Manu Dos Santos : "Gagner en régularité collectivement et individuellement" | OneFootball

Le coach des U17, Manu Dos Santos, a répondu à nos questions alors que s’achève le premier semestre de la saison 2025-2026. Son bilan des six mois écoulés, ses ambitions pour la suite du Championnat National U17, la gestion des U16, la Coupe Gambardella ou encore le métier de formateur sont autant de sujets que nous avons évoqués avec lui.

Manu, alors que ton équipe a déjà basculé sur la phase retour en Championnat National U17, quel bilan fais-tu de ce premier semestre de la saison 2025-2026 ? C’est une première partie de saison que l’on peut juger moyenne. Mais bon, comme chaque année, on le sait, dans ce groupe U17 il y a tout à faire avec une nouvelle génération qui arrive à l’Academy et qui s’agrège à celle qui était dans cette même position la saison précédente. Cette saison c’est la « génération 2009 » qui a été rejointe par la « génération 2010 », avec laquelle on doit mettre les choses en place, inculquer les principes de jeu… L’idée directrice c’est que les nouveaux arrivants prennent l’habitude de tout ce qu’on va leur demander sur le terrain, mais aussi en dehors, avec un rythme qui est différent de ce qu’ils ont pu connaître jusqu’ici. Il leur faut donc un temps d’adaptation. Le temps aussi d’apprendre à découvrir leurs ainés, avec ce que cela comporte sur le plan sportif. C’est à dire se confronter à des joueurs qui sont un peu en avance sur eux, donc savoir travailler pour rattraper progressivement leur retard durant la saison.

Pour les joueurs qui entament leur deuxième saison à l’Academy il y a aussi un changement de statut qu’il faut digérer… C’est ça, les plus grands doivent aussi évoluer et être capables de jouer un rôle de locomotive pour emmener les plus jeunes avec eux et arriver à faire un groupe assez homogène afin d’être le plus performant possible le week-end. Fort logiquement, tout ça prend toujours un peu de temps. Malgré tout, cette saison est un peu différente des autres car on a eu de très bon résultats tout de suite, de la 1re à la 4e journée, avant de connaître une période un peu plus compliquée de la 5e à la 10e journée, puis de repartir sur une bonne série par la suite. Mais bon voilà, c’est dans la difficulté aussi qu’on peut voir certains éléments se révéler. Pour d’autres cela peut être l’inverse, mais cela fait partie du boulot de formateur.

Justement, quelle importance accordes-tu aux résultats de ton équipe en championnat ? Même si nos joueurs sont en formation, le résultat reste important puisqu’on les prépare pour le haut niveau et que dans le haut niveau c’est le résultat qui prime, c’est factuel. Malgré tout, la partie contenu est tout aussi importante et notre rôle c’est de trouver un bon équilibre entre formation et compétition. C’est primordial.

En comparaison à la saison précédente on a vu plus de joueurs U16 s’inviter sur les feuilles de match, le confirmes-tu ? Cette saison on a un groupe composé de 14 joueurs nés en 2009 (U17) et 16 joueurs nés en 2010 (U16). Comme chaque année, on a vu certains U16 s’imposer régulièrement en tant que titulaires. Sur ces joueurs je dirais que la proportion est assez proche de ce que nous avons pu observer lors des saisons précédentes. En revanche, nous avons effectivement eu un plus grande rotation de joueurs U16 qui ont pu venir sur le banc et grignoter du temps de jeu. On peut mettre en avant la qualité de cette « génération 2010 », mais aussi quelques défaillances au sein de la « génération 2009 », notamment les blessures, qui ont fait un peu de place aux plus jeunes.

En marge du championnat, des « performance games » dédiés à la catégorie U16 sont régulièrement organisés tout au long de la saison*. Quel but recherchez-vous à travers ces matchs ? Ces matchs sont le fruit d’une réflexion globale initiée par le fait que nous n’avons pas à l’AS Monaco de système préformation comme on peur le voir dans d’autres clubs. Quand les joueurs arrivent à La Diagonale en U16, ils n’ont pas les acquis, ni le vécu commun que des joueurs issus d’une « préfo » classique peuvent avoir. Alors on a imaginé un système qui nous permet de remédier à ce problème et dont ces « performances games » font partie.

Certains U16 ont déjà un temps de jeu conséquent en Championnat National U17. D’autres y font des apparitions régulières et certains sont encore un peu justes pour évoluer à ce niveau.

Manu Dos SantosCoach AS Monaco U17

Peux-tu nous détailler ce système ? Il faut déjà souligner le travail qui est effectué en amont par la cellule recrutement dirigée par Nicolas Weber. Quand un jeune s’engage avec nous, nous avons déjà une fine connaissance de son profil technique et humain. Cet engagement se matérialise alors par la signature d’un Accord de Non Sollicitation (ANS) entre le joueur et le club, qui intervient généralement deux ou trois ans avant son arrivée à l’Academy. À partir de là, Ruddy Ebondo prend le relais. Ruddy œuvre avec moi au sein du staff U17, mais il est surtout le coach référent de la catégorie U16 ainsi que du suivi des joueurs sous ANS. Il accompagne ces derniers jusqu’à leur intégration et veille ensuite à ce que celle-ci s’effectue le plus efficacement possible.

Ruddy Ebondo cumule plusieurs casquettes au sein du staff U17. Coach référent des U16 et responsable du suivi de joueurs sous ANS, il est aussi entraîneur adjoint de Manu Dos Santos.

C’est là que les « performances games » U16 entrent en jeu… Exactement. Comme je l’ai dit plus haut, certains U16 ont déjà un temps de jeu conséquent en Championnat National U17. D’autres y font des apparitions régulières et certains sont encore un peu justes pour évoluer à ce niveau. Malgré tout ils ont besoin de s’exprimer dans un cadre compétitif pour valider le travail effectuer toute la semaine à l’entraînement. Pour cela, nous avons la possibilité, grâce à l’Association, qui est dirigée par David Le Goff, de les faire évoluer le dimanche en U16 R2, voire en U17 R. Mais nous avons besoin d’aller plus loin et c’est là que les « performance games » interviennent. Ils nous permettent de faire évoluer les U16 de l’Academy face à d’autres U16 de clubs professionnels, dans un environnement plus proche de nos attentes. Cela nous permet de mieux les connaître tout en leur donnant du temps de jeu et du vécu commun. C’est une passerelle idéale vers la deuxième année de formation, quand les jeunes deviennent U17.

Pour ta part, sur ces matchs tu te mets en retrait et laisse Ruddy diriger l’équipe. Que t’apporte cette prise de recul sur la vision que tu peux avoir des jeunes U16 ? Le fait d’être un peu en retrait, c’est toujours intéressant. On a moins la tête dans le guidon. Prendre du recul permet de voir des choses que l’on ne perçoit pas quand on dirige l’équipe. On se concentre plus sur les attitudes. On peut avoir une approche plus individualisée des joueurs et donc une vision plus fine de leur qualité et des leviers que l’on peut activer pour les faire progresser.

Si à l’approche de la fin de la saison régulière nous sommes en mesure de jouer quelque chose, nous joueront le coup à fond car nous sommes des compétiteurs.

Mani Dos SantosCoach AS Monaco U17

Revenons sur le Championnat National U17. Après 15 journées ton équipe est en quatrième position au pied du podium. Quels objectifs as-tu fixé à tes joueurs pour la suite de la saison ? Notre objectif principal est d’être plus réguliers sur la deuxième de partie de saison que sur la première. Cela permettrait de valider le travail effectué durant le premier semestre. Si nous arrivons à acquérir cette régularité, nous serons plus performants. On verra ensuite où les résultats nous mèneront. Aujourd’hui, on a dans notre groupe une équipe, Clermont, qui s’est détachée des autres. Mais la saison est encore longue. On sait aussi que la deuxième place peut être qualificative pour la phase finale du championnat. Si à l’approche de la fin de la saison régulière nous sommes en mesure de jouer quelque chose, nous joueront le coup à fond car nous sommes des compétiteurs. Mais comme je l’ai dit, notre seule priorité pour l’instant est de gagner en régularité collectivement et individuellement.

Parlons un peu de la Coupe Gambardella. Cette compétition dédiée aux U18, mais ouverte également aux U17, voire aux U16, est un rendez-vous important chaque année. Cette saison elle concerne principalement donc les générations 2008 et 2009 et c’est à Saint-Étienne que l’AS Monaco effectuera son entrée en lice le 11 janvier prochain. Comment abordez-vous cette édition avec Frédéric Barilaro, le coach des U19 avec qui tu diriges l’équipe dans cette coupe ? Nous avons été exempts du premier tour fédéral qui s’est déroulé le 14 décembre. Même si cela nous a assuré une qualification pour les 32es de finale, nous aurions préféré jouer. Cela nous aurait permis de faire monter l’équipe en puissance avant un rendez-vous compliqué comme celui qui nous attend à Saint-Étienne. Néanmoins, Fred a déjà pu travailler avec les 2009 sur la dernière semaine avant la trêve, tandis qu’avec Ruddy nous étions concentrés sur les 2010 dans le cadre du « performance game » organisé à Montpellier. Cela a déjà pu lui donner quelques enseignements. Nous allons poursuivre ce travail de préparation dès la reprise de l’entraînement, afin d’être le prêts pour le déplacement à Saint-Étienne. Comme chaque saison nous abordons cette compétition avec ambition. L’AS Monaco a remporté cinq fois la Coupe Gambardella, cela dit beaucoup de l’importance qu’elle a pour notre club.

C’est une compétition qui a révélé pas mal de talents, on peut notamment citer Aladji Bamba ou Pape Cabral, qui ont débuté en Ligue 1 et en Champions League cette saison, et qui faisaient partie des vainqueurs de la Gambardella 2023. Pour ta part tu les as tous vu débuter dans ton groupe U17. Quel regard portes-tu sur leur évolution, qui est parfois très rapide d’ailleurs ? C’est toujours un plaisir pour un formateur de voir un joueur qu’il a encadré passer le cap du football professionnel. Quand ils arrivent en U16, il y a tout à mettre en place. Une fois que les bases sont posées, certains franchissent les étapes très rapidement. Pour d’autres cela demande plus de temps.  On a parfois des joueurs qui sont en difficulté en U17. Puis ils se révèlent en U19, voire même plus tard. D’autres sont performants très vite, mais sont en difficulté après. Chaque parcours est unique et ce n’est jamais linéaire. En tant que formateurs, nous devons répondre aux besoin de chacun tout en posant un cadre qui correspond aux standards et aux attentes du club. C’est toute la difficulté mais aussi toute la richesse et la beauté de notre métier.

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* les U16 ont disputé cinq « performance games » depuis le début de saison contre les U16 de l’AS Monaco Association, l’AS Cannes, l’AS Saint-Étienne, l’Olympique de Marseille et Montpellier HSC. Toutes ses rencontres ont été remportées par l’équipe dirigée par Ruddy Ebondo.