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·15 décembre 2023
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·15 décembre 2023
Toutes les belles histoires ont une fin, aussi récentes soient-elles. Ce jeudi, face au LOSC, les Féroïens du KÍ Klaksvík participaient à leur sixième et dernier match des phases de poules de Ligue Europa Conférence. Face aux Dogues, des adversaires « respectueux« , le Petit Poucet de la compétition s’est incliné trois à zéro, dans un match sans enjeu. En regardant dans le rétroviseur, les Nordiques peuvent constater le bout de chemin parcouru. Car c’est grâce aux barrages européens en série, cet été, que l’on peut ajouter la mention de « première équipe féroïennes à participer à une Coupe d’Europe », à côté de Klaksvík.
Le club de la ville d’un peu plus de 5000 habitants s’est démené pour mener sa barque rutilante sur les flots de la Conférence League. Ça aurait d’ailleurs pu aller bien au-delà, en direction de la plus prestigieuse des compétitions, mais le KÍ s’est incliné 2-0 au match retour du 3e tour préliminaire de la Ligue des champions, à Molde (3-2 au cumul). Lors des tours précédents, deux victoires en match retour chez les Hongrois de Ferencvaros, trois buts à zéro, et en Suède, face à Hacken, trois buts à quatre après prolongation, avaient permis d’entériner une place en Coupe d’Europe.
C’est vers la C4 que les outsiders se sont tournés, après un dernier barrage de Ligue Europa perdu face à Tiraspol (1-1 ; 2-1). Un lot de consolation bien accueilli lors du retour des héros sur leurs terres, au vu du symbole historique. Et pourtant, la performance n’est pas à considérer comme étonnante. C’est en tout cas ce qu’estime leur président, Tummas Lervig : « Pour nous, ce n’est pas une surprise d’être arrivés là, nous avions des ambitions et la foi d’y arriver« .
La foi, mais aussi la force de porter les espoirs de tout un pays sur la scène européenne. « Représenter notre club, et les Îles Féroé, ça nous a rendu fiers » explique le séxagénaire. Dans une telle situation, il faut trouver la recette pour ne pas tomber dans la folie des grandeurs. Surtout quand l’on est une petite archipel du nord de l’Ecosse, qui compte moins de 55.000 habitants. « Le secret est de croire en soi, d’avoir un rêve. Si vous voulez quelque chose de grand, il faut rêver grand« .
S’il n’y aura pas de petite musique de la Ligue des champions aux Îles Féroé, le défi que représente la C4 n’en reste pas moins exaltant. Sans complexe, le KÍ a démarré à tâtons son baptême. Malgré une première défaite face au Slovan Bratislava, les Féroïens sont allés chercher le match nul à domicile face au LOSC. Deux semaines plus tard, rebelotte. Cette fois, Klaksvík obtient sa première victoire européenne en s’offrant Ljubljana, 3-0, encore devant son public. Un motif d’espoir pour la suite de la compétition. Pourtant, les Petits Poucets n’ont pas su tirer les marrons du feu.
Sans rencontre de championnat à jouer suite à la fin de leur championnat, en octobre, les joueurs du KÍ n’ont fait qu’attendre leurs échéances européennes. S’en sont suivis trois matchs en deux mois, et trois déroutes d’affilée, face à Ljubljana (2-0), à Bratislava (2-1), puis à Lille (3-0). L’aventure se termine en cauchemar, symptôme clair et net d’un manque de jeu et de conditions physiques des Féroïens. Peut-on alors comprendre les critiques contre la Ligue Europa Conférence avec ce cas (pas) pratique ? Certainement pas pour Tummas Lervig : « C’est important qu’elle soit là. La preuve. Il suffit de voir où nous en sommes aujourd’hui« .
Les Féroïens du KÍ Klaksvík ont terminé leur épopée européenne face à Lille, défaite 3-0. © Icon Sport
La faute est surtout à une place du football encore trop faible au pays. « Il y a une grande différence avec les autres pays, nos joueurs sont semi-pro par rapport à nos adversaires » constate Tummas Lervig. Les finances contrastent aussi avec la majorité des équipes européennes. « Le club survit grâce aux bénévoles, la différence est donc grande. Mais nous savons qu’ensemble, nous sommes forts et pouvons surprendre en Europe« . Si l’Odyssée dont rêvait le petit poucet féroïen et son microcosme fût beaucoup plus court que celle d’Homer, Tummas Lervig a maintenant le regard fixé vers le futur. « Le football féroïen est en pleine ascension et nous aimerions être le club qui l’élèvera encore plus haut sur le sommet« , ambitionne-t-il.
De là à recommencer l’année prochaine ? Sacré champion des Îles Féroé il y a un mois, l’aventure pourrait se répéter, à l’été 2024, lors des tours préliminaires de la Ligue des champions. « Nous sommes tellement surpris de l’avoir fait, que ça en est devenu important maintenant. Ce n’est pas seulement pour nous, mais aussi pour tous les amoureux du football« . Les passionnés en question se souviendront surtout d’avoir vu une équipe devenir la première à représenter son pays en Coupe d’Europe, et y glaner un point, puis une victoire. Sobrement, comme pour ne pas faire de bruit au cœur d’une fête où il n’était initialement pas convié, Klaksvík s’en va, et par la grande porte.