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·26 juillet 2019

[Ligue 2] Valenciennes : Une saison sans fin

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A Valenciennes, les saisons se suivent et se ressemblent : on espère naïvement la montée en Ligue 1 le temps d’un été ; on se satisfait du ventre mou en automne ; on craint pour la relégation en hiver ; puis, on fête la survie en Ligue 2 une année de plus au printemps. Depuis 2014 et sa relégation, le club hennuyer n’a pas été une seule fois en mesure de figurer parmi les prétendants à la montée. Finalement, le seul enjeu de la saison réside dans le passage traditionnel devant la DNCG, qui octroie chaque année le droit à Valenciennes de poursuivre en Ligue 2 nouvelle saison. Bienvenue dans « Une saison sans fin » (spoil : ça se passe dans le Nord de la France et il n’y a pas de marmotte).

Une situation sportive délicate

Si le VAFC a conclu la saison 2018/2019 à une anonyme treizième place (43 pts), cela n’a pas empêché l’équipe de truster les tableaux d’honneur du championnat : troisième meilleure attaque (52 buts) mais également pire défense de Ligue 2 (61 buts concédés). Un seul match symbolise cette ambivalence entre animation offensive séduisante et rigueur défensive inexistante : celui du 19 avril 2019, contre l’AS Béziers. Résultat final : victoire de Béziers 5-6, et le record historique de buts inscrits pour une seule et même rencontre, alors que VA menait 5-3 à l’approche de la 80e minute. Les supporters peuvent se consoler en se disant qu’ils ne se sont que très rarement ennuyés cette saison au Stade du Hainaut. Autre motif de satisfaction : l’invincibilité face au voisin lensois, qui dure maintenant depuis 2017 et quatre confrontations.


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Alors que le club faisait encore partie de l’élite du football français en 2014, il ne semble même plus en mesure aujourd’hui de concourir pour les places d’honneur de la Ligue 2. Au niveau des coupes, ce n’est pas forcément mieux non plus. VA n’a plus brillé dans les compétitions nationales depuis 2012 et un quart de finale face aux Rennais de Yann M’Vila (1-3). On ne peut pas dire non plus que ces parcours là soient inscrits dans l’ADN du club : aujourd’hui encore, le VAFC reste l’un des rares clubs professionnels à n’avoir jamais connu la joie de monter à Paris pour disputer une finale au Stade de France. Cela s’est encore vérifié la saison dernière, avec des éliminations précoces en 32e de finale de Coupe de France et au 1er tour de la Coupe de la Ligue.

La malédiction du stade

Le manque de réussite sur le plan sportif n’est pas sans lien avec les difficultés économiques que connait le club depuis plusieurs années, alors qu’il était déjà en Ligue 1. Dès 2012, VA subit les foudres de la DNCG qui encadre sa masse salariale, à cause d’un déficit de 5 millions d’euros. Les récents Football Leaks montreront d’ailleurs que le président d’alors, Jean-Raymond Legrand, trouva en l’AS Monaco un allié financier de poids, en acceptant de recruter Nicolas Isimat-Mirin en 2013, contre 4 millions d’euros et la promesse du soutien du président Legrand dans le conflit qui opposait le club monégasque à la LFP à l’époque. Le club s’offre un sursis, grâce aux différentes magouilles et à l’argent de son président, mais le spectre de la relégation (sportive ou administrative) se rapproche toujours un peu plus.

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La descente sera effective à l’occasion d’une nouvelle défaite contre Bordeaux (0-1), le 4 mai 2014, dans un Stade du Hainaut qui sonnait déjà creux. Alors que celui qui a remplacé le Nungesser en 2011 était censé inaugurer une nouvelle ère pour le club, solidement installé en Ligue 1 et ambitionnant désormais de disputer l’Europa League, il ne sera finalement que le triste symbole de la gestion économique du VAFC, celle d’un club vivant au-dessus de ses moyens. VA semble depuis traîner comme un boulet ce stade flambant neuf qui aura coûté 75 millions d’euros, mais dont il peine à le remplir à 1/3 depuis sa relégation en Ligue 2. Cette trajectoire n’est pas sans rappeler celle du Mans ou de Grenoble entre autres, qui, en leur temps, avaient déjà lancé la construction d’un nouveau stade avant d’être précipitamment placé en liquidation judiciaire et de perdre leur statut professionnel. Jusqu’à présent, Valenciennes a toujours su se justifier devant la DNCG et éviter une rétrogradation administrative. Pour combien de temps encore ?

Objectif top 10

Avant de recroiser la route de la DNCG au printemps prochain, il faudra d’abord assurer le maintien sur les terrains. À cause de plusieurs facteurs entremêlés, VA peut difficilement viser mieux qu’une place d’honneur dans la première partie de tableau et un maintien assuré autrement que lors des dernières journées. Si cet objectif était accompli, ce serait même une franche réussite pour une équipe qui n’a jamais fait mieux qu’une 12e place depuis sa relégation. Mais rien ne sera simple pour Valenciennes dont l’effectif a été largement renouvelé cet été. À commencer par le poste d’entraineur, où Réginald Ray, en fin de contrat, a été remplacé par Olivier Guégan, fort de sa réputation d’entraineur pragmatique qui était parvenu à hisser le GF38 jusqu’en Ligue 2 en 2018 après deux montées consécutives.

