AS Monaco
·1 Oktober 2025
Le duel contre City, Fabinho, 2017… Entretien inédit avec Tiémoué Bakayoko

In partnership with
Yahoo sportsAS Monaco
·1 Oktober 2025
De retour en Principauté pour assister au match de Ligue des Champions entre l’AS Monaco et Manchester City, l’ancien milieu de terrain des Rouge et Blanc en a profité pour évoquer ses souvenirs.
Il a mis ce coup de casque décisif qui reste encore dans les mémoires. Huit ans et demi après l’exploit réalisé contre les Citizens en huitième de finale retour de Ligue des Champions, Tiémoué Bakayoko est de retour au pied du Rocher. Alors avant d’assister au remake de la bataille de 2017, le champion de France la même année a pris le temps de se remémorer ce duel au sommet, ainsi que ses meilleurs souvenirs en Principauté. Entretien 🎙️
Bonjour Tiémoué. Tu vas assister au match au Stade Louis-II. Manchester City, ça t’évoque forcément quelque chose…
J’en garde effectivement un très bon souvenir, tout d’abord parce que je mets ce but en fin de match qui nous qualifie pour les quarts de finale de la compétition, donc oui, ça a du sens pour moi (sourire) ! D’ailleurs, ce qui est fou c’est que d’un point de vue personnel, je n’étais pas forcément fier de ma performance, et d’ailleurs mon frère me le dit après la rencontre : « Ce but-là, il sauve ton match ».
Il faut savoir que cette année-là, on avait une confiance entre nous, entre partenaires et avec le staff, qui était incroyable ! Peu importe l'adversaire qu'on allait rencontrer, on avait la certitude qu'on pouvait gagner. Donc, lorsqu'on arrive à Manchester pour jouer l’aller contre City, on est totalement en confiance (sourire).
Tiémoué BakayokoAu sujet de la confiance du groupe de 2017
Personne ne s’attendait à ce que je marque un but en tout cas, d’autant que je n’en mettais pas beaucoup honnêtement, mais je ne sais pas, j’ai bien senti le coup. Et si tu revois bien l’action, je ne saute même pas, je suis juste au bon endroit, je fais le bon geste de la tête et ça rentre ! Je la prends bien, je la place super bien et comme le terrain fusait le gardien a moins le temps d’aller la chercher.
Raconte-nous avant cela comment s’est passé l’avant-match ?
Il faut savoir que cette année-là, on avait une confiance entre nous, entre partenaires et avec le staff, qui était incroyable ! Peu importe l’adversaire qu’on allait rencontrer, on avait la certitude qu’on pouvait gagner. Donc, lorsqu’on arrive à Manchester pour jouer l’aller contre City, on est totalement en confiance (sourire). On sait qu’on peut faire un résultat, même si le résultat, à la fin, est négatif (défaite 5-3 en Angleterre, ndlr). Mais je pense que mettre trois buts là-bas, à City, il faut le faire ! Et puis quand tu regardes la physionomie du match, au final on n’est pas loin de l’emporter. Après il ne faut pas oublier que c’est une grande équipe, avec des joueurs d’expérience. Donc sur certaines parties du match, on a sûrement manqué de métier. En tout cas, tu dois passer par là quand tu es jeune, et malgré tout on a quand même réussi à mettre trois buts, ce qui nous aide à avoir de la confiance pour le retour, c’est évident.
Quel était l’état d’esprit à ce moment-là au coup de sifflet final ?
Dans les vestiaires, honnêtement, on se dit qu’au retour, on va les taper ! On se dit vraiment qu’on va gagner, car désormais on sait ce que ça vaut City. On les a joués chez eux, mais ils ne savent pas comment ça va se passer chez nous (sourire). On savait que chez nous, on était forts. Je ne me rappelle même pas du nombre de défaites à domicile cette saison-là, même si je me souviens de celle contre Lyon (3-1). Mais à domicile, on savait qu’on pouvait le faire avec la ferveur qu’il y avait au Stade Louis-II !
La première chose qu'il nous a dit, c'est qu'on allait le faire au Stade Louis-II ! Il nous a dit : "Maintenant reposez-vous, on va jouer le match du week-end, on ne pensera à City qu’après, mais on va le faire. On a fait un très bon match, même si on a fait des erreurs et on va travailler dessus pour ne pas les répéter sur le match retour".
Quelle a été l’approche du coach Leonardo Jardim ?
La première chose qu’il nous a dit, c’est qu’on allait le faire au Stade Louis-II ! Il nous a dit : « Maintenant reposez-vous, on va jouer le match du week-end, on ne pensera à City qu’après, mais on va le faire. On a fait un très bon match, même si on a fait des erreurs et on va travailler dessus pour ne pas les répéter sur le match retour ». Et d’autant plus avec le recul, le fait d’avoir mis trois buts là-bas, ça a fait la différence.
Avez-vous eu quand même des doutes au retour quand ils reviennent à 2-1 ?
