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·12 novembre 2025
L'instant tactique avec Pierre Sage : « Un bon entraîneur, c'est un bon navigateur en incertitude »

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·12 novembre 2025

Ovni parmi les entraîneurs de Ligue 1, Pierre Sage est le seul coach de l’élite à n’avoir jamais fréquenté de club professionnel en tant que joueur. Venu de « nulle part », l’ancien formateur s’est désormais fait une place au soleil. Et ses idées de jeu semblent fonctionner à merveille puisque son équipe propose l’un des meilleurs football du championnat. Dans le cadre de notre rubrique « Instant Tactique », l’ex de l’OL a accepté de développer sa conception du métier.
Voici quelques extraits de notre interview de Pierre Sage. L’intégralité de cet interview de 10 pages est à retrouver dans le magazine n°376 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 16 octobre 2025.
La venue dans le foot
« Je ne suis pas tombé dans le foot par la voie habituelle, c'est-à-dire celle de la famille. Il n'y avait pas de chemin tout tracé de mon côté. C’est plutôt passé via le jeu à l'école, et petit à petit, je me suis inscrit dans un club. J'ai passé beaucoup, beaucoup de temps au club. J’ai démarré à cinq ou six ans. Et ensuite, je ne me suis pas arrêté. Je n'ai fait qu'intensifier la pratique, même si j'étais dans un club amateur. »
Le rapport au foot
« Mon rapport au foot était passionnel, je collectionnais des choses, je pratiquais, je m'informais beaucoup. Dès que j'avais l'occasion de voir des matchs professionnels et que ma famille voulait bien m'emmener, j'y allais aussi. Je regardais beaucoup de matchs. Je ne sais pas comment décrire cette chose-là, je n'ai pas d'élément de comparaison, mais c’était vraiment beaucoup, beaucoup de foot. Mes parents ont rapidement eu Canal+. J'ai regardé des matchs assez régulièrement. J'ai regardé des matchs du passé aussi, par exemple, quand il y avait les 10 ans de Canal +, la chaîne retransmettait les matchs de 1958, je les enregistrais, je les regardais. Les matchs de 82, le France-Allemagne de Séville, je l'ai regardé plusieurs fois aussi. Enfin, plein de choses comme ça, le foot était omniprésent dans ma vie. »
L’approche du football
« J'essaie de garder cette légèreté, il ne faut pas se couper du côté divertissement du football. C'est un sport qu'on pratique, mais c'est aussi un spectacle qu'on regarde. Et dans ce sport qu'on pratique, il y a une notion très importante, cette notion caractérise ce sport en particulier par rapport à d'autres, c'est que c'est un jeu. Dans d’autres sports, ce ne sont pas des jeux. Celui-ci, c'est réellement un jeu. Et d'ailleurs, on dit « jouer au football », on dit « faire du jeu ». Ce côté ludique doit être présent dans les séances, dans la manière d'appréhender philosophiquement ce sport-là. J'essaie de garder ça. Et le deuxième aspect, c'est que ce matin, on avait 200 gamins à la séance. Quand on voit l'enthousiasme que ça procure chez eux de rencontrer les joueurs, quand on voit la manière dont ils avaient préparé les signatures d'autographes en découpant des choses. Tu sais, comme on faisait avant dans des cahiers ou des carnets, ils avaient préparé l’évènement de manière spéciale. Regarder le football de leur prisme plutôt que du mien, qui est de préparer une équipe à gagner des matchs de haut niveau, c'est intéressant. Ça donne vachement de légèreté à ce qu'on fait, ça donne aussi un autre enjeu à cette pratique : un enjeu social et éducatif. »
Devenir coach, une vocation ?
« C’est devenu une vocation à partir du moment où mon niveau de joueur m'a renvoyé vers cette voie-là (rires). À 15 ans, j'ai rapidement passé les premières formations qu'on pouvait passer. À cette époque, ça s'appelait « le jeune cadre ». C'était en 1995. J'ai passé mon premier diplôme de football et je m'occupais des petits au club, les débutants et les poussins, de manière assez régulière. Et je prenais du plaisir à le faire. J'ai aussi compris que je comprenais rapidement. Donc, j'avais un endroit dans lequel je pouvais exprimer des choses que je ne connaissais pas et qui étaient en moi. »
Votre époque de joueur ?
« J'étais un gardien de but à orientation… (il coupe puis sourit). Comment exprimer ça ? On s'entraînait sur un terrain stabilisé, donc j'étais à l’économie (rires). Ça me permettait de faire un maximum d'entraînements et de matchs. Les stabilisés, c’est des terrains qui étaient traumatisants pour les organismes. Étant donné que j'étais à l'économie, je suis rapidement devenu stratégique. Cette idée-là de la pratique m'a amené doucement à devenir coach sans l’être. »
La plupart des coachs ont un passé de joueur, logique ?