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Outre le coach, de nombreux cadres ont quitté le club parmi les quinze départs à déplorer au total : les vétérans Sébastien Roudet et Johann Ramaré ont quitté le navire ; les leaders techniques de la saison passée, Tony Mauricio et Gaëtan Robail, ont rejoint le voisin lensois ; alors que le meilleur buteur, Florian Raspentino, est également parti rejoindre Grenoble. À tous ces départs peut potentiellement s’ajouter celui de Julien Masson pour 1,5 million d’euros, toujours dans l’attente de la confirmation de son transfert par le SCO d’Angers, en raison d’un problème au genou.

Forcément, pour pallier toutes ces pertes, des recrues sont arrivées pour renforcer un effectif toujours dans l’attente d’une ou deux arrivées supplémentaires, selon les dires du nouvel entraineur. Olivier Guégan a fait fonctionner son réseau pour attirer ses anciens joueurs grenoblois Malek Chergui et Maxime Spano-Rahou. Teddy Chevalier est revenu au bercail pour compléter la ligne d’attaque alors que l’Italo-suisse Matteo Fedele et l’international béninois Sessi D’Almeida viennent densifier l’entrejeu. Deux arrivées en prêt sont également à noter : celles de Gauthier Hein et Baptiste Guillaume, respectivement en provenance de Metz et d’Angers. Au premier abord, l’effectif s’est affaibli, mais c’est le problème que connait chaque été la majorité des clubs de Ligue 2, sinon de France. Alors qu’il semble une nouvelle fois condamné à lutter pour arracher son maintien, Valenciennes pourrait jouer les trouble-fête et espérer mieux. Surtout dans une Ligue 2 toujours homogène et propice aux surprises, en haut comme en bas du classement.

Repartir à zéro ?

Toutefois, se projeter sur la prochaine saison de Valenciennes parait ironique quand on connait les difficultés économiques du club. Chaque année, le club déplore des dettes, alors qu’il doit continuer à rembourser l’emprunt lié à la construction d’un stade dont il n’est même pas propriétaire, et qui était prévu initialement pour accueillir des rencontres de Ligue 1. Cette situation économique n’est pas sans peser sur les résultats sportifs, puisque Valenciennes est contraint de chercher constamment des nouveaux financements – le plus rémunérateur étant la vente de joueurs. C’est ainsi que les bons et (surtout) jeunes joueurs ne se font pas rares sur les bords de l’Escaut. Le dénouement satisfait les deux parties : le club a besoin de liquidités en urgence et se voit obligé de vendre ses meilleurs jeunes éléments sans même avoir pris le temps de les valoriser au maximum ; les joueurs se retrouvent quant à eux dans l’obligation de quitter un club aux ambitions sportives très restreintes. Les exemples sont nombreux ces dernières années : Angelo Fulgini, Lucas Tousart, Dayot Upamecano…

En l’état actuel, le club semble être dans une impasse. Le président actuel Eddy Zdziech s’en est lui-même rendu compte en se montrant ouvert à la vente du club depuis septembre 2018. Si des contacts ont eu lieu au cours de cette année avec différentes parties (III Sport Invest, Partouche), aucun d’entre eux n’a abouti. Le club est bel et bien à un tournant de son histoire : soit il s’entête et persiste comme actuellement, au risque de rétrograder à nouveau (sportivement ou administrativement) ; soit il accueille de nouveaux investisseurs, capables d’assurer au moins la présence du VAFC dans l’antichambre de l’élite du football français.

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Si la deuxième option n’est toujours pas d’actualité, de plus en plus de supporters se montrent impatients et exaspérés par la gestion du club actuelle. Certains expriment même leur volonté de tout recommencer, repartir à zéro depuis les divisions amateurs, sur le modèle du Mans ou de Strasbourg ces dernières années. Quitte à aller dans le mur, autant que ce soit fait au plus vite pour pouvoir préparer au mieux la reconstruction sans les dirigeants actuels. Mais tout n’est pas si simple. Des exemples de clubs qui ont fait la navette entre mondes amateur et professionnel, il en existe, mais on oublie trop rapidement ceux qui ne sont pas parvenus à revenir : Sedan, Gueugnon, Arles-Avignon… Valenciennes a au moins l’avantage d’avoir connu cette traversée du désert dans les années 1990, juste après l’affaire OM-VA. A l’époque il avait fallu treize ans pour que VA retrouve l’élite. En 2015, Eddy Zdziech assurait que le VAFC retrouverait la Ligue 1 en 2018, en ajoutant que les « problèmes financiers [étaient] réglés, une bonne fois pour toutes ». La Ligue 1 attend toujours.

Crédit photo: PHILIPPE MERLE / AFP

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