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·2 avril 2021

L’origine des noms des clubs de Moscou

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A la fin de la révolution russe, l’Empire Russe devient l’URSS. C’est en 1923 que les clubs et la ligue de football déjà présents pendant les règnes des Tsars Alexandre II, Alexandre III, Nicolas II et Michel II sont dissous par les nouveaux acteurs de la direction soviétique. Ministères, entreprises et syndicats vont alors tenter de s’approprier les clubs moscovites afin d’obtenir une représentation dans le sport. Et ainsi leurs noms.

Le nouvel Etat soviétique met la main sur le football

Les premiers gagnants de cette refonte de la ligue et des clubs sont les nouveaux ministères soviétiques. Leur idéal est de retirer l’étiquette de sport bourgeois du football afin de le rapprocher des idées socialistes de l’URSS.


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Le CSKA est fondé en 1911 en tant que section de football de l’OLLS (Société des amateurs de sports de ski). A l’arrivée du soviétisme, le club est désormais lié à l’organisation sportive de l’Armée rouge : l’OPPV, dont les objectifs sont la formation militaire ainsi que le maintien de la forme physique des militaires. Le club connaît plusieurs nouveaux noms : CDKA (1928-1951), CDSA en 1951, avant de connaître une nouvelle dissolution l’année suivante. Dissolution due à la fois à la répression politique dans le pays, mais aussi aux mauvaises performances aux J.O de Helsinki (défaite 8-4 contre la Yougoslavie en 1/8e), l’équipe soviétique étant majoritairement composée de joueurs du club. Cependant, le club et les sections sportives de l’Armée rouge revoient le jour en 1953 via la décision de Boulganine, ministre de la Défense, toujours sous le nom de CDSA. Ils troquent encore ce nom pour CSK MO en 1957, avant de devenir le CSKA Moscou (Club Sportif Central de l’Armée) en 1960.

A la base nommé Sokolniki, premier club russe de l’histoire (fondé en 1896), le Dynamo Moscou voit le jour le 18 Avril 1923 avec la société Dynamo, créée sous l’impulsion de Felix Dzerjinski, chef de la Guépéou, la police d’Etat soviétique. Comme avec l’OPPV, le Ministère de l’Intérieur utilise l’équipe afin de maintenir en forme les services de renseignements, ou encore des fonctionnaires, comme les collectionneurs d’impôts. Alors que les luttes d’influence règnent au sein même du parti, les tensions et rivalités entre le Dynamo et le CSKA sont à leur apogée au début des années 1930, alors que les Grandes Purges font tomber des hauts dignitaires aussi bien de l’Armée rouge que de la Guépéou.

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Au début du XXe siècle, beaucoup de clubs se créent dans les milieux industriels, aussi bien en Grande-Bretagne qu’en Uruguay. A cette règle, l’URSS ne fait pas exception. Le Lokomotiv naît le 23 Juillet 1922 sous le nom de Kazanka comme représentant de la RJD, la société des chemins de fer russe. Il est renommé Club de la Révolution d’Octobre (ou KOR) en 1923 avant de devenir le “Lokomotiv” Moscou (“Locomotive” Moscou) en 1936 pour la société Lokomotiv et représente le ministère du transport ferroviaire.

Les syndicats contre-attaquent

Bien que le régime soviétique mette rapidement la main sur les nouveaux clubs de sa capitale, tous les clubs de Moscou ne sont pas rattachés à un ministère après la refonte de la ligue. C’est notamment le cas pour deux clubs iconiques du football russe qui sont lancés par des syndicats de l’époque soviétique.

Le Spartak est créé sous le nom de MKS (Cercle Sportif de Moscou) le 18 Avril 1922. Le club devient le Krasnaia Presnia dès 1923 avant de choisir de se rapprocher des syndicats de l’époque. D’abord en 1926 avec celui des travailleurs agricoles en devenant Pichtcheviki, puis en 1931, avec le syndicat des manufacturiers, en devenant Promkooperatsia. C’est le 19 avril 1935 que le club choisit de devenir le Spartak Moscou, en référence au libérateur d’esclaves romain Spartacus. Il est le club le plus apprécié des classes populaires et obtient le surnom de “club du peuple”, non seulement grâce à sa proximité avec les syndicats mais également par son opposition forte contre les clubs de l’Armée Rouge et des polices politiques. Dans cette opposition sportive traduisant d’une opposition politique assumée réside l’un des seuls moyens d’expression des Moscovites sous la dictature stalinienne, expliquant la popularité du club dans la capitale.

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Un autre club très bon pendant la période soviétique fera le choix du syndicat, le Torpedo Moscou. Fondé le 17 Août 1924 sous le nom de Proletarskaia Kouznitsa par le syndicat des métallurgistes, il est racheté en 1930 par la société automobile AMO qui lui donnera son nom. Il devient en 1933 le ZIS avant de finalement s’appeler le “Torpedo” Moscou (“Torpille” Moscou) à partir de 1936 et sera le 5e club moscovite le plus titré de l’ère soviétique.

Moscou : ville football

Moscou est l’une des villes comptabilisant le plus de clubs professionnels en Europe. Les plus iconiques d’entre eux ont été décrits plus haut, mais il existe également des clubs plus “modestes” qui n’ont pas (encore) marqué l’histoire des championnats soviétique et russe.

On retrouve ainsi des clubs plus ou moins méconnus car très jeunes mais ambitieux comme Chertanovo, fondé en 1993 dans le quartier moscovite portant le même nom ou encore le “Veles” Moscou, très jeune club fondé en 2016 et pourtant déjà en FNL (2e division russe).

Si l’on étend la zone à l’oblast de Moscou, on retrouve alors quatre autres clubs : deux clubs qui atteindront le niveau national avec le FK Khimki, fondé en 1996, et le Saturn Ramenskoïe, fondé en 1946 ; ainsi que deux clubs régionaux : le Zhorki Krasnogorsk, fondé en 1966, et l’Olimp-Dolgopoudny fondé en 1998.

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Mais ces rivalités de l’ère soviétique sont-elles toujours d’actualité ? Les propriétaires ont évolué en Russie : le CSKA et le Spartak sont présidés par les hommes d’affaires Eugeny Giner et Leonid Fedun, le Dynamo détenu par la banque VTB, le Lokomotiv toujours par la RJD, et le Torpedo par le milliardaire Roman Adveev. Mais malgré ce passage de flambeau des dirigeants, le contexte de création de ces clubs a laissé une trace indélébile sur chacun d’entre eux, créant également une identité forte des supporters moscovites, et ainsi des rivalités vigoureuses entre eux. Cette trace reste également visible par certains symboles. Alors que le CSKA est toujours surnommé l’Armeytsy (Hommes de l’Armée), le Spartak possède une statue de gladiateur sur la place donnant sur son stade.

Malgré les changements effectués depuis l’ère soviétique, l’ensemble des institutions formant les clubs fait en sorte que l’héritage du passé ne soit pas oublié et arrive ainsi à maintenir un folklore précieux pour notre sport.

Crédits Photos : Getty Images / IMAGO

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