culminait à 0.48 buts par match et 0.26 assists par match. En additionnant ces deux données, Gabriel Jesus obtient donc 0.74 goals + assist par match. Lors de la saison 2023-2024, c’est 0.24 buts par match seulement, pour 0.30 assist. Un total de 0.54 sur la saison 2023-2024, bien en dessous des 0.74 de sa saison 2022-2023.

Au-delà de ses buts et assists qui diminuent, ses xG (Expected Goals) et xAG (Expected Assist) trahissent également un joueur qui se crée moins d’occasions, moins l’opportunité d’être décisif. 0.61 xG par match sur sa première saison avec les Gunners, contre 0.38 sur la saison 2023-2024. Son xAG augmente légèrement (de 0.13 à 0.20), mais pas assez pour compenser son xG qui a fondu comme neige au soleil.

“Arsenal c’est un géant qui dormait et qui s’est réveillé. Avant d’arriver ici, je n’avais pas concscience de l’ampleur de ce club. Je suis amoureux d’Arsenal” – Gabriel Jesus

Un joueur qui marque moins, moins décisif, même si sa qualité technique lui permet de faire encore de sacrées différences quand il s’agit de casser des lignes.

Et forcément, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Surtout, le bonheur d’un attaquant allemand, replacé en pointe de l’attaque lors de la mi-saison 2023-2024. Pourtant milieu offensif lors de ses premiers pas avec les Gunners, le profil de Havertz lui permet d’occuper la pointe de l’attaque ou le poste de milieu offensif. 9, 9 et demi, 10, 8, l’attaquant allemand peut tout faire dans le système Arteta.

Mais depuis qu’il a été replacé en pointe, Havertz ne lâche rien, et démontre mois après mois qu’il est un redoutable concurrent à Gabriel Jesus. 13 buts et 7 assists en Premier League pour l’ancien joueur de Chelsea la saison dernière en 37 matchs. Cette saison, c’est déjà 6 buts et une assist en 10 matchs, toute compétition confondue.

Havertz a pris le pouvoir, ne laissant que des miettes à Gabriel Jesus, qui est encore moins influent dans le jeu que la saison dernière. C’est simple, l’attaquant brésilien n’a pour le moment joué que 79 minutes depuis le mois d’août en Premier League, pour 0 but marqué. Une concurrence qui lui fait mal, et sur laquelle il est revenu en avril dernier : “Quand vous regardez la façon dont il travaille, il est incroyable. C’est le prix à payer si vous voulez faire partie d’un grand club. Il faut se battre pour jouer. Si vous ne jouez pas, la meilleure chose à faire est d’essayer et d’aider”. Je me plains jamais”.

Le duel Gabriel Jesus / Havertz

Une qualité physique qui pose problème, mais une question de profil aussi ? On a souvent entendu que Havertz est un “faux 9”, à la différence de Gabriel Jesus.

Là encore, les datas livrent un éclairage intéressant sur ce duel de profil.

Comparons les données de la saison actuelle de Havertz (il n’a joué qu’attaquant depuis le début de saison) avec la saison dernière de Gabriel Jesus, le tout sur 90 min.

Havertz culmine à 0.57 buts par match cette saison contre 0.27 pour le Brésilien la saison dernière, c’est plus de 2x moins. Cependant, là où Gabriel Jesus se démarque de l’attaquant allemand, c’est sur les assists par match. 0.30 pour l’ancien Citizen, pour “seulement” 0.14 concernant l’ancien joueur de Chelsea.

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Les xG et xAG par match montrent la même tendance. Havertz se crée plus d’occasions de but (0.62) par match cette saison que Gabriel Jesus la saison dernière (0.39). En revanche, en terme de xAG, le Brésilien de la saison dernière est bien devant le Kai Havertz de cette saison. 0.23 contre 0.13.

Des données qui montrent donc que Havertz version 2024-2025 marque plus de buts, car il se crée plus d’opportunités de buts. En revanche, le Gabriel Jesus version 2023-2024 montre une qualité évidente dans la dernière passe. Havertz un buteur et Gabriel Jesus un créateur ?

Les occasions créées par match montrent cette tendance. Même si Havertz montre une plus grande qualité de buteur, il ne montre pas plus de qualité dans la création que Gabriel Jesus sur la saison dernière. 1.8 occasions créées par match sur la saison 2023-2024, alors que l’attaquant allemand n’est qu’à 0.6 occasions créées par match cette saison.

Même son de cloche pour la fluidité de jeu et la capacité à faire circuler le ballon. Gabriel Jesus reste bien au-dessus d’Havertz dans ce domaine, en nombre de passes réalisées ou en précision.

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Gabriel Jesus 2023-2024 vs Kai Havertz 2024-2025 : Gabriel Jesus se distingue par sa créativité et son sens du collectif

En conclusion, Havertz est un vrai buteur qui excelle dans la surface, tandis que Gabriel Jesus est plutôt un créateur qui aime se balader entre les lignes et créer des différences autour de lui. “Kai Havertz est un faux 9” est donc un mythe, en revanche “Gabriel Jesus est un faux 9” a quelques arguments à faire valoir.

On a parfois vu Gabriel Jesus occuper un côté la saison dernière, notamment pour faire souffler Saka. Intéressant dans cette position, qui met en avant ses qualités de création et de percussion, l’arrivée de Sterling le pousse encore un peu plus loin dans la hiérarchie.

Gabriel Jesus version 2024-2025 part donc de loin. Trop loin peut-être. Un avenir qui semble compromis en pointe tant Havertz montre des qualités de buteur évidentes par rapport à l’attaquant brésilien fragilisé par des blessures à répétition, et une concurrence féroce sur tous les postes de l’attaque. Un profil de “faux 9” pour Gabriel Jesus, qui semble de moins en moins correspondre au style Arsenal.

Quel avenir donc pour Gabriel Jesus ? Tout cela ressemble à une fin de cycle. Pourtant apprécié par Arteta, comme Smith Rowe l’était, le Brésilien semble arriver au bout de son aventure avec les Gunners. Mais Gabriel Jesus peut ressusciter. Il a l’expérience et les capacités pour.

“J’étais concentré pour bien revenir et faire une bonne pré-saison. Maintenant, je suis dans une autre forme et je peux à nouveau jouer au football” – Gabriel Jesus en juillet 2024

Le récent 442 adopté pour pallier la blessure de Odegaard lui donnerait une chance de jouer au côté de Kai Havertz. Un Havertz buteur au côté d’un Gabriel Jesus créateur, sur le papier, cela se tient. Pour cela, il devra passer devant un Trossard qui engrange du temps de jeu depuis le début de saison et qui se montre décisif (9 matchs, 2 buts et une assist TCC).

Mais surtout, retrouver ses capacités physiques. Sa percussion, sa vitesse. Malheureusement, le peu de minutes jouées cette saison montre un joueur qui est loin de ses 6 premiers mois sous le maillot des Gunners. Un joueur qui semble n’être l’ombre que de lui même, et l’horloge tourne.

Une longue agonie. Pourtant homme clé d’Arteta à son arrivée en juillet 2022, l’attaquant est aujourd’hui à la croisée des chemins. Handicapé par des blessures à répétition l’empêchant de pleinement s’exprimer, Gabriel Jesus semble aujourd’hui bien loin du niveau attendu. Pendant ce temps là, l’horloge tourne. Havertz a pris le pouvoir, Arsenal continue de lutter pour le Graal de la Premier League. Une lutte dont Gabriel Jesus n’a aujourd’hui pas un premier rôle, ni même le second. @Louis

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