Des doutes, oui on en a eu, parce qu’ils sont dans une période forte à ce moment-là, ils poussent, mais il restait du temps ! City est en tout cas dominant, jusqu’à ce coup de pied arrêté qui fait la différence. Mais après, on souffre quand même jusqu’à la fin de la rencontre. Ce match-là était vraiment difficile, de la première à la dernière minute, vraiment !
Raconte-nous la joie dans le vestiaire après la victoire…
C’était dingue, d’autant que moi, je joue contre une de mes idoles, Yaya Touré (au match aller, ndlr). Donc, gagner contre lui, d’un point de vue personnel, c’était la folie ! Donc oui, derrière c’est l’hystérie dans le vestiaire, car ce succès nous permet de partir en quart de finale de la Ligue des champions, c’est exceptionnel ! La folie, c’est le mot. On fait du foot pour ces moments-là, ces émotions-là, elles restent et tu les gardes jusqu’à la fin de ta vie.
Comment tu places cet exploit dans ta carrière ?
Tout en haut ! Il n’y a pas photo. Même le fait de gagner le championnat devant le Paris Saint-Germain, c’est un exploit à cette période-là, parce qu’ils gagnaient tout à cette époque. Donc éliminer Manchester City et aller jusqu’en en demi-finale de Ligue des Champions, j’ai beau regarder le fil de ma carrière, je ne vois pas quelque chose qui est au-dessus de ça.
Ça reste Paris, c'était donc une bataille jusqu'au bout, mais à partir du moment où on est passés devant au classement et qu'on a mis une certaine distance entre nous, je savais que ça dépendait que de nous et qu'il y avait peu de chances qu'on laisse passer cette occasion.
Justement, comment as-tu vécu cette demie contre la Juve, deux ans après le premier round ?
J’étais déjà là en 2015 et c’était déjà relou (sourire). Mais pour cette demi-finale contre la Juve, je pense vraiment que c’est l’expérience qui a joué. Il y a eu des erreurs à des moments clés qui ont été fatales face à cette équipe-là, et à ce moment de la compétition, tu as moins de marge pour revenir. Ce n’est pas une question de physique, car à ce stade, tu trouves l’énergie pour enchaîner. On parle d’une demi-finale. Moi, personnellement, j’étais au top, comme mes coéquipiers. Je pense juste qu’on a manqué d’expérience, de vice. Encore une fois, on a surtout fait des erreurs qu’on a payées cash. C’était à la Juventus, à l’italienne, super tactique, et puis en face tu avais des joueurs de haut niveau. À la fin, ils perdent en finale contre le Real, mais les années précédentes, ils sont toujours loin dans les compétitions. Deux ans avant, on perd aussi contre eux, donc la Juve c’est un club qui ne nous réussit pas (sourire).
En parallèle il y a ce titre de champion que tu évoquais, à quoi ça s’est joué selon toi ?
Pas grand-chose, honnêtement. Ça reste Paris, c’était donc une bataille jusqu’au bout, mais à partir du moment où on est passés devant au classement et qu’on a mis une certaine distance entre nous, je savais que ça dépendait que de nous et qu’il y avait peu de chances qu’on laisse passer cette occasion. Et puis on en a mis des gros scores cette année-là ! C’est ce que j’ai beaucoup aimé avec Leonardo Jardim, c’est qu’il fallait respecter l’adversaire jusqu’au bout et donc si tu pouvais continuer de mettre des buts, il fallait le faire. Quand on rentrait sur le terrain, si on pouvait en mettre six ou sept, on les mettait, on n’avait pas de limite !
En dehors de l’insouciance, quel était le secret de cette équipe ?
(Il réfléchit) Le respect qu’on avait mutuellement les uns pour les autres, je pense ! Et le fait qu’on voulait vraiment s’entraider, mettre son coéquipier dans les meilleures dispositions pour performer. C’est peut-être bateau, mais ne serait-ce que la manière de recevoir la balle, si tu la reçois derrière, tu vas perdre des secondes. Alors que si on te la met vraiment devant pour que tu puisses avancer… Ce sont des détails, mais je pense que cette saison-là, on faisait tout comme il fallait !
Quand ce duo s’est mis en place, il m'a allégé plein de choses et je suis devenu la bonne version de moi-même. Il m'a beaucoup aidé, même si je pense que lui aussi dirait la même chose, car cette année-là il met pas mal de buts, il est décisif.
Tiémoué BakayokoA propos du duo avec Fabinho
On se mettait dans les bonnes conditions et derrière, on n’avait peur de rien. L’atmosphère qu’il y avait à l’intérieur du Club, mais même de l’équipe, elle était incroyable ! Je pense qu’on s’appréciait tous et c’est ce qui peut faire vivre un groupe, donc à la fin, tu ne sais pas jusqu’où tu peux aller. On se donnait à fond à chaque entraînement, mais on kiffait surtout, on prenait du plaisir, et dans le football de haut niveau, tu ne dois pas perdre cette notion de plaisir. Mais tu dois la mixer avec une certaine exigence. Tout passe par le collectif, et nous étions très unis !
