Pailladins d’ailleurs #12 – Lucas de Bruxelles | OneFootball

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·18 novembre 2024

Pailladins d’ailleurs #12 – Lucas de Bruxelles

Image de l'article :Pailladins d’ailleurs #12 – Lucas de Bruxelles

S’il vous arrive de pester contre la génération Z, de les imaginer faignants, désintéressés du football, addicts aux écrans et aux réseaux sociaux, c’est que vous n’avez probablement pas encore rencontrer Lucas. En avril 2022, à seulement 17 ans, le Bruxellois a rejoint AllezPaillade faisant de lui le petit jeune de l’équipe. Toujours un œil sur Twitter, il est capable de savoir quel club est sur Joris Chotard avant même que le principal intéressé soit au courant. Bref, en quelques mois, il a dépoussiéré notre rédaction au point de devenir « le meilleur d’entre nous » comme dirait Jacques Chirac.

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Photo de la fanzone française du dernier Euro organisé à Bruxelles où vivent près de 70 000 français. Ce jour-là dans la salle rien de moins que l’ambassadeur de France en Belgique.


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Bien que son passeport soit tout ce qu’il y a de plus français, Lucas au fond c’est aussi un Belge. Et s’il ne veut pas trop le laisser paraître, son accent trahit une filiation avec le pays de François Damien et Eden Hazard. « Du côté de mon père, une partie de ma famille vient de Montpellier. De base, ils étaient du Nord mais ils ont bougé dans le Sud quand mon père était tout jeune. Donc de puis tout petit même en Belgique, j’ai été bercé par le MHSC mais c’est en grandissant que la passion est vraiment montée d’un cran ».  Au point de lancer à l’adolescence plusieurs pages « fan » du club sur Instagram.

« Quand j’étais petit, c’était un peu la mode. Tout le monde ouvrait sa page, il y avait « fan Mollet », « fan Laborde », il y avait même un « fan Makouana ». Moi j’avais une page plus généraliste. Avec le recul, je me rends compte que je faisais un peu n’importe quoi, mais ça m’a permis de parler à Hilton ou Laborde. Ils étaient super réactifs par message. » Et tant mieux parce qu’il fallait au moins ça pour s’accrocher au club quand on est né en 2005. A l’inverse de la mienne, la génération de Lucas n’a pas connu le titre « j’avais 7 ans, j’ai su qu’on était champion, je voyais mon père content, mais je ne comprenais pas l’exploit en fait. Pour moi, si on était premier, c’est qu’on était un gros club et donc tout était normal ». Dans son panthéon personnel, on retrouve donc assez logiquement des matchs de la période 2017-2021 : le derby gagné 3-0 contre Nîmes « je devais avoir 14 ans, j’étais dans ma chambre au fin fond de la campagne wallonne à exploser, seul », la victoire contre Paris 3-2 en 2019 et la gifle 3-0 infligée à Marseille en novembre 2018.

https://twitter.com/lucaschampainne/status/1857771124894908510?t=CdIunH0My4D8Rj0IVoEUpQ&s=19

« Au stade, j’ai aussi vécu le match qu’on gagne 2-1 contre Lyon avec la frappe de Souquet. Je pense que c’est le meilleur que j’ai vu depuis les gradins ». Une maigre consolation pour celui qui suit son équipe principalement à l’extérieur. « C’est simple, je n’ai jamais vu Montpellier gagner en déplacement. Enfin, si, j’ai vu une victoire contre Reims Saint-Anne en coupe de France, avec un but à la 6e minute. Un match dégueulasse tandis qu’on avait mis l’équipe type. »

Pourtant, le Bruxellois ne ménage pas ses efforts. On l’a vu à Lille, Paris, plus récemment Rennes et Reims, « même si c’est vraiment le bordel pour aller là-bas » à la recherche de son graal : les trois points pour la Paillade. Au moins dans son chemin de croix, Lucas peut compter sur son père. « On fait souvent les déplacements à Lille, puis l’été quand je suis à Montpellier pour voir la famille, je vais toujours à La Mosson avec lui. Ses grands kiffs à lui c’était Bakayoko et Ziober. Bon, il n’a pas eu de chance, on est quatre dans la famille et ni mon frère ni mes deux sœurs aiment le foot. Comme j’étais le petit dernier, je voyais bien qu’il voulait que j’aime le foot quand j’étais petit. » Coup de chance ça a marché et peut-être même un peu trop bien.

Car le football a fini par occuper une grande place dans sa vie. En plus de son amour pour le MHSC, Lucas cultive un lien particulier avec l’Union Saint Gilloise. « On dit souvent qu’il faut supporter le club de sa ville. Bon, moi, je vis à Bruxelles. Anderlecht, je n’aime vraiment pas la mentalité de leurs supporters, le RWD Molenbeek pareil, j’aime pas du tout. L’Union, c’est un peu un club multiculturel, t’as toutes les classes sociales dans les tribunes, toutes les nationalités, des politiciens, des hommes de ménage, explique-t-il. On va dire que c’est un club gentil, les ultras sont très soft même s’ils font beaucoup de bruit. J’ai déménagé à Bruxelles au moment de leur remontée, au moment du rachat par Brighton, donc ça a bien matché. L’Union, c’est un des clubs les plus titrés du pays, mais un club qui s’est éteint pendant longtemps des années 80 jusqu’à 2016-2017. Ils ont été rachetés sans vraiment perdre leur âme, ça a totalement fonctionné ce rachat. Ils ont gagné la coupe de Belgique l’an dernier. J’étais au stade ce soir-là, ça jouait au Roi Baudoin [le stade national], c’était un sacré match. Sinon, les saisons précédentes ils ont perdu le titre deux fois à un ou deux points. Il faut savoir qu’en Belgique t’as un système de play-off, où tu divises tes points par deux. L’Union était largement en avance sur la saison régulière mais comme ils ont mal géré les play-offs, ils ont fini par se faire rattraper. »

