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·29 août 2021

L’histoire du Stade Metropolitano Roberto Meléndez de Barranquilla

Image de l'article :L’histoire du Stade Metropolitano Roberto Meléndez de Barranquilla

Le 11 mai 1986 est inauguré à Barranquilla, en Colombie, le nouveau stade de football de la ville : l’Estadio Metropolitano. Il est destiné aux Juniors de Barranquilla, équipe locale évoluant en Liga Aguila et à la sélection nationale des Cafeteros. En construisant ce stade, le gouverneur du département de l’Atlantico espérait faire de Barranquilla une ville hôte du Mondial 1986, finalement accordé au Mexique. Depuis, le « Metro » est devenu une place importante de la ville et de Colombie, symbole de l’union d’une population très différente et divisée.


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Barranquilla est la quatrième ville de Colombie en nombre d’habitants derrière Cali, Medellin et Bogota. L’agglomération compte environ 2 millions d’âmes. La ville est notamment connue grâce à la chanteuse Shakira, qui en est originaire. Située au bord du Rio Magdalena, et à seulement 10 kilomètres de la Mer des Caraïbes, elle accueille chaque année un très célèbre carnaval, le troisième mondial derrière ceux de Rio et de Venise. La Puerta de Oro de Colombia (la Porte d’or de Colombie) est donc une ville très réputée pour sa joie de vivre, et de nombreux artistes y viennent en spectacle.

Barranquilla est également une ville de football, comme la majorité des villes colombiennes et plus largement d’Amérique du Sud. En se baladant dans « Quilla » on peut croiser de nombreuses canchas, petits terrains de foot à 5, faits de tout et de rien. Il est également très probable de se retrouver nez à nez avec un supporter de l’équipe locale : les Juniors ; et leur maillot rayé rouge et blanc, comparable à celui de l’Atlético de Madrid. Les hinchas sont très nombreux, et la ferveur est très présente les soirs de match des Juniors ou de la sélection nationale.

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Une construction nécessaire mais compliquée

À la fin des années 60, le stade Romelio Martínez, situé dans le centre de la ville, ne peut plus accueillir l’ensemble des hinchas des Juniors de Barranquilla, nombre qui croit très rapidement. À la suite d’erreurs de plan, l’extension de ce stade tombe à l’eau et c’est donc un nouveau projet qui voit le jour. Dès 1968, l’architecte Jaime De Biasse Álvarez propose une première maquette pour ce nouveau stade.

Après de nombreux conflits concernant l’emplacement de l’édifice, notamment avec les populations locales, les premières pierres sont posées en 1981. L’objectif est d’offrir à la ville de Barranquilla un stade pouvant accueillir d’une part, la Coupe du Monde 1986, accordée à la Colombie, et d’autre part, l’ensemble des supporters des Juniors. Seulement, en 1982, la Colombie rejette finalement l’organisation de la Coupe du Monde : la guerre contre les trafics de drogue n’a pas permis le développement des infrastructures nécessaires. Ironie du sort, la Colombie ne se qualifiera même pas pour le Mondial qu’elle devait initialement organiser. La construction du Metropolitano est mise en stand-by.

Il faudra attendre 1984 et l’arrivée d’un nouveau gouverneur de la région de l’Atlantico, Fuad Char pour reprendre la construction du stade. « En tant que gouverneur, j’ai trouvé un travail inachevé et eu l’opportunité de le terminer pour Barranquilla, le département et la nation ». La « mission » de Fuad Char s’achève donc en 1986. Le Metropolitano est renommé en 1991 à l’initiative du journaliste Chelo de Castro, Estadio Metropolitano Roberto Meléndez. « El Flaco », ayant joué durant les années 30-40, est considéré par beaucoup de Colombiens comme étant le plus grand joueur de l’histoire du pays.

Inauguration et premiers matchs

Le 11 mai 1986 est donc inauguré à Barranquilla, le nouveau stade Metropolitano. En pleine préparation du Mondial 1986, ce sont trois sélections qui vont se succéder pour venir célébrer cette nouvelle enceinte en affrontant en match amical les Juniors. C’est la fête dans « Quilla », et cette ambiance va perdurer jusqu’au 26 mai.

