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·12 mars 2025

PORTRAIT : Djaoui Cissé, la surprise tant attendue

Image de l'article :PORTRAIT : Djaoui Cissé, la surprise tant attendue

La formation rennaise a pris l'habitude de faire émerger des talents dès 16 ans mais c'est bien au lendemain de ses 21 printemps que Djaoui Cissé a surpris son monde en (…)

Image de l'article :PORTRAIT : Djaoui Cissé, la surprise tant attendue

La formation rennaise a pris l’habitude de faire émerger des talents dès 16 ans mais c’est bien au lendemain de ses 21 printemps que Djaoui Cissé a surpris son monde en s’imposant comme une révélation sous les ordres d’Habib Beye. Un talent technique, un travail athlétique, une personnalité atypique, SRO dresse le portrait du longiligne milieu de terrain.


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Il lui aura fallu un mois, et bien plus que ça. Un mois jour pour jour après sa première titularisation en Ligue 1, Djaoui Cissé a inscrit son premier but face à Montpellier le 2 mars dernier, d’une sublime frappe du droit. Un éclair au moins aussi important que le bagage que déploie depuis le 2 février le milieu de terrain, révélation de la saison. Mohamed Kader Meité n’est pas en reste, mais Djaoui Cissé arrive de nulle part ou presque, lui aussi formé au club, mais moins précoce (21 ans) que son cadet (17 ans).

Une surprise ? Pas pour Léo Rouillé, son ex-coéquipier aujourd’hui au Stade Briochin. « Il fallait qu’il soit mis dans le bain, dans cette rotation. Je savais que Djaoui, n’importe quel niveau il se serait adapté ». Ni pour Winston André, autre représentant de la génération 2004 du SRFC. « Non, car il a toujours eu de grosses qualités, techniquement notamment. Et oui, par rapport rapport à sa manière de jouer, il a beaucoup mûri ».

Et cette maturité, Pierre-Emmanuel Bourdeau a lui aussi pu la constater. Aujourd’hui adjoint au Red Star, il a accompagné Djaoui Cissé durant toute sa formation, dans presque toutes les catégories. « Tu ne sais jamais ce que peuvent faire les garçons tant que tu ne les as pas posé en Ligue 1. Ce qui était certain, c’est sa technicité au-dessus de la moyenne. Il est très doué, très fluide, a toujours le geste juste », analyse t-il. « Il s’est surtout construit à travers l’intelligence collective. Il est très pertinent dans le jeu ». C’est d’ailleurs ce qui frappe le plus depuis un mois à Rennes, et que Winston André résume. « Tu as l’impression qu’il est dans l’équipe depuis 2 ans. »

Un talent inné, une technique hors normes

Pourtant les coachs se sont succédés et le talent issu de la région parisienne a pris son temps pour émerger. « Très honnêtement, les derniers mois qu’il a fait avec nous (fin de saison dernière, ndlr), il n’avait plus rien y à faire », continue Bourdeau. « On ne pouvait plus lui apporter grand chose. Il était très au-dessus, et la marge de progression qu’il pouvait avoir, c’était d’avoir une opposition bien plus importante ». Alors pourquoi cela a t-il pris tout ce temps ?

La réponse se trouve peut-être au début de l’aventure pour un jeune de Grigny (Essone) repéré autour de la capitale, et testé pour la première fois au tournoi de Montaigu, référence française pour les U16. Cissé a alors signé un ANS (Accord de Non Sollicitation) et se prépare la saison d’après à jouer pour le Stade rennais. « J’ai vu un garçon extrêmement chétif, très fin, pas très grand, assez introverti, il fallait aller le chercher un peu », se souvient Bourdeau. « Il avait un très petit volume de jeu, peu d’intensité, pas du tout construit sur le plan athlétique, un garçon à maturité très tardive. Il était difficile de l’amener sur les efforts ». La première impression ne joue pas forcément en faveur du longiligne milieu de terrain, « à l’allure particulière ».

