EXCLU - Lou Bogaert : « Aujourd’hui, je suis la plus heureuse » | OneFootball

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·23 April 2025

EXCLU - Lou Bogaert : « Aujourd’hui, je suis la plus heureuse »

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Du haut de ses 20 printemps, Lou Bogaert est tout sauf une novice. Toujours surclassée, la latérale gauche du Paris FC a découvert la Ligue des Champions à 19 ans, les Bleues à 20 ans. Loin de se sentir déjà arrivée, elle affiche une détermination sans faille, bien implantée dans l’énorme projet parisien. L’occasion de découvrir une joueuse à l’avenir radieux et qui n’a pas sa langue dans sa poche.


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Quels sont tes premiers souvenirs avec le ballon rond ?

Très rapidement, je me suis retrouvée autour des terrains. Je suivais mon frère lors des tournois de foot. À l’époque, c’était une coach féminine qui s’occupait de lui, à l’US Lesquin. J’étais fascinée par ce qui se passait devant moi. Je me suis vite rendu compte que j’avais envie de faire la même chose. Je devais avoir 3-4 ans. J’ai demandé à ma maman si c’était possible de faire pareil. La coach m’a aussi beaucoup aidée parce qu’elle me proposait de venir, de faire quelques passes. C’est comme cela que j’ai débuté dans mon premier club, l’US Lesquin.

Est-il vrai qu’en arrivant à Wasquehal en 2013, tu as dit à ton père : « Papa, je veux percer dans le foot, je veux jouer en équipe de France » ?

Oui (rires). Quand je suis arrivée à Wasquehal, je devais avoir 11-12 ans. J’ai dû changer de club pour faciliter ma maman pour les séances d’entraînement, car mon frère jouait aussi à l’époque. Et mon papa, je suis allée le voir en lui disant : « Papa, j’aime trop le football. J'ai trop envie d’aller en équipe de France. Je veux être la plus grande joueuse du monde ! ». Forcément, aujourd’hui, être en équipe de France, c’est dingue. Mais avant cela, mon père a toujours été protecteur en me rappelant que j’avais 12 ans. Certes, j’étais peut-être une bonne joueuse, mais mon père était aussi là pour me calmer, me rappeler que je n’étais pas la meilleure joueuse du monde (rires), qu’il fallait beaucoup travailler pour atteindre ses rêves. Ça n’est pas quelqu’un qui allait me mettre sur un piédestal.

C’est une chose qui t’a aidée dans ton évolution ?

Complètement ! Au final, c’est grâce à cela que je me suis forgée mentalement à toujours devoir faire plus. Même quand j’atteignais certains objectifs, je voulais toujours faire plus. Après Wasquehal, j’ai signé à Lille. Je me disais que c’était beau, que c’était magnifique, que j’étais dans un club professionnel, c’est quand même le LOSC ! Non pas que je me voyais arrivée, mais quand même, ça commençait bien, je pouvais désormais viser la D2, car c’est là où jouait l’équipe première à l’époque. Mais j’en voulais toujours plus. Et c’est là où mon père était important. Il me rappelait tout le temps que c’était beau de vouloir plus, mais que c’était surtout important de travailler pour avoir plus. Il me répétait sans cesse de travailler.

Tu es originaire du nord de la France. Tu as joué à l’US Lesquin, Wasquehal et Lille, trois clubs de la région. Être proche de tes parents, de ta famille, dans ton évolution, ça a pu t’aider dans ton développement ?

Oui, je pense que ça m’a aidée. J’avais une bonne balance football - famille, où l’on me rappelait aussi que l’école était très importante. Qu’il fallait continuer, car on ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie. Le fait d’avoir toujours eu mes parents à côté, ça a joué. Encore aujourd’hui à Paris, je les ai régulièrement au téléphone, je les vois souvent, ils viennent à la maison. Je garde toujours la même relation malgré la distance.

Tu débutes en deuxième division à 16 ans. On dit souvent que la D2 est un championnat très exigeant physiquement, c’est vrai ?

