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·26 juin 2021
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Prodige annoncé depuis quelques temps par ses entraîneurs, Mikkel Damsgaard vient en moins d’un an de donner une dimension inattendue à son avenir et à celui du Danemark. Retour sur l’éclosion d’un phénomène.
Andreas Skov Olsen, Mathias Jensen ou encore Andreas Cornelius. Le 12 juillet dernier, après que l’Euro nous ait livré la plus belle frayeur de son histoire aux dépends de Christian Eriksen, le sélectionneur danois Kasper Hjulmand sort tour à tour du banc ceux qui par leur impact offensif ou leur créativité pourraient pallier au vide laissé par le n°10. Avec Martin Braithwaite et Yussuf Poulsen sur le front de l’attaque puis Hojbjerg et Delaney dans l’entrejeu aux statuts d’intouchables, les places restantes sont donc chères dans le 4-3-3 du Danemark.
Une fin de match dénuée de sens jouée le couteau sous la gorge et des jours de traumatisme plus tard, Kasper Hjulmand décide de revoir toute son organisation. Quitte à ce que ce soit le chaos général, autant en profiter pour voir les choses en grand. Exit le 4-3-3, place au 3-4-3. Christian Eriksen ne sera pas, comme ce fut le cas pour achever le calvaire finlandais, remplacé poste pour poste par un joueur nécessairement moins talentueux (Mathias Jensen en l’occurrence). Et Mikkel Damsgaard, 2 sélections et demi au compteur, resté sur le banc lors du match inaugural, est propulsé titulaire pour affronter la Belgique. Même si Poulsen aura donné le ton le premier en ouvrant le score, il n’aura pas fallu longtemps pour que Damsgaard marque de son empreinte la rencontre. La chance du débutant ? Certainement pas.
De l’avis de ses formateurs à Nordsjaelland, Damsgaard fera de grandes choses. Ses débuts en professionnel confirment ces dires, même si son club ne domine plus le championnat national comme c’était le cas au début des années 2010. Lancé dans le grand bain à 17 ans, le natif de Jyllinge arrive à l’été 2020 en ayant bouclé deux saisons pleines. Bilan individuel lors de celles-ci: 12 buts et 17 passes décisives en championnat. De beaux chiffres pour un joueur n’ayant pas encore la vingtaine, mais pas le point le plus intéressant dans son cas.
Pour commencer, ce joli bilan aura été réalisé en jouant… d’abord au milieu de terrain, puis ailier gauche. Difficile pour l’entraîneur de savoir comment utiliser au mieux son joueur. Rapide, doté d’une superbe vision de jeu, excellent dans les petits espaces, ayant une bonne frappe de balle… Une saison dans le milieu lui aura permis de montrer sa capacité à réguler le jeu et lâcher sa dizaine d’assists, une autre plus haut sur le terrain à harceler les défenses et passer le barre des 10 buts. L’été 2020 est donc déjà le moment de mettre les voiles loin du championnat local déjà trop petit pour la progression qui l’attend.
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En revanche, quitte à rejoindre un championnat plus exposé, il y aurait sans doute eu plus compatible avec son profil que le projet de jeu de la Sampdoria de Claudio Ranieri. Bien qu’au final, on ne pourra pas reprocher au Mister de ne pas avoir tenté de faire de la place au petit prodige. L’affaire était pourtant mal embarquée. Première ébauche de plan pour cette Samp’: un 4-4-2 bien rigide, avec les expérimentés Jankto et Candreva dans les couloirs. Dans l’axe, là aussi de l’expérience avec Albin Ekdal accompagné de Thorsby ou Verre. En bref, Ranieri préfère largement privilégier des joueurs à la discipline tactique et à la capacité à défendre bas irréprochables plutôt que de véritables manieurs de ballons, l’utilisation de celui-ci passant au second plan.
Les opportunités de jouer vont néanmoins arriver très vite. Malgré sa méconnaissance de la rigueur italienne, Damsgaard profite de la maigreur de l’effectif des Blucerchiati notamment du point de vue de la vitesse, pour se montrer. Et pas toujours là où on l’attend. En effet, on ne compte plus le nombre de postes différents où il aura évolué au cours de cette saison en Serie A. Dans une équipe dont le système aura été souvent changé, Damsgaard aura occupé les 6 postes les plus avancés du 4-4-2, les 3 postes derrière l’attaquant d’un 4-2-3-1, la fonction de relayeur dans un 3-5-2 ou encore le rôle de trequartista dans d’autres configurations à l’occasion. Compliqué dès lors d’assurer de la stabilité dans les performances, comme en attestent ses maigres statistiques de 2 buts et 4 passes décisives en 17 titularisations et 18 entrées en jeu.
