Furia Liga
·29 août 2021
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Dix ans après son départ, Míchel est de retour à Getafe. Dans le club qui a lancé sa carrière d’entraîneur, la légende du Real Madrid est confronté à l’après Bordalás. Malgré plusieurs expériences contrastées, le membre éminent de la Quinta del Buitre compte bien renouveler ses exploits passés avec les Azulones, notamment une 6e place en Liga, une demi de Copa et un 1/8 de finale de Ligue Europa. Mais le club de la banlieue Sud regarde-t-il plutôt vers le haut ou vers le bas ?
Michel est devenu un running gag pour tous les suiveurs de la Liga. À chaque fois qu’un entraineur est menacé ou viré, revient cette exclamation : « suena Míchel ! ». Souvent dans le moulin à rumeurs, l’ex-entraineur de l’OM est régulièrement envoyé aux 4 coins du pays. Cette saison, il est enfin de retour en Primera ! Entre son excellent passage à Getafe (du moins au début), la confirmation d’un certain talent en Grèce, mais aussi ses échecs comme à l’OM ou au Mexique, l’ancien du Real Madrid veut se rappeler à la Liga et montrer qu’il en a encore sous le pied. Et quel meilleur endroit que Getafe, la terre de ses premiers exploits ? L’idée sent tout de même bien le réchauffé.
Michel avait permis de mettre Getafe tout en haut de l’affiche. Durant un long moment, il était l’entraineur qui avait hissé le club le plus haut au classement en Liga. Sous sa houlette, les Azulones avaient même joué la Ligue Europa et performé en Copa del Rey. Cependant, ce bon passage terminé en eau de boudin remonte à près de 10 ans. Depuis, Michel alterne le bon et le très moyen, en composant bien souvent avec des contextes peu propices à la performance.
Son dernier passage sur un banc avant de retrouver Getafe était au Mexique, pays où il avait terminé sa retraite de joueur. Après avoir maintenu Málaga avec un sauvetage express mais s’être brouillé avec le propriétaire la saison suivante alors que les Boquerones prennent l’ascenseur pour l’échafaud, Míchel fait le grand saut et signe en Liga MX. Et pas n’importe où : à Pumas ! Un championnat reconnu, doté financièrement et avec de la ferveur populaire : tout semble bon pour se refaire la cerise. Sauf que, comment l’explique Diego Tonatiuh journaliste spécialisé dans le football en Amérique Latine :
« Le passage à Pumas est mitigé : c’est un des 4 Grands, un club historique, mais qui n’est plus du tout dans les favoris par manque de moyens. Sans le centre de formation, le club serait déjà à la rue. Le passage de Míchel ne restera pas dans les annales. Il y a eu des matches spectaculaires mais on s’est rendu compte que c’était limité ».
Comme à Marseille ou à Málaga, Míchel a subi un contexte défavorable. Surtout qu’au Mexique, la crise COVID a durement impacté Pumas qui a dû se tourner encore plus vers ses jeunes tout en se libérant de pas mal de joueurs. Le Madrilène finira par claquer la porte un an après son arrivée, pour des raisons personnelles officiellement. Personne ne l’a pleuré au Mexique, preuve que son passage est neutre, confirmant sa difficulté à performer dans la durée.
Très proche d’Ángel Torres, le fin communicant qu’est Michel a su bien manœuvrer pour retrouver un poste en Liga. Il retrouve une maison qu’il connaît bien, mais qui a beaucoup changé. Les Azulones ont connu les limbes et les sommets avec Bordalás. L’actuel coach de Valencia a notamment amélioré le meilleur classement de l’histoire du club en Liga, dépassant Míchel. Néanmoin, avec le natif d’Alicante, Getafe était détesté. Le jeu était jugé trop rugueux, pas assez axé sur des ballons au sol ou simplement trop direct. Pour autant, hormis la saison dernière, Getafe incarnait un esprit et une cohésion qui lui garantissaient une place dans le haut de tableau.
