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·23 décembre 2025

Le foot ? c’est mon père » : Fabien Mercadal, entraîneur provençal passé par la Ligue 1, se raconte

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De la Provence aux stades de Ligue 1, Fabien Mercadal a bâti sa carrière entre fidélité et résilience. Portrait.

Il se voyait enfiler la tenue de pompier, noire, marquée de larges bandes réfléchissantes. Pourtant à ses 19 ans, le Vinonnais Fabien Mercadal s’apprêtait à porter le maillot de la réserve de l’Olympique de Marseille. Cette entrée dans le monde du football professionnel, il le sait, en parle avec fierté, le sportif la doit à Jacques Mercadal, sa figure paternelle : « Mon père m’a poussé à croire en ma carrière », confie aujourd’hui le Provençal de 53 ans, installé sur une chaise autour de la table à manger, dans son salon minimaliste, décoré d’un immense écran plat, de meubles familiaux et composé d’un canapé 4 places, ainsi que d’une grande baie-vitrée.

Originaire de Vinon-sur-Verdon, le grand brun à l’allure énergique grandit dans un environnement où le football devient rapidement une affaire de famille. Lorsqu’il joue à Avignon, ses proches prennent la route chaque lundi matin pour l’accompagner. Son père finance la famille d’accueil qui l’héberge. Tout cet investissement, c’est aussi « ce qui lui a donné envie de s’investir pour les jeunes du coin. »  


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En jogging, tee-shirt à l’effigie de l’USMD (Union Sportive Moyenne Durance), il a récemment rejoint l’équipe technique du club. Tout comme les minots et jeunes qu’il aide à former, Fabien Mercadal aussi a connu les joies de jouer au football. L’élément déclencheur ? Lorsqu’en 1991, le sportif passe de l’équipe locale provençale de Digne-les-Bains au camp d’entraînement de La Commanderie : « Avant cela, je pratiquais pour rigoler avec mes amis. Mais je me suis vite rendu compte que mon passe-temps se transformait en métier. » Lorsque la nouvelle lui parvient, Jacques Mercadal ne cache pas sa joie. C’est aussi cette fierté qui poussera son fils à poursuivre dans cette voie.

Destin contrarié

Avec son chien à ses côtés qu’il ne manquera pas de caresser à plusieurs reprises, l’ex-athlète débute son récit sur sa carrière. En 1993, un soir d’été, le jeune réserviste est appelé pour disputer un match amical avec les professionnels à Istres. La confiance est totale. « Tout ce que je faisais, je le réussissais », se souvient-il. Mais quelques jours avant ce qui devait être sa première apparition au Vélodrome, le destin bascule. Sur un tacle malheureux, il se blesse gravement : cheville, genou et adducteur sont touchés. Le diagnostic tombe, lourd : syndrome de l’astragale. Une blessure sérieuse qu’il traînera toute sa carrière. « Forcément, il y a eu de la déception. Je voulais devenir pro. »

Contraint de revoir ses ambitions, Fabien Mercadal poursuit néanmoins sa carrière dans plusieurs clubs de National et de divisions inférieures : Gap, Évry, Manosque… des choix dictés autant par le football que par l’envie de rester proche de sa famille. À 33 ans, il raccroche définitivement les crampons.

D’entraîneur autodidacte en amateur…

Pour lui, impossible de s’éloigner des terrains. Fabien Mercadal était déjà ce meneur d’homme autoritaire, manageur dans l’âme avec son caractère trempé, peut-être un peu brutal, qui boostait ses coéquipiers. La solution s’est alors présentée comme une évidence. En 2005, sans diplôme, il devient entraîneur. Son premier blouson de coach porte le logo du Gap HAFC. Avec ce club, il frôle à deux reprises la montée en National, accroche l’Olympique lyonnais de Ben Arfa et Benzema, et bat Croix de Savoie.

Fabien Mercadal ne possède aucune qualification, mais son vestiaire lui fait confiance. Il prend ses décisions à l’instinct. Il agit naturellement, sans plan préétabli. Et ça fonctionne. Il échange avec d’autres entraîneurs, se rapproche d’eux, observe leurs méthodes et s’en inspire.

« Je me souviens de Guy David, entraîneur de Ligue 1, passé par Fréjus puis Le Havre. Après un match où nous les battons avec Gap, je vais le voir pour lui demander des conseils. Il me dit : “Tu m’as battu, tu as tout compris, tu seras un très bon entraîneur.” Quand il est décédé d’une crise cardiaque dans un vestiaire, après un match de Fréjus contre la réserve de Saint-Étienne, ça m’a bouleversé. Je m’en souviens encore dans les moments difficiles. »

… Aux bancs de Ligue 1 et Ligue 2

En parlant de moments compliqués, le Provençal en traverse plusieurs en quatre ans comme adjoint à Amiens, en Ligue 2. Les joueurs le considèrent déjà comme le tacticien de l’équipe, s’appuyant sur lui pour les séances et l’analyse des adversaires. C’est à cette période que ses qualités naturelles se concrétisent avec l’obtention de son brevet d’entraîneur.

Cependant son côté sang bouillant le rattrape. Il est suspendu 6 mois en déclenchant une bagarre contre Metz. « Rentre chez toi avec ton équipe de bougnouls », l’insulte lancée par un stadier a fini par faire craquer Fabien Mercadal. « Sur la forme, je me suis trompé, mais sur le fond je continue de penser que j’avais raison de ne pas laisser passer ça« .

Dunkerque, Tours, Paris FC. L’ex-footballeur enchaîne les clubs en situation difficile, cette fois en tant que tête pensante majeure. Il fait faire une excellente saison au Paris FC et finit par entraîner le SM Caen en Ligue 1. « En tant que sportif, c’est une fierté. » D’autant que pour lui c’est une motivation prioritaire, il le sait et c’est le cas depuis le début : son père regarde ses matches à la TV. Finalement, le SM Caen est relégué (18e).

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Fabien Mercadal à son arrivée au SM Caen. / (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport). 

« La Ligue 1, je l’ai vécue comme un milieu d’entre-soi. Il y a des entraîneurs très protégés parce qu’ils sont amis avec les bons journalistes. Quand tu n’as pas ces réseaux-là, c’est plus difficile, déplore-t-il. 

Aujourd’hui encore, Fabien Mercadal entraîne. Il est sur les îles, en Martinique. Il officie en tant que sélectionneur de l’équipe nationale. « Je rentre pour passer du temps avec ma famille et pour aider l’USMD. » Dans la rue, il croise encore beaucoup de gens qui lui parlent de son père, décédé en mars 2022. « Je suis fier de ce qu’il a accompli.Si j’en suis là, c’est grâce à lui.« 

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