Le retard athlétique est conséquent, et l’évolution s’annonce lente et constante. « Ce sont des profils où il faut être patient. Il faut leur donner beaucoup de temps. Le talent il l’a toujours eu, il faisait des choses que les autres ne faisaient pas ». Cette facilité technique, ses coéquipiers en profitent les premiers, mais sont aussi les premiers à faire le même constat que les formateurs. « Il aimait bien beaucoup porter. Défensivement il ne se plaçait pas forcément très bien » se souvient André, appuyé par Bourdeau. « Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’offensivement il pouvait s’exprimer en Ligue 1. Le seul doute qu’on pouvait avoir, c’était sur sa capacité à défendre, et bien défendre. Il faut beaucoup courir, défendre des espaces de jeu, être intense sur les retours défensifs ». Un doute qu’il n’y a pas eu avec ses coéquipiers de la génération 2005 Jérémy Jacquet, Désiré Doué ou Jeanuël Belocian. Un doute persistant, et difficile à gommer.

« Son foot manquait d’intensité »

Avec son nouveau centre de formation en cours de construction, le Stade rennais ambitionne d’atteindre la plus haute performance et s’équipe en conséquence afin de répondre à un football de plus en plus porté sur les aptitudes physiques des footballeurs. Ce n’est pas nouveau, et le club breton développe depuis plusieurs années ses joueurs sur le plan athlétique, sur terrain comme en salle. Pourtant avec Cissé, le SRFC tâtonne pour trouver le bon dosage.

« Les premières années, c’était difficile, il a même été utilisé défenseur central car il ne courrait pas assez devant et n’arrivait pas à mettre ses qualités au service de l’équipe », confie Bourdeau, qui l’a par la suite utilisé à tous les postes du milieu de terrain, y compris sur le côté gauche. « On pouvait se demander s’il était dans le dépassement de soi. On l’y a amené tranquillement, on lui demandait des choses pas forcément en relation avec le joueur qu’il était, comme sa capacité à attaquer la dernière ligne par exemple. Ce n’est pas forcément son foot. Mais il fallait l’amener à faire des sprints, des courses de retour, de rupture », poursuit-il. « Ce n’est pas ce qui fera sa marque de fabrique, mais on a essayé de le développer sur le plan athlétique, grâce à ça ».

C’est là l’un des aspects spécifiques de la formation. « On passe par des étapes dont on sait qu’elles ne sont pas forcément en relation avec le joueur, qui ne sont pas son point fort, mais on sait que ça va le développer. Car on sait que ce qui fait la différence dans le foot de haut niveau aujourd’hui, ce sont les courses à haute intensité. Djaoui, son foot manquait d’intensité. Il fallait lui montrer qu’il était capable de le faire ». Pour cela, il faut bien connaitre le joueur.

L’épanouissement par le foot

La grande timidité de Djaoui Cissé n’aura pas échappé au grand public depuis plusieurs semaines, aux habitués de la Piverdière encore moins. Averti après ses quinze premières minutes de jeu contre Strasbourg pour sa première titularisation, Cissé s’était presque excusé auprès de Stéphanie Frappart après avoir reçu son carton jaune, humble et quelque peu impressionné pour ses débuts dans le grand bain. Introverti, le jeune joueur ne s’ouvre pas facilement, et il faut gagner sa confiance durant ses années au club. Parler en public est loin d’être son fort, parler par le foot lui convient davantage.

Solitaire n’est en revanche pas un qualificatif approprié. Scotché à son groupe de potes dont Wilson Samaké fait alors partie, lui aussi pro de la génération 2004, Cissé vit au contact des autres, le propre d’un jeune en centre de formation. Réservé au premier contact, celui que ses amis surnomment « Choka » fait tomber le masque lorsqu’on le connait. « Djaoui c’est un sacré coéquipier. Il est assez spécial. J’ai tout de suite accroché ! » rigole Winston André, aujourd’hui à Clermont.

« Je me suis toujours bien entendu avec lui. Il est toujours de bonne humeur. Très réservé, s’il ne te connait pas, il ne va pas te parler, ou pas relancer les conversations. Quand tu apprends à le connaitre, il va se lâcher un peu plus, faire des blagues ». Mais jamais s’énerver, à en croire toutes les personnes interrogées décrivant un gamin dur à cerner, mais très attachant une fois que l’on a percé la carapace.

