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·31 octobre 2025

Mais que se passe-t-il chez les féminines ?

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Nous avions quitté l’équipe au printemps dernier au sommet de la gloire, avec une victoire dans la plus belle des compétitions : la Ligue des Champions. Cela laissait espérer une nouvelle saison avec de grandes ambitions. Malheureusement les premiers résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. La question se pose donc. Mais pourquoi Arsenal a autant de mal en ce début de saison ? Analyse. 

Les premiers résultats

Arsenal débute le championnat le 6 septembre par la réception du nouveau promu, London City Lionesses. Une belle entrée en matière pour les championnes d’Europe, qui, après avoir concédé un penalty malheureux, enchaînent avec un magnifique but de la nouvelle recrue Olivia Smith (but du mois en WSL) puis trois buts de Kelly, Maanum et Blackstenius. Le déplacement chez le voisin londonien de West Ham confirme le bon début de saison avec une victoire 5-1 grâce à des réalisations de Maanum, Blackstenius, Foord et Russo (x2). 


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Olivia Smith célébrant son premier but avec Arsenal

Arsenal poursuit sa saison avec un déplacement à Manchester United. Le match se termine par une égalité 0-0. Sur le papier, un match nul sur le terrain des Red Devils n’est pas un mauvais résultat. Mais dans le contenu, les Gunners dominent clairement le match avec un taux de possession de 57%. Et pourtant l’équipe enregistre un seul tir cadré et aucune occasion de but. Ce match montrait déjà les prémisses de ce qui allait suivre. Une victoire qui était à la portée d’Arsenal mais qui laisse déjà échapper deux points.  

Le match contre Aston Villa, le 27 septembre, s’inscrit dans la continuité. Alors que la rencontre se déroulait plutôt confortablement pour Arsenal, les joueuses de Renée se font surprendre par les Villans sur un corner dans le temps additionnel. Score final 1-1, but de Frida Maanum à la 11ème minute. Encore une fois, on remarquera l’incapacité d’Arsenal à marquer plus d’un but, malgré une possession de 67% et 19 tirs au but.  

La désillusion continue ensuite avec le déplacement sur la terre des Sky Blues. Et si, dans ce match, l’attaque s’est plutôt bien débrouillée avec deux magnifiques buts de Caldentey et Kelly, le point noir vient plutôt de la défense qui encaisse trois buts faciles.

Le 7 octobre, les Londoniennes reçoivent Lyon pour leur match d’entrée en Ligue des Champions. Le match est très similaire à celui contre Manchester City dans le contenu. De très bonnes 15 premières minutes ; une possession favorable, une équipe très offensive et un but d’Alessia Russo dès la 7ème minute. Mais par la suite, Arsenal subit et encaisse deux buts évitables, le résultat de deux pertes de balles de la défense. On sent ensuite l’équipe incapable de pousser pour aller chercher ne serait-ce que le but égalisateur.  

Les joueuses du nord de Londres retrouvent le chemin de la victoire avec la réception de Brighton, grâce à un but contre son camp des Seagulls et un 1-0 peu convaincant. Le dernier match avant la trêve internationale est le déplacement à l’Estadio da Luz du Benfica Lisbonne, ville théâtre du récent exploit de nos championnes d’Europe. Le match lance enfin notre campagne européenne avec une victoire 2-0 et des buts de Beth Mead et Alessia Russo

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Beth Mead après son but face au Benfica

Le début de saison est la copie exacte de celui de la saison dernière avec deux victoires, deux nuls et une défaite en championnat, ainsi qu’une défaite et une victoire en Ligue des Champions. Ces résultats placent les Gunners à cinquième place du championnat avec 11 points, comme la saison précédente.  

L’analyse des matchs que j’ai pu faire s’appuie sur deux problèmes principaux : des joueuses fatiguées ou en manque de confiance, et une formation qui repose sur une gloire passée (la saison dernière). 