« Si on prend les 18 coachs de Ligue 1, aujourd'hui, je suis le seul qui n'a pas été footballeur de haut niveau. Quand je dis footballeur de haut niveau, c’est joueur professionnel ou joueur qui a connu une formation dans un club professionnel. Même mon prédécesseur ici (ndlr, Will Still) qui n'avait pas été footballeur professionnel, avait suivi une formation dans un centre de formation. Je ne sais pas si c'est logique ou illogique. Mais dans tous les cas, aujourd'hui, c'est clair que la voie royale, ce n'est pas celle d'un footballeur amateur qui a passé ses formations, qui a un cursus universitaire, qui s'est formé à l'étranger et qui, à un moment donné, a des opportunités grâce à la reconnaissance de son parcours et de ce qui a été fait. Ce sont plutôt des opportunités qui sont relatives à un statut, au fait d'avoir vécu ces expériences-là. À l'inverse, je reconnais malgré tout que face à certaines situations, des joueurs de haut niveau ont peut-être plus de facilités à gérer des problèmes de vestiaire, à échanger avec les joueurs parce qu'ils sont « des leurs ». Je pense qu'aujourd'hui, j'ai passé ce sas-là. Je suis devenu un des leurs. Mais j'ai rencontré au début de ma carrière d'entraîneur, cette difficulté-là qui visait carrément ma légitimité. Moi, ma légitimité, il fallait que je la trouve ailleurs et j'ai essayé de la trouver ou en tout cas de la gagner à travers ce que je faisais en séance. »
Les principes de jeu ?
« Mes principes de jeu s'organisent autour de trois piliers. Le premier pilier : sortir le ballon proprement pour le posséder dans de bonnes conditions dans le camp adverse. Mon deuxième : attaquer sans cesse le dos de l'adversaire. Et mon troisième : mettre l'adversaire sous pression pour récupérer rapidement le ballon. Donc, si on rassemble ces trois éléments qui sont pourtant différents, il y a une idée centrale qui est de jouer au football et donc d'avoir le ballon. Pour moi, il y a une équipe qui joue au football et l'autre qui court. Et j'aime mieux être la première de ces deux équipes-là. Ce n'est pas une expression qui vient de moi, c'est une expression qui vient de Paco Seirul.lo, l'ancien responsable de la méthodologie du Barça. Et lorsque j'ai lu cette phrase, il y a une espèce d’eurêka qui s'est produit et je me la suis approprié. Du coup, ça m'a permis de me positionner dans ce que je voulais et comment je voulais l’opérationnaliser."
Le schéma tactique préféré
« Je n’en ai pas. Et pour preuve, une des conditions pour rejoindre le RC Lens, il fallait être capable de jouer avec une défense à trois. Ce n'était pas mon cas l'an dernier. J’évoluais souvent en 4-1-4-1, c’était un système hybride, on défendait en 4-1-4-1 et on attaquait en 3-4-3. Je n'ai pas de schéma préférentiel. Le schéma doit s'adapter à l'effectif qu'on a, aux caractéristiques des joueurs et aux problèmes qu'on veut poser à l'adversaire. Et dans ce sens, ce n'est pas le schéma qui fait le coach, c'est plutôt la flexibilité du coach qui va rendre son équipe performante. Le coach doit faire en sorte que les joueurs soient dans les meilleures conditions pour exprimer leur talent. Sachant que le talent est une chose qui s'exprime individuellement et au travers du schéma tactique qui peut s'exprimer collectivement. La multiplication des qualités naturelles fait que ce qui émerge est d'un niveau supérieur à l'addition simple des talents. »
Le schéma tactique le plus équilibré
« D’un point de vue stricto sensu, il n’y en a pas. Il y a un schéma tactique plus équilibré par rapport aux joueurs qu'on a dans un contexte de jeu bien précis. Si on prend l'exemple du RC Lens dans sa version 25/26, on a un effectif construit pour jouer en 3-4-3. On a recruté des joueurs pour rentrer dans ce système-là en fonction des joueurs existants. Et dans ce sens, il y a une bonne alchimie entre l'effectif, la manière dont on veut jouer ici culturellement, parce que c'est presque devenu culturel de jouer en 3-4-3 depuis Franck Haise. Avec mes idées de jeu, cette association des trois éléments fait qu'on arrive à performer assez rapidement. L'incertitude va se situer dans le fait que ce soit stable et que ça se développe. Donc ça, c'est l’ambition."
Le système ou les joueurs, qui passe en premier ?