Ce sont les Uruguayens qui ont l’honneur d’inauguré le Metropolitano dans une ambiance de folie. L’Histoire retiendra que c’est le « Principe » Enzo Francescoli qui a marqué le premier but sur penalty, dans cette toute nouvelle enceinte, malheureusement en faveur de la Celeste. Jorge Da Silva porte le score à 2-0. Los Tiburones (les requins), le surnom des Juniors, sauvent l’honneur avec un but signé José Angulo. Il restera le premier Colombien a marqué dans ce tout nouveau stade. Défaite 2-1 pour ce match d’inauguration, mais la fête reste présente dans les travées du « Metro ».

Le 15 mai, soit quatre jours plus tard, Barranquilla accueille les futurs champions du monde 1986 : les Argentins. La bande à Maradona était déjà au Mexique pour préparer le tournoi, mais l’Albiceleste fait tout de même le voyage pour affronter les Juniors. L’ambiance est à la fête une nouvelle fois malgré le score qui restera nul et vierge. On peut tout de même dire que los Tiburones ont tenu en échec les partenaires de Maradona.

Enfin, l’inauguration se termine par la réception de la sélection danoise le 25 mai. Menés par Elkjaer Larsen y Michael Laudrup, les Danois sont eux aussi en préparation pour le Mondial, où ils créeront la surprise dans le groupe E. Ce match amical se solde également par un match nul 2-2. L’inévitable José Angulo et Rolando Campbell sont les buteurs côté colombien, Larsen et Allan Simonsen côté Danois.

1993 : un titre complètement fou pour les Juniors

Suite à ces trois matchs inauguraux, le Stade Metropolitano Roberto Meléndez a vécu de nombreuses soirées d’anthologie, notamment lors du dénouement final de la saison 1993 du championnat colombien.

Tout d’abord, il faut savoir que le championnat se déroulait d’une manière très particulière. Dans un premier temps, il y a le tournoi d’ouverture où les seize équipes sont réparties en deux groupes de huit. Ce classement cumulé à celui du tournoi de clôture (un groupe de seize équipes) permettait alors de faire un classement général et de dégager les huit meilleures équipes. L’Atlético Junior se retrouve alors à la première place de ce classement. La première partie des play-offs, appelées là-bas cuadrangulares, voit les équipes être séparées en deux groupes de quatre. Enfin les deux premiers de chaque groupe s’affrontent tous deux fois dans une dernière joute, afin de désigner le vainqueur du championnat colombien.

Avant la dernière journée des cuadrangulares, les quatr équipes – l’Atlético Junior, l’Independiente Medellin, l’Atlético Nacional et l’América de Cali – comptent chacune cinq points. Les Juniors possèdent un avantage avec une différence de buts favorable. Cali affronte Barranquilla et les deux clubs de Medellin se rencontrent. Les deux matchs sont en simultanés ce qui rajoute une pression supplémentaire sur les épaules des joueurs mais également des spectateurs.

Le match se termine plus tôt à Medellin, et voit les joueurs de l’Independiente s’imposer. C’est la folie dans la capitale de l’Antioquia. En effet, Cali tient en échec les Juniors au Metropolitano, 2-2. Ce score permet donc au DIM d’être sacré champion et de célébrer son titre… seulement pour huit petites minutes. À « Quilla » une fulgurance de Carlos Valderrama permet à son coéquipier Oswaldo Mackenzie de marquer à la 89ème minute, offrant un troisième championnat aux Juniors. La joie, le titre et la fête se déplacent donc de 700 kilomètres et viennent se poser au Stade Roberto Meléndez de Barranquilla. La fête est immense ce soir-là dans les rues de la ville. Tous les hinchas des Juniors se souviennent de ce match et de ce titre si particulier.

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2013 : quand Barranquilla est devenue la capitale colombienne

Comme expliqué précédemment, petit à petit, la sélection colombienne a pris l’habitude de jouer ses matchs au Metropolitano de Barranquilla. Les soirs de match, la ville devient la capitale du pays, le temps de 90 minutes. De nombreuses rencontres importantes pour les Cafeteros se sont jouées à Barranquilla, notamment un soir d’octobre 2013.

La Colombie est alors en lice pour accéder au Mondial 2014 organisé par le Brésil. Pour assurer leur qualification et imiter l’Argentine, les Colombiens doivent éviter la défaite face aux Chiliens. Cela fait 16 ans, depuis 1998, que les Cafeteros attendent la participation à une Coupe du Monde. Avec une très belle génération emmenée par David Ospina, Radamel Falcao et James Rodriguez, les Colombiens doivent pourtant faire attention : une défaite relancerait totalement les qualifications dans la zone Amérique du Sud. Ils sont quatre pour trois places restantes : l’Uruguay, le Chili et l’Equateur sont encore en lices, avec la Colombie.

