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·11 mai 2020
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Vincent Le Borloch a vécu une expérience fabuleuse. En 2010, il quitte sa chère Bretagne pour intégrer le service communication de la Fédération Irlandaise de Football. Il nous raconte cette tranche de vie, son quotidien et surtout les souvenirs gravés d’une expatriation footballistique réussie.
Salut Vincent, merci de m’accorder du temps pour cet entretien. Peux-tu te présenter aux lecteurs ?
Vincent, 34 ans, j’ai commencé ma carrière dans le football au service communication du FC Lorient en qualité de webmaster lors de la saison 2001-2002. J’ai eu la chance de passer de grands moments à Lorient avec la double finale en Coupe de France et Coupe de la Ligue en 2002. J’ai ensuite collaboré avec le SCO d’Angers, alors en Ligue 2 pour une saison. Puis, je me suis tourné quelques temps vers le journalisme sportif avec des piges dans plusieurs grands médias, notamment RMC Sport, France Bleu, ou encore l’Equipe. Lors de la saison 2005-2006 je retourne au FC Lorient au service communication en parallèle de mes études supérieures. A l’issue de cette saison le club me propose un contrat, mais je souhaite poursuivre des études de journalisme et décide ainsi de continuer les piges en commentant les matchs du FC Lorient et du Stade Rennais pour RMC, à l’époque des multi-live.
J’ai enchaîné avec une formation en Ecole de Commerce au cours de laquelle s’est présentée l’opportunité de rejoindre la Fédération irlandaise de football en 2010.
Travailler au sein d’une Fédération internationale fait rêver de nombreux fans de foot. Par quel biais as-tu intégré la Fédération irlandaise ?
Par l’intermédiaire d’un très bon ami, Fañch Gaume, grand fan du FC Lorient et Directeur de l’Association de l’Equipe de Bretagne de Football, qui avait activé son réseau en Irlande. Mon CV avait atterri au bureau du Directeur de la Communication de la Fédé, un francophile amoureux de la Bretagne. Après un entretien concluant, j’ai intégré le poste de Chargé de Communication.
Comment as-tu rejoint le FC Lorient en 2001?
Alors qu’internet était bien moins développé et que Google n’existait pas encore, j’avais créé un site internet sur le FC Lorient qui a bien fonctionné pendant plusieurs années. Le club de Lorient n’ayant pas de site officiel à l’époque me contacte en me proposant de développer un outil intéractif dynamique, délivrant des infos générales, un agenda des détections de joueurs et une communication globale sur le club. Avec les épopées en Coupe de France et Coupe de la Ligue le club avait besoin de diffuser les informations sur la billetterie et les évènements à suivre. On me demande alors de m’impliquer sur le développement du site et la rédaction des contenus. Et depuis 2001 je n’ai jamais quitté le football.
Une fois mon intégration validée, j’ai bien évidemment commandé un maillot de Thierry Henry que j’ai accroché dans le bureau du service communication
Tu arrives en 2010 à la Fédération irlandaise, peu de temps après la très controversée main de Thierry Henry face à l’Irlande. Comment se passe ton intégration en tant que Français ?
J’ai vécu une histoire incroyable. La main de Thierry Henry survient en novembre 2009, et moi le jeune français, je suis embauché à la fédé irlandaise en février 2010 alors que le contexte est toujours très particulier. Les esprits étaient encore échaudés, et l’on sentait la rancœurs vis-à-vis des Français sur ce match qui représentait une opportunité incroyable pour les Irlandais de se qualifier pour la Coupe du Monde. Paradoxalement, cet incident a contribué à faciliter mon intégration. Un côté sympathique s’est créé autour de mon arrivée. Ça chambrait gentiment, et à mon grand étonnement l’atmosphère demeurait bon enfant. Une fois mon intégration validée, j’ai bien évidemment commandé un maillot de Thierry Henry que j’ai accroché dans le bureau du service communication et que je portais – non sans un brin de moquerie – tous les vendredis pour nos matchs entre salariés de la fédé.
Et l’ambiance en Irlande pendant la coupe du Monde 2010 ? Tous unis contre la France ?