Surmenage

Mariona Caldentey, Emily Fox, Katie McCabe, Alessia Russo, Steph Catley. Ce sont les noms des cinq joueuses de champ les plus utilisées la saison dernière (excepté Leah Williamson). Ces cinq joueuses font partie des six Gunners les plus utilisées depuis le début de la saison par Renée Slegers. A ce groupe s’ajoute Kim Little, 35 ans.  

La saison passée, les cinq cadres les plus sollicitées avaient une moyenne de 2 556 minutes jouées par tête, contre 1 809 pour les cinq suivantes. Cette saison, ces mêmes joueuses ont une moyenne de 695 minutes jouées contre 453 pour les cinq suivantes.  

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Caldentey, Russo, Catley et Fox, nommées au Ballon d’Or, avec Williamson, Van Domselaar, Kelly et Gyökeres

Comme nous le savons, ces joueuses sont la colonne vertébrale de cette équipe. On comprend facilement pourquoi elles sont indispensables, et pourquoi il est important qu’elles soient en pleine forme pour les gros matchs. Or, si on regarde ceux du début de saison, ces mêmes joueuses semblent être en deçà de leur niveau.

Cela pose un problème de sous–performance, mais également un problème inévitable de blessures. Témoin dernier : la sortie d’Emily Fox lors du dernier match. Cette dernière n’a pas eu un seul repos en championnat : 540 minutes jouées sur 540 possibles. Il faudra également surveiller de près Kim Little qui, à 35 ans, enregistre 529 minutes jouées en championnat.  

Manque de confiance

Les récents résultats ont également mené à un manque de confiance des joueuses. C’est qui arrive en général quand une équipe enregistre une série de mauvaises performances.

Olivia Smith, qui nous avait éblouis lors de son premier match avec ses dribbles et son impact sur la défense adverse, semble avoir baissé de régime récemment. Elle tente moins de performances individuelles ; chose qui, bien qu’une équipe ne doit pas se reposer sur ça, reste importante. Cela l’est surtout dans les matchs qui semblent bloqués.

Les joueuses osent moins tirer directement au but lorsqu’elles reçoivent la balle dans la surface. En témoigne le dernier match de Beth Mead contre Benfica, où elle reçoit bon nombre de balles dans la surface avec possibilité de tir, mais préfère faire un crochet ou tenter la passe à une partenaire.  

Peu de joueuses osent tirer de l’extérieur de la surface. Pourtant l’équipe compte de très bonnes attaquantes dans ce domaine, comme Caldentey, Kelly ou Maanum, mais également McCabe. Cette dernière compte 100 % de tirs cadrés, avec une distance moyenne de 19 mètres, mais elle tente seulement 0,55 tir par 90 minutes. 

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Katie McCabe a remporté le but de la saison de WSL en 2022-2023

Un réaménagement de la défense

La perte de Leah Williamson a obligé un réaménagement de la défense. Nous avons alors assisté à l’introduction d’une nouvelle jeune joueuse de l’académie : Katie Reid. Cette dernière a souvent pu être aperçue sur le banc de l’équipe première ces dernières saisons, montrant quelques apparitions prometteuses.  

Renée lui a donné sa chance, et elle l’a saisie avec brio. La jeune défenseure a été élue joueuse du mois de septembre par les supporters du club. Néanmoins le manque de leadership de Leah se fait ressentir. Elle est la pièce maitresse et le liant de la défense. Sans elle, on note un grand manque de communication derrière.  

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Katie Reid

Ce manque de communication a souvent amené à des situations dangereuses. C’est le cas du match contre City. Lors du premier but des Citizens,  McCabe (latérale gauche) n’arrive pas à suivre Casparij. Dans cette situation soit Foord (ailière gauche) ou Catley (défenseure centrale gauche) aurait dû combler son manque. Ce quiproquo a permis à la joueuse des Sky Blues d’entrer sans marquage dans la surface et délivrer un centre sur la tête de Bunny Shaw. 

