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·23 Maret 2025
Supporters : l’ANS prend des mesures radicales !

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·23 Maret 2025
Face à la répression grandissante, l’Association Nationale des Supporters (ANS) prend des mesures radicales. Mise en retrait de l’Instance nationale du supportérisme, rupture totale du dialogue avec les autorités et menace de dissolution : les groupes de supporters contre-attaquent pour faire entendre leur voix.
La dissolution des groupes de supporters continue de susciter une vive opposition. Malgré les nombreux avertissements politiques, institutionnels et même policiers, le gouvernement semble ignorer ces mises en garde. "On veut vous dissoudre et on fait fi de tout ce qui nous est remonté", dénoncent les représentants des supporters, pointant du doigt une décision qui met en péril la situation locale et le rôle essentiel des groupes en tant qu’interlocuteurs fiables. À Nantes, par exemple, la mairie et l’adjoint aux sports se sont opposés à ces dissolutions, soulignant leur inutilité et leur dangerosité pour le dialogue instauré depuis des années.
Les représentants des supporters rappellent qu’ils ont toujours joué le jeu du dialogue, participant à des séminaires organisés par le ministère de l’Intérieur pour expliquer leur fonctionnement. "À titre d'exemple, moi, mon club, l'AS Saint-Etienne, pendant nos années Ligue 2, on a eu simplement deux déplacements pour lesquels nous n'étions pas encadrés, c'est-à-dire pour lesquels nous n'avions pas de point de rendez-vous avec une escorte policière et une limitation en capacité du parcage.
Ces restrictions, on les a toutes acceptées. On s'est toujours rendu à ces points de rendez-vous-là, on a toujours accepté les jauges que nous imposaient les différentes préfectures. On a toujours joué le jeu des autorités et aujourd'hui c'est comme ça que Bruno Retailleau nous remercie." Pourtant, la réponse des autorités ne semble être que répressive. "Pourquoi continuer à entretenir ce dialogue et à mâcher le travail des autorités si, au final, on nous plante un couteau dans le dos ?", s’interrogent-ils.
Le rôle des SLO (Supporter Liaison Officers) est également mis en avant. S’ils permettent un dialogue local constructif dans certaines villes, les groupes de supporters estiment qu’une prise de position plus ferme des clubs est nécessaire. "Si les clubs sont contre les dissolutions, alors ils doivent le dire haut et fort", insistent-ils. Jusqu’à présent, trop peu de présidents se sont exprimés clairement sur le sujet. "Aujourd’hui, si vous n’avez plus d’interlocuteurs dans vos tribunes, comment allez-vous faire ?", interpellent-ils.
"Au-delà de ça, enlever des structures qui ont 33 ans d'existence, qui sont parfois les plus grosses associations de jeunesse de leