Foot National
·24 octobre 2025
"On est une équipe de Ligue 1,5" : à Metz, un début de saison catastrophique et des "fantômes" qui reviennent.

In partnership with
Yahoo sportsFoot National
·24 octobre 2025

Metz réalise un très mauvais début de saison en Ligue 1 : dernier du championnat, sans la moindre victoire et avec seulement deux points au compteur après huit journées. Le club lorrain, en difficulté, peine à se hisser au niveau depuis sa montée. Mais ce constat ne date pas d’hier ...
Metz est sans conteste un grand nom du football français, mais le club lorrain traîne depuis des années une étiquette qui lui colle à la peau : celle du "roi de l’ascenseur". Les Grenats se sont fait une spécialité de descendre en Ligue 2 après chaque retour dans l’élite. En chiffres, le FC Metz compte 11 relégations (un record) pour 8 montées (record également) depuis la création du championnat de première division. Le club détient aussi le triste record de 7 descentes en Ligue 2 au XXIᵉ siècle, dont six remontées immédiates la saison suivante.
Cette année encore, la tendance semble se confirmer. Les hommes de Stéphane Le Mignan occupent la dernière place du championnat, sans la moindre victoire et avec seulement deux points après huit journées. Un début de saison catastrophique qui fait du FC Metz la pire équipe des cinq grands championnats européens. Et un statut qui illustre l’ampleur de ses difficultés actuelles.
Bien que ce retour en Ligue 1 - un an seulement après la descente de 2024 - ne se déroule pas comme prévu, "le club n’a pas encore baissé les bras", confie Angelo Salemi, journaliste au Républicain Lorrain, qui suit les Grenats depuis dix ans. Mais il constate aussi que "la première victoire commence à se faire attendre. Il y a des fantômes des saisons précédentes qui reviennent".
Le FC Metz, spécialiste des allers-retours entre les deux principales divisions, souffre souvent de problèmes internes qui fragilisent ses remontées : "Il y a deux ans, la saison avait été très mal préparée. Les joueurs recrutés étaient de niveau Ligue 2. Il y avait de gros problèmes dans la cellule de recrutement. Cette saison-là, Mikautadze avait sauvé le club", rappelle Angelo Salemi.
Pour la montée de 2025, les supporters espéraient un scénario différent. Florian Tonizzo, créateur de la chaîne Grenadine consacrée à l’actualité du FC Metz, se souvient du barrage d'accession de mai dernier (1-1 ; 3-1) : "Contre Reims, c’était exceptionnel. Lors des dernières montées, on jouait souvent en bloc bas, mais cette fois, on avait un vrai jeu vers l’avant. Il y avait un sentiment que ce serait différent, qu’on ne monterait pas pour défendre à dix. Il y avait plus d’espoir. " Mais l’euphorie de la montée est vite retombée après les premiers matchs de championnat. Comment expliquer que le club de Bernard Serin peine autant à s’installer durablement dans l’élite ?
Alors que la plupart des clubs français ont vu leur budget affecté par la crise des droits TV, Metz figure parmi les plus fragilisés financièrement : "Pour la première fois, le club baisse son train de vie alors qu’il est monté. Il y a pas mal de déplacements en bus plutôt qu’en avion, pour réduire les coûts", révèle Angelo Salemi. Même le mercato a été impacté : "Le recrutement s’est tourné vers des joueurs issus de championnats mineurs", comme le gardien de but Jonathan Fischer recruté en Norvège ou le défenseur Terry Yegbe enrôlé depuis la Suède.
Pour Florian Tonizzo, cette situation est paradoxale : "Publiquement, on dit qu’il n’y a pas de moyens, mais en coulisses, les salaires proposés aux recrues sont dérisoires. Il y a un double discours." Selon lui, le club vend régulièrement pour assurer sa survie économique : "On essaie d’avoir des finances saines. Les ventes servent à combler les 15 à 20 millions d’euros qui manquent chaque année." Un cercle vicieux qui pèse lourdement sur le sportif et finit par frustrer les supporters.
Malgré un public fidèle, avec 23 661 spectateurs en moyenne à Saint-Symphorien, la lassitude commence à gagner les travées. "Les supporters seront toujours là, mais on sent de la lassitude", reconnaît Florian Tonizzo. Des discussions ont même eu lieu entre joueurs et fans : "Il y a eu une réunion entre les supporters et le joueur Koffi Kouao pour rétablir le dialogue. Il a tenu à rassurer en affirmant que les joueurs ne baissaient pas les bras. Le climat s’est un peu tendu après les matchs contre Le Havre (0-0) et l’OM (0-3)".
La véritable crainte des supporters reste toutefois de voir Bernard Serin céder le club à un mauvais repreneur. Beaucoup redoutent un scénario à la Strasbourg, devenu un club satellite, ou pire encore, à la Sochaux ou Nancy, tombés à une époque récente entre de mauvaises mains. Pour se redonner un peu d’espoir, les fans messins rêvent d’un beau parcours en Coupe de France : "Les supporters aimeraient une parenthèse enchantée. Quand on voit des clubs de L2 ou de National aller loin, pourquoi pas nous ?", se demande Florian Tonizzo.
"On a conscience que notre équipe n’a pas le niveau de la Ligue 1, reprend ce dernier. On est une équipe de Ligue 1,5. Dès qu’on fait des changements, on perd en qualité. C’est pour ça qu’on s’effondre en fin de match", analyse-t-il. La Coupe d'Afrique des Nations, qui pourrait concerner plusieurs joueurs de l'effectif cet hiver (21 décembre au 18 janvier), le manque de moyens et l’inexpérience de l'effectif risquent encore d’alourdir la tâche. Pour Angelo Salemi, la situation est préoccupante, mais pas désespérée : "Une victoire, et le train peut repartir. Les Messins ne sont qu’à quatre points d’Auxerre, 14e." Le journaliste souligne aussi les progrès structurels du club : "Sportivement, on stagne, mais sur les infrastructures, ça avance : nouveau centre d’entraînement, nouvelle tribune…", énumère-t-il.
Le salut pourrait venir de la formation, toujours florissante. Le club messin a révélé des talents comme Sadio Mané, Kalidou Koulibaly ou encore Miralem Pjanić durant ces dernières années. Le dernier en date, Brian Madjo, 16 ans et 1,93 m, est déjà évalué à 4 millions d’euros par Transfermarkt. Titulaire dès la première journée contre Strasbourg, il est devenu le plus jeune joueur de l’histoire du club en Ligue 1. Suffisant pour entrevoir un maintien dans l'élite ? Pas sûr.
Entre 1967 et 2002, le FC Metz a évolué 35 saisons consécutives en Ligue 1, la troisième meilleure série de l’histoire du championnat. Preuve que dans le football, toutes les dynamiques, qu’elles soient positives ou négatives, finissent toujours par s’inverser.
Retrouvez l'actualité du monde du football en France et dans le monde sur notre site avec nos reporters au coeur des clubs.









