« Les joueurs passent avant le système (il coupe). En fait, je dis ça, mais on a agi à l'inverse. Quand j'ai été recruté au RC Lens, il y avait déjà un effectif qui était construit en fonction de ce système-là. Et un recrutement qui s'est fait en fonction de ce système-là. Donc, je ne le mets pas en premier et je ne le mets pas en deuxième. En fin de compte, je le mets sur un même temps, et ça doit conditionner un certain nombre de choix. Mais demain, s'il y a une pénurie dans un secteur de jeu, par exemple les défenseurs axiaux, on se réorganisera de manière à ne pas être dépendants de notre système, mais plutôt mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Et à l'inverse, si demain, on doit développer encore notre équipe, on va partir de notre système et recruter des qualités naturelles différentes dans les mêmes positions sur deux joueurs qui sont en concurrence, de manière à avoir des réponses différentes selon les situations de jeu tout en gardant le même système de jeu. Donc, on peut regarder dans les deux sens. Et dans ce sens, je me dis que finalement, ça peut être la même chose en termes de considération. Ce n'est pas une réponse normande ou suisse, c'est juste une réponse avec un peu de réflexion (sourire). »
La différence entre une bonne et une mauvaise tactique
« Ce qu'il faut savoir, c'est qu'on est dans un rapport de force. C’est la confrontation de deux systèmes sur une durée qui est assez longue et dans des contextes de jeu différents en fonction du match. Cette confrontation-là, malheureusement, elle ne passe pas au crible du beau, du qualitatif, du style. Elle passe souvent au crible de l'efficacité. C’est : comment dans le rapport de force, je suis efficace un maximum de temps dans des contextes de jeu qui évoluent en fonction du score, de la possession, des phases offensives ou défensives. C'est difficile de répondre à cette question sans nuancer le fait qu'il y a réellement un impact dans la manière dont on considère le rapport de force et dans la manière dont on rassemble ces ressources en fonction des différents contextes de jeu et de l'enchaînement de ces contextes de jeu. Je ne sais pas si c'est assez clair ce que je dis. En fait, c'est comment je suis efficace dans la durée, dans des situations qui sont différentes et singulières. »
Est-ce toujours la meilleure tactique qui l'emporte ?
« La notion de meilleure est difficile à qualifier, c'est quoi être la meilleure ? La meilleure de quoi ? Au final, la meilleure, si on la regarde sous le prisme de la qualité, le prisme du beau, le prisme du style, peut-être que on va faire fausse route parce qu'au final, ce qui compte, c'est la notion de rapport de force. Donc, la meilleure tactique, c'est d'être plus fort que l'adversaire dans la durée, dans des contextes de jeu différents. Je réponds de la même manière, mais pour bien re-situer l'importance de tout ça (sourire). Et il y a une autre chose qui est importante aussi, c'est que chaque match est différent, avec des situations de jeu à l'intérieur qui sont différentes. Et ça revient à devenir efficace différemment, mais dans une constance qui est l'enchaînement des matchs. Donc, le seul élément qui permet de qualifier le meilleur, ça devient le flexible. Plus tu es flexible, meilleur tu es. Plus tu es liquide, meilleur tu es. En fait, meilleur, ça veut dire quoi meilleur ? On est dans un sport où tu peux avoir 80% de possession, tirer 30 fois au but et perdre 1-0. Je me souviens d’un match : Celtic - FC Barcelone, il faudrait retrouver les statistiques, mais quand tu regardes juste les chiffres, tu te dis que Barcelone a gagné largement (91% de possession pour le FC Barcelone contre 9% pour le Celtic). Et non, Barcelone avait perdu d’un but. »
La définition du bon entraîneur ?
« Pour moi, le bon entraîneur, c'est celui qui navigue le mieux dans l’incertitude. On est dans un sport rempli d'incertitudes. On ne sait pas ce que vont faire nos joueurs parce qu'on ne maîtrise pas l'ensemble des décisions qu'ils prennent. On sait encore moins ce que va faire l'adversaire parce qu'on ne sait pas les décisions qu’ils vont prendre à chaque instant du match. Il y a la confrontation de ces choses-là et la coordination de ces choses-là. Donc, un bon entraîneur, c'est celui qui arrive dans ce marasme d'informations, à naviguer et à maintenir le cap par rapport à la manière de faire jouer son équipe, à la performance, à comment je bats cet adversaire. Donc, un bon entraîneur, c'est un bon navigateur en incertitude. »
La différence entre un bon et un mauvais entraîneur ?
« Pour moi, le mauvais entraîneur, c'est celui qui est dans la certitude. Ça peut être une espèce d'illusion qui marche sur un match, voire une série de matchs, voire, si ça se passe très bien pour lui, une saison. Malheureusement, je pense que la certitude est vite limitée et trouve rapidement son maître dans ce sport tellement complexe qu'on a du mal à codifier, qu'on a du mal à lire, qu'on a du mal à caractériser et donc qu'on a du mal à enseigner. Je ne dis pas que celui qui reste dans la certitude n’est pas bon, je dis qu’il est en danger. La question, c’était : « le mauvais entraîneur ». Le mauvais entraîneur, c'est celui qui se laisse être en danger. »
Peut-on être un bon entraîneur sans avoir remporté de trophée ?