Au tout début, en arrivant dans le groupe D2, je ne m’attendais pas forcément à jouer rapidement. J’ai commencé en tant que central pendant deux-trois matchs avant de changer de poste. Le championnat de D2 est très différent de la D1. C’est beaucoup plus physique, il y a beaucoup plus de duels. Ça joue un peu moins technique on va dire. C’est des joueuses solides. Aussi, le niveau est très homogène. Tous les matchs ont beaucoup d’enjeu. On cherchait à avoir la montée, c’était une sacrée pression. Tous les matchs sont des finales.

Comment te décrirais-tu ?

Je suis quelqu’un de très déterminé avec un gros mental. J’ai toujours cette envie de bien faire, très perfectionniste. Si je rate quelque chose, je ne vais pas m’enfoncer, car j’ai appris à gérer mes émotions, mais j’ai toujours cette envie de bien faire, de montrer mon meilleur visage. C’est important de toujours se donner à fond, qu’importe ta performance, si tu donnes tout, ça va te permettre de progresser, de trouver des axes d’amélioration.

Quels ont été tes exemples ?

Quand j’étais plus jeune, j’ai beaucoup observé Marcelo, le Brésilien du Real Madrid. Comme moi, il était latéral gauche, c’était la grosse référence dans ma jeunesse. Même si en D2, j’ai débuté dans l’axe, ça a toujours été mon exemple. Après, il y a un autre joueur, même si ça n’est pas le même poste, c’est Eden Hazard, car il est passé à Lille à ses débuts. Bon, apparemment ça n’était pas le plus rigoureux à l’entraînement, mais sur le terrain, on voyait tout de suite qu’il était au-dessus des autres grâce à sa technique, sa capacité à faire la différence, une facilité exceptionnelle.

Tu travailles plus qu’Eden Hazard à l’entraînement ?

Ah oui, oui, oui ! Il n’y a pas de souci là-dessus, je suis une bosseuse (rires).

Tout s’enchaîne très vite. Le pôle espoirs, l’équipe de France U17, U18, puis la Coupe du Monde U20 au Costa Rica. Quand on est à peine majeure et qu’on va jouer un tel tournoi, ce n’est pas trop impressionnant ?

C’était un rêve, forcément. J’étais une des plus jeunes joueuses du groupe. En plus, mon papi et mon frère ont fait le voyage au Costa Rica pour me suivre, c’était exceptionnel ! Mon entourage a toujours été là, et même à l’autre bout du monde, ils ont été là pour moi. Représenter la France, faire une grande compétition aussi jeune, c’est très rare. Il faut profiter de chaque moment, même si je n’ai pas énormément joué dans cette compétition. Ça reste un peu difficile, car on a envie de jouer, de montrer, de gagner, et le fait de ne pas pouvoir montrer tout cela, ça m’a un peu frustrée. Après, grâce à cette expérience sur le banc, ça m’a permis de voir comment se déroulait une Coupe du Monde. Ça m’a donné une grosse expérience, la vie de groupe, le déroulement d’une compétition, prendre ses marques pour le futur.

Une Coupe du Monde et une signature au Paris FC, le tout en quelques mois, un vrai changement de dimension !

Au début, ça a été forcément compliqué. On passe de la D2 à la D1. Tout va beaucoup plus vite, tout est beaucoup plus dur, il faut prendre les informations plus rapidement, il faut jouer beaucoup plus vite, il y a tellement de choses à prendre en compte. En plus, ce ne sont pas les mêmes joueuses, la plupart sont internationales. C’est impressionnant d’arriver dans un tel groupe en étant aussi jeune, ça n’est pas évident de prendre ses marques. En plus, c’était la première fois que je quittais ma famille. Après, la coach Sandrine Soubeyrand m’a beaucoup aidée. Elle m’a donné de la confiance même si je n’ai disputé que deux matchs en D1. Ma première titularisation, c’était une belle récompense, la preuve que la coach me fait confiance même si j'ai fait une grosse partie de la saison en U19. Mes parents étaient derrière moi pour ce moment. C’était beau, j’ai essayé de jouer mon jeu, mais ça n’est pas évident, surtout si on est un peu timide. On a du mal à montrer sa vraie personnalité. J’ai été timide la première année par rapport à la suite. Je n’ai rien à voir avec la première année.

