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·4 juin 2019

Griezmann et l’Atlético : des souvenirs, des trophées et du beau jeu

Image de l'article :Griezmann et l’Atlético : des souvenirs, des trophées et du beau jeu

La bombe est tombée il y a déjà deux semaines. Antoine Griezmann, légende de l’Atlético de Madrid, s’en va du club de la capitale espagnole pour, à priori, signer au FC Barcelone. C’était inévitable : dès l’été dernier il avait failli rejoindre le club catalan, avant de faire perdre tout espoir au Barça à travers un documentaire justifiant sa décision. « Mes supporters, mon équipe, MA MAISON ! », tweetait-il il y a un peu moins d’un an. Si les supporters de l’Atlético ont pris cette décision avec beaucoup d’amertume, cela ne les empêchera pas de regretter le joueur qui les aura portés pendant cinq ans, faisant tutoyer les sommets aux Colchoneros. Après cinq saisons, 133 buts et 53 passes décisives, Antoine tourne la page.

Lorsque Griezmann rejoint l’Atlético, il sort de cinq belles saisons à la Real Sociedad : 202 matches, 52 buts marqués et une première convocation en International A pour la Coupe du monde 2014 au Brésil. Pendant la compétition, il est mis en avant pour sa combattivité permanente et sa vision de jeu hors du commun. Peu après la compétition, l’Atlético de Madrid et ses supporters sont enchantés : un tel recrutement permet de limiter la casse après le départ de plusieurs cadres, artisans du sacre du club en Liga la saison précédente. C’est sous les applaudissements qu’il est présenté au Vicente Calderón. Les Colchoneros sont rapidement conscients du joyau qu’ils viennent de dégoter : sa première saison est tonitruante. En effet, avec 25 buts et 6 passes décisives, il est le meilleur buteur et le troisième meilleur passeur de son équipe. Malgré une campagne européenne relativement pauvre, il remporte tout de même son premier trophée dès la fin de l’été 2014 avec la Supercoupe d’Espagne.


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L’homme à tout faire du cholismo

S’il faut retenir une chose du passage de Griezmann à l’Atlético, c’est sa capacité à diversifier son jeu et adapter son rôle en fonction de l’adversaire. Doté d’une intelligence évidente, il arrive souvent à trouver la faille chez l’opposant, si bien qu’il a terminé meilleur buteur du club, toutes compétitions confondues, chaque saison. Pour un joueur qui n’est pas numéro 9, ce sont des chiffres extraordinaires, qui nous permettent de nous rendre compte de l’importance du joueur dans la tactique de Diego Simeone. Au-delà des chiffres (40 implications directes sur des buts lors de sa seconde saison, 38 pour la troisième, 45 pour la quatrième et 32 pour la dernière), c’est l’évolution de l’international français et sa formidable régularité qui en ont fait l’un des tous meilleurs joueurs du monde.

Diego Simeone l’a fait comprendre en conférence de presse, en mars dernier : « Je ne peux tout simplement pas imaginer l’Atlético sans Griezmann. » Ce cri du cœur du cholo, suppliant indirectement son joueur de continuer de jouer sous ses ordres, nous aide à comprendre son importance dans les plans de jeu du club. Son évolution tactique sous Simeone l’a ainsi aidé à devenir l’un des meilleurs internationaux de l’histoire de l’Équipe de France, lui qui a porté son équipe à l’Euro 2016 et la Coupe du monde 2018 (et non, il n’a pas fait que marquer les penaltys). Les mots sont peu de choses par rapport à l’infinité des sensations que Griezmann a apporté aux supporters de l’Atlético, des Bleus et à Diego Simeone pendant son passage au club de la capitale.

Le tacticien espagnol est le principal homme à remercier de la progression d’Antoine, lui qui, dans un système si défensif, a été installé comme véritable métronome et lien entre l’attaque et la défense, passant de numéro 8 à meneur de jeu à buteur d’un match à l’autre. La capacité d’adaptation de Griezmann sous Simeone en a fait l’un des meilleurs joueurs de son ère, sa Supercoupe d’Europe 2018 et sa Supercoupe d’Espagne 2014 ne reflétant pas assez tout ce qu’il a pu apporter au club. En revanche, sa campagne européenne de la saison 2017-2018 est l’exemple parfait du passage de Grizi dans le club de la capitale : c’était l’homme à tout faire.

