Interview - Football total, ses objectifs, Pogba... Sébastien Pocognoli décortiqué par ce journaliste belge | OneFootball

L’AS Monaco affronte le SCO d’Angers ce samedi soir pour le compte de la 8ème journée de Ligue 1. Ce sera la première rencontre pour Sébastien Pocognoli sous ses nouvelles couleurs. Loïc Woos, journaliste pour le média Walfoot.be, un site web qui traite de l’actualité du championnat de Belgique. Suiveur de la Jupiler League, notamment de l’Union Saint-Gilloise, il décrypte pour notre média, le profil de Sébastien Pocognoli, ce qu’il pourrait apporter à l’AS Monaco (style de jeu, système, objectifs de l’AS Monaco…).

L’Union Saint-Gilloise est leader du championnat belge et a battu le PSV à l’extérieur en Ligue des Champions. Pourquoi Sébastien Pocognoli a-t-il décidé de rejoindre l’AS Monaco ?

Il y a quatre ans, l’Union était un club de deuxième division, et lorsqu’elle est remontée, elle a enchaîné quatre podiums consécutifs, dont un titre. C’est un club historique qui gagnait des titres il y a longtemps, puis qui a connu une période de disette. Ce n’est pas un club réputé pour offrir de super contrats à ses coachs ou à ses joueurs, et depuis leur remontée, chaque année, ils ont perdu leur entraîneur. Le salaire qu’il touchera à l’AS Monaco sera important. À Monaco, il aura un centre de formation à la pointe, ce qui n’est pas le cas à l’Union. C’est aussi l’occasion de découvrir un championnat du top 5. Il s’est dit que si ça se passait bien pour lui, il pourrait franchir un palier dans le futur.

Que pensez-vous de l’arrivée de Sébastien Pocognoli à l’AS Monaco ?

Pour Monaco, c’est une bonne chose. Sébastien Pocognoli est un entraîneur avec beaucoup de fougue et de hargne. C’était déjà le cas lorsqu’il était joueur au Standard de Liège, à Brighton… C’est un coach qui va amener beaucoup de combativité, et ça va faire du bien à Monaco. Il va devoir s’adapter, c’est sa première expérience en Ligue 1. Ça va être une dimension différente pour lui : savoir comment il va s’adapter à des joueurs de classe mondiale (Eric Dier, Paul Pogba et Ansu Fati). Il aura des profils différents de ceux qu’il avait à l’Union Saint-Gilloise, et on va voir comment il va gérer ça.

Sébastien Pocognoli a annoncé en conférence de presse vouloir amener un football plaisant à Monaco : est-ce réellement possible ?

C’est quelqu’un qui aime développer un football plaisant. Sébastien Pocognoli, à l’Union, c’était systématiquement un 3-5-2, donc avec trois défenseurs centraux solides, deux pistons qui amenaient énormément de danger offensivement, et derrière, trois milieux de terrain avec une bonne connexion, ainsi que deux attaquants. À chaque fois, il a eu, entre guillemets, la chance d’avoir de réels prospects dans son noyau. C’est un entraîneur qui aime jouer à l’offensive, qui se base d’abord sur la maîtrise du ballon, avec une bonne possession. Son équipe, généralement, tentait de récupérer le ballon très haut et, lorsqu’elle le récupérait, plutôt que de le garder ou de le poser, elle jouait en transition très rapide. Donc, s’il arrive à mettre en place le football qu’il souhaite, on pourra voir du jeu plaisant à Monaco.

L’Union Saint-Gilloise possède la meilleure défense de Belgique (5 buts encaissés), tandis que l’AS Monaco est la quatrième plus mauvaise défense de Ligue 1 (12 buts concédés). Comment Sébastien Pocognoli compte-t-il stabiliser ce secteur tout en proposant un jeu ambitieux ?

Il demande vraiment à tous ses joueurs, c’est peut-être un peu cliché, mais ses deux premiers défenseurs sont ses deux attaquants, qui doivent exercer un pressing intense pour fermer les espaces et l’axe du jeu. Il avait deux pistons qui se projetaient beaucoup, mais qui savaient aussi faire leur tâche défensive. Il avait une défense très complémentaire, avec notamment un joueur comme Christian Burgess, le sale type de la défense, capable parfois de mettre le coude ou de commettre la petite faute. Il avait aussi deux joueurs qui savaient jouer au ballon. Ce qui a aidé l’Union Saint-Gilloise à devenir la meilleure défense du championnat, ce sont les profils de cette défense-là, mais aussi la mise en place de Pocognoli, qui cherchait à refermer le jeu. Quand l’Union n’avait pas le ballon, il y avait très peu d’espaces. Puis, ils étaient capables de repartir très rapidement vers l’avant, de se projeter, et c’est ce qui en faisait une équipe très dangereuse.

Comment va-t-il s’adapter à son nouveau groupe sans préparation ? À quel moment pourra-t-on vraiment le juger ?

Il va probablement avoir besoin d’un peu de temps, parce que j’ai vu que l’effectif de Monaco était un peu déséquilibré en termes de qualité et de profil. Il va certainement lui falloir quelques semaines. Après, c’est un coach qui a de la combativité, donc si les joueurs répondent à ce qu’il demande, ça pourrait aller relativement vite.

L’effectif monégasque compte plusieurs fortes personnalités, comme Paul Pogba, Eric Dier ou Ansu Fati. Sera-t-il capable de gérer ces joueurs ?

La question que je me pose, c’est : est-ce qu’aux yeux d’un Paul Pogba ou d’un Ansu Fati, il aura la légitimité nécessaire ? Paul Pogba est champion du monde, il a joué à Manchester United, Ansu Fati au Barça, donc je crains qu’ils se disent : "Qui est ce Belge qui n’a pas beaucoup d’expérience et qui débarque ?" Je pense que dans la création de groupe, c’est quelqu’un de très fort. Il sait emmener les joueurs avec lui. Il a été capitaine de ses équipes lorsqu’il était joueur, notamment au Standard de Liège. Donc, si les joueurs lui font confiance, je pense que ça peut fonctionner.

Pensez-vous que Pocognoli puisse relancer certains jeunes joueurs en difficulté, comme Maghnes Akliouche ou Mika Biereth ?

Il aime beaucoup travailler avec des jeunes joueurs et essayer de les développer. Il a été entraîneur U18 de la Belgique. Il aime travailler avec les jeunes, c’est une certitude.

L’AS Monaco vise le podium et une qualification dans le top 24 en Ligue des champions. Sébastien Pocognoli peut-il atteindre ses objectifs ?

J’ai l’impression que l’effectif de l’AS Monaco est un peu court pour ces objectifs. Après avec le mercato de janvier, il peut se passer beaucoup de chose. Sébastien Pocognoli est un bon coach, il a fait de bonne chose en Belgique, donc à voir. L’effectif de l’AS Monaco va être un peu court pour le podium, mais le top 24 en LDC c’est possible même si c’est très serré. Pocognoli avait une équipe avec l’Union Saint-Gilloise, qui était capable de casser un peu le rythme. Donc peut-être s’il arrive à insuffler ça à son équipe ça peut ramener les quelques petits points qui feront la différence.