« Je pense que oui. C'est aussi le problème de notre métier. Aujourd’hui, il y a un phénomène de starification des coachs, notamment dans les petites catégories. À Paris, on connaît le meilleur coach U9 d'Île-de-France. À Paris, on connaît le meilleur coach U11 d'Île-de-France. Ce sont souvent des gens qui changent de club et qui ramènent des joueurs. Finalement, il y a un phénomène de starification du coach et de ses performances. Et les parents pensent que c'est au contact de cet homme-là qu'ils vont transformer la tirelire en PEL (sourire). Mais pour moi, c'est essentiel de laisser l'acteur principal à sa place et l'acteur principal, c’est le joueur. Il y a une démarche à faire dans l'approche de notre métier, mais aussi dans le lien très rapide qu'on fait entre l'action des uns et des autres et les résultats. Donc, pour répondre à la question, on peut avoir des gens qui agissent très bien sans avoir les résultats escomptés parce que dans le rapport de force, ils ont un niveau de ressources inférieur à l’autre. Parfois, perdre un à zéro, c'est déjà une performance par rapport à la différence qu'il y a entre les deux équipes. Pour moi, le meilleur des trophées, c'est comment tu surfes sur le potentiel de chaque joueur et surtout sur le potentiel collectif de l'équipe. Comment tu fais de ton 11, voire 15, 16, quand tu as plus de joueurs, une équipe meilleure au mois de juin quand tu la rends qu'au mois de juillet quand on te l'a donnée. »
La réussite pour un coach
« Quand les joueurs repartent de la séance avec le sourire et qu'ils sont impatients de se retrouver le lendemain. Si on ramène ça à la compétition, ça se situe dans le niveau d'impatience qu'on a créé chez eux à se re-confronter à une autre équipe. Ils ont la sensation d'avoir fait quelque chose de bien, d'avoir construit une performance collective ensemble et ils veulent re-challenger ça face à un nouvel adversaire. Pour moi, l'addiction à l'efficacité, c'est le premier critère d'évaluation d'un bon coach par rapport à ses joueurs. »
La part de psychologie dans le foot
« La psychologie est une part importante parce que c'est une activité humaine. Et c'est une activité humaine qui n’est pas isolée de la société et des éventuelles entrées et sorties d'infos que chaque joueur subit dans sa vie d'à côté. Et donc, ce qui est important, c'est de considérer déjà l'activité comme étant une activité humaine, comme étant une activité humaine non-linéaire et comme étant une activité humaine par vocation imparfaite, qu'on veut rendre parfaite. À partir du moment où on prend tous ces éléments en compte, on peut considérer que la psychologie sert à stimuler, que la psychologie sert à mettre les joueurs dans des processus d'apprentissage. On sait aussi que la psychologie peut servir à faire en sorte que les performances des joueurs et d'une équipe se stabilisent, voire se développent. Dans ce sens, l'entraîneur, pour entraîner, doit être psychologue, à l'inverse du psychologue qui, lui, n'a pas besoin d'entraîner pour faire son boulot. La psychologie permet à certains coachs de gagner du terrain vis-à-vis de leurs joueurs. Car lorsqu'on fait preuve d'une bonne valeur humaine, en tout cas qu'on nous caractérise, qu'on nous reconnaît comme ça, que l'intelligence émotionnelle est reconnue par les gens à qui on a affaire au quotidien, ça facilite effectivement le terrain pour travailler. Et donc, si on a un bon éducateur, peut-être qu'on va pouvoir mieux enseigner. Si on a un bon fédérateur, on va créer une équipe plus facilement. Donc, c'est autant de situations favorables à exprimer son propre style. Il faut aussi être « attentionné » avec ses joueurs, être sincère. Car si on fait les choses pour faire les choses et qu'on est pris la main dans le sac, ça peut être dévastateur. Il y a un élément fondamental dans tout ça, c'est l'authenticité. Il y a une chose dont doivent se méfier les gens, c'est lorsqu'on n'est pas aligné en permanence avec des valeurs qu'on défend ou des principes qu'on impose aux autres et qu'on ne s'impose pas à soi-même. À partir du moment où les masques tombent, c'est sans retour. C'est pour ça que si on veut être un mec bien, il faut être un mec bien tous les jours en fin de compte. Il ne faut pas jouer au mec bien. »
Une causerie type ?
