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·3 Oktober 2025

Entretien – Hélder Esteves (Lusitanos) : « Ce que l’on vit est plutôt très agréable »

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C’est l’une si ce n’est la sensation du début de saison en National 2. Dans la très relevée poule C, où l’on attendait des cadors comme Cannes, Créteil ou encore Toulon, le FC 93 ou Fréjus, c’est bien les Lusitanos de Saint-Maur qui mènent pour le moment la danse. Après six journées, le club du Val-de-Marne, étrangement placé dans un groupe à consonance sudiste, occupe la première place. Le tout, en étant encore invaincu avant la réception du SC Toulon ce samedi 4 octobre (18h). Pas mal pour un promu ! En attendant de prolonger l’idyllique début de saison de son équipe – également qualifiée pour le 5e tour de la Coupe de France – l’entraîneur Hélder Esteves s’est arrêté au micro de Foot National pour balayer plusieurs sujets. Entretien.

Hélder, ton équipe est leader de la poule C après six journées, est encore invaincue et qualifiée pour le 5e tour de la Coupe de France … On imagine que le moral est au beau fixe chez les Lusitanos !


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Bien sûr (sourire). Les résultats sont importants pour le moral. Aujourd’hui, les résultats sont là. On accumule des points et une qualification, donc forcément, tout le monde a le sourire.

Tu es en poste depuis novembre 2023. Tu estimes que ce début de saison rêvé récompense tout le travail fourni et accompli depuis ?

Ce n’est pas forcément à moi de le dire. Moi, j’essaye de faire de mon mieux en maîtrisant mon travail. Après, je ne joue pas, les joueurs sont méritants. Il est vrai que nous étions plutôt en mauvaise posture lorsque j’ai repris l’équipe il y a deux ans. Depuis, c’est une belle aventure où les résultats ont suivi, les prestations aussi. On ne peut pas dire le contraire. Maintenant, c’est très fragile. À ce jour, par exemple, nous sommes performants sur certains axes et nous sommes défaillants sur d’autres. Le groupe a également changé depuis mon arrivée. C’est quelque chose de fragile qui est en constante évolution. Ce n’est pas le tout de faire le job une fois. Le but est d’être dans la continuité. On va dire que cette continuité est plutôt respectée et de qualité. Maintenant, il faut le montrer dès demain ou après-demain. Et puis il faudra le remontrer la semaine d’après, etc…

C’est quoi la méthode Hélder Esteves ?

D’abord, j’aime beaucoup mon métier et mon sport. Je me suis donné les moyens depuis longtemps pour être le plus performant possible, en maîtrisant les process, en me formant et en m’appuyant sur ce que d’autres, meilleurs, ont pu m’apporter. J’ai construit mon « truc », qui évolue systématiquement. J’aime les gens, j’aime les joueurs. Je pense que c’est un métier dans lequel on ne peut pas tricher. Il faut être soi-même. Je suis exigeant avec mes joueurs, mais je suis aussi bienveillant avec eux. Nous avons un modèle de jeu sur lequel nous arrivons à nous appuyer par moment. À d’autres, c’est plus difficile parce que l’adversité est importante. Nous ne sommes pas là pour jouer pour plaire uniquement, nous sommes là pour gagner des matchs. Là, je suis très pragmatique même si j’ai mes propres idées aussi. J’ai partagé ça avec mes joueurs et à ce jour, ils comprennent le processus, on s’appuie dessus. Je me considère comme un accompagnant de mes joueurs : à aucun moment je défends sur un ballon, à aucun moment je mets un ballon au fond, …

Quand l’équipe gagne, c’est grâce aux joueurs, quand l’équipe perd, c’est la faute du coach ?

Mouais … Je ne vais pas me réfugier derrière ça. Nous gagnons et perdons ensemble. Il arrive que nous gagnions et que ne nous soyons pas très bon. Et on se le dit. Mes joueurs savent que je suis axé sur la prestation qu’on a pu proposer. Pour moi, c’est hyper important. Évidemment que nous sommes toujours satisfaits d’avoir eu un résultat au bout. Mais il ne faut jamais oublier d’être productif et performant, indépendamment du résultat qui, ont le sait dans le football, peut être trompeur. Tout comme parfois nous pouvons avoir un résultat décevant malgré une très bonne prestation. Nous gagnons et nous perdons ensemble. Je suis content que mes joueurs me permettent de gagner, et je les remercie (rires).