Les véritables satisfactions se trouvent alors dans des matchs isolés, comme lors du succès 3-0 contre la Lazio où il marque un but, mais aussi et surtout contre l’Inter en janvier dernier. Forcément sevré de ballons, il aura exploité chacun d’entre eux pour mettre à mal l’arrière-garde interiste, déposant même Bastoni d’un grand pont avant d’offrir le but de la victoire à Keita Baldé (2-1). Le reste de la saison, ses qualités auront forcément été noyées dans le grand marasme collectif de la Samp’, bien que la 9e place finale laisse penser à un exercice plutôt positif. Dans le cas d’un joueur de ballon comme Damsinho, il aura été sans doute principalement frustrant, bien que riche d’enseignements d’un point de vue tactique ou encore dans la prise de responsabilités. Et aurait sans doute appelé à une suivante avec simplement plus de temps de jeu, devant du public et avec la même équipe dans un monde normal.
Il y aura eu l’épisode Eriksen en sélection. Mais plus tôt dans la saison, un autre évènement a bouleversé certaines hiérarchies dans la sélection danoise. En novembre 2020, celle-ci s’est vue amputée de nombreux joueurs en vue de son rassemblement. Le Covid-19 ayant touché les visons au Danemark et menaçant de se répandre massivement à leur contact, aucun joueur évoluant sur le sol britannique n’a eu le droit de se rendre à Copenhague.
L’occasion est donc rêvée pour de nouvelles têtes de se montrer. Parmi elles, Damsgaard, qui offre un but à Alexander Bah contre le Suède (2-0). Dans la foulée, le néo-génois inscrit deux buts et en offre deux autres contre la Moldavie (8-0). L’occasion a été saisie au bon moment. Damsgaard est dans les petits papiers du sélectionneur et entrera en jeu contre l’Allemagne avant l’Euro, histoire de confirmer qu’il sera dans le groupe, bien qu’une place dans le 11 ne semble pas d’actualité. Puis vient donc le fameux chamboulement suite à l’épisode Eriksen.
L’inspiration de Hjulmand aura été la meilleure possible, et le sélectionneur danois vient donc de se faire révélateur de la pépite danoise en étant le premier à mettre le joueur bien en évidence le premier à ce niveau. En positionnant Damsgaard milieu offensif gauche de son 3-4-3, il s’offre le bénéfice de toutes ses qualités tout en gommant la majorité de ses défauts. Positionné plus haut que dans son quotidien en club, il n’a pas besoin de faire des dizaines de kilomètres pour influer sur le jeu, à plus forte raison quand deux régulateurs comme Delaney et Hojbjerg se trouvent derrière lui.
Ce qu’on attend de Damsgaard alors, c’est d’être incisif, créatif, imprévisible. De sa position, il a tout le loisir d’exploser sur les transitions offensives comme de se balader entre les lignes sur les attaques placées. Être très axial quand les très mobiles Poulsen et Braithwaite lui ouvrent la porte comme de s’échapper le long de la ligne au gré des incursions de Maehle. Dans tous les cas, les solutions pour combiner ne sont jamais loin. Cerise sur le gâteau, dans cette configuration, le joueur de la Samp n’a qu’a défendre sur ce qui se trouve devant lui, et non dans son dos.
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Ajoutez-y tout l’enthousiasme lié au fait de jouer des matchs de l’Euro à domicile et toute l’adrénaline liée au contexte de la sélection danoise, et vous obtenez un joueur survitaminé, capable de tout. La Belgique en a fait les frais pendant 45 minutes avant que Kevin De Bruyne ne sauve sa patrie. La Russie en revanche, aura bu ce cocktail explosif jusqu’à la lie, enchaînant les shots dévastateurs à partir de la 37e minute et un missile dans la lucarne. Damsgaard est devenu, en deux matchs, le visage d’une sélection qui s’est brusquement réveillée d’un cauchemar, est devenu le joueur qui porte toute la folie d’un football en sommeil depuis les années 90, ressuscitant l’esprit de la Danish Dynamite.
Plus étonnant alors de voir le nom de grands clubs se lier à celui de Damsgaard, à l’heure où ce mélange de qualités se perd dans le football moderne. Il faudra en revanche laisser le temps à jeunesse de se faire hors de cette parenthèse complètement unique. Une parenthèse que l’on souhaite quand même voir durer, qui fleure bon l’insouciance, 1992 et le grand football.