« Non, pas de causerie type. La préparation nous amène à préparer le contenu, donc le fond. Mais la forme, l'émotion que je fais passer, ça se joue dans l'interaction que j'ai à ce moment-là avec la salle. Et je me rends compte, au travers des regards, au travers des mimiques, au travers des postures, qu'il y a des feux qui prennent plus que d'autres ou qu'il y a des moments dans la causerie qui sont plus propices à monter ou à l'inverse, à calmer les choses. C'est dans cette lecture-là de la situation que se construit quelque part la causerie. On peut être sur un événement très attendu et être sur une causerie très plate, parce qu'à ce moment-là, les besoins du joueur, c'est plutôt du calme, c'est plutôt de la sérénité. Et à l'inverse, on peut mener au score et les joueurs ont besoin de se faire secouer ou en tout cas d'être poussés dans leurs retranchements. Parce qu'au travers de comment j'interprète leur posture, leur visage ou peut-être leur attention, tout simplement, je me rends compte que le besoin est ailleurs que celui que j'avais identifié initialement. Comme dans le jeu, il faut être en lecture permanente de ce qui se passe pour agir. Et on a beau avoir un bon plan de jeu, de temps en temps, l’adversaire nous surprend. Là, du coup, ce sont des partenaires, en tout cas, les gens à qui on dispense le message qui ont un autre besoin. Et cette énergie, si on arrive à la percevoir et à y répondre, c'est mieux. Mettez-vous dans une situation où vous dites : je rentre dans le vestiaire, je suis fatigué de ma mi-temps, je suis un peu frustré que mon partenaire ne m'ait pas donné le dernier ballon sur lequel j'aurais pu marquer un but, je rentre avec ça au vestiaire. Je ne vais pas être du tout dans le même niveau de réception que si tout m'avait souri à ce moment-là. C'est pour ça que c'est important de bien contextualiser ses interventions et pour bien comprendre le contexte, l'avis du moment compte. »
La difficulté de lier ses principes de jeu à la recherche du résultat ?
« Au-delà du résultat, ce qui compte, ce sont les résultats. Et à travers cette nuance que je pose, ce que je veux dire, c'est que tout le monde peut gagner un match. Mais ce qui me semble important lorsqu'on mène une équipe et lorsqu'on a la responsabilité d'emmener une équipe de haut niveau vers un objectif, c'est comment j'arrive à construire quelque chose dans la durée des matchs et donc dans la saison. Et dans ce sens, avoir des principes, des idées, ça permet de stabiliser l'activité de l'équipe dans le temps et dans la durée. Cette stabilité-là va être confrontée à différents matchs, différents contextes, différents scénarios, différentes frustrations, différentes injustices, différents moments de gloire, voire un peu de chance, si tant est qu'on croit en ça. Et donc, dans tous les cas, on ne peut pas considérer le contexte singulier comme étant celui auquel on doit apporter une réponse particulière. On doit surtout considérer qu'il y a une longueur et c'est dans la longueur que vont se jouer les choses. Dans la longueur, la stabilité est le meilleur des créneaux. Donc, il est important d'avoir un certain nombre d'idées de jeu et de considérer que de temps en temps, elles ne marchent pas, mais ça ne veut pas dire qu'il faut les remettre en cause. On peut les adapter, mais de là, à les remettre en cause et à se renier, c'est peut-être faire des pas en arrière ou rembobiner une cassette qu'on avait déjà déroulée, et du coup, repartir peut-être de zéro. »
Deux écoles, celle du jeu et celle du résultat, votre positionnement ?
« Je me positionne du côté du jeu. Vous savez pourquoi ? Car le jeu est le meilleur moyen d'avoir un résultat et je trouve ça même pragmatique. La règle dit : gagne le match, l’équipe qui marque le plus de buts, marque un but quand tu envoies le ballon derrière la ligne adverse. Donc, il y a une nécessité absolue, c'est d'avoir le ballon. Juste ça, ça me renvoie à l'idée qu'attaquer est peut-être la meilleure solution pour gagner un match. »
L’impact de votre passage à la formation
« C'est une approche plus orientée sur le joueur, sur le développement et donc sur le fond que la finalité. Je prends énormément de plaisir à entraîner. Le plaisir qu'on arrive à donner aux joueurs dans la manière dont on entraîne a des effets très positifs dans les performances qu'ils produisent en match. Pour moi, c’est un avantage d'avoir fait de la formation parce que ça m'a détaché complètement du résultat. Ça m'a vraiment centré dans l'idée qu'il fallait se soucier de « comment on fait » et de ne pas être simplement sur l'objectif final. Et à partir du moment où on sait marcher sur le chemin, il y a plus de chance qu'on se rende à la bonne destination."
La part de chance dans le foot ?