Une absence majeure

Malgré l’introduction de nouvelles joueuses dans le onze et la perte de certaines, Renée a décidé de repartir avec la même formation que l’année dernière. Mais cette formation en 4-2-3-1 ne semble plus fonctionner.  

La raison principale selon moi est l’absence de Leah Williamson. En effet, la première chose qu’il faut comprendre c’est que Leah a d’abord commencé sa carrière au milieu de terrain. Elle a ensuite eu un repositionnement en défense centrale. Cette opération lui a permis d’acquérir les caractéristiques majeures d’une défenseure centrale, tout en gardant ses qualités de milieu de terrain.  

Dans l’équipe de Renée, elle avait donc le rôle de défenseure en phase défensive, et quasiment le rôle de milieu de terrain en face offensive. Effectivement, la qualité principale de Leah est sa qualité de passes longues. Une grande partie de la construction de jeu d’Arsenal passe donc par Williamson.

Si on regarde les statistiques, Catley et Reid (la charnière centrale du moment) ont respectivement 22 et 19 passes progressives sur les six premiers matchs. La saison dernière Leah enregistrait à peu près 46 passes progressives en six matchs. On remarque alors ici un gros manque de création depuis l’arrière du terrain.  

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Leah Williamson célébrant la victoire en Ligue des Champions

Comme notre Baby Gunner est une défenseure, elle a beaucoup plus de liberté et de temps pour construire ses passes par rapport aux milieux. En effet les défenseurs sont souvent délaissés au marquage, notamment par les équipes avec un bloc bas. 

L’ancienne joueuse de l’académie aime prendre des risques et sait le faire. Elle a une très bonne capacité de dribbles, et n’hésite pas à progresser à travers le milieu de terrain. Ses actions vont permettre aux deux milieux de terrain (Caldentey et Little) de jouer beaucoup plus haut, et d’être plus proches des attaquantes. Cela laisse place à de meilleures combinaisons avec elles, en plus de créer en surnombre sur la défense adverse.  

L’absence de Leah Williamson fait que, soit Caldentey soit Little sont obligées de redescendre plus bas pour aller chercher la balle auprès des défenseures. Ce qui enlève ce surnombre que nous avions l’année dernière.  

Le problème du double pivot

La formation de Rénee Slegers est un 4-2-3-1 avec un double pivot. Pour qu’un double pivot fonctionne, il nécessite un milieu défensif, ainsi qu’un relayeur. Or Kim et Mariona ne sont l’un ni l’autre, et n’ont surtout pas de vocation défensive. Cela signifie que la défense se retrouve quelque peu livrée à elle-même, et qu’il n’y a surtout aucun milieu de terrain pour défendre L’ESPACE devant la défense. Lia Wälti était une milieu défensive qui savait très bien défendre l’espace, et surtout la seule de l’équipe à savoir le faire. C’est pourquoi sa vente au cours du mercato estival reste quelque peu surprenante.  

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Mariona Caldentey et Kim Little avec le trophée de la Ligue des Champions

Dans un 4-2-3-1, la troisième milieu de terrain importante est la numéro 10. C’est Maanum qui a hérité de ce rôle et qui a donc pour but de faire la connexion entre le milieu et l’attaque, ainsi que de servir les attaquantes. Malheureusement, Maanum n’est pas une numéro 10, et elle a du mal à être trouvée entre les lignes. Pour exemple, elle est, la plupart du temps, la joueuse qui touche le moins de balles par match (30 en moyenne).  

Frida reste une joueuse importante pour l’équipe. Elle a une très bonne qualité de tir, une très bonne qualité technique, et elle se retrouve souvent sur le scoreboard à la fin du match. Néanmoins elle n’est pas la joueuse qu’il faut à ce poste, surtout avec ce double pivot derrière elle.  

