God Save The Foot
·19 août 2019
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·19 août 2019
Pour la reprise de la saison 2019/20 de Premier League, God Save The Foot vous présente chaque jour une de ses équipes. Après une saison bien terne, ponctuée par une seizième place au classement, Southampton est en proie à une nouvelle lutte pour le maintien. Les hommes de Ralph Hasenhüttl sauront-ils rebondir ? Analyse.
Alors que Southampton s’était installé confortablement en Premier League depuis son retour en 2012, le club du comté du Hampshire semble désormais englué dans les sables mouvants de l’élite anglaise. Les précédents managers – Mauricio Pochettino, Ronald Koeman et, dans une moindre mesure, Claude Puel – avaient en effet su faire de Southampton, une écurie de la première partie du tableau, pouvant même décrocher une place européenne. Le football attrayant proposé par les Saints, résultant d’un équilibre entre jeunesse et expérience, faisait leur force.
Cependant, sous la houlette de Mauricio Pellegrino, les choses ont mal tourné, c’est le moins que l’on puisse dire. L’Argentin, arrivé à la suite d’une saison 2017/18 réussie avec Alavès et qui avait bénéficié des arrivées de Jan Bednarek, Wesley Hoedt et Mario Lemina (alors que Cuco Martina, Martin Cáceres, Florin Gardos et Jay Rodrigues avaient fait le chemin inverse), n’est pas parvenu à maintenir le cap imposé par ses prédécesseurs. Si le départ de Virgil Van Dijk et l’affaiblissement en conséquence ne peuvent lui être imputés, la présence des Saints dans le ventre mou, puis dans la zone de relégation après le Boxing Day, ont inévitablement conduit à l’éviction de l’actuel entraîneur de Leganès. Un ancien de la maison – Mark Hughes – a su assurer le maintien in extremis grâce à une 17ème place.
Le club, qui est désormais sous pavillon chinois et appartient majoritairement aux Lander Holdings, avec à leur tête Gao Jisheng (suite au rachat, pour la modique somme de £200M, d’environ 80% des parts du club – bien que la très appréciée famille Liebherr ait conservé les autres 20%), tenait bien entendu à ce que Southampton reste au plus haut échelon du football anglais. L’aspect financier justifiant largement une telle exigence. Mais en accordant à Mark Hughes une prolongation de trois ans, Southampton a, à nouveau, commis une erreur stratégique.
L’entraîneur britannique, adepte d’un football ayant peu à voir avec celui des Pochettino et Koeman, en somme d’un football peu innovant, n’a pas réussi à insuffler un nouvel élan à l’équipe en 2018/19. En 14 matchs sur le banc, seule une faible équipe de Crystal Palace n’a été vaincue par les Saints, et seuls 6 nuls ont été décrochés (dont un contre Manchester United). Sans surprise, le Gallois fut limogé en décembre alors que Southampton pointait à la 18ème place.
Après un court intérim de Kelvin Davis, le “sauveur” se nomme Ralph Hasenhüttl. Le très réputé entraîneur autrichien, dès son deuxième match, a renversé Arsenal (3-2). Dès lors, Southampton a pu enfin respirer. Avec 8 victoires, 6 nuls et 9 défaites en 23 matchs, la relégation fut évitée (39 points au total), et les Rouges et Blancs ne se sont plus jamais trouvés relégables à partir de la 28ème journée. Le bilan de l’Autrichien est flatteur, étant donnée la perdition du club depuis plus d’une saison. Le nouveau souffle insufflé à coup de travail, d’intensité, et de volonté a porté ses fruits. Mais encore faut-il confirmer cette saison.
À noter que les parcours de Southampton en coupes nationales se sont vite achevés. En effet, ils furent éliminés par Derby County (finaliste des play-offs de Championship) dès leur entrée en lice en FA Cup après un replay, ainsi que par Leicester en Carabao Cup au 4ème tour.