Et c’est souvent par le foot que l’on y arrive. « Djaoui est discret sur un terrain, c’est sa façon d’être, sauf quand il a le ballon. Djaoui parle avec le ballon », résume Léo Rouillé. Et de ballon, en dehors du terrain. Cissé aime le jeu, et s’en abreuve. « Pour moi, il correspond à ce que doit être avant tout un joueur rennais. Un garçon haut de gamme sur le plan technique, et extrêmement intelligent collectivement. On l’a beaucoup nourri là-dessus, sur sa capacité d’analyse, à s’associer à ses partenaires », raconte Pierre-Emmanuel Bourdeau.

Cissé débat sur la tactique hors des séances, et comprend plus vite que les autres, y compris dans le coeur de la machine. Il n’est pas rare avec la réserve de le voir interroger le banc en plein match dans la minute suivant un changement tactique adverse, sur la façon du SRFC d’y répondre. Djaoui a l’oeil, dedans, à défaut d’être à l’extérieur du terrain. Il lit le foot tactiquement, et a besoin de mettre du sens dans ce qu’il exécute sur un carré vert qu’il connait par coeur, où il a tous ses repères. Les repères, justement.

Besoin de repères

Son adaptation à la Ligue 1 semble n’avoir pris qu’une minute, et pourtant Djaoui Cissé a pris son temps pour y arriver. Le joueur de 21 ans a besoin d’une routine, et ses coéquipiers en savent quelque chose. Au vestiaire, en salle vidéo ou au self, le choix de la place est toujours le même. Au moment de passer à table également, dans l’organisation de son plateau, toujours impeccable, ou au moment de dresser le menu à la maison, avec un goût très prononcé pour le cordon bleu.

Ces habitudes, c’est probablement ce qui aide le milieu de terrain à se sentir bien pour jouer. Après l’avoir fait signer professionnel (jusqu’en 2027) l’été dernier, c’est peut-être aussi ça qui a fait hésiter le club au moment de décider ou non de le prêter l’été dernier comme les autres néo-pros (Wilson Samaké, Rayan Bamba, Alan Do Marcolino, Jérémy Jacquet). Le début de saison n’a pourtant pas été facile pour Cissé. Laissé hors du groupe (fourni) par Julien Stéphan notamment en raison des craintes quant à son intensité défensive au milieu, puis par Jorge Sampaoli dont l’approche plus brusque n’a pas fonctionné.

Il est là le premier gros succès d’Habib Beye, avoir fait d’un talent existant au club le meilleur renfort ou presque de l’hiver. Titulaire chaque match depuis l’arrivée du nouveau coach, Cissé poursuit sa quête de repères, en se mettant au niveau de la Ligue 1 qui l’a déjà privé du choc face au PSG, suspendu pour accumulation rapide de cartons jaunes (3 en 4 matchs). Il en déjà assimilé le rythme, sa faculté à être dans le bon tempo, à retarder sa passe jusqu’au bon moment, ayant impressionné sur ses cinq matchs joués. Des airs de Javier Pastore pour les plus jeunes, de Japhet N’Doram pour les moins jeunes. « Son analyse du jeu est extrêmement pertinente aujourd’hui. On le sent très à l’aise », juge Bourdeau. « Il correspond parfaitement à l’identité rennaise ».

Hasard sûrement, c’est exactement la ligne défendue par la nouvelle direction qui présente en ce début de semaine son nouveau centre d’entrainement, et du coach Habib Beye l’ayant répété à chaque conférence de presse ou presque. Si Cissé a majoritairement joué en 10 ou en 8 en formation, Beye l’a placé en numéro 6, signe de la confiance qu’il lui accorde depuis son arrivée et de son envie de le pousser en avant, tout en demandant de « le laisser tranquille ».

Ses coéquipiers en parlent avec le sourire, et Djaoui est attendu pour affronter Lens, en l’absence de Seko Fofana (suspendu) et probablement de Ludovic Blas (blessé). Jérémy Jacquet en défense, Mohamed Kader Meïté en attaque, Djaoui Cissé au milieu, la formation impressionne en cette deuxième partie de saison. Cissé y est allé à son rythme, moins vite que les autres, mais à 21 ans, c’est bien son moment. Une surprise pour certains, moins pour d’autres.

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