Un manque d’efficacité en attaque

Enfin, le dernier point que j’aimerais aborder est le manque d’efficacité en attaque. Arsenal détient le plus haut taux de possession de tout le championnat (59,1%) et le plus grand nombre de touches dans la surface adverse (249). En comparaison, Chelsea compte 57,8% de possession et 236 touches dans la surface adverse, et Manchester City compte 53,3% de possession et 230 touches. 

Ce sont de très belles statistiques et pourtant, sur les cinq derniers matchs joués, Arsenal enregistre seulement 9 occasions de buts, contre 15 pour les adversaires rencontrés.

Sur les 6 dernières rencontres, l’équipe de Renée marque en moyenne 1,16 but par match. C’est très peu, surtout quand on se rappelle cette incroyable statistique : avant le match contre Aston Villa, l’équipe a marqué 4 buts ou plus dans tous ses matchs de championnat à domicile depuis l’arrivée de Renée en octobre dernier, soit quasiment 1 an.  

Les statistiques citées plus haut montrent un très gros manque d’efficacité de la part des attaquantes, ainsi qu’une très grosse difficulté à se créer des occasions de but.  

Encore une fois, le problème pour moi, est le manque de connexion entre le milieu et l’attaque. Le positionnement de Caldentey, pièce maitresse de l’attaque et de la création l’année dernière, n’a jamais été aussi bas. Elle n’a donc quasiment aucune connexion avec l’attaque. 

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Russo a marqué un magnifique but contre West Ham

Le milieu de terrain, souvent en sous–nombre, a du mal à ressortir la balle, mais également à la transmettre à notre numéro 9, Russo. Cette dernière, connaissant ses qualités techniques dans la première touche de balle et dans l’orientation, n’hésite donc pas à redescendre chercher la balle, et servir également de point d’appui. Mais cela pousse à une désertion de son poste, et l’équipe se retrouve donc sans avant-centre dans la surface en transitions rapides.  

Le dernier point est le manque de créativité. En effet Arsenal est plutôt une équipe qui exploite l’espace, plutôt qu’une équipe qui en crée. Cela est donc un problème quand le onze se retrouve face à une formation qui parvient à fermer l’espace. C’est souvent le cas des équipes avec un gros bloc défensif.  

Les solutions

La question se pose donc. Mais quelles sont alors les solutions ? 

Renée a d’abord essayé de placer Lotte Wubben Moy en défense pour combler le manque d’apport de Williamson. En effet, Lotte est également une joueuse avec une très bonne qualité de passes longues. Malheureusement nous avons pu voir face au match contre City que ce n’était pas forcément la solution. Il est vrai que Lotte est une joueuse qui a peu joué l’année dernière et a peu de repères en défense. Elle a donc été en très grosse difficulté défensive face à Manchester. 

La solution à court terme semble être celle de Kyra Cooney Cross. La numéro 32 permet un rééquilibre du milieu de terrain. On passe donc d’un double pivot à un 4-3-3. 

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Kyra Cooney-Cross lors du match contre Benfica

Lors du dernier match face au Benfica, c’est la formation que Renée a utilisée. Nous avons remarqué une meilleure connexion entre le milieu et l’attaque, avec un placement beaucoup plus haut de Little et surtout de Mariona. Bien que Cooney-Cross ne soit pas non plus une milieu à vocation défensive, elle semble être le meilleur choix qui s’offre à nous à court terme.  

D’autant plus que Kyra est une jeune joueuse très prometteuse, ce n’est pas Ian Wright qui dira le contraire.  

Sur le long terme, nous allons devoir faire un gros travail de recrutement lors du mercato hivernal, avec priorité pour une défenseure centrale, une milieu défensive et une numéro 10, surtout si Renée veut garder son 4-2-3-1 avec double pivot. Mais pour le moment, les yeux sont rivés sur le match contre Leicester dimanche prochain. Nous espérons que Renée aura mis la trêve internationale à contribution pour trouver des solutions. 

#AFC

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