La Ligue Europa comme consécration

Lors de la saison 2017/2018, L’Atlético de Madrid perd assez étonnamment de nombreux matches en phases de poules de la Ligue des champions. Dans la compétition reine, c’est l’AS Roma qui se hisse à la tête du groupe avant d’aller jusqu’en demi-finales. Chelsea termine deuxième, et l’Atlético troisième. Sur les cinq petits buts marqués par le club, Griezmann en marque deux et distribue deux passes décisives, étant ainsi impliqué sur 80% des buts de son club en Europe. Malheureusement, cela ne suffit pas et l’Atlético se retrouve en Ligue Europa, dont il est l’énorme favori. À partir de là, Antoine est en mission. Son club doit remporter un trophée européen avant qu’il ne le quitte. Il le doit aux fans.

Dès le premier match à l’extérieur contre Copenhague, Griezmann est comme un poisson dans l’eau : il dribble sans pitié et marque le but du 3-1, ruinant les espoirs du club danois. Au retour, Antoine ne jouera pas et le but de son coéquipier Kévin Gameiro suffira à hisser l’Atlético en huitièmes. C’est là que la fête commence pour l’international français : avec une passe décisive au match aller et un but au match retour, Griezmann contribue de nouveau au large succès (8-1) de son club contre Moscou. En quarts, même constat : il marque l’un des deux uniques buts de son club sur la double confrontation et permet aux Rojiblancos de l’emporter 2-1 contre le Sporting, avant d’entamer les demi-finales contre un gros poisson : Arsenal. Le premier match est dur et l’Atlético souffre en permanence, jusqu’à ce qu’Alexandre Lacazette fusille les filets d’Oblak à la 61ème minute, créant la panique du côté des Espagnols. Grizi, en revanche, profite d’un de ses éclairs de génie pour retourner la situation et obtenir un précieux match nul à la 82ème minute, qu’il confirme au retour avec une passe décisive pour Diego Costa (45ème).

Les Colchoneros, portés par Griezmann, se retrouvent alors en finale comme prévu. Face à eux, l’OM. Forcément, les Madrilènes partent favoris et c’est, encore une fois, leur international français qui va les porter vers la victoire. Dès la 21ème minute, Griezmann marque le premier but. Il confirme plus tard en tout début de seconde période, avant que Gabi ne crucifie les derniers espoirs marseillais en fin de match. Sur les huit matches et les sept titularisations qu’il a eu dans cette compétition, Grizou a été directement impliqué sur huit buts : six réalisations et deux passes décisives. Comme beaucoup de journalistes l’ont dit, le joueur était en mission et c’est un superbe cadeau qu’il a laissé aux fans, puisque comme d’habitude, au-delà des statistiques, sa virtuosité, sa vision du jeu et son ingéniosité ont permis aux fans de profiter d’un Griezmann au plus haut niveau tout au long de l’année.

Finalement, le passage de Griezmann à l’Atlético de Madrid a été bénéfique pour le club et le joueur. Resté cinq ans dans un club auquel il a réussi à faire prendre de grandes dimensions, Antoine Griezmann a pu s’affirmer comme le leader de son équipe sur la longueur, finissant chaque saison meilleur buteur, parfois même meilleur passeur. Métronome de l’attaque des Colchoneros, Grizou a permis à son club de tutoyer les sommets à plusieurs reprises, et la Ligue Europa remportée en 2018 – dont il est le principal artisan – est la juste consécration que lui et l’Atlético méritaient. Après cinq ans de loyaux services, Antoine a préféré tenter une nouvelle aventure, probablement au FC Barcelone. Si la manière d’annoncer son départ peut laisser à désirer, les supporters de l’Atlético sont, pour la plupart, plus attristés qu’énervés. Pendant cinq saisons, Griezmann a été le roi des Rojiblancos et du cholismo, qui aura probablement du mal à se renouveler en son absence.

Crédit photo : GABRIEL BOUYS / AFP

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