« Partir la veille d’un match, c’est une journée de boulot perdue pour certains »

Durant le dernier mercato estival, des joueurs de la trempe d’Ibrahima Seck (Créteil) ou Amine Meftah (Aubervilliers) vous ont rejoint. C’était un vrai objectif de recruter des joueurs d’expérience pour répondre aux exigences du National 2 ?

D’abord, en termes de recrutement, nous faisons comme nous pouvons. Aujourd’hui, soyons clair : nous n’avons pas les mêmes moyens, à tous les niveaux, que les autres clubs de notre poule pour attirer un joueur courtisé. Nous avons, à la base, un recrutement par « défaut » : nous ne sommes pas le Real Madrid, le Paris Saint-Germain, etc … Par contre, nous savons aussi qu’il y a beaucoup de joueurs qui sont demandeurs de club, qui n’ont pas de club. Nous essayons d’avoir un recrutement intelligent. On ne peut pas aujourd’hui avoir un groupe de vingt fédéraux et faire n’importe quoi. Nous sommes très sensibles aux joueurs qui nous rejoignent pour être au moins dans les caractéristiques que nous souhaitons. Pour certains joueurs recrutés cet été, comme Ibrahima Seck, ça a été simple : ce sont des joueurs que j’ai connu à Créteil et que j’ai moi-même fait venir à Créteil. Pour les autres, comme Amine Meftah ou Sayon Keita, ce sont des joueurs que nous avons observés et qui ont certaines qualités, qui nous plaisent bien. À défaut d’avoir des joueurs extrêmement complets, d’un niveau supérieur voire deux, nous nous « contentons » des joueurs que nous avons et qui peuvent s’avérer plus performants et efficaces. Je n’ai pas de doute là-dessus. Ce n’est pas le contrat qui fait la valeur du joueur. Ce sont ses productions. Mes joueurs sont ambitieux. On parle d’Ibrahima, Amine ou Sayon, mais on peut en évoquer d’autres. Il y a des joueurs qui, au départ, on n’imaginait pas être en National 2 en cas d’accession. Et finalement, à ce jour, ils composent l’effectif et sont performants. Et tant mieux. Il faut continuer comme ça. Le recrutement, ça commence par conserver ses meilleurs joueurs, ceux qui transmettent l’âme du club et ceux qui sont des relais sur le jeu puisque nous travaillons depuis un moment avec eux. Ensuite, ceux qui arrivent viennent se greffer à ça.

Depuis le début de saison, les résultats de ton équipe se jouent toujours sur de petits scores (1-0, 1-1, 2-1…). Qu’est-ce que cela traduit ?

Ça traduit quelque chose de simple : c’est que l’adversité est forte et que ça se joue à peu de choses. À nous de savoir lire et vivre le match comme il se doit, en essayant de l’amener sur nos qualités pour pouvoir le gagner. Il y a des matchs où nous avons eu de la réussite aussi, il ne faut pas l’oublier. C’est ce que je dis à mes joueurs : il faut être ambitieux et ne pas cracher sur ce qu’on te donne. Quand on gagne un match, on le gagne, peu importe si l’adversaire aurait mérité autre chose. Par contre, il ne faut jamais manquer d’humilité et savoir se remettre en question pour combler les axes sur lesquels on devrait être meilleur. Aujourd’hui, ça se joue à très peu de choses. Nous sommes le petit poucet de cette poule, ou tout du moins nous faisons partie des petits poucets de cette poule. Nous essayons de faire de notre mieux. À ce jour, ce que l’on vit est plutôt très agréable, car nous occupons la tête. Mais à aucun moment nous avons la prétention d’être meilleur qu’un tel ou un tel. Nous arrivons à gagner nos matchs, et parfois de belle manière comme ce le fut cas à Fréjus (2-0), face à une super équipe avec de très bons joueurs.

Quelle a été ta réaction quand tu as découvert que ton équipe était placée dans le groupe C, avec une grande majorité de clubs sudistes ?

L’incompréhension ! Parce que ce n’est jamais arrivé. La poule Sud, je la connais pour l’avoir pratiquée avec Annecy pendant une année. Je sais qu’elle est très difficile, qu’il s’y trouve de très gros projets. On se voit basculer dans cette poule où le niveau est très élevé, mais surtout, la dépense est terrible. Dans mon effectif, j’ai des joueurs amateurs, qui travaillent. Partir la veille d’un match, c’est une journée de boulot perdue pour certains. C’est extrêmement compliqué, les frais sont démesurés. C’est incompréhensible d’être là. Nous avons été très surpris. Maintenant, nous devons nous adapter, c’est comme ça. On doit se retrousser les manches pour trouver des moyens pour le fonctionnement, pour se déplacer et trouver une équipe compétitive pour se maintenir à ce niveau-là. Ce qui n’est pas évident du tout. Je respecte, même si je pense qu’il y avait d’autres solutions qui généraient moins de frais sur l’intégralité des équipes de National 2. Je ne comprends pas. J’espère qu’on va tenir sur ce rythme-là.