« Pour moi, la chance, je la caractérise plutôt en création d'opportunités. Philippe Gabilliet dit : « Pour avoir des opportunités, il faut être une opportunité soi-même ». Donc si on transfère ça à une équipe de football pour avoir des opportunités de gagner les matchs, il faut qu'elle-même soit une opportunité, c'est-à-dire qu'elle maîtrise le jeu. Et donc dans ce sens, pour se créer des chances, se créer des opportunités, il faut être performant dans le jeu et maîtriser un maximum d’éléments. Je ne dirais jamais : « On a gagné par chance » ou « On a perdu par manque de chance ». »
L’impact du mercato pour un coach
« Déjà, j'essaie de raisonner non pas sur un besoin à date mais sur une logique à long terme. En me disant : « Dans ce club-là, est-ce qu'il n'y a pas un jeune qui va émerger à ce poste-là ? ». Et du coup, comment faut-il lui laisser la place ou en tout cas lui laisser l'opportunité d'apparaître ? Ça, c'est déjà la première lecture qu'on doit avoir. La deuxième lecture se situe par rapport aux joueurs en place, combien d'années de contrat leur reste-t-il ? Quelle est la vision ? Est-ce que c'est un joueur qu'on va vouloir prolonger ? Est-ce que c'est un joueur qu'on va vouloir remplacer ? Peut-être qu'on peut anticiper le recrutement d'un joueur, non pas au moment où le besoin apparaît, mais à partir du moment où la date limite de consommation se rapproche. Ensuite, à partir du moment où on est déjà dans cette lecture-là, ça nous permet d'avoir plus d'éléments de contexte sur qui peut jouer dans ce secteur ou pas. Est-ce qu'il y a déjà des joueurs qui vont arriver dans ce secteur ou non ? Et donc, en fonction de cette lecture-là, avoir une ouverture au fait de se dire : j'ai un joueur qui ressemble à ça, pourquoi ne pas avoir un joueur différent pour apporter des réponses différentes à d’autres contextes de jeu et à d’autres problèmes de jeu ? Quand on regarde au poste justement et qu’on est dans une équipe professionnelle, il faut aussi l'associer aux joueurs qui vont jouer autour. C'est pour ça que je fais la nuance par rapport à la formation, en disant : « Au vu du profil des positions autour et des joueurs potentiellement titulaires dans les années à venir, ne faut-il pas tel type de caractéristiques naturelles plutôt qu'un autre ? ». Et donc, il y a un regard qui se fait sur l'équipe, il y a un regard qui se fait sur le secteur de jeu, puis ensuite, il y a un regard qui doit se faire sur le macro, c'est : comment cette personne-là va pouvoir vivre avec les autres au quotidien ? Il faut faire ces allers-retours entre le joueur et l’équipe, de manière à choisir le bon profil au bon moment pour le bon contexte. Et puis, il y a exactement la même lecture qui se joue dans l’autre pièce, avec le directeur sportif, l’entraîneur, le propriétaire. Il y a des allers-retours entre le micro et le macro qui font qu’à un moment, l'angle qui était peut-être super large devient très simple ou à l'inverse, l'angle qu'on avait vu très court s'élargit. C'est la coordination de toutes ces choses-là qui doivent nous amener au bon profil. Si l'angle est conditionné par le coût du joueur, l’angle se réduit significativement, mais à l'inverse, quand la démarche est déjà réfléchie, organisée, anticipée — je vous parlais de deux ans avant que le joueur émerge, par exemple ou deux ans avant que son contrat se finisse —, on peut ouvrir un angle qui, finalement, n'était pas si large que ça. Du coup, ça nous permet, en ouvrant l'angle, de sélectionner un certain nombre de profils et de se diriger théoriquement vers celui qui semble mieux correspondre. Vous savez, il y a des clubs qui ont quand même eu l'intelligence de faire ça. Je vais citer Liverpool. Lorsqu'ils ont recruté le remplaçant de Jürgen Klopp, les dirigeants sont allés le voir en situation. Ils ne sont pas allés le voir en situation de match, ils sont allés le voir en situation d'entraînement. Aujourd'hui, on va faire passer des entretiens à des personnes, mais c'est l'action qui les caractérise, ils seront évalués là-dessus. Et un joueur de football, tant qu'il n'est pas plongé dans le contexte qui est le nôtre, il y a toujours cette incertitude-là. »
Groupe restreint ou élargi ?