Souvent dans ta carrière, en club comme en sélection, tu as été la plus jeune du vestiaire. Ça aide à se forger un caractère ?

Même si tu es la plus jeune, comme les coachs disent souvent, cela ne veut pas dire que tu ne peux pas jouer. Ça ne veut pas dire que tu ne peux pas montrer ce que tu vaux, prendre la place d’autres joueuses. Être la plus jeune, ça me donne encore plus envie de me montrer. Mais quand j’arrive dans un groupe, l’important, c’est d’apprendre des plus grandes, demander des conseils à celles qui sont là pour toi. La première chose, c’est toujours de prendre le maximum d’avis.

Le risque, ça n’est pas de se voir arrivée trop vite ?

De mon côté, non. Avec mon papa qui a toujours été là pour me remettre les choses dans le contexte, impossible. Quand je me suis retrouvée la plus jeune du groupe, il m’a rappelé que c’était bien, mais que je n’étais pas arrivée, qu’il ne fallait pas se prendre pour une autre. Qu’il fallait absolument continuer. Ton travail a été récompensé, mais tu en as encore beaucoup à faire pour rester là où tu es. Demain, tu peux avoir une blessure ou être écartée du groupe. C’est pour ça que dans mon esprit, même si j’ai eu des sélections en équipe de France, je ne suis pas arrivée. J’ai encore des choses à travailler, des choses à améliorer, à perfectionner.

Après une première année d’apprentissage au Paris FC, ta deuxième est celle de la confirmation avec un parcours dingue en Ligue des Champions. Arsenal et Wolfsburg en barrages, victoire face au Real Madrid en poules… la Lou Bogaert d’il y a 10 ans aurait pu croire à cela ?

S’il y a 10 ans on m’avait dit que j’allais devenir joueuse professionnelle et que j’allais gagner contre le Real Madrid, j’aurais regardé mon papa pour lui dire : « On rigole de moi là, ça n’est pas possible ». Le fait d’avoir vécu cette saison, ça a été exceptionnel. Jamais dans ma carrière je n'aurais pensé vivre aussi jeune autant de matchs de Ligue des Champions, autant d’émotions, autant de rencontres à enjeux. J’avais des étoiles dans les yeux. Tous les jours, j’appelais ma famille pour dire : « Regardez, on va jouer contre Arsenal, contre le Real… ». Mon papa est venu me voir à Chelsea, ils ont fait d’autres déplacements avec mon frère. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir vivre cela. À l’époque, je disais à mon papa : « Je veux jouer n’importe où, mais le plus haut possible ».

Tu as changé de dimension et ton club aussi avec le rachat par la famille Arnault et le soutien de Red Bull. Comment as-tu accueilli cette nouvelle ?

C’est toujours plaisant de voir un tel soutien pour aider le club à progresser. Ça va être ultra important pour la suite, que ça soit les filles ou les garçons. Les gars sont en Ligue 2, ils se battent pour la Ligue 1. Je trouve que c’est génial, ça va mettre une bonne dynamique. Ça booste tout le monde ici. On voit qu’il y a des évolutions dans le centre. Beaucoup de choses sont et vont être mises en place pour encore plus professionnaliser le club à tous les étages.

De ton côté, tu as été prolongée jusqu’en 2027. Avec l’ambition du club, tu t’inscris plus que jamais à long terme dans la capitale, n’est-ce pas ?

