Trivela
·28 janvier 2021
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“Mais c’est qui, ce Ricardo Horta ?”, voilà à peu près ce qu’on pouvait lire, ces derniers jours, sur les lèvres de nombreux supporters lyonnais. Si au Portugal, cela fait déjà plusieurs années que les observateurs admirent chque semaine le talent de l’actuel ailier gauche de Braga, qui serait suivi par le club français, Ricardo Horta demeure relativement méconnu hors des frontières lusitaniennes, malgré un passage de deux saisons dans le sud de l’Espagne. Portrait d’un joueur discret et talentueux, qui a souvent dû rencontrer un certain nombre d’obstacles sur son chemin.
Né à Sobreda, dans la municipalité d’Almada près de Lisbonne en septembre 1994, Ricardo Horta n’a pas encore fêté son premier anniversaire lorsqu’il enfile, pour la première fois, la tunique du SL Benfica. Porté depuis tout jeune par un amour inconditionnel pour le club rouge de Lisbonne, celui que ses entraineurs de l’époque jugent “plutôt frêle pour son âge” réalise un premier pas vers son rêve en 2004, lorsqu’il rejoint les écoles de formation de Benfica à l’âge de 10 ans.
Là-bas, Ricardo Horta contribue à faire briller la génération 1994 du SLB pendant près de 6 saisons, durant lesquelles il évolue notamment sous les ordres d’un certain Bruno Lage, aux côtés de joueurs extrêmement prometteurs aux destins déjà presque tracés, comme les deux phénomènes de Manchester City, João Cancelo et Bernardo Silva, ou encore l’ailier de Leeds Helder Costa et le défenseur central Fabio Cardoso, qui évolue aujourd’hui aux Açores, à Santa Clara.
Des destins tracés. Tout l’inverse de celui de Ricardo Horta, qui n’est finalement pas conservé par le club lisboète à l’été 2011. “Benfica, c’est un club où sont concentrés tous les meilleurs jeunes, expliquait-il lors d’une interview accordée au média Bolanarede, au sujet de ce premier échec. Pour faire partie des joueurs qui réussissent en équipe principale, il faut constamment atteindre l’excellence.”
A 17 ans, être libéré par son club n’est jamais chose facile. Encore moins lorsqu’il s’agit de son club de cœur, qu’on a toujours rêvé de représenter au plus haut niveau. Parfois, ça pousse le jeune en question à la dépression, et dans d’autres cas, ça le motive. En ce qui concerne Ricardo Horta, c’est plutôt cette deuxième option qui a été privilégiée. “Quand j’ai été libéré de Benfica, j’étais très triste, mais j’ai gardé une attitude optimiste, je savais que la vie ne s’arrêtait pas là, témoignait-il en 2014. Je n’ai jamais pensé à renoncer à mon rêve, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur le soutien de ma famille, en particulier de mon frère, qui jouait également à Benfica à l’époque. Mon départ du club m’a rendu plus fort psychologiquement et m’a encouragé à travailler davantage.”
C’est donc libre de tout contrat que Ricardo Horta rejoint Setubal, à une demi-heure d’Almada, pour évoluer au Vitoria FC, dont l’équipe première évoluait, à l’époque, en première division portugaise. “Je suis venu ici pour retrouver du temps de jeu et progresser”, expliquait-il à son arrivée. Après une première saison en demi-teinte chez les U19, le jeune ailier s’impose finalement comme un titulaire indiscutable lors de sa deuxième saison durant laquelle il marque 22 buts, et se voit justement récompensé par quelques premières apparitions avec l’équipe principale sur la fin de la saison 2012/2013.
La saison suivante est celle de la révélation. Revanchard suite à son échec à Benfica quelques années plus tôt, Ricardo Horta, alors âge de 19 ans, se fait un nom en multipliant les performances de haute volée dans l’élite du football portugais. Dans une équipe qui loge en deuxième partie de tableau, l’ancien du Benfica s’impose comme un titulaire indiscutable. Il inscrit notamment 7 buts et délivre 4 passes décisives en 29 rencontres. Prometteur.