« Il peut y avoir une performance importante »

Tu as été dirigeant par le passé (coordinateur sportif de l’US Créteil de 2021 à 2023). Quelle est ta vision sur la formation aux Lusitanos ? Est-ce un vrai axe de progression pour le club ?

Je vais répondre brièvement à cette question car ce n’est pas mon rôle. Nous avons des gens qui ont ce rôle-là au club, donc je ne veux pas parler à leur place. Nous sommes sur un territoire, l’Ile-de-France, où la formation est présente de partout. Pour moi, être capable d’avoir une observation sur ce que font tous nos clubs voisins et essayer de convaincre des joueurs intéressants qui ne finissent pas dans des clubs pros de nous rejoindre pour étoffer nos effectifs, ça fait partie de cette formation. Si on parle de formation intégrale, ça demande des moyens : il faut payer des éducateurs compétents, il faut encadrer des joueurs, des infrastructures, etc … Ce sont énormément de moyens que nous n’avons pas. Dans la région parisienne, il y a plein de jeunes joueurs avec du talent. Suffisamment pour alimenter des clubs pros mais aussi des projets amateurs. Pour moi l’idée, c’est qu’avant d’avoir les moyens de faire mieux, c’est déjà d’observer ce qui se fait très bien chez nos voisins et d’essayer d’être référent départemental par exemple, pour tenter de récupérer des garçons dans leur intérêt de leur évolution. Tout en étant bienveillant avec des clubs voisins, à travers un projet qu’eux ne peuvent pas offrir par exemple, et travailler en collaboration avec. Sans les déplumer pour autant. C’est ma vision du sujet.

Les propos de mon président peuvent prêter à confusion. Il est très attaché au club et fait beaucoup pour lui. Quand il parlait des objectifs des Lusitanos, il voulait faire référence à un passé où le club a été en National. Et il voulait justement dire qu’un jour, ce serait bien qu’on parvienne à renouer avec ce passé. Mais bien évidemment qu’il est extrêmement conscient qu’à ce jour, si on se compare aux autres clubs de National 2, nous restons dans une moyenne assez basse de moyens à tous les niveaux. Et à aucun moment nous manquons d’humilité pour prétendre vouloir plus. Nous voulons faire de notre mieux. Nous savons que le football se joue d’abord sur le rectangle vert. À ce jeu, nous ne sommes pas ridicules et bien placés dans cette poule. Nous allons essayer de maintenir un bon niveau de performance pour pérenniser le club à ce niveau. Je ne parle pas d’exploit, mais ce serait déjà une belle mission de remplie. Nous sommes en tout cas tout à fait conscients de la difficulté et de l’adversité. Mais nous allons tout faire pour nous maintenir.

Dans ce cas, jusqu’où peut aller ton équipe ?

Raisonnablement et rationnellement, notre club ne peut prétendre à ce qu’on disait. Maintenant, une équipe peut faire des choses incroyables. Il n’y a pas de limite à ça. Nous avons vu des équipes amateures être finalistes d’une Coupe de France, des projets nouveaux avec de petits moyens monter en professionnel … La magie de ce sport, c’est qu’il y a des choses d’inattendu et d’inexplicable qui se produisent. Nous, nous essayons de bien nous préparer pour gagner nos matchs. Et quand je vois que nous arrivons à en gagner et qu’on additionne les matchs gagnés, il peut y avoir une performance importante. Jusqu’où elle peut aller ? Elle peut faire des choses incroyables que nous n’avons pas prévues, comme faire beaucoup moins. C’est très difficile de répondre à cette question finalement (rires). Par contre, ce qu’on sait, c’est qu’on se prépare de la même façon. Nous sommes très objectifs sur ce que nous produisons. J’encourage tout le public du Val-de-Marne, pourquoi pas parisien voire franco-portugais à venir nous suivre pour dynamiser notre club et pourquoi pas lui permettre de prétendre à plus. Je sais que c’est possible, car nous avons déjà eu par le passé un public nombreux.

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