Parles-nous de ton duo avec Fabinho…
Fabi, c’est vrai qu’il m’a beaucoup allégé sur le terrain. Cette saison-là, c’était vraiment ma bonne version. Car les deux années précédentes, j’étais bon mais pas constant. J’ai ma ligne directrice, mais je ne sens pas que c’est le vrai moi. Et quand ce duo s’est mis en place, il m’a allégé plein de choses et je suis devenu la bonne version de moi-même. Il m’a beaucoup aidé, même si je pense que lui aussi dirait la même chose, car cette année-là il met pas mal de buts, il est décisif. On avait un beau duo, vraiment complémentaire. On était capables de marquer, de faire marquer, de défendre, de dribbler, d’enchaîner. Et puis, quand un de nous était un peu moins bien, l’autre compensait. C’était pareil avec Moutinho d’ailleurs.
Il amenait un profil différent !
C’est vrai, mais quand Moutinho ou Fabi étaient sur le terrain, ça ne changeait pas, on était aussi bons, c’était aussi solide. Mais quand tu y penses il y avait plein de joueurs de l’ombre qui étaient importants, comme Boschilia avant sa blessure, Guido (Carrillo), sans oublier Valère (Germain), l’enfant du Club ! Cette année-là, il met des buts importants dans des matchs qui étaient parfois plus tendus. Ils nous ont tous aidés à être champions. Guido a joué sa partition, Boschi’ nous a mis deux ou trois coups francs cette saison-là.
Les planètes étaient clairement alignées…
C’est évident, quand on pense aux deux coup francs de Falca’ (Radamel Falcao) contre Dijon, même s’ils ne lui ont pas attribué le deuxième. C’est fou de mettre deux coups francs dans un même match sur deux côtés différents en plus ! D’autant qu’il rentre en cours de match, il me remplace d’ailleurs. Thomas Lemar en a mis aussi cette saison qui ont fait du bien. Je crois, quand il en met un de loin notamment. Il avait une technique de frappe incroyable ! Il faut quand même se rappeler qu’il a fait une Coupe du Monde après, il est devenu très costaud, mine de rien il était dur à bouger. En fait, il était trop vif !
Un mot sur Nabil (Dirar) aussi, qui avait un rôle important également !
Nabil il te mettait des galettes avec son pied droit ! Et puis c’était un mastodonte physiquement, il débordait de tous les côtés et quand il y avait un duel, personne n’avait envie d’aller à l’épaule avec lui (sourire).
L’AS Monaco aura toujours une place très, très spéciale pour moi. Je pense que c'est ce club qui m'a permis de grandir en tant qu'être humain. Et à côté de ça, qui m'a permis de me retrouver dans des endroits où je n'aurais pas pensé être.
Tiémoué BakayokoSur son passage à l'AS Monaco
Que représente ce club dans ta vie avec le recul ?
L’AS Monaco aura toujours une place très, très spéciale pour moi. Je pense que c’est ce club qui m’a permis de grandir en tant qu’être humain. Et à côté de ça, qui m’a permis de me retrouver dans des endroits où je n’aurais pas pensé être. Derrière, j’ai réussi à être dans des super clubs. Mais ce que j’ai vécu ici, c’est totalement différent de tout ce que j’ai vécu ailleurs.
On a une petite surprise pour toi pour finir…
(Il regarde un message vidéo de Bernardo Silva) Ahhh sacré Bernardo, chewing-gum, ça fait plaisir ! Ça fait plaisir ce petit message. C’est vrai que dernièrement, on ne s’est pas donné beaucoup de nouvelles, mais je continue à suivre ce qu’il fait avec Manchester City, d’autant qu’il en est devenu le capitaine. Merci à lui pour ce message, je lui souhaite tout le meilleur, et peut-être qu’on se croisera au match, mais je souhaite tout le meilleur à lui et à sa famille.
Quel souvenir gardes-tu de lui ?
Bernardo, ce qu’il a fait sur ses trois saisons, parce qu’on arrive et on part en même temps du Club, avec son petit physique, c’est fort ! Tu le vois passer entre des joueurs qui font une tête de plus que lui, et ça a l’air facile. Je pense qu’avec le recul, c’est le joueur qui m’a le plus impressionné à Monaco. Et pourtant on a eu des joueurs de talent, mais honnêtement c’est lui, sans aucun doute.
As-tu un petit mot pour les fans ?
On a une bonne relation, on s’apprécie. Même si la dernière fois que je suis revenu avec un autre maillot, j’ai mis un but, donc ils n’ont pas kiffé, j’ai reçu quelques messages (sourire). Mais plus sérieusement j’ai envie de leur dire MERCI pour tout le soutien qu’ils m’ont témoigné lorsque j’étais ici. Surtout qu’il faut se souvenir qu’au début, tout n’a pas été facile pour moi. Et malgré tout, j’ai toujours reçu beaucoup de messages positifs. Donc merci à eux d’être là, et de continuer à supporter la nouvelle génération. Ils ont toujours été là, et on a toujours senti leur soutien. MERCI ! 🇲🇨
Langsung
Langsung