Furia Liga
·26 septembre 2020
In partnership with
Yahoo sportsFuria Liga
·26 septembre 2020
Ce samedi, pour le compte de la troisième journée de Liga, Huesca retrouve Valencia et Mestalla. Ces deux entités ont rythmé le premier passage des Aragonais dans la plus haute catégorie du football espagnol. Retour sur 13 mois de bouleversements au pied des Pyrénées ou comment Huesca a fait l’ascenseur tout en se renforçant.
Huesca et Valence ne se sont affrontés que deux fois dans l’histoire récente. C’était lors de la découverte de la Liga pour le petit Huesca, club Aragonais niché au pied des Pyrénées. Durant la phase aller de cette saison 18-19, Huesca avait chuté 2-1 à Mestalla, dans un match où les Blaugrana avaient égalisé, puis touché la barre et mis Neto plusieurs fois à contribution avant d’encaisser un golazo de Piccini à la 94e. Une défaite qui porte le sceau de l’apprentissage. Le retour à Alcoraz s’est soldé par une seconde défaite, cette fois 6-2 qui a validé la descente du promu en Segunda. Un peu plus d’an plus tard, Huesca est de retour en Liga et veut frapper un grand coup pour prouver que tout le monde a appris et grandi en Aragon.
Certes, la première saison de Huesca en D1 a été très compliquée. En plus de perdre son entraîneur juste après avoir validé son accession puis des joueurs cadres comme Remiro, le club s’est mis à travailler. Beaucoup de prêts, quelques coups bien sentis comme Ruben Semedo, Gallego ou encore la nomination de Francisco après le licenciement de Léo Franco même pas deux mois après le début de la saison. Malgré quelques bonnes séquences et des matchs accrochés dont des coups comme la victoire face à Seville, Huesca retrouve la Segunda à l’été 2019. Beaucoup misent sur la continuité, Francisco ne semble pas décider à partir, pas mal de joueurs sont attachés au club et le nouveau DS Ruben Garcia temporise.
Ce nouvel acteur va devoir gérer de nombreuses crises et dossiers chaud lors de cet été 2019. Tout d’abord le départ de Francisco, puis l’affaire Oikos qui implique Huesca dans un scandale de matchs truqués. Ruben Garcia ou Martin qui a fait ses classes aux Etats Unis est un fou de data et un boulimique du football. Très vite, il vise Michel la légende du Rayo auteur de bonnes choses avec son club de toujours. Puis il se met en tête de revoir totalement son effectif. Les bonnes ventes que sont Melero, Enric Gallego ou Alex Gallar lui permettent de signer pas moins de 20 joueurs, en grande majorité en prêts ou libre. Huesca devient le club qui a fait signer le plus de joueur cet été là, Monchi en est presque jaloux.
Déjà une habitude lors des dernières saisons, Ruben Garcia continue de s’appuyer sur un savant mélange de jeunes aux dents longues et de vieux briscards habitués à la Liga ou la Segunda. Les signatures de Pedro Mosquera, Pedro Lopez, Mikel Rico, Okazaki, tous trentenaires se marient parfaitement avec des jeunes comme Rafa Mir, Sergio Gomez ou Jordi Mboula. Tous ne seront pas des réussites, mais c’est une nouvelle ossature bien plus forte qui se dégage sous la houlette de Michel et avec l’excellent travail de recherche de Ruben Martin. Ce nouveau directeur technique occupe un rôle très important au club en participant aussi de manière active à la transformation numérique de Huesca tout en supervisant la Cantera. Toujours dans le bon wagon lors de la saison 19/20 de Segunda, Huesca termine champion et est donc de retour en Liga un an après l’avoir quitté.
La monté validée, Ruben Martin doit encore s’atteler à sécuriser de nombreux points. Le premier est la continuité de Michel, pour éviter de le voir signer ailleurs comme avec Rubi lors de la première montée du club en Liga. L’ancien milieu de terrain est reconnaissant des efforts de sa direction pour lui offrir un environnement de travail le plus sain possible, lui qui a connu des situations compliquées sous Presa au Rayo. Du côté de l’effectif, des joueurs clés ne sont pas sûrs de pouvoir continuer notamment Rafa Mir, qui a théoriquement encore un an de prêt avec les Aragonais mais qui est courtisé au vu de son excellente forme lors de la reprise de la Segunda.
