Le Journal du Real
·26 juillet 2025
Le Real Madrid face à l’héritage de Redondo

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·26 juillet 2025
Le Real Madrid version 2025 ne manque ni de talents ni de profondeur, mais il souffre cruellement d’une absence : celle d’un pivot créatif, véritable régulateur du tempo et initiateur du jeu. Toni Kroos s’était imposé ces dernières années comme l’homme de base du système madrilène. Malgré les tentatives passées et les espoirs placés en de jeunes talents, le poste reste l’un des plus sensibles au sein de la maison blanche. Cette dernière a multiplié les profils sans jamais installer de fil conducteur durable.
Avant Kroos, Xabi Alonso remplissait cette fonction, avec un profil plus défensif. Plus loin encore, Fernando Redondo demeure l’icône absolue du rôle, un modèle de contrôle et d’intelligence collective. Son départ dans les années 2000 a laissé un vide que même les meilleurs n’ont jamais comblé totalement.
Dans l’imaginaire collectif du Real Madrid, le « 6 » ne se limite pas à un simple milieu défensif. Il est à la fois sentinelle, créateur, et souvent premier relanceur estime Sport. Redondo, par son élégance, sa vision et son abnégation au service du collectif, incarne mieux que quiconque cet équilibre. L’Argentin possédait un leadership naturel et une grande prestance.
C’est lui qui, lors de la campagne victorieuse de 2000, effectue la fameuse talonnade à Old Trafford, effaçant Henning Berg pour servir Raúl. Un geste d’école, aussi symbolique que la passe téléguidée de Kroos pour Vinicius en demi-finale de Ligue des champions en 2024.
Ce type de joueur, capable d’orchestrer et de temporiser, manque cruellement aujourd’hui. Arda Güler, encore trop tendre, ne suffit pas à combler ce manque. Jude Bellingham ou Aurélien Tchouaméni, testés dans ce rôle, n’ont pas offert les garanties espérées. Dans un système aussi exigeant que celui imaginé par Xabi Alonso le probable futur entraîneur, un relais tactique central s’impose.
Redondo lors de la finale de la Ligue des champions 2000 face à Valence (Ben Radford /Allsport)
Le Real Madrid a toujours su valoriser les profils venus d’Allemagne, à l’image de Kroos, mais aussi Uli Stielike, référence du milieu blanc entre 1977 et 1985. C’est sans doute pourquoi le nom d’Angelo Stiller (Stuttgart) a circulé cet été, tout comme celui du Néerlandais Kees Smit (AZ Alkmaar), remarqué en Youth League. Des profils prometteurs, mais aucun ne semble aujourd’hui capable d’assumer l’héritage d’un poste historiquement stratégique.
Du légendaire Miguel Muñoz à Pirri, en passant par Schuster, Zárraga ou Netzer, le poste de chef d’orchestre madrilène a toujours été réservé à une élite. La brillante complémentarité du trio Casemiro-Kroos-Modric a masqué temporairement cette dépendance. Mais dans un football où les défenses sont de plus en plus resserrées, la capacité à penser et à exécuter le jeu depuis la base redevient primordiale.
Kroos avait instauré ce tempo. Son départ laisse un gouffre que Güler ne peut encore combler et qui nécessite un profil à la fois technique, cérébral et doté d’une autorité naturelle. Ceballos et Camavinga suscite des doutes quant à leur capacité à assumer ce rôle à terme de manière satisfaisante. Même si l’Espagnol a surpris les observateurs la saison écoulée, il paraît ne pas compter pour Xabi Alonso. Quant à l’ancien rennais, il n’est pas encore parvenu à s’affirmer malgré d’indéniables qualités.
Rodri, modèle rêvé, mais inaccessible, incarne parfaitement ce que le Real Madrid recherche, un Ballon d’Or, stratège total, sentinelle moderne. En attendant, le club blanc continue de souffrir d’un mal bien connu dans son histoire : ce « syndrome Redondo », expression d’une carence structurelle aussi vieille que la quête d’un football total dans un club de légendes.
Djamel Bennacer