Des particularités du système belge que Lucas connaît bien puisque lorsqu’il n’est pas au stade Joseph Marien, c’est qu’il est sûrement sur une des pelouses de la cinquantaine de clubs que compte le comité de football de Bruxelles où il sévit en tant qu’arbitre. « Du fait du multilinguisme, la Belgique est divisée en quatre zones différentes, moi j’arbitre juste sur Bruxelles et les alentours. Je suis envoyé un peu partout, mais il m’arrive d’arbitrer de formation de Bruges, d’Anderlecht, de l’Union Saint Gilloise, donc des matchs qui comptent avec de bonnes équipes de jeunes. » De quoi en faire un métier ? « C’est assez compliqué en Belgique, tu peux monter très vite comme stagner. Il y a beaucoup moins de divisions qu’en France et ça dépend de tes observations. Si par chance, tu es vu trois fois dans la saison et que tes observations sont bonnes, tout peut aller très vite. Le problème, c’est aussi qu’il y a une grande instabilité au niveau de la fédération, on a eu trois présidents en six mois. Je garde ça dans un coin de ma tête, mais il faut être réaliste l’arbitrage y est beaucoup moins professionnel qu’en France, ils sont payés dix fois moins, donc t’as un métier à côté ».

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Lucas avec la légende Isaac Mbenza sous les couleurs de Charleroi

Ça tombe bien pour préparer au mieux son avenir, notre apprenti arbitre a un autre plan. Depuis la rentrée 2024, il a rejoint une école de commerce spécialisée dans le sport dans l’objectif de faire sa place dans le petit milieu du ballon rond. « C’est encore difficile pour moi de me projeter parce que j’aime toutes les facettes du foot pro, l’événementiel, la formation, le business, le marketing. J’ai l’impression de tout aimer, en rigole Lucas qui va bientôt débuter un stage pour essayer d’y voir plus clair. « Je vais avoir une première expérience dans la vente et le conseil, l’an prochain, j’aimerais plutôt trouver dans la communication ou l’évènementiel ». Il faut dire que c’est peut-être le domaine dans lequel le Bruxellois est le plus à l’aise. En plus d’AllezPaillade, il fait aussi partie de l’équipe du compte twitter ActuL1 qui compte près de 100 000 followers et qui vise à relayer au mieux l’actualité globale de la Ligue 1. « Je les ai rejoints quand ils avaient 5-600 abonnés, c’était un petit compte. Au fil du temps, ça a bien pris et ça m’a permis de vivre de supers moments : il y a deux ans, j’ai rencontré Olivier Dall’Oglio juste après son limogeage. Puis, on a réussi à obtenir des accréditations pour deux matchs amicaux : Mönchengladbach-Montpellier et Louvain-Lens. A Gladbach, c’était ma grande première, il n’y avait pas beaucoup de journalistes donc c’était fou, j’avais vraiment accès facilement aux joueurs. Bon, pour certains, genre Mamad, j’ai bien compris qu’ils ne voulaient pas parler, c’était mort. Mais Der Zak m’a beaucoup étonné, lui qu’on imagine très fermé, il est resté parler 15 minutes avec nous alors qu’on était que deux. A Louvain, même si ce n’était pas le MHSC, c’était super, il y avait eu beaucoup de faits surprenants avec notamment de grosses bagarres entre supporters en tribune. »

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La splendide salle de presse de l’OH Louvain.

Avant de laisser Lucas à son sifflet, je ne résiste pas à l’envie de lui demander si au fil de ses pérégrinations il avait accumulé quelques anecdotes à me partager. Bon client, Lucas commence par me raconter ses aventures bruxelloises comme la fois où il a trouvé deux maillots du MHSC du début des années 2000 dans la seule boutique de foot vintage de la capitale belge, ou quand dans la campagne wallonne profonde, il a repéré une dame qui se baladé avec un parapluie du MHSC. Il pourrait aussi vous raconter la fois où on l’a filmé en train d’essayer de convaincre le meilleur joueur de l’Union Saint Gilloise de rejoindre le MHSC. Mais je crois que ma préféré c’est celle de ce supporter azerbaidjanais de Montpellier qu’il avait connu quand il avait un compte fan. « Il était vraiment supporter, il connaissait tout les joueurs, suivait tout. En revanche, il aimait pas du tout Der Zak parce qu’il est arménien. Je me souviens, quand ils ont nommé ODO, il était trop content. »

Tiens, tiens ça nous donnerait presque envie de partir direction l’Azerbaijan pour le prochain épisode.

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