« Il faut un groupe plutôt restreint pour deux raisons. La première, c'est de limiter la frustration. C'est-à-dire que tout le monde dans ce groupe-là a des perspectives de jouer à un moment ou à un autre. Ça, c'est un élément important dans la composition de celui-ci. Et si on recrute des joueurs qui n'ont pas de perspectives de jouer et qui ne rentrent pas dans un système concurrentiel vis-à-vis de leur partenaire, ça n'agit pas positivement sur le système. Ensuite, pourquoi peu de quantité et donc un nombre limité ? C'est aussi pour donner des perspectives aux jeunes joueurs du club lorsqu'on est dans un club organisé en termes de formation. Ces deux éléments m'amènent à penser qu'il vaut mieux être 20 + 4 plutôt que 24 + 4. »
Le processus pour imposer sa patte
« Il est à la fois rapide et lent. C'est tout le paradoxe de cette chose-là. Il est rapide parce que les choses s'intègrent assez vite et se mettent en pratique assez vite, mais il est aussi lent parce qu'elles ne se stabilisent pas vite. C'est-à-dire qu'on voit émerger des choses de temps en temps, mais elles disparaissent comme elles sont arrivées. C'est dans la stabilité qu'on arrive à reconnaître l'intégration et l'apprentissage individuel et collectif. Ça peut être très rapide pour certains joueurs, plus lent pour d'autres, mais surtout, ça devient acquis à partir du moment où c'est diffusé collectivement et que ça se stabilise d'un match à l'autre, d'un contexte à l'autre. C'est pour ça qu'il faut aller vite et doucement. Il est difficile de donner un timing. La saison dernière, si on prend l'exemple de Strasbourg, Liam Rosenior a réussi à mettre sa patte très rapidement sur l'équipe. On a vu des choses, on a vu ses idées de jeu, elles étaient assez claires et assez rapidement mises en pratique par ses joueurs. Ensuite, il y a eu une période très dure. Ils ont enchaîné cinq ou six matchs sans gagner. Et le jeu était à ce moment-là de moins bonne qualité, en tout cas moins maîtrisé. Et c'est dans ce sens que ça peut aller très vite. Par contre, en fin de saison, c'est revenu. Donc, je pense quand même qu'au bout d'une saison, il y a des choses qui sont installées. Et je dirais qu'au-delà de ça, au-delà de l'apprentissage avec les joueurs à disposition, il y a une chose qu'il faut intégrer dans le monde professionnel, c'est que les mercatos influencent la composition de ton effectif. Et je pense que lorsqu'on veut dresser le tableau d'un effectif soi-disant parfait par rapport à des idées de jeu, je pense qu'il faut trois mercatos, c’est-à-dire quasiment 10 départs et 10 recrues si on considère qu'il y a trois ou quatre joueurs par mercato. Maintenant, c'est plutôt plus que ça. À l’inverse, à Lens, j'ai trouvé que dès notre premier mercato, et ça, je l'ai exprimé avant qu'on joue les matchs de championnat, on a réussi à équilibrer notre effectif, à le diversifier, mais aussi à le garantir dans la durée en intégrant des jeunes. On l'a équilibré par le nombre de joueurs dans les différentes positions et avec la flexibilité de certains joueurs de pouvoir jouer à plusieurs positions. On l'a diversifié en ayant des profils différents dans les mêmes positions. Et en fin de compte, on l'a stabilisé avec le fait d'avoir des joueurs soit avec des longues durées de contrat, soit des jeunes joueurs qui ont des perspectives. Et ce triple phénomène, ces trois critères d'évaluation, répondent, selon moi, à un mercato bien rempli et bien géré. Et nous donnent le ton sur les ajustements à opérer. »
Ses inspirations
« J’ai plusieurs sources d’inspirations qui sont parfois aux antipodes (il coupe). Déjà, pour être très honnête, je vole partout. Je ne me ferme pas à l'idée de m'inspirer d'une bonne idée, même d'un coach qui me parle moins ou d'un coach d'une équipe qui me parle moins, parce que je pense qu'il y a à prendre partout. Et ça, c'est vrai en professionnel comme en amateur, c'est vrai chez les jeunes comme chez les adultes. Je regarde un peu tout. Mais si je devais parler de trois coachs, je parlerais forcément de Bielsa par rapport à son éthique, par rapport à ce sport-là, par rapport à la vocation de ce sport-là, de ce jeu-là dans notre société, je dirais même sur notre planète. Après, j'aime beaucoup ce que fait Guardiola en termes de jeu, d'innovation, de flexibilité pour répondre à des situations de jeu. Et j'ai beaucoup aimé aussi ce qu’a produit Liverpool avec Klopp en termes d'intensité de jeu. Ce sont des choses qui sont différentes mais elles peuvent être complémentaires. Et le fait d'associer ces trois choses-là fait à un moment donné qu'on a un football qui a une certaine éthique, avec une idée de manipuler nos adversaires à une certaine intensité. Et j'aimerais bien être cette équipe-là. »
La gestion de la pression