Pour te donner quelques anecdotes croustillantes, pendant la Coupe du Monde 2010, dans de nombreux commerces se vendaient des T-shirts “The hand of Frog” arborant la photo de Thierry Henry ! Sans parler des magasins de hi-fi de l’enseigne Currys qui offraient 100€ si la France était éliminée de la compétition ! “When the French lose, the Irish win” (quand les Français perdent, les Irlandais gagnent) ! Les magasins Lidl offraient quant à eux le jour de la rencontre France – Mexique tous les produits mexicains à 1€. Autant te dire qu’on était en terrain miné pendant cette période ! Mais ça restait très sympatique avec la bonne humeur habituelle des Irlandais.
Pourquoi l’Irlande plutôt qu’une autre destination ?
Mon but était de progresser en anglais. J’ai commencé par envoyer un grand nombre de CV à l’ensemble des clubs en Angleterre, en Ecosse et en Irlande. J’ai eu des contacts avec Southampton et Aberdeen, qui n’ont cependant pas abouti. Je focalisais alors mes recherches sur les clubs, et à ma grande surprise, la Fédération Irlandaise me recontacte, grâce à mon ami Fañch Gaume. J’avais entendu beaucoup de choses positives sur l’Irlande, un pays avec une belle image et une population très ouverte, alors j’ai foncé !
En arrivant j’ai compris que l’Irlande réservait une histoire footballistique fantastique, malheureusement trop méconnue.
Que savais-tu du foot irlandais avant ton passage à la Fédération ?
Je connaissais quelques clubs passés par la Coupe d’Europe comme Cork City, les Bohemians et les Shamrock Rovers, mais je ne possédais pas une culture très développée du championnat ni de l’équipe nationale. En arrivant à Dublin j’ai pu intégrer très rapidement une masse importante d’informations et compris que l’Irlande réservait une histoire footballistique fantastique, malheureusement trop méconnue.
Depuis ton expérience en Irlande, tu as pris le virus de l’expatriation !
L’Irlande fut en effet le point de départ d’une nouvelle vie. Cela a déclenché chez moi un sentiment très particulier, et aujourd’hui je vis toujours hors de France. Etre étranger quelque part attire la discussion, les curiosités, tant et si bien que l’on apprend de toi et réciproquement. L’apprentissage permanent d’une culture locale est inestimable selon moi.
Revenons à l’Irlande, comment s’est passée ton intégration au pays ?
Une intégration très facile à vrai dire. Pour la langue, trois mois d’adaptation ont été nécessaires pour me sentir à l’aise, notamment pour ce qui est de la compréhension des accents. Il faut parfois tendre l’oreille et rester concentré. Mes collègues du département Communication m’ont grandement aidé en me faisant visiter Dublin, et en m’invitant à manger chez eux. La chaleur des Irlandais facilite énormément l’intégration.
Tu travaillais au service communication de la FAI (Fédération Irlandaise de Football) et avec la Ligue irlandaise. Explique nous ton rôle.
L’objectif affiché était de promouvoir les activités de la Fédération et de la Ligue irlandaises. Concrètement, je gérais principalement la partie numérique : mise à jour du site internet de la fédé, création de supports vidéo sur les évènements, les joueurs ainsi et les clubs. J’étais également amené à travailler ponctuellement sur des missions plus ciblées, telles que la préparation des programmes de certains matchs, ou bien encore la participation à des réunions pour l’organisation de rencontres internationales.
Comment se déroulait ton travail au quotidien ?
Je travaillais la plupart du temps avec des horaires traditionnels de bureau, du lundi au vendredi. Ceci étant, certains matchs internationaux se déroulant le weekend, j’ai pu assister à toutes les rencontres de l’Irlande à domicile, notamment les oppositions face au Paraguay, l’Algérie et surtout l’Argentine à l’occasion de l’inauguration de l’Aviva Stadium. J’étais également opérationnel pour les matchs moins médiatisés que la Fédération souhaitait promouvoir : les féminines, les handisports ainsi que les catégories de jeunes. Au niveau de la Ligue, j’ai fait le tour d’Irlande des clubs, et j’ai adoré partir à leur rencontre !