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Certes, aligner des latéraux en ailiers dans un 442 très rugueux, c’est être très clair sur ses intentions dans le jeu. Cependant, réduire l’apport de Bordalás à cela, c’est aussi faire preuve de mauvaise foi. Sans renier ce qui a permis au club de se stabiliser en Liga, Míchel est conscient que les attentes de son président est de redevenir une équipe mieux vue de ses compères. L’ancien de l’OM l’a dit : il ne faut pas s’attendre à une révolution, mais l’idée sera de proposer un jeu un peu plus conventionnel aux attentes en Espagne.
« C’est différent, chacun a une idée différente. Je sera reconnaissant à vie à Bordalás. Il a changé ma façon de voir le football. Aujourd’hui grâce à lui, je serai présenté ici comme un joueur de Getafe. Míchel a un projet pour avoir plus la balle. Ça convient plus à mon style de jeu et c’est ce qui m’a aussi poussé à accepter de revenir » Carles Aleñá
En plus des évolutions attendues dans le jeu, c’est aussi une communication qui va changer de tout au tout. Avec Bordalas, en plus du jeu, c’était une communication bien souvent âpre. Sanguin, l’Alicantino aimait les sorties tapageuses ou se chauffer avec ses collègues. Avec Míchel, la donne évolue. C’est plus doux, on sourit, on accepte les critiques. L’ancien Merengue est très fort pour saisir ce que le public veut entendre et sait donc s’attirer la sympathie, du moins au début.
Le départ de Pepe Bordalás clôt le très beau chapitre du Bordalismo dans la banlieue sud de Madrid. Avec son départ, des joueurs comme Marc Cucurella, Mauro Arambarri, Nemanja Maksimovic ou encore Djené Dakonam sont attendus sur le départ. Si aucun n’a encore bougé, hormis Ángel Rodríguez (RCD Mallorca), Michel ne ferme aucunement la porte. Dans le même temps, Getafe a signé Carles Aleñá, Jakub Jankto ou encore Stefan Mitrovic et accueille en prêt Vitolo Machín, José Juan Macías et Sandro Ramírez.
« Macías est un beau joueur, un attaquant assez complet qui sait bien jouer au ballon mais aussi très bon dans la surface et de la tête. La pression, il connaît et il semble faire le bon choix avec Getafe pour jouer régulièrement ». Diego Tonatiuh
Avec son sens de la phrase, Míchel n’a pas hésité à qualifié son effectif de meilleur de l’histoire de Getafe. Et il est vrai que sur le papier, ce groupe a une belle gueule. Cependant, entre les partants pas encore partis et le deuil du départ d’un coach qui a profondément marqué ce club, les projections sont floues autour de ce qu’on peut attendre des Azulones. Certes, le mercato est cohérent et ambitieux mais les derniers passages sur le banc de Michel montre bien qu’il a du mal à s’installer sur la durée et qu’il ne fait qu’illusion que quelques semaines avant de montrer ses limites et exaspérer tout le monde.
Aleñá a beau dire que sa rencontre avec Bordalás a changé sa manière de concevoir le football et que le discours prôné par Míchel l’a convaincu de signer 5 ans à Getafe, il est difficile d’espérer quelque chose de bien pour Getafe cette saison. Après un exercice 2020-2021 qui paraît avoir marqué le fin d’une époque, la transition Bordalás-Míchel n’augure pas grand-chose de bon.
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Ángel Torres, qui veut encore connaitre les sommets, espère que la recette qui avait permis de faire sortir de l’ombre Getafe la première fois avec Michel est déclinable une deuxième fois. Sauf que ce choix semble beaucoup facile, et peut-être aussi contraint par une faible attractivité. Passer après le charismatique Bordalás a tout du piège par excellence. D’ailleurs, la dynamique de début de saison incite au pessimisme : après deux journées, les Azulones comptent déjà 2 défaites et aucun but inscrit. Affronter le Barça au Camp Nou, servira-t-il de déclic pour lancer le comeback de Míchel ?
Benjamin Chahine
@BenjaminB_13
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