Le 11
·9 décembre 2025
L’Amiens SC en crise, à qui la faute ?

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·9 décembre 2025

Encore battu au Mans vendredi dernier, l’Amiens SC a concédé sa huitième défaite sur les dix matchs de Ligue 2, la cinquième consécutive. En chute libre, le club picard paye assurément une politique sportive dénuée de sens. Pour autant, celle-ci exonère-t-elle totalement Omar Daf ? Le débat est ouvert.
Si la descente aux enfers de l’Amiens SC n’a rien de surprenant, la manière avec laquelle celle-ci s’effectue n’en reste pas moins choquante. A la tête d’un effectif dépeuplé, les blessures s’ajoutant aux manquements initiaux, Omar Daf dirige actuellement une équipe qui n’a tout simplement plus le niveau pour exister en Ligue 2.
Pire équipe du championnat depuis deux mois et demi, l’Amiens SC a bu la tasse à Dunkerque (défaite 6-2), montré ses lacunes contre des concurrents directs comme Boulogne-sur-Mer (0-1) et Grenoble (2-3) sans oublier de s’offrir une fin de match catastrophique à Clermont (2-1). Seule une victoire heureuse contre Rodez (2-1), un match au cours duquel Paul Bernardoni a dû réaliser miracle sur miracle en première période, et un parcours jusqu’ici sans faute en Coupe de France permettent de donner le sentiment que le navire est encore à flot.
Dans ce contexte, sachant qu’il perd aussi semaine après semaine le peu de cadres à sa disposition (Lobry, Appiah, Monconduit, Mlakar) le coach de l’Amiens SC en a appelé à sa direction en demandant des renforts cet hiver. Sans avoir réellement l’assurance d’être entendu.
En fin de contrat en juin dernier, Omar Daf avait prolongé avec l’espoir de voir sa direction changer de braquet après la grosse alerte de la saison dernière. Il n’en a rien été. Pire encore, Bernard Joannin et son « fidèle » bras-droit, John Williams, ont été encore plus loin dans leur politique de réduction des coûts. Résultat des courses, la plupart des cadres ont quitté le club l’été dernier, y compris l’historique Régis Gurtner. Un départ hautement symbolique.
Et ce n’est sans doute pas un hasard si, cinq mois plus tard, l’effectif de l’Amiens SC n’a plus aucune cohérence. Au Mans, Omar Daf a ainsi dû titulariser le jeune Iliès Abdelkrim au milieu de terrain ou bien encore faire entrer les inexpérimentés Peterson Paul et Aly Traoré. Ce qui n’empêchera pas certains de se questionner sur l’absence de Josué Chibozo, buteur le lendemain avec l’équipe réserve. Même si sa marge de manoeuvre est actuellement limitée pour ne pas dire nulle, Omar Daf est-il en mesure de faire mieux ?
Qu’on lui mette un outil de travail convenable et pourra ensuite discuter de sa valeur et de ses résultats.Bruno Paris au sujet des discussions autour de l’avenir d’Omar Daf.
« Omar Daf aimerait simplement pouvoir faire son métier dans des conditions convenables. Ce n’est pas un directeur de centre de formation, assène Bruno Paris, consultant ici Picardie. Qu’on lui mette un outil de travail convenable et pourra ensuite discuter de sa valeur et de ses résultats. On pourrait mettre n’importe qui à la tête de cette équipe, ça resterait une catastrophe. »
Dès lors, la balle est automatiquement renvoyée dans le camp du toujours plus énigmatique Bernard Joannin. Or, celui-ci est pour le moins silencieux depuis de longs mois. « Cela doit faire cinq ans qu’il n’a plus fait de conférence de presse, parce que les questions des journalistes sont fort déplaisantes pour lui« , glisse Mathieu Dubrulle, notre confrère d’ici Picardie. Préférant s’exprimer de manière épisodique sur le site officiel du club, le président de l’Amiens SC se cache inlassablement derrière la baisse des droits TV.
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Une réalité qui touche également Pau, Annecy, Rodez ou encore Grenoble, des clubs au budget inférieur de l’Amiens SC et qui n’ont surtout pas eu la « chance » de vendre pour plus de 70 millions d’euros sur les cinq dernières années. Or, ils parviennent tous à construire un effectif a minima cohérent pour la Ligue 2. Dès lors, une question se pose inlassablement : comment Amiens fait-il pour se retrouver dans une situation de déficit structurel saison après saison, en dépit de ce trésor de guerre et d’une présumée gestion en bon père de famille ?

Hugo Pfeiffer/Icon Sport
Tout ça sans même parler d’un recrutement orchestré par John Williams qui tourne au fiasco sportif depuis plusieurs saisons, les échecs se succédant les uns aux autres. Cette saison, seul Paul Bernardoni, un joueur référencé Ligue 2, donne jusqu’ici entière satisfaction. Quant au meilleur recrutement du club depuis bien longtemps, à savoir Victor Lobry, il est le fruit d’un forcing d’Omar Daf contre l’avis d’une partie de l’état-major du club !
« Quand une personne est nocive pour le club (John Williams, ndlr), il faut savoir prendre une décision radicale et ne plus travailler avec ce Monsieur, clame Dominique Chevalier, ancien éducateur au club et aujourd’hui polémiste de l’émission la Tribune sur ici Picardie. Son départ de Bordeaux n’est pas le signe d’un problème de compétences ? N’est-il pas dépassé par l’époque dans laquelle on vit ? »
Jugeant les deux hommes « indissociables« , Antoine Caux estime qu’une « séparation n’est pas à l’ordre du jour« . Pourtant, Bernard Joannin sait trancher dans le vif lorsqu’il s’agit de se séparer de cadres supérieurs dans le reste de ses affaires. Une inflexibilité qui ne semble pas être de mise dès qu’il s’agit de son club de football, pourtant une entreprise comme une autre selon lui. Ce qui est certain, c’est que l’Amiens SC a besoin d’un nouveau souffle, d’un changement profond, pour éviter de poursuivre une chute qui semble aujourd’hui sans fin. Après tout, c’est peut-être le souhait de certains…
Romain PECHON
Crédits photo : Dave Winter/FEP/Icon Sport









