En te déplaçant dans toute l’île tu as découvert des régions diverses. Comment satisfaire tout le monde lorsque les décisions et la majorité des évènements sont centralisées à Dublin?
C’est une question essentielle. Chaque comté (l’équivalent du département en France) possède un correspondant, bien souvent un entraineur ou un dirigeant de club, lequel organise des évènements à l’échelle locale. C’est vrai qu’il est difficile de satisfaire tout le monde quand les décisions et les grandes manifestations se déroulent à Dublin. On y trouve une grande concentration de clubs, avec près de la moitié des équipes de première division implantées dans la capitale.
Lorsque je me rendais dans les clubs hors de l’agglomération dublinoise, je n’ai pas malheureusement pas eu l’occasion de visiter ces contrées par manque de temps. Il fallait se rendre au match du jour et participer aux évènements liés au foot. Le weekend passait trop vite, et je regrette quelque peu de n’avoir pu explorer d’avantage les belles régions que compte l’Irlande.
Aprè la conférence de presse de Sir Alex Fergusson, je croise Wayne Rooney et Michael Owen dans le couloir… Je vivais quelque chose de surréaliste !
L’inauguration du nouvel Aviva Stadium, la réorganisation du championnat d’Irlande, des matchs amicaux prestigieux à préparer (ex : Séléction de joueurs du championnat d’Irlande vs Manchester United) et d’autres évènements internationaux. Six mois exigeants et formateurs !
J’ai vécu six mois de folie en effet ! C’était fantastique. L’inauguration de l’Aviva Stadium fut un moment clé et la Fédération souhaitait une communication forte pour l’occasion. Le premier match de football dans ce stade flambant neuf entre un XI du championnat d’Irlande et un Manchester United de gala fut grandiose. J’arrivais de France et j’en prenais plein les yeux ! Plus de 50.000 fans, la conférence de presse de Sir Alex Fergusson, je croise Wayne Rooney et Michael Owen dans le couloir… Je vivais quelque chose de surréaliste ! Mais le vrai match d’inauguration pour le football était Irlande – Argentine et sa constellation de stars avec Messi, Di Maria, Higuain, Mascherano, Heinze, Samuel. Je terminais mon contrat le lendemain. En guise de remerciement, la Fédération m’avait réservé un siège VIP près de Michel Platini, Président de l’UEFA à l’époque.
Avec le recul, qu’est-ce que ton expérience en Irlande t’a le plus apporté ?
Très concrètement, l’amélioration de mon anglais grâce à un séjour réussi, sans problème d’intégration. D’ailleurs, je conseille vivement à n’importe quel français de tenter l’expatriation au moins une fois dans sa vie pour en retirer un enrichissement sur le plan humain, culturel et professionnel. Dans la suite de ma carrière, partout où je me suis présenté, mon expérience en Irlande a été valorisée. Ça m’a ouvert un grand nombre de portes.
Au niveau professionnel, mon boss était l’ancien Directeur de la Communication de Ryanair, une véritable pointure, extrêmement structuré. J’ai beaucoup appris à ses côtés, et aujourd’hui dix ans plus tard je me sers encore de ce qu’il m’a enseigné. Je ne serais pas devenu le marketeur que je suis sans l’avoir côtoyé.
Tu es resté six mois au total, qu’est ce qui t’a poussé à quitter un poste aussi passionnant ?
Simplement, je souhaitais rester six mois. Un choix entériné dès le début. Je n’avais pas prévu de m’établir en Irlande, et souhaitais finir mon Master en France avant d’entrer définitivement dans la vie active.
Dans les pays anglo-saxons, les frontières hiérarchiques sont plus souples qu’en France. Quelle était ta relation avec les hautes instances du foot irlandais ?