« J'ai la chance d'être un peu imperméable à cette chose-là parce que ma trajectoire m'a démontré qu'on pouvait venir de nulle part et avoir la chance un jour d'entraîner à ce niveau-là. Donc, je ne me mets pas de pression sur le fait d'y être et d'y rester. Et au-delà de ça, si je devais malgré tout répondre à la question, pour agir sur les éléments, autant les maîtriser. Et le meilleur moyen de les maîtriser, c'est de rassembler l'ensemble des ressources et de coordonner l'ensemble des ressources en direction des objectifs pour atteindre avec efficacité des niveaux de jeu, des niveaux de maîtrise des éléments. Et donc le faire se traduit en bien s'entraîner, bien jouer et performer. À un moment donné, la pression s'évacue puisqu'on devient un élément actif, proactif dans ce marasme plein de pression. »
La nouvelle génération réputée ingérable
« Pour moi, il y a deux manières d'appréhender les choses. Soit considérer que ce n'est pas bien, lutter, partir en croisade contre des choses contre lesquelles on ne peut pas lutter. Vous imaginez bien le peu de sens que je donne à cette solution. Ou alors, considérer que les choses ont évolué et adapter le système, le fonctionnement, les habitudes à ces évolutions-là. Aujourd'hui, dans la pyramide de Maslow, la Wi-Fi et la 5G ont une place qui est à peu près à la hauteur de la sécurité dans un groupe (sourire). Donc, si on coupe nos joueurs de ce besoin-là, peut-être qu'on les éloigne de la performance, en tout cas de leur bien-être. C'est peut-être des choses qui peuvent surprendre les gens comme moi, né dans le siècle dernier, le millénaire dernier même. Malgré tout, aujourd'hui, si ce sont les besoins des joueurs et que ça les amène à la performance, je pense que ce serait dommage de se fermer de cette chose-là ou de lutter contre cette chose-là. Et je pense aussi, pour finir, qu'il ne faut pas se tromper de combat. Aujourd'hui, le combat, c'est de gagner des matchs. On veut les gagner avec panache et avec style, certes, mais le meilleur moyen de gagner des matchs, c'est de faire en sorte que les joueurs soient dans les meilleures conditions. Si cet élément-là fait partie des conditions de performance des joueurs, autant les utiliser comme des accélérateurs plutôt que lutter et en faire des freins. »
Le regard sur la communication des joueurs
« Il y a deux choses. Je ne me considère pas assez compétent pour évaluer ce qu'ils font, si c'est bien ou mal. Déjà, c'est la première chose. Et la deuxième chose, c'est que je préfère ne pas savoir. Je ne veux pas savoir le salaire des joueurs, je ne veux pas savoir la vie privée des joueurs. Après, je m'intéresse quand même à leur vie privée. S'ils ont des enfants, ces choses-là. S'il y a un enfant qui est malade, je vais leur demander s'il va mieux ou en tout cas, je prendrai des nouvelles ou ce genre de choses, ça me paraît normal. Mais je ne suis pas les joueurs sur les réseaux sociaux parce que je n'ai pas envie de savoir des choses qui pourraient influencer mon jugement sur eux. Et lorsqu'on me me rapporte ces choses-là, je n'ouvre pas l'enveloppe. Je considère que « pas vu, pas pris ». »
Le mot de la fin
« Je veux revenir sur mon explication que j'ai donnée par rapport à l'incertitude. Ça peut paraître un peu très loin d'une certaine conception du football. Mais mon approche et ma manière de réfléchir, qui sont très orientées vers la complexité, les théories sur les systèmes, à un moment donné, m'amènent à raisonner comme ça. Et ce n'est pas pour faire le théoricien ou l'universitaire de base que je réponds de cette manière. C'est simplement pour expliquer que c'est difficile de simplifier quelque chose qui est complexe. Et ce serait dommage de réduire à une partie quelque chose qui est extraordinaire et qui est très important. Donc c'est pour ça que je réponds de cette manière-là. Au-delà de la position, c'est plus par rapport à l'activité en elle-même, le football. Pourquoi vous allez voir des matchs de football, vous ? Il y a une chose qui vous tient en haleine, c'est le fait de ne pas savoir si votre équipe va gagner, si elle va bien jouer, si on ne va pas se faire avoir à la dernière seconde, ces choses-là. C'est la différence entre le football et le théâtre ou le cinéma, c'est qu'on ne sait pas ce qui se passe à la fin. On ne peut pas nous raconter un match, parce qu’il n'a jamais eu lieu. Moi, c'est ça qui m'intéresse, c'est de me dire qu'à chaque fois, tu vas dans un truc, mais tu ne sais pas vraiment où tu vas. Et malgré tout, tu aimerais le faire pencher là. Donc, tu essaies de l'influencer. Et dans ce sens, c'est pour ça que je considère qu'il faut constamment naviguer dans l'incertitude. Parce que tu as beau avoir préparé ton match de la meilleure des manières, si tu prends un but dans les trois premières minutes du match parce que ton gardien fait une erreur ou autre, ça change tout. Et c'est ça qu'on aime bien, malgré tout. Si on est certain que c'est incertain. Franchement je n’aimerais pas être certain de gagner tous les matchs. Ça n’aurait plus d’intérêt. Et les paris sportifs n'existeraient pas du coup. Ou alors si, comme dans "Retour vers le futur ». Il y en a un qui avait trouvé le livre. Mais honnêtement, c'est ça qui nous tient en haleine. »
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