Michel, annonce vouloir une dizaine de recrues, notamment au milieu et derrière tout en conservant Rafa Mir notamment. Le DS du club continu son travail, sans se presser mais avec l’ambition d’offrir un groupe cohérent le plus vite possible à son entraineur. Rafa Mir est l’un des premiers à revenir à Huesca. C’est un beau coup, l’ailier droit est un pion majeur du jeu mis en place par Michel, et il sera l’un des offensifs les plus en vus de Liga lors de la pré-saison. Okazaki prolonge l’aventure d’une saison, tout comme Rico qui assure ne rêver de rien d’autre que de Huesca. Il faut maintenant donner du corps à l’effectif. Les arrivés de Siovas, Andres Fernandes ou encore Borja Garcia vont dans ce sens. Avec ces signatures, ce sont des joueurs d’une trentaine d’années, avec une belle connaissance de la Liga qui signe. Siovas a une belle connaissance de la lutte pour le maintien. Borja Garcia qui a rejoint le club juste après la signature de Pablo Maffeo en prêt apporte sa science de la passe au milieu mais aussi un passif commun intéressant avec le nouveau latéral droit du club.
Contrairement à sa saison 18/19, Huesca a donc gardé ses meilleurs joueurs, recruté des joueurs habitués à jouer en Liga et connaissant le maintien tout en ne changeant pas de dynamique en prolongeant son entraineur. Les Aragonais ont appris du passé et ça colle parfaitement avec l’apprentissage du club depuis ce premier aboutissement que fut la première montée du club. Actuellement, le club est structuré, noue des partenariats commerciaux intéressants, utilise de plus en plus les datas et surtout se dote d’un réseau de Penya conséquent. Ils sont près de 22 à être reconnus officiellement, plusieurs en Espagne mais aussi à l’étranger à Londres ou Lima. Huesca n’était connu que pour avoir été présidé par Javier Tebas il y’a près de 20 ans, maintenant c’est les exploits sportifs qui font la réputation du club.
Le retour de Mikel Rico lors de la descente en Segunda, montre que Huesca veut rester ancrer dans son passé et ne pas le renier. Loin des projets hors sol toujours plus présent partout dans le football professionnel Européen, les Aragonais veulent conserver leur ancrage local. Mikel Rico s’est confié à MD sur ce lien avec ce club particulier, pour ce qui est son troisième passage en Aragon. « J’ai joué dans toutes les catégories, troisième, deuxième B, deuxième, premier … J’ai eu la chance de disputer des compétitions européennes et des finales avec l’Athletic, pour en profiter beaucoup. Mais à la fin après tout cela, ce qui vous motive à nouveau, c’est de rêver. Le rêve de ma vie était de jouer pour l’Athletic et une fois que j’ai quitté le club, c’était comme « quoi maintenant ? Qu’est-ce qui m’excite maintenant? » La seule chose qui m’excitait à continuer dans ce monde était Huesca et je m’en fichais si j’étais en Liga, Segunda ou Segunda B. Je voulais juste revenir ici« .
Avec presque 200 matchs de championnat en Blaugrana, Rico permet d’être le témoin de ce qui était Huesca avant la découverte de laLiga. Sa relation avec Michel est très importante, il en a parlé à MD. » Tous ceux qui parlent du coach le font en bien, c’est une personne presque normale. Sa façon de travailler et de transmettre des concepts est très bonne. Étudiez le rival pour faire pression et jouer au ballon. Il veut une équipe dominante, avec et sans ballon. Cela fonctionne très bien, tactiquement, c’est le meilleur que j’aie jamais eu, sinon le meilleur. Il est également bien entouré de son staff, nous avons fait un bon groupe ensemble et c’est l’une des clés« . Décisif dans le vestiaire, son apport sur le terrain est vital dans le jeu mis en place par Michel, il est la clé de voute au milieu qui maintient l’édifice Aragonais.
Cette volonté de rester ancrer dans sa région se retrouve aussi dans les maillots du club, produits par Kelme. Les trois pour ce retour en Liga sont d’abord plutôt très jolis mais ont des détails qui rappellent la région où le club est né : L’Aragon. Sur le domicile, la croix est un élément central du maillot, elle est aussi présente de manière plus discrète sur la manche sur l’extérieur. Elle est inspirée de la croix d’Alcoraz (qui est aussi le nom du stade de Huesca). D’un blanc immaculé ou presque, sur le maillot Away se trouve une carte topographique des Pyrénées. Sur le troisième maillot, où différentes nuances de verts se combinent à des motifs qui rappellent des ornements présents dans l’architecture de la région. Huesca rêve de grandeur mais reste un club d’Aragon et le montre.