C’est donc au Metropolitano que tout va se jouer. Le match démarre pourtant très mal. Ospina, le gardien de but, fait faute dans la surface à la 19ème minute. Arturo Vidal transforme alors son pénalty. La Roja fait le break deux minutes plus tard via l’intenable Alexis Sanchez. Celui-ci s’offre même un doublé avant la demi-heure de jeu. 3-0 à la mi-temps, la Colombie se met en difficulté toute seule, surtout qu’elle avait son destin entre ses mains avant le début de la rencontre.

José Pekerman le coach de la sélection colombienne, fait un discours musclé à la mi-temps. Au retour des vestiaires la foule s’enflamme pour supporter son équipe et les joueurs viennent avec d’autres intentions. A la 69ème, Teofilo Gutierrez réduit la marque et redonne espoir à tout un peuple. Ensuite, « El Tigre » Falcao rentre en action transformant deux pénaltys à la 75ème et 84ème. Le score en restera là : 3-3.

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La Colombie est qualifiée pour la Coupe du Monde 2014 chez son voisin brésilien, 16 ans après son dernier tournoi. C’est la fête au Stade Roberto Meléndez et dans les rues de Barranquilla. Pendant 90 minutes et jusqu’à tard dans la soirée, « Quilla » est devenue la capitale colombienne. La qualification à ce Mondial va permettre aux Cafeteros de représenter tout un pays, et de bien belle manière, vu leur parcours au Brésil.

Le Metropolitano aujourd’hui : entre ferveur, unité et insécurité

Barranquilla a toujours été une ville très divisée, comme d’ailleurs l’ensemble du pays. La pauvreté est très présente dans les rues de « Quilla« . Elle contraste avec les plus riches qui ont accès aux plus hautes places de la société, en entreprise ou en politique. Par exemple, à « Quilla » la majorité de la population n’a pas d’eau chaude, réservée aux plus aisés et aux hôtels. Même le célèbre Carnaval divise, puisque les moins riches n’ont même pas accès aux gradins, beaucoup trop chers pour eux.

Seulement, le football a toujours rassemblé cette population divisée. Les hinchas sont de tous bords, tous unis derrière l’Atlético Junior pour les soutenir à chaque rencontre. Les soirs de match, l’esplanade entourant le stade est bondée. Il y a de nombreux écrans tout autour du stade, diffusants les matchs. Vendeurs à la sauvette, pickpockets et spectateurs plus ou moins aisés forment une masse rouge et blanche. Même quand les matchs sont à l’extérieur, les tiendas sortent les bancs et les télés et permettent aux clients de regarder le match dans la rue, une Aguila (bière locale sponsor du Championnat) à la main.

La Colombie est très hétéroclite, et quand ce sont les Cafeteros qui évoluent au Metropolitano, c’est une population encore plus diversifiée que l’on voit se rendre au stade Roberto Meléndez. Les maillots jaunes de la sélection sont de sortis. Les spectateurs viennent de partout, Bogota, Medellin, Cali ou Bucaramanga. Cela rajoute encore plus de charme au football. Les plus riches côtoient les classes moyennes et les plus pauvres. Tout un pays se rassemble autour d’une équipe et surtout, autour d’un stade.

Attention tout de même aux nombreux débordements, au sein du stade ou à ses alentours. Comme partout et encore plus en Amérique du Sud, aller voir un match de foot n’est pas de tout repos. La ferveur peut virer au fanatisme, mais l’ambiance est toujours au rendez-vous, et c’est cela qui compte.

Depuis 1986, le Stade Metropolitano Roberto Meléndez est devenu la place forte du football colombien. D’une part, les Juniors attirent les hinchas de Barranquilla pour des matchs de prestige notamment en Copa Libertadores. D’autre part, le Metro est devenu l’antre de la sélection colombienne. Malgré les inégalités et une grande diversité, le Metropolitano arrive à unir les Barranquilleros et plus largement les Colombiens autour d’une même passion : le football.

Sources :

  • Football Red : « ArchivoRED: cuando Junior le quitó a Medellín el título de sus manos »
  • Dimayor Colombia : « Historia del Estadio Metropolitano Roberto Meléndez »
  • Témoignages de hinchas des Juniors

Crédits photos : Icon Sport

Merci à Pedro, Joan, Pierre, Joël et Victor pour leurs témoignages et aide.

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