Compliqué de communiquer avec le Président de la Fédération, qui très occupé et peu présent physiquement dans les missions opérationnelles qui animaient mon quotidien. Les Directeurs des différents services étaient eux très accessibles. J’ai par exemple eu le privilège de travailler avec l’ancien Directeur Technique et légende vivante du foot irlandais Packie Bonner, ainsi qu’avec le Directeur de la Ligue. Je leur apportais un vent de fraicheur de par mes compétences sur le contenu digital, dont ils étaient très demandeurs. Une relation de confiance s’est ainsi rapidement installée, et ceci m’a aidé à me rapprocher d’eux.
Et avec les joueurs ou dirigeants, as-tu des rencontres et des anecdotes sympas ?
Les joueurs de l’équipe d’Irlande sont difficilement approchables. Ils évoluent pour la plupart en Premier League anglaise, et sont évidemment extrêmement protégés et entourés.
Moment inoubliable : j’ai fait office d’interprète pour l’Equipe d’Algérie lors de sa venue en Irlande à l’occasion d’un match amical. Etait présent côté algérien Yazid Mansouri, capitaine de Lorient, que j’étais ravi de retrouver à Dublin.
Autre rencontre marquante : j’ai eu l’énorme privilège de faire connaissance avec le “Mister”, Giovanni Trappatoni, alors sélectionneur de l’Irlande en 2010. Le Directeur de la Communication me le présente, et lui me fait une petite blague en français en référence à la main de Thierry Henry.
Le football irlandais s’ouvre doucement aux joueurs et entraineurs étrangers mais reste encore en retard comparé aux autres pays européens. Pourquoi selon toi les clubs conservent un cocon très anglo-saxon alors que des opportunités se présentent ailleurs ?
Les clubs irlandais sont méconnus sur la scène européenne, et les bons résultats en Europa League sont trop rares. C’est un petit championnat qui souffre financièrement, avec des infrastructures qui en l’état actuel des choses ne permettent que difficilement d’attirer des joueurs et des sponsors. Cette spirale engendre évidemment un manque de visibilité certain.
J’ai également eu l’énorme chance en 2010 que les Shamrock Rovers tirent en Europa League la Juve de Trezeguet, Del Piero, Bonucci, et Chellini.
Malgré tout, les premiers tours de coupe d’Europe ont toujours un parfum particulier!
Même si les clubs irlandais ne nous gratifient que rarement d’épopées européennes, je me délecte de ces matchs plus obscurs que réservent les premiers tours de Coupe d’Europe au mois de juin-Juillet. Je me souviens par exemple avoir éprouvé des sensations incroyables avant le coup d’envoi d’un Bohemians – New Saints (Pays de Galles) lorsqu’a retenti l’hymne de la Champions League. J’ai également eu l’énorme chance en 2010 que les Shamrock Rovers tirent en Europa League la Juve de Trezeguet, Del Piero, Bonucci, et Chellini.
Gardes-tu un œil averti sur le football en Irlande ou as-tu tourné la page ?
Je suis toujours l’équipe nationale et la première division irlandaise. Je me tiens au courant des résultats et des parcours en Coupe Nationale et en Coupe d’Europe. C’est possible grâce au compte Twitter @footballirlande qui permet de garder le contact au quotidien, avec des informations clés. C’est génial d’avoir ce compte qui synthétise de façon précise en français toutes les infos sur le foot irlandais. C’est devenu l’une de mes principales source d’infos. Je lis aussi les articles de foot irlandais et avoue avoir été particulièrement impressionné par les 50 histoires sur le foot irlandais.
En tant qu’étranger étais tu aussi investi d’une mission pour prouver que d’autres cultures pouvaient apporter une dynamisation du football irlandais ?
La Fédération irlandaise s’est ouverte depuis plusieurs années au football européen. A mon époque, le Sélectionneur était italien (Trapattoni), le Directeur Technique néerlandais, et plusieurs techniciens espagnols. Côté Ligue, je sentais l’intérêt des clubs à travailler avec un français. Les dirigeants de clubs sont à l’écoute d’une autre approche, ce qui peut sembler paradoxal avec le fait qu’ils accueillent peu de joueurs étrangers. Pour être franc, je ne me sentais pas en mission en tant que Français. Je représentais la Fédération irlandaise et agissais en tant que Chargé de Communication. Pour être tout-à-fait honnête, ma nationalité ne s’inscrivait pas dans mon travail quotidien.
Quelle est ton opinion aujourd’hui sur le foot irlandais, en championnat, en Coupe d’Europe et en sélection ?
J’étais optimiste en 2010 avec une équipe nationale qui semblait solide et ai été particulièrement déçu des récents résultats de la sélection, même s’ils n’ont pas été chanceux lors des derniers tirages au sort. Niveau championnat, j’ai été surpris que les Shamrock Rovers n’aient pas capitalisé sur leurs bons parcours en coupe d’Europe au début des années 2010. Je m’attendais à ce que le club domine outrageusement le championnat et enchaine les épopées européennes, mais ça n’a pas été le cas. A l’inverse, l’hégémonie nationale de Dundalk ces dernières saisons en partant de rien, ou presque, est tout bonnement hallucinante.
Les clubs irlandais brillent rarement en coupe d’Europe, comment l’expliques-tu ?
Majoritairement par la proximité géographique et culturelle de l’Angleterre. Le championnat anglais est une machine de guerre qui ramasse tout et concurrence fortement l’Irlande. Dès qu’un gamin irlandais à peine adolescent montre des qualités, il part dans une académie d’un club anglais. Par conséquent, le championnat irlandais ne bénéficie jamais des meilleurs éléments du pays. Il est extrêmement difficile de faire émerger des talents au sein du championnat domestique. Et la deuxième difficulté est bien sûr d’ordre financier. Bien que la Ligue et les clubs travaillent de plus en plus sur le marketing et le sponsoring pour attirer les fans, le championnat reste restreint avec seulement dix équipes en première division. Si le foot est le sport le plus pratiqué, n’oublions pas que ça n’est pas le plus populaire en Irlande. Il souffre en effet de l’engouement généré par le rugby et les sports gaéliques.
L’équipe nationale accueille un nouveau sélectionneur depuis mars 2020, Stephen Kenny, qui apporte un vent nouveau et une génération dorée s’apprête à éclore. Faudra-t-il compter sur l’Irlande lors des prochaines grandes compétitions internationales ?
J’espère sincèrement que le staff pourra travailler sereinement avec ces jeunes joueurs qui devront prendre les commandes. Je mise beaucoup sur le nouveau sélectionneur Stephen Kenny. C’est phénoménal que la Fédération ait nommé un sélectionneur venant du championnat d’Irlande (Kenny entrainait Dundalk avant de passer par l’Irlande U21, puis les A depuis mars 2020). Historiquement, un nombre infime de joueurs du championnat d’Irlande ont été sélectionnés en équipe nationale, et les anciens sélectionneurs ne viennent pas du sérail local. Cette nomination est un signe positif envoyé par la Fédération et démontre à quel point celle-ci souhaite accorder plus de visibilité aux clubs et à la Ligue.
Comment faire pour rapatrier tous les supporters irlandais vers le championnat d’Irlande, c’est la question à un million d’Euros
Les irlandais s’intéressent énormément à la Premier League anglaise ainsi qu’au championnat d’Ecosse avec le Celtic. Comment donner envie de s’intéresser à la Ligue Of Ireland (championnat irlandais) ?
Ça m’a toujours choqué à dire vrai ! Personnellement je suis originaire de Lorient, et je supporte le FC Lorient. Le réflexe de base du supporter devrait être de s’orienter vers le club de sa ville. Les Irlandais sont de gros consommateurs de la Premier League anglaise, proche géographiquement et historiquement. Ils la suivent passionnément, et ont malheureusement tendance à délaisser le football local. J’ai trop de mal à comprendre cette philosophie, car une fois encore, si j’étais né à Cork, je supporterais Cork City, point barre ! Comment faire pour rapatrier tous ces supporters vers le championnat d’Irlande, c’est la question à un million d’Euros que les dirigeants se posent tous les jours, et à laquelle ils tentent vainement de répondre pour l’instant. Travailler avec les plus jeunes et être présent dans la communauté pour sensibiliser la population locale sont les deux axes privilégiés. Puis un cercle vertueux engendrera plus de fans, plus d’argent, de meilleurs joueurs, des résultats en coupe d’Europe, plus d’exposition, plus de sponsors, etc.
Dublin accueillera des matchs de l’Euro l’année prochaine, penses-tu que l’Irlande a un besoin vital de ce type d’évènement pour développer l’amour du football dans un pays qui vibre pour les sports gaéliques et le rugby ?
Oui, typiquement, il faut organiser des évènements de grande ampleur pour sensibiliser la population. C’est la meilleure vitrine qui puisse exister pour le football irlandais. Accueillir des matchs dans ce superbe écrin qu’est l’Aviva Stadium, avec un esprit festif, c’est merveilleux !
Cependant, la concurrence avec le rugby est terrible. Le rugby est un sport qui gagne en Irlande, et les supporters s’orientent naturellement vers la victoire. Quant aux sports gaéliques, ici c’est mythique ! Les Français ne peuvent pas réellement comprendre dans quelle mesure le football gaélique et le hurling occupent une place essentielle dans la vie des Irlandais.
Est-ce que tu recommanderais à un français de vivre une expérience en Irlande, en tant qu’expatrié et/ou footballeur ?
Pour un étudiant ou un expatrié je conseille les yeux fermés. Vous allez apprendre, vous enrichir culturellement et faire de magnifiques rencontres. De plus, on vit relativement bien à Dublin, malgré une météo parfois capricieuse, je vous l’accorde ! Professionnellement, l’économie du pays est extrêmement dynamique, donc un séjour en Irlande valorisera grandement votre CV.
Un footballeur français vivra une belle expérience ici. A salaire équivalent, il vaut surement mieux tenter une ou deux saisons en Irlande pour découvrir une première division avec la possibilité de jouer la coupe d’Europe, plutôt qu’évoluer en Nationale 1 ou Nationale 2 en France.
Tu vivais à Dublin, une ville très dynamique, comment profitais-tu de la ville pendant ton temps libre ?
J’avais la chance de travailler avec une équipe très jeune à la Fédération. J’ai pu visiter et sortir pas mal avec mes collègues. En centre-ville, impossible de s’ennuyer avec les nombreux étudiants qu’abritent les différentes universités dublinoises, et les jeunes expatriés en nombre croissant. L’immanquable Temple Bar Street et tous les pubs en ville sont géniaux ! On n’est jamais déçu du voyage.
Qu’est ce qui te manquait le plus en Irlande par rapport à la France ?
La nourriture je pense comme l’immense majorité des Français qui débarquent ici ! Je n’oublie pas non plus qu’on vit bien en France, avec une protection sociale solide dont on ne bénéficie pas à l’étranger.
Et qu’est-ce que tu as aimé en Irlande qu’on ne trouve pas en France ?
L’ambiance très festive, le côté chaleureux et très sympathique des gens. Les Irlandais sont vraiment accueillants et ont le cœur sur la main. De plus, c’est un pays dynamique au niveau économique et ambiance de travail avec de grandes entreprises internationales qui y ont installé leur siège européen. On ressent indéniablement cet engouement positif à Dublin.
Et pour finir, dans ton actualité, tu collabores aujourd’hui avec un club de foot mythique en France, le Racing Club de France!
J’ai la chance depuis deux ans de participer à ce beau projet avec le Racing Club de France. Je suis ravis de contribuer à faire remonter ce club historique du championnat de France.
Un dernier mot pour conclure !
Je tiens absolument à remercier l’ensemble des collaborateurs de la FAI (Fédération Irlandaise de Football) et de la Ligue d’Irlande pour leur confiance.
J’invite aussi tous les lecteurs à suivre la League Of Ireland et réaliser à quel point ce championnat est intéressant et passionnant, et qu’il a besoin de soutien pour continuer à se développer. Enfin, je ne peux qu’encourager tout le monde à suivre le compte Twitter @footballirlande ! Un grand merci pour le travail fourni !
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Merci à Florent Peyrard pour la relecture
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