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Il se passe toujours quelques chose avec l’AS Monaco. Les supporters Rouge et Blanc pensaient avoir tout vu après une séance de tirs au but ahurissante mardi dernier en Coupe de France. Le club a fait bien pire trois jours plus tard en sombrant à Montpellier.

Montpellier HSC – AS Monaco : 2-1

Montpellier HSC : Al-Tamari 55’, 82’ / AS Monaco : Kehrer 32’

Chroniquer les matchs de l’AS Monaco devient de plus en plus difficile. J’ai déployé beaucoup d’efforts pour ne pas sombrer dans la critique systématique et le défaitisme. Mais, ce soir, il est difficile de déceler une once d’optimisme dans les prestations cataclysmiques de notre club. J’y mets pourtant du mien : assis à mon bureau, je me verse un verre de whisky japonais Yamazakura et écoute en sourdine Sonate au clair de lune de Beethoven. Je ferme les yeux. « Ce n’est que du football » me dis-je. Peine perdue. Même le pianiste allemand me ramène à l’AS Monaco. Amoureux, le compositeur comprend peu à peu que la jeune fille aimée est promise à un autre homme. La symphonie débute comme une ballade légère et délicate et se transforme en marche funèbre.

Les statistiques ont cette particularité de pouvoir illustrer tout et son contraire. J’aurais ainsi pu écrire que l’AS Monaco conserve son invincibilité en Coupe de France depuis 2021. Malgré son élimination, c’est la plus longue série en cours en France ! L’AS Monaco fait mieux que le PSG. J’aurais également pu souligner que l’utilisation de la VAR aurait sans doute changé le résultat du match et permis à Takumi Minamino d’être le héros de la soirée. Sa position avant le but paraissait licite et la faute du Rémois dans la surface de réparation indiscutable. Mais le cœur n’y est pas.

La défaite contre Montpellier est plus qu’une défaite, elle est une humiliation. L’AS Monaco ne répond plus. Bon dernier de Ligue 1, le club héraultais n’avait pas gagné un match depuis le 10 novembre 2024. Il a battu logiquement notre club. Son attaquant Mousa Al-Tamari n’avait pas marqué cette saison : il a mis un doublé vendredi soir. Breel Embolo symbolise le naufrage du club la semaine dernière. Il revient d’une grave blessure et les supporters comprennent qu’un retour au haut niveau prenne du temps. Mais sa maladresse invraisemblable contre Reims et sa perte de balle suicidaire au milieu de terrain contre le MHSC confine au sabotage. Malheureusement, le mal est plus profond. Notre équipe est bancale et souffre des mêmes maux depuis plusieurs saisons : un empilage de joueurs moyens à quinze millions d’euros ne peut constituer une grande équipe. L’AS Monaco avait pourtant trouvé la recette magique. Pendant des décennies, les jeunes du centre de formation, épaulés par quelques joueurs de classe mondiale, ont gagné des titres et procuré des frissons à leurs supporters. Pourquoi ne pas l’avoir conservée ? Economiquement, il n’est vraiment pas certain qu’elle soit moins bonne. Pour les résultats et le plaisir, le contraire est certain.

Dans la vie des affaires, les sociétés morales ont une durée de vie maximale de 99 ans. En cas de besoin, elle peut bien sûr être prorogée. Pour l’AS Monaco, 99 ans aurait pu constituer un bel âge pour mourir. Cela nous aurait épargné cette triste année du centenaire. Nous aurions conservé au fond de nos cœurs des  souvenirs précieux et des émotions inoubliables. En effet, sans respect de l’histoire et de l’identité du club, à quoi bon continuer ?

Photo by Hugo Pfeiffer/Icon Sport