Peuple-Vert.fr
·15 November 2024
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Alors que l'ASSE a récemment été acquise par le groupe Kilmer Sports Ventures, l'effectif d'Olivier Dall'Oglio reprend doucement sa place en Ligue 1. Après une longue période de disette, le club du forez a entamé un projet ambitieux avec Ivan Gazidis à sa tête. Passé par Saint-Étienne de 2019 à 2020, Claude Puel possède une vision particulière du football. L'ancien coach Stéphanois s'est exprimé sur la situation de l'ASSE au micro de Peuple Vert.
Amputée d'un Jean-Louis Gasset qui a permis aux Verts de retrouver leur couleur, l'ASSE s'appuie sur son adjoint Ghislain Printant en juin 2019 pour performer. Sans succès. Claude Puel succède en qualité de manager général et d'entraîneur pour mener l'ASSE dans l'élite. Mais plombée par des moyens financiers étriqués et un projet utopique, l'aventure tourne au vinaigre. Après 88 matchs sur le banc Stéphanois, Claude Puel est démis de ses fonctions. Depuis, le natif de Castres n'a pas retrouvé de point de chute.
"Je suis encore passionné par le football, même si je le suis un peu moins qu’avant." Avoue-t-il. Du haut de ses 63 ans, l'ancien joueur de l'AS Moanco (600 matchs) se concentre sur sa vie de famille. "Aujourd'hui, j'ai d'autres centres d'intérêt, que ce soit familiaux, sportifs ou autres, et je reçois pas mal de sollicitations auxquelles je n'ai pas encore répondu. Je verrai pour la saison prochaine, mais d'ici là, je reste tranquille."
Si Claude Puel n'a plus mis les pieds à l'Étrat depuis plusieurs années, l'ancien coach des Verts n'a pas oublié le club dix fois champion de France.
Claude Puel : "Je continue de suivre Saint-Étienne ainsi que tous les jeunes joueurs que j'ai aidés à lancer. C’est très positif pour Saint-Étienne d'avoir de nouveaux propriétaires, avec une vision différente et, surtout, des moyens financiers. Comme tout club qui veut évoluer dans l’élite, Saint-Étienne aura besoin de ces ressources pour espérer se maintenir et même viser des places de premier plan.
Remonter en première division est une étape importante, mais il faut maintenant assurer le maintien avec des joueurs de niveau Ligue 1. C'est un des défis du projet mis en place. Le recrutement sera crucial. Désormais, il faut que ça se concrétise pour obtenir un maintien.
Ce n’est pas évident. Ils partent presque d'une page blanche, mais l'avantage est qu’ils semblent avoir les moyens financiers nécessaires pour bien recruter, former, et développer le potentiel de l'équipe afin de se maintenir. Vendre le club à ce moment-là, à des acheteurs disposant d’une solide assise financière, a été une très bonne décision. Maintenant, tout repose sur un recrutement judicieux et ciblé, en fonction du projet qu’ils souhaitent mettre en place : miser sur des joueurs expérimentés ou sur des jeunes à fort potentiel, tout en visant des résultats pour maintenir le club."
Mais si Saint-Étienne a effectué son retour en Ligue 1 cette saison, les hommes d'Olivier Dall'Oglio se concentrent sur le maintien. Un nouveau projet, qu'il est nécessaire de bonifier, selon Claude Puel.
Claude Puel : "À Saint-Étienne, ils manquent de joueurs d'expérience pour les encadrer. Mais d'un autre côté, ces jeunes auront sans doute plus de liberté pour s’exprimer qu'à mon époque. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la jeunesse et l’expérience. Ne prendre que des joueurs habitués au maintien, c’est avoir tout faux. On ne peut pas performer par la suite. J’avais des certitudes sur les jeunes que nous avons lancés, et ils ont su confirmer ensuite.
Il faut savoir faire preuve de patience. J’ai déjà vécu des situations similaires. À Lille, par exemple, on a lutté pendant deux ans pour le maintien, finissant 14e et 10e. Et avec ce même groupe, nous avons fini 2e et 3e les années suivantes, et nous avons joué en Ligue des champions. (...) On définit un projet, on s'y engage pleinement et on le défend, quels que soient les obstacles ou les résultats. À Saint-Étienne, tout le monde a pris peur lorsque nous étions à la 20e place, avec une vingtaine de matchs à jouer. On sait que les jeunes joueurs sont souvent plus performants lors de la deuxième moitié de saison. Mais les dirigeants ont réagi par peur et ont activé un levier qui, finalement, n’a pas porté ses fruits.
Je ne souhaite que le maintien, pour ses supporters, pour ce que Sainte-Étienne représente. C'est un patrimoine du football français, c'était magique de voir ce peuple derrière l'équipe. C'est quelque chose d’assez unique."
La ferveur stéphanoise n'est plus à démontrer. Meilleure ambiance de Ligue 2 malgré une situation sportive complexe, les supporters de l'ASSE ont marqué Claude Puel lors de son passage.
Claude Puel : "Mon passage s’est goupillé avec les supporters et avec les dirigeants. Tout le monde était conscient de la situation du club et était d'accord sur le projet : former les jeunes pour sauver le club et viser le maintien en fin de saison.
Les supporters de Saint-Étienne sont extraordinaires. Si le club parvient à se maintenir cette année, ce sera en grande partie grâce à eux, car ils soutiennent l’équipe sans relâche. Ils font corps avec l’équipe. Vers la fin de mon mandat, il y a eu quelques frictions, mais cela ne remet pas en cause l’impact positif qu’ils ont eu et l’énergie unique qu’ils apportent au club."
Réputé pour sa capacité à lancer de jeunes joueurs, Claude Puel a fait confiance à la formation stéphanoise tout au long de son parcours. Saidou Sow, Mahdi Camara, Etienne Green : les noms s'empilent. Mais aujourd'hui, c'est au tour de Mickaël Nadé de gagner sa place en Ligue 1.
Claude Puel : "Je ne suis pas surpris de voir Mickaël Nadé performer à ce niveau. Il a franchi des paliers très rapidement. J'ai insisté pour qu'on le garde, je me suis battu pour le prolonger. Quand des clubs allemands ont manifesté leur intérêt, j’ai travaillé avec les dirigeants, les agents pour le prolonger. Mickaël Nadé a un fort potentiel. Il est puissant et solide sur ses appuis.
Quand je l’ai vu pour la première fois avec la réserve, il était encore très naïf, sans lecture du jeu, et il se faisait souvent prendre dans son dos. Aujourd’hui, ce n'est plus le cas : il anticipe bien les trajectoires, lit les appels dans son dos et est solide dans les duels. Il a progressé avec le ballon aussi. Et il peut encore continuer à travailler. Nadé et Sow, ça tenait la baraque."
Claude Puel : "Il y a des raisons d’être inquiet. On vit une parenthèse enchantée avec quelques clubs qui performent en Europe. Mais on a un championnat à deux vitesses. C’est dommage que la Ligue soit passée à 18 clubs, soi-disant pour partager le gâteau. Mais au final, on se rend compte que cela n’a rien changé, bien au contraire. Cela a mis en difficulté de nombreux clubs, avec des répercussions même dans le football amateur.
Je suis inquiet pour l'avenir, notamment par rapport aux centres de formation. Il y a beaucoup de clubs qui ont été rachetés par des fonds étrangers qui veulent des résultats, faire du trading et ne se soucient plus autant de la formation. Il faut savoir équilibrer les choses : obtenir des résultats immédiats tout en développant les ressources financières du club, et les jeunes joueurs en font partie."