Rafa Mir est l’autre représentation du projet Huesca impulsé par Ruben Martin. Il est l’un des offensifs les plus en vu du club et celui avec le plus d’aura à l’international. Le natif de Murcie est international avec la Rojita, a été courtisé par le Real Madrid en 2018 lorsqu’il était à Valencia sans que cela se concrétise. L’ailier droit, assez imposant fait régulièrement trembler les filets et est toujours sous contrat avec les Wolves de Wolverhampton, le club où Jorge Mendes a ses entrées. Même si il n’est qu’en prêt à Huesca, il semble qu’une option d’achat existe, comme pour Sergio Gomez, milieu du BVB prêté cette saison à Huesca. Les trentenaires cimentent le groupe, les jeunes doivent apporter leur talent et une perspective d’entrée d’argent ensuite. Michel doit faire l’alchimie entre tout ça et le fait plutôt très bien.
Lors du premier passage de Huesca, les Aragonais avaient choisi de nommer Leo Franco pour palier au départ de Rubi à l’Espanyol. Un changement brutal, et surtout un choix hasardeux. Leo Franco était un novice quand son prédécesseur avait un CV conséquent. Malgré 4 points lors des deux premières journées, Huesca a chuté, le jeu était peu intéressant. Licencié en octobre, le passage de l’ancien gardien argentin a fait perdre des points et du temps aux Aragonais, ce qui est désastreux dans la course au maintien. Francisco a redressé la barre mais n’a jamais pu rattraper ce temps perdu. Michel quant à lui, a très vite rassuré sur son envi de continuer avec le club une fois le maintien acquis. Après une victoire face à Gijon en fin de saison dernière, il annonçait. « au-delà des contrats, j’ai dit que je voulais continuer à m’améliorer en tant qu’entraîneur avec la SD Huesca. Je me suis senti très soutenu à tout moment , Ils m’ont toujours montré de la confiance et au-delà, je me sens heureux et s’ils le veulent, nous continuerons en Première Division« . Sa prolongation actée, il enfonce le clou et fait preuve d’ambition. « Nous avons fait l’histoire en laissant un titre dans les vitrines. Nous voulons aussi être les premiers à garder Huesca en Liga« .
Ambitieux, c’est tout Huesca qui emboite le pas de son entraineur chéri. Okazaki en rajoute notamment, lui qui a fait parti de la magnifique équipe de Leicester championne d’Angleterre et qui est le Japonais le plus prolifique de Bundesliga. Auteur de 12 buts en Segunda après un vrai faux transfert à Malaga, il décrypte ce que le changement de catégorie change dans le jeu. « La saison dernière, j’ai marqué beaucoup de buts suite à des centres, le défi est de pouvoir le faire aussi en première division ». Il poursuit « Tout le monde me dit que la Segunda est plus dur et qu’il y a moins d’espace, et que dans le Primera il y a plus d’espace mais la qualité individuelle est meilleure « .
Michel annonce aussi que monter c’est bien, mais que cela ne voulait pas sous entendre qu’il fallait renier le jeu parce qu’ils étaient en Liga. Lui qui a connu des moments difficiles avec le Rayo mais qui a tout de même fait monter ce club instable en 18/19 (la même saison que le premier passage de Huesca en Liga) a des idées assez arrêtées dans le jeu. Il aime ressortir en utilisant les latéraux pour ensuite retrouver des meneurs dans le coeur du jeu pour ensuite activer le côté opposé. Le premier but de Huesca, à Villarreal est la matérialisation sur le terrain des souhaits et de la vision de la légende de Vallecas. Michel veut que son équipe soit protagoniste, même quand l’adversaire est plus fort.
Tout n’est pas parfait dans le début de saison de Huesca qui a connu la défaite face à Cadiz lors de seconde journée de Liga. Un résultat frustrant, les Aragonais n’ont jamais abandonné durant la rencontre. Les recrues Siovas et Maffeo ne connaissant pas encore parfaitement ce qu’attendait Michel d’eux mais cela n’explique pas tout. L’entraineur a notamment fait amende honorable, expliquant qu’il aurait dû changer plus tôt certaines choses. Ruben Garcia est conscient qu’il doit apporter un certain type de joueur à son entraineur. Il explique : « En Liga, il va y avoir des matchs où vous ne pouvez pas dominer un jeu comme cela s’est produit en Segunda et pour cette raison nous devrons chercher une autre version du jeu. Nous devrons avoir une attitude plus guerrière et physique « . Cependant, Huesca n’a pas pour vocation de s’adapter totalement à son adversaire, et il est probable que ce genre de match frustrant où Huesca n’arrive pas à toucher Juan Carlos ou la pointe la plus haute du trivote au milieu ce qui rend l’équipe inoffensive se présente de nouveau. Rien d’inquiétant, le fond de jeu est là, et Huesca a tout pour surprendre et faire mieux que lors de son premier passage dans l’élite. Le début d’une nouvelle success story espagnole ?
Benjamin Chahine
@BenjaminB_13