Foot National
·23 octobre 2025
"On a vu qu'il avait quelque chose" : sur les traces d'Ange-Yoan Bonny, passé de Chambray et Châteauroux à l'Inter Milan

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·23 octobre 2025

C'est un nom que le grand public commence doucement mais sûrement à connaître. Transféré de Parme à l'Inter Milan durant le dernier mercato estival, le jeune attaquant français Ange-Yoan Bonny (21 ans) fait effectivement son trou chez les vice-champions d'Europe. L'occasion de revenir sur les traces du natif d'Aubervilliers, notamment passé par la formation du FC Chambray et de la Berrichonne de Châteauroux.
Et soudain, un Ange est passé. Bonny, de son nom de famille. Samedi 18 octobre, lors du choc de la septième journée de Serie A, le jeune attaquant français de l’Inter Milan a permis à son équipe de l’emporter sur la pelouse de l’AS Rome. Dans le mythique Stadio Olimpico, l’Intériste de 21 ans s’en est allé dès la sixième minute défier en face à face le dernier rempart romain. Un duel remporté avec sang-froid par le talent tricolore, unique buteur du match et de la victoire milanaise (1-0). De plus en plus en vue depuis son arrivée en Lombardie lors du dernier mercato estival, l’ex-joueur de Parme, auteur de 3 buts et 3 passes décisives en 7 apparitions en championnat, change doucement mais sûrement de dimension sous le maillot des vice-champions d’Europe. Ce qui n’étonne pas vraiment ceux qui ont eu l’occasion de le côtoyer et de le coacher durant sa formation.
C’est le cas de Benjamin Perroux, éducateur du natif d’Aubervilliers lors de son passage dans la catégorie U13 du FC Chambray en 2015-2016. Après de premiers pas balle au pied effectués à La Rochelle Villeneuve puis au FC Périgny précédemment, c’est dans le club d’Indre-et-Loire qu’Ange-Yoan Bonny poursuit sa progression. À sa découverte, le technicien de 40 ans est de suite marqué : « Quand je suis arrivé, il avait déjà une prestance, nous raconte-t-il. Outre son aspect athlétique un peu au-dessus des autres, il avait déjà un rôle de leader sur le terrain et en dehors ».
Enfant « très bien éduqué », le Francilien d’origine se veut également curieux et intéressé : « À cette époque, il voulait toujours savoir pourquoi on fait ci, pourquoi on fait ça. Il questionnait pas mal de choses. On voyait déjà qu’il y avait quelque chose chez lui », assure Benjamin Perroux. « Souriant », « attachant » et « blagueur », Ange-Yoan Bonny se démarque techniquement sans encore fixer son véritable poste : « Il jouait milieu de terrain ou attaquant », indique son ancien éducateur, qui s’appuie déjà à l’époque sur celui qu’il appelle toujours « Capitaine ».
« Il avait ce caractère qu’on aime voir chez les joueurs en tant qu’éducateur. Il emmenait tout le monde, avec cet aspect de leader », se remémore-t-il. Et compétiteur, en plus de ça : « Dans les 2 contre 2 à l’entraînement, il n’aimait pas perdre. » Après deux autres saisons à Chambray, c’est ensuite au Tours FC que le jeune offensif poursuit sa montée en puissance. Il y découvre les U17 Nationaux et tape dans l’œil de la Berrichonne de Châteauroux, qui l’enrôle en 2019. Sans l’avoir « connu longtemps », Nicolas Usaï, l’entraîneur de l’équipe fanion en Ligue 2 à ce moment-là, s’en souvient parfaitement. Car c’est tout simplement le technicien natif de Marseille qui lance le phénomène dans le grand bain en octobre 2020. Le 31 octobre, plus précisément, lors d’un match de championnat contre Nancy.
« Je l’ai lancé avec Siriné Doucouré, se rappelle l’actuel coach du Pau FC. Ce sont des garçons que je suivais régulièrement l’année précédente lorsqu’ils étaient en U17 Nationaux. » Car sur recommandation de son directeur sportif Jérôme Leroy lors de son arrivée en 2018, Nicolas Usaï pose un œil attentif sur « les jeunes » de la Berrichonne. Il trouve en Bonny et Doucouré, deux gamins de 17 ans, la parfaite relève à … Jean-Philippe Mateta et Yoane Wissa, aujourd’hui en Premier League et internationaux. Ces deux « garçons » qu’il ne peut « séparer », « auraient pu très bien fonctionner ensemble », estime l’entraîneur de 51 ans.