Oui, complètement. Pour l’instant, je suis très heureuse au Paris FC. Tout se passe très bien, avec la coach, la direction, tout le monde, je me sens très bien intégrée. Je suis complètement investie dans la mission du club. Je vis mon petit rêve, donc je profite à fond de tous les instants. Si je remets tout dans le contexte, je peux remercier l’US Lesquin, Wasquehal, le LOSC mais aussi et surtout le Paris FC. C’est ce club qui m’a permis d’avoir une dernière formation parfaite. Je remercie particulièrement la coach Sandrine Soubeyrand qui m’a parfois remise dans le bon sens (rires). Ça me permet d’être aujourd’hui en équipe de France.

On a l’impression que l’écart se réduit plus que jamais avec l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain, tu partages cet avis ?

Oui, c’est vrai, on le ressent aussi. Même si l’Olympique Lyonnais dispose de points d’avance en championnat, on a réussi à les accrocher dans notre duel (0-0). C’était un match très compliqué où on a beaucoup défendu. Il faut être honnête, elles étaient au-dessus au niveau physique, mais on a réussi à tenir, mettre tout en oeuvre pour les gêner et ramener ce point du nul. On aurait pu faire mieux dans le contenu, mais faire un nul contre l’OL, c’est déjà très bien. Et le Paris Saint-Germain, face à qui on a fait 1-1, on aurait aussi pu accrocher mieux. En tout cas, on y travaille et on continue de progresser pour prouver qu’on peut les rejoindre. On est sur une bonne dynamique. On va bientôt les croiser à nouveau. Après, ça reste des clubs exceptionnels. Il faut toujours monter le curseur, viser la perfection, progresser techniquement, tactiquement, l’efficacité pour pouvoir gagner contre ces équipes. Toutes les joueuses sont internationales, on n’a pas le droit à l'erreur quand on les affronte.

Tu as été appelée en équipe de France pour la première fois en 2024 par Laurent Bonadei. C’est vrai que tu n’étais même pas devant ta télévision quand ton nom a été prononcé par le sélectionneur ?

(Rires) Oui, je n’étais pas devant la télévision ! J’étais sur la route pour aller à l’entraînement. Pour dire la vérité, je ne m’attendais pas forcément à être convoquée lors de ce rassemblement. J’avais complètement oublié qu’il y avait l’annonce. C’est mon papa qui était devant la télévision et ne faisait que m’appeler. Comme j’étais en voiture, je ne répondais pas. Je ne comprenais pas pourquoi il me harcelait (rires). Ensuite, je reçois un autre appel de Kessya Bussy, ma coéquipière au Paris FC. Cette fois, je décroche, car j’avais peur d’avoir fait une connerie. Et je l’entends hurler « FÉLICITATIONS », je ne comprenais pas, et c’est là où elle m’explique que j’avais été appelée. Je n’arrivais pas à y croire. Forcément, explosion de joie. Quand je suis arrivée à l’entraînement, toutes les filles m’ont félicitée. C’était un bonheur total, encore plus quand on ne s’y attend pas. J’étais la plus heureuse et c’est encore plus beau de l’apprendre ainsi.

La première montée des marches à Clairefontaine, la première Marseillaise…

C’est beaucoup de fierté, car derrière tout cela, il y a beaucoup de travail. C’est aussi la preuve que tout le monde peut réussir, peu importe l’âge. C’était une fierté, j’avais des étoiles plein les yeux quand j’ai monté les marches. Pendant la première Marseillaise, j’avais des frissons, les larmes aux yeux. En plus de cela, mon papa, mon papi et mon frère étaient en Suisse pour cette première sélection. Je voyais mon papi en larmes dans les tribunes, c’était très beau, très émouvant.

Quels sont tes objectifs pour cette fin de saison ?

Sur le plan collectif, on aimerait décrocher la Coupe de France. Ensuite, on veut terminer dans le top 2 en championnat, puis tout donner en play-offs. Personnellement, comme je l’ai déjà dit, continuer à travailler, car on n’est jamais arrivé comme le dit mon papa. Me donner à fond, donner le meilleur de moi-même pour l’équipe, mais aussi pour moi. Aujourd’hui, je suis la plus heureuse. Je profite à fond et ça va me permettre de me lâcher et prendre du galon sur le terrain, encore plus avec la confiance de la coach !

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