Il devient alors difficile pour le Vitoria FC de garder sa nouvelle pépite. Très convoité en Espagne, Ricardo Horta s’engage alors à Malaga à l’été 2014, pour un montant légèrement inférieur à 1 million d’euros bonus compris. Les attentes sont nombreuses. Le club espagnol pense alors avoir flairé la bonne affaire. Seulement, sur la Costa del Sol, le jeune Portugais, qui vient de connaître sa première convocation en Seleção, peine à réitérer les bonnes performances et perd sa place de titulaire au cours de la première saison, durant laquelle il affiche un bilan décevant de 3 buts en 37 apparitions. Bis-répétita la saison suivante. Alors qu’il débute les 5 premières journées de Liga sur le pré, Ricardo Horta déçoit, et doit se contenter du banc de touche pour le reste de l’exercice.
Il affiche alors un statut de non-désirable au sein du club espagnol, et son départ au mercato semble inévitable. Amateurs de bonne affaires, les dirigeants de Braga ont flairé le bon coup, et se font prêter l’ailier gauche portugais pour la saison 2016/2017. “A mon âge, j’ai besoin de jouer, et c’était pas le cas à Malaga. Quand on m’a proposé de rejoindre un club comme Braga, qui fait partie des meilleurs au Portugal, je n’ai pas hésité bien longtemps”, avait-il déclaré à son arrivée dans le nord du Portugal.
Durant sa première saison, au cours de laquelle il découvre notamment les joies des compétitions européennes, Ricardo Horta fait parler sa justesse technique et ses qualités de percussion, sans pour autant s’imposer comme un joueur indéboulonnable du collectif portugais. Il connaît notamment un passage à vide de plusieurs mois sur le début d’année 2017, avant de monter en puissance sur la fin de saison. Avec 6 buts et 6 passes décisives à son compteur en championnat, Ricardo Horta est alors conservé à titre définitif par le SC Braga, qui récupère 50% des droits du joueur sans payer d’indemnité de transfert.
Sur les trois saisons qui suivent, Ricardo Horta devient l’un des joueurs cadres de son équipe. Malgré les nombreux changements d’entraîneurs au sein du SC Braga, l’ailier gauche est capable de s’adapter aux différents styles de jeu et systèmes tactiques de sorte à être systématiquement considéré comme un titulaire et à justifier, à chaque fois, la confiance qui lui est accordée. “Il joue à un très haut niveau et j’espère qu’un jour, il retrouvera la Seleção”, confiait son ancien entraîneur Ricardo Sa Pinto au journal Record. Ruben Amorim, également passé par le banc de Braga, s’est montré encore plus élogieux au sujet de Ricardo Horta, en conférence de presse : “C’est un joueur qui crée énormément d’occasions, et que tous les entraîneurs rêvent d’avoir. Je suis fan de Ricardo. Il est très clairement au-dessus de la moyenne.”
Des performances sportives indéniables, associées à des qualités humaines qui lui permettent de faire l’unanimité au sein des supporters, de ses entraîneurs, de ses coéquipiers, et, évidemment, de son petit frère, André Horta. Egalement passé par Benfica et par Setubal avant de signer à Braga, le milieu de terrain révélait, dans une interview accordée à un média de son club, que Ricardo était “un exemple, une source d’inspiration, autant sur le terrain et en dehors, notamment dans son rôle de père”, qu’il prend à cœur depuis les naissances de ses filles Clara, en novembre 2017, et Carolina, en février 2020.
Et si, cette saison, avec l’arrivée de Carlos Carvalhal à la tête de Braga, le milieu de terrain André Horta joue beaucoup moins, le grand frère Ricardo, légèrement plus offensif, continue de faire parler la poudre. Avec 9 buts inscrits et 6 passes décisives délivrées en à peine 23 rencontres, l’ailier gauche, qui prend un malin plaisir à rentrer dans l’intérieur du jeu pour se retrouver dans les 20 derniers mètres adverses, est même récemment devenu le meilleur buteur de l’histoire du SC Braga en compétitions européennes.
Avec 64 buts à son compteur depuis son arrivée dans le nord du Portugal, il y a quatre ans et demi, Ricardo Horta peut même espérer entrer encore un peu plus dans la légende de son club, en dépassant l’Angolais Chico Gordo (75), actuel meilleur buteur de l’histoire du SCB.
Un dernier objectif à atteindre, avant de retenter une expérience à l’étranger, où plusieurs clubs dont l’Olympique Lyonnais verraient d’un bon œil une éventuelle arrivée du Portugais au prochain mercato estival ?
Crédit photo : IconSport