« Très rapidement, on a vu que ces deux jeunes avaient quelque chose », insiste-t-il. Mais même s’ils sont indissociables à ses yeux, Ange-Yoan Bonny se distingue de son binôme : « La grande force de Siriné, c’était sa vitesse. Ange-Yoan avait quelque chose d’un peu plus complet : l’utilisation de ses deux pieds, le jeu dos au but, dans les petits espaces et les appels, … », énumère Nicolas Usaï. À l’instar de Benjamin Perroux, et au-delà du talent footballistique évident, ce dernier est frappé par la « maturité et le calme » du jeune loup : « Il n’était pas introverti, mais il observait beaucoup ».
Et à force d’observer et de travailler, Ange-Yoan gratte donc sa première apparition en professionnel à l’automne 2020 : « Il fait sa première feuille de match fin septembre, sa première mi-octobre et l’idée, c’était qu’il puisse prendre le pouvoir avec Siriné et avoir plus de temps de jeu après la trêve hivernale. Malheureusement, l’histoire pour moi s’est arrêtée là. » Remercié durant le mois de décembre par la direction castelroussine, le coach émet alors un gros regret : « Ma frustration avec Ange-Yoan, c’est de ne pas avoir été au bout de la saison parce qu’à terme, c’est un garçon qui aurait pu jouer. Derrière, il y a eu des problèmes contractuels avec la Berri ».
Dans la foulée, le courant ne passe effectivement pas entre Ange-Yoan Bonny et le successeur de Nicolas Usaï, Marco Simone. Au printemps 2021, et alors que le jeune attaquant gratte quelques minutes par-ci par-là en Ligue 2 et marque même son premier but en professionnel, l’Italien acte la rupture : « S’il y en a un qui ne veut pas rester à Châteauroux la saison prochaine et qu’il l’exprime clairement, ce n’est plus la peine de le faire jouer, je vais perdre mon temps. J’ai besoin de voir des joueurs qui ont envie de poursuivre ici », assène à l’époque l’ex-vedette du Paris Saint-Germain et Monaco, qui dénonce un « problème social intégré au football. À partir du moment où, à son âge, on place l’argent avant le projet sportif, pour moi c’est terminé ».
Écarté pour la fin de saison, le jeune Castelroussin décide quelques semaines plus tard de changer d’air et rejoindre le pays de Marco Simone. « Partir en deuxième division italienne à cette époque-là, c’est un choix qui pouvait paraître surprenant, commente Nicolas Usaï au sujet de celui qui signe finalement pro du côté de Parme. Mais il a pris un chemin un peu différent que d’autres. Quand on voit ce qu’il réalise aujourd’hui et que l’Inter Milan va le chercher cet été, c’est qu’il a passé des paliers. Je ne suis pas surpris de le voir au haut niveau. Je pense que son évolution n’est pas terminée », juge-t-il.
Même constat pour Benjamin Perroux : « L’évolution footballistique, il le doit à son travail, souligne-t-il. Maintenant l’objectif, c’est de devenir titulaire. Je pense qu’il peut l’être. Je le vois même aller encore un peu plus loin. Pourquoi pas le Graal avec l’équipe de France ? », interroge l’animateur sportif, qui verrait bien l'international Espoirs (2 sélections en 2024) évoluer en Angleterre, « dans un championnat qui pourrait peut-être plus lui correspondre, plus athlétique, qui lui permet de prendre de la vitesse. Mais en Italie, il s’en sort très bien. » En attendant de traverser un jour la Manche, Ange-Yoan Bonny n’oublie pas d’où il vient.
« Il est revenu en fin de saison passée à Chambray. Il n’a pas hésité à venir prendre des photos avec les enfants. Il sait d’où il vient. Je pense qu’il est assez humble par rapport à ça. Et je pense qu’il est bien entouré, je connais un peu la famille autour. Quand t’es bien entouré, tu peux bien travailler et être bien dans ta tête », affirme Benjamin Perroux. Pour le Francilien d’origine, ça semble clairement le pas. Épanoui en Lombardie, Ange-Yoan Bonny aura de nouveau l’occasion de prouver son acclimatation au très haut niveau dès ce samedi 25 octobre, lors du choc de Serie A à Naples, sur le terrain du champion d’Italie en titre.
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