Les supporters des Saints ont, quant à eux, traversé différents états, entre la peur de la relégation, et le soulagement d’un maintien obtenu grâce à un coach inspirant. Gabin, gérant de la page francophone @SouthamptonFCFR et fan invétéré du club, nous a livré son ressenti sur cette saison contrastée :
“Une deuxième saison galère de suite malheureusement… on s’attendait à un bon début de saison avec, à l’époque, la confirmation de Mark Hughes pour 3 saisons mais on a vite déchanté. Une équipe sans envie, des joueurs sans concurrence, des gardiens en perdition… Bref rien n’allait… puis le sauveur est arrivé. Hasenhüttl a tout changé au club, que ce soit l’intensité des entraînements, leurs fréquences, les « punitions ». Un premier match compliqué à Cardiff puis la mayonnaise a bien pris comme on dit ! Un sauvetage à quelques journées de la fin, mais on a de l’espoir pour l’avenir sous ses ordres.”Gabin, gérant de la page francophone @SouthamptonFCFR
La présence de l’entraîneur autrichien en Premier League, peut sembler étonnante dans la mesure où le football allemand représente l’entièreté de sa carrière de manager. Kicker l’a d’ailleurs interrogé sur un éventuel retour en Bundesliga, ce à quoi il répondit : “Ce n’est pas une chose que j’exclue complètement, mais la Bundesliga n’est pas une de mes préoccupations. La Premier League, n’est pas considérée comme le meilleur championnat au monde pour rien, et si tu as la chance d’y travailler en tant que coach, tu dois le faire aussi longtemps que possible. Je veux me faire une place en Angleterre”
Son parcours, néanmoins, peut s’avérer riche en enseignements pour la reconstruction de Southampton. Hasenhüttl débuta sa carrière au SpVgg Unterhaching, où il occupa successivement les postes d’entraîneur des jeunes, de manager par intérim, d’adjoint en équipe première et finalement de manager en 3.Liga (D3 allemande). Après une saison 2009/10 de qualité, Hasenhüttl peina à confirmer la saison suivante, ce qui lui valut d’être limogé. Mais ses premiers faits d’armes seront au VfR Aalen (D3). Arrivé en hiver 2011, il sauva son équipe de la relégation, puis après une reconstruction de l’effectif, Aalen parvint à monter directement en Bundesliga.2 (D2), surpassant de loin les objectifs de début de saison. Et en deuxième division, une 9ème place (record pour un promu) fut atteinte, juste avant le départ de l’Autrichien.
Il rejoindra, en cours de saison suivante Ingolstadt 04, bien mal en point en Bundesliga.2. Après une 10ème place moyenne, Hasenhüttl va tout bousculer en Bavière, avec un mercato de qualité (Hübner, Leckie, Da Costa, Christiansen, Hinteresser) grâce à son flair, mais surtout un titre de champion qui donnera un accessit pour l’élite du football allemand. En Bundesliga, il atteindra une honorable 11ème place pour un promu. Il est ainsi parvenu à réaliser la même chose qu’à Aalen, mais à un niveau plus élevé. Deux situations qui ressemblent étrangement à celle de Southampton.
Le RB Leipzig, qu’il rejoint à l’été 2016, représente le point culminant – pour l’instant – de sa carrière. Alors que le club est honni de tous en Allemagne, Hasenhüttl parvient à l’emmener contre vents et marées à la deuxième place du championnat, derrière le Bayern. Et en prime, l’entraîneur pour la première fois de sa carrière, aura les mains liées en terme de recrutement, avec un fort directeur sportif au dessus de lui, en la personne de Ralf Rangnick (ancien coach, qui fera l’intérim entre le départ d’Hasenhüttl et l’arrivée du très prometteur Julian Nagelsmann).
Un de ses points forts, demeure sa gestion des hommes. De l’hostilité à Leipzig, il a su créer une motivation supplémentaire chez ses joueurs. Joueurs, dont il est d’ailleurs proche, mais avec lesquels il conserve une certaine distance et une fermeté. À Southampton, il a déjà instauré un système de punitions (jours de repos annulés, travaux d’intérêts généraux) lors des défaites ou des écarts professionnels, ce qui fait écho à son mode de fonctionnement à Leipzig. Les jeunes joueurs, quant à eux, sont mis dans les meilleures dispositions par l’Autrichien (comme ce fut le cas d’Upamecano à Leipzig), qui leur accorde le temps et la confiance nécessaires pour progresser… Aspect des plus importants lorsque l’on arrive dans un club dont l’atout majeur est son académie (Staplewood).
D’un point de vue tactique, Hasenhüttl a toujours privilégié un dispositif en 4-2-2-2 très mobile et besogneux (le pressing étant primordial), avec aussi des qualités dans le jeu. Cette intensité qu’il demande à ses joueurs, s’est bien faite remarquer dans la côte sud de l’Angleterre. Malgré ses préférences tactiques, il n’est pas pour autant un “head coach” borné, car ses systèmes s’adaptent aux joueurs en sa disposition. Southampton, semble se diriger vers un 3-4-3 cette saison avec des latéraux actifs, une défense renforcée et des permutations rapides devant, alors qu’un 5-3-2 avait assuré le maintien, et un 4-2-2-2 avait été testé en pré-saison (sans succès)
Gestion humaine, intégration des jeunes, adaptabilité tactique, recrutement malin et jeu intense… une pioche parfaite pour Southampton.
Alors que Southampton était habitué à vendre ses meilleurs joueurs au prix fort pour ensuite réinvestir, la stratégie est en passe de changer. Le rachat par Gao Jisheng du club, implique un développement de Southampton à l’étranger (en Asie surtout), passant obligatoirement par des résultats sportifs. Certes, Hasenhüttl devait vendre certains joueurs pour en recruter d’autres, mais désormais ce sont les joueurs sans avenir, le “bois mort” (“deadwood” chez les Britanniques) de Southampton, qui quittent le navire.
Nombreux sont les joueurs donc, qui devaient ou pouvaient partir cet été – Guido Carillo, Wesley Hoedt, Sofiane Boufal, Cedric Soares, Jordie Clasie, Fraser Forster, Charlie Austin, Mohamed Elyounoussi, Sam Gallagher, Jack Stephens et Mario Lemina. Et en contrepartie, des jeunes joueurs à forts potentiels mais à impact immédiat, étaient attendus Outre-Manche. Force est de constater que le club n’est pas encore parvenu à se débarrasser de tous ces joueurs.
Si Sam Gallagger (Blackburn), Charlie Austin (WBA), Jordie Clasie (AZ Alkmaar), Steven Davis (Glasgow Rangers) et Matt Targett (Aston Villa) ont complété leurs transferts, Lemina, Hoedt et Carillo, devraient eux aussi trouver une porte de sortie d’ici le 2 Septembre (ailleurs qu’en Angleterre) et s’entraînent, par conséquent, à l’écart du groupe. D’autres, comme Stephens, Soares et Boufal vont surement rester au club, en tant que doublures… Rôle auquel ni Forster ni Elyounoussi ne peuvent prétendre malgré leurs salaires conséquents.
Du côté des arrivées, le club du Hampshire se devait de renforcer plusieurs postes clés : défenseur central dû aux échecs de Hoedt et Vestergaard, à l’inconstance de Stephens et à l’âge de Yoshida ; milieu défensif pour le nombre ; un milieu offensif polyvalent pour s’imposer là où Elyounoussi et Bouffal ont échoué, c’est à dire s’adapter durablement au championnat ; deux attaquants, poste auquel les Saints ont des carences.
Mission accomplie avec en attaque, l’achat définitif de Danny Ings (prêté par Liverpool la saison dernière), les recrutements d’un des phénomènes de Championship l’an dernier – Che Adams (22 buts, 4 assists) -, et du talentueux Moussa Djenepo. Kevin Danso, arrivé lors du deadline day en prêt avec option d’achat, comblera à lui seul les deux postes à vocation défensive.
Une des faiblesses majeures sous Mark Hughes des Saints était le poste de gardien avec une forte irrégularité des portiers. Hasenhüttl semble vouloir instaurer un équilibre avec Angus Gunn en titulaire, et Alex McCarthy comme doublure (auteur de très bonnes prestations de sa part par le passé). Le premier, malgré des erreurs certaines, apporte plus de certitudes au pied et sur sa ligne, ce qui lui a permis de s’imposer. Forster, quant à lui, s’apparente à un poids mort, dont le salaire est disproportionné et repoussant pour tout club souhaitant le recruter.
En instaurant une défense à 3, pour avoir plus de certitudes à l’arrière, Southampton s’appuiera sur son très solide Polonais Jan Bednarek, une des seules satisfactions la saison passée, mais aussi sur sa recrue Kevin Danso. Vestergaard devrait en toute vraisemblance compléter le trio. Le Danois, dont l’adaptation au jeu anglais est compliquée (surtout dans le jeu en profondeur), bénéficiera de la confiance et du temps d’Hasenhüttl pour devenir régulier et performant comme à Mönchengladbach. Nul doute que les fans désirent un nouveau Van Dijk. Stephens et Yoshida assureront la rotation. Sur les côtés, en “pistons”, les Saints sont toujours aussi bien fournis. À gauche, Ryan Bertrand est indéboulonnable avec McQueen en doublure, alors qu’à droite, Yan Valéry, Français issu du centre, a impressionné tant offensivement que défensivement. Cédric, parti pour rester, sera son remplaçant “de luxe” (conséquence de son prêt raté à l’Inter, mais d’une bonne pré-saison).
Si les pensionnaires du Saint Mary’s Stadium ont des certitudes dans un secteur, c’est bien au milieu de terrain. La figure de proue n’est autre que Pierre-Émile Højberg, le capitaine, qui a récemment rassuré les supporters sur son engagement au club. À ses côtés, les complémentaires Oriol Romeu et James Ward-Prowse, pour assurer à la fois une assise défensive et la construction offensive, seront bien présents. Stuart Armstrong les épaulera, tandis que Mario Lemina s’en ira pour plus de temps de jeu.
“Je suis conscient que pour certaines personnes, ils faillent signer un nouveau contrat pour montrer son engagement au club sur le long terme. Mais je peux vous assurer que je suis dévoué à 100% à Southampton. Pierre-Émile Hojberg, lors du Fan’s Forum.
Finalement, l’attaque se trouve très largement remaniée. Nathan Redmond, joueur clé des Saints depuis belles lurettes, aura avec le nouveau dispositif, un rôle plus axial, même s’il conservera ses qualités d’élimination. En numéro 9 pur, Danny Ings offre, malgré ses pépins physiques, des qualités dos au but, de construction et de finition uniques à Southampton, tandis que Shane Long (qui revient bien en pré-saison) sera une option pour plus de vitesse. Le “poster boy” Che Adams, tout juste recruté en provenance de Birmingham City sera lui attendu comme LE buteur principal des Saints cette saison avec une place de titulaire gagnée facilement en pré-saison. Que ce soit avec Ings dans un 4-2-2-2 ou avec Redmond dans un 3-4-3, son profil complet peut s’adapter à toute situation. Une alternative dans le style dribbleur à impact, se nomme Djenepo mais comme le montre l’exemple d’Elyounoussi, dure est l’adaptation à la Premier League.
Les jeunes, issu de l’Académie de Staplewood dont nous avions parlé l’an dernier, auront aussi leur chance cette saison. Que ce soit Vokins, Smallbone, N’Lundulu et Klarer, ils auront l’occasion de se montrer épisodiquement comme en pré-saison. L’Irlandais Obafemi, si son hygiène de vie et son corps lui permettent, sera une option en attaque. En tout cas, Hasenhüttl lui accordera une attention spéciale.
Les interrogations sont multiples du côté de Southampton. La défense tiendra-t-elle ? L’attaque retrouvera-t-elle une efficacité ? Hasenhüttl arrivera-t-il à faire performer sur la durée son équipe ? Si l’organisation tactique, le pressing, les permutations et les sorties de balle, avec une forte activité sur les flancs, ont réussi à gêner considérablement Liverpool lors de la 2ème journée, la fébrilité défensive et l’inefficacité devant les buts risquent de souvent pointer le bout de leur nez en ce début de saison. Il faudra donc trouver un équilibre global, pour éviter de répéter des matchs comme celui contre Burnley (3-0).
Les objectifs de l’Autrichien sont en tout cas clairs : remettre les Saints sur les bons rails en Premier League, en évitant en premier lieu la relégation et en retournant de façon durable dans le milieu de tableau. Pour cela, il faudra atteindre la barre des 40 points le plus vite possible, puis “improviser”.
Les fans demeurent tout de même optimistes, à l’instar de Gabin :
“Forcément on attend toute autre chose qu’une nouvelle saison difficile. Ça a mal débuté lors du premier match, mais celui de Liverpool est prometteur. On a réussi à bien les bouger. Le mercato est à l’image de notre projet – dépenser peu pour un joueur, mais recruter jeune pour que ces mecs-là soient phénoménaux dans quelques années. Une saison où l’on finit entre la 9e et 13e place, ne serait pas de refus après toutes les galèresGabin, gérant de la page francophone @SouthamptonFCFR
Une chose est sure, la saison de Southampton nous apportera son lot de surprises.
Merci à Nassim Bouras, rédacteur en chef du site Fußball Meister pour son aide précieuse sur le passage en Allemagne de Ralph Hasenhüttl, et bien entendu à Gabin.