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·1 Juni 2025
Ligue 2 : Un club historique s’écroule !

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Autrefois salué pour sa stabilité et son projet structuré, le Stade de Reims traverse aujourd’hui une crise profonde, tant sur le plan sportif que financier. Relégué en Ligue 2, le club paie aujourd’hui des mois de dérives managériales et de décisions hasardeuses. Décryptage d’une descente aux enfers, symptomatique d’un football de plus en plus déconnecté de la réalité.
Il n’y a pas si longtemps, le Stade de Reims faisait figure d’exception dans le paysage de la Ligue 1. Modeste mais ambitieux, le club champenois s’était imposé comme un exemple de gestion intelligente, misant sur la formation, la stabilité de son staff et des recrutements ciblés. Sans prétendre rivaliser avec les cadors du championnat, Reims s’était construit une image positive : celle d’un club travailleur, cohérent, respecté même s’il restait discret.
Cette image, aujourd’hui, semble totalement effacée. Le Reims d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’il y a encore quelques années. Selon les propos du journaliste Romain Molina dans sa dernière vidéo, le club s’est transformé en une caricature de gestion sportive, accumulant les erreurs jusqu’à atteindre une situation critique. Le constat est sans appel : là où il y avait du fond, il ne reste plus qu’un vernis administratif, dissimulant mal une réalité inquiétante.
Le plus marquant dans cette évolution, c’est la perte de repères du club, qui s’est peu à peu éloigné de son identité et de ses bases. Ce qui était autrefois une gestion de bon père de famille a été remplacé par une logique de trading intensif, de mandats à répétition, de décisions dictées par des intérêts périphériques au football.
L’exemple le plus frappant de cette dérive se trouve dans les chiffres. En 2023-2024, le déficit structurel du club – hors ventes de joueurs – s’élevait à 36 millions d’euros. Un montant vertigineux pour une entité comme Reims, qui n’a ni les revenus européens, ni une base commerciale forte. Mais cette perte est en réalité encore plus importante.
Cette saison-là, le club a bénéficié de 16,5 millions d’euros de la part du fonds CVC, dans le cadre du plan de relance du football français. C’était la deuxième tranche, après une première déjà perçue l’année précédente. Au total, le Stade de Reims a donc encaissé 33 millions d’euros en deux saisons grâce à cette manne exceptionnelle. Or, ces versements étaient ponctuels, et ne se reproduiront pas.
En enlevant cette aide exceptionnelle, le déficit réel s’élève à plus de 52 millions d’euros. Une situation intenable à moyen terme. Et pourtant, la masse salariale continue d’exploser : 57 millions d’euros pour cette saison, soit 120 % des revenus annuels du club. Autrement dit, Reims dépense plus que ce qu’il gagne, et doit vendre massivement chaque été pour survivre.
Le problème, c’est que ce modèle touche désormais ses limites. Le marché des transferts est saturé, et les joueurs vendables ne sont pas légion. Keito Nakamura, acheté 12 millions d’euros, a montré des qualités mais reste irrégulier. Sa valeur est loin d’être garantie. Junya Ito attire l’attention, mais le montant espéré ne suffira pas à combler le gouffre financier. Yehvann Diouf, brillant dans les cages, évolue sur un marché de gardiens compliqué. Résultat : le club va devoir brader, faute d’alternatives.
Et ce n’est pas fini. Selon Molina, la DNCG pourrait bientôt demander que l’intégralité des fonds soit placée en garantie, ce qui limiterait drastiquement les marges de manœuvre. Les pertes prévues pour les saisons 2025-2026 et 2026-2027 inquiètent déjà, et la relégation en Ligue 2 aggrave la situation : baisse des droits TV, chute des sponsors, perte d’attractivité pour les joueurs…
Mais la situation économique n’est que le reflet d’un mal plus profond : la perte de l’âme du club. Le Stade de Reims ne parle plus à ses supporters. La fracture est nette, visible, et s’est creusée au fil des décisions incompréhensibles. Loin d’un club populaire enraciné dans sa région, Reims semble aujourd’hui dirigé comme une entreprise d’investissement, obsédée par les chiffres et les plus-values toujours selon les propos du journaliste Molina.
Jean-Pierre Caillot, président depuis 2004, aurait confié en privé qu’il comptait “tout brader” pour repartir sur un projet jeune et léger. Une fuite en avant qui rappelle les errements d’autres clubs comme Montpellier, mais sans la même culture de formation. Cette stratégie de “reset” permanent pourrait bien enfoncer davantage le club, plutôt que le sauver.
À force de miser sur des projets court-termistes, le lien entre les dirigeants et le terrain s’est rompu. Les décisions sont prises dans une logique d’optimisation financière, sans réel projet sportif derrière. L’empilement de joueurs moyens à fort potentiel de revente a remplacé l’envie de construire une équipe cohérente.
Pire encore, le discours interne dénote d’un déni inquiétant. Plutôt que de reconnaître les erreurs, certains au club préfèrent parler de complot ou d’acharnement. Toute critique serait une attaque injustifiée. Une posture de repli qui empêche toute remise en question. Et pourtant, les chiffres sont là. Les résultats aussi : Reims est en Ligue 2.
Cette relégation, loin de provoquer un élan de compassion dans le monde du football français, provoque au contraire une forme de soulagement, voire de satisfaction. Car le Stade de Reims, autrefois respecté, est devenu un contre-modèle. Un club arrogant, déconnecté, dont le discours ne correspond plus aux actes.
Reims doit maintenant se réinventer. Loin du tumulte des projecteurs de la Ligue 1, le club a une chance – certes fragile – de revenir à ses fondamentaux. Mais cela suppose un véritable changement de culture, de gouvernance et de stratégie. La Ligue 2 ne pardonnera pas une gestion à l’aveugle. Et les supporters ne seront plus dupes.
Langsung