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·16 décembre 2025
Mercato : Vers une refonte historique du système des transferts

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Trente ans après l’arrêt Bosman, le système des transferts pourrait connaître un nouveau séisme. Une action collective inédite menée par des footballeurs professionnels vise directement la FIFA et remet en cause les fondements d’un modèle en place depuis plus de vingt ans.
Le 15 décembre 1995, l’arrêt Bosman bouleversait l’économie du football européen en consacrant la libre circulation des joueurs en fin de contrat. Trois décennies plus tard, ce cadre historique pourrait être dépassé. En toile de fond, une décision rendue le 4 octobre 2024 par la Cour de justice de l’Union européenne dans l’affaire Lassana Diarra. La juridiction a jugé certaines règles du règlement du statut et du transfert des joueurs (RSTJ) incompatibles avec le droit communautaire, notamment en matière de libre concurrence et de mobilité professionnelle.
Cette décision a ouvert une brèche. Elle sert aujourd’hui de fondement à une offensive judiciaire d’ampleur menée par la fondation Justice for Players, créée à l’été 2025, comme l'indique RMC Sport. L’organisation prévoit de déposer, début 2026, un recours collectif devant la cour d’Utrecht, visant la FIFA ainsi que plusieurs fédérations nationales influentes, dont la Fédération française de football.
L’objectif affiché dépasse largement la question financière, même si celle-ci est centrale. Selon les estimations avancées par les initiateurs du recours, près de 100 000 footballeurs ayant évolué entre 2002 et 2024 auraient subi une dévalorisation salariale estimée à environ 8 %, conséquence directe des règles encadrant les transferts et les indemnités. Les dédommagements réclamés pourraient atteindre plusieurs milliards d’euros.
Mais pour Justice for Players, le cœur du combat est ailleurs. Il s’agit de contraindre la FIFA à revoir en profondeur sa gouvernance et son processus décisionnel. Les plaignants dénoncent un système jugé unilatéral, dans lequel l’instance internationale édicte les règles sans réelle négociation collective avec les représentants des joueurs. Une critique relayée par plusieurs syndicats européens, dont l’UNFP en France, qui a décidé de soutenir l’initiative.
La FIFA, de son côté, met en avant les ajustements engagés après l’arrêt Diarra, notamment l’adoption d’un cadre réglementaire transitoire fin 2024 et l’ouverture de consultations sur l’avenir du RSTJ. Des mesures jugées largement insuffisantes par les syndicats de joueurs, qui estiment que les fondements du système restent inchangés.
En parallèle, l’UEFA a engagé un dialogue structuré avec plusieurs acteurs du football européen, sous l’égide de la Commission européenne, afin de redéfinir les principes du futur marché des transferts. Une initiative saluée publiquement par la FIFA, mais qui alimente aussi les accusations de double discours de ses détracteurs.
Si le recours collectif était jugé recevable, la FIFA serait contrainte d’ouvrir de véritables négociations. Un scénario qui pourrait redessiner l’équilibre des pouvoirs entre joueurs, clubs et instances. Pour certains anciens professionnels, cette démarche représente une opportunité historique de rééquilibrer un système jugé trop favorable aux institutions et aux dirigeants.
D’autres, plus prudents, s’inquiètent des conséquences potentielles sur la stabilité économique des clubs, notamment les plus fragiles. Entre avancée des droits des joueurs et préservation de l’écosystème, le football s’apprête peut-être à vivre une nouvelle mutation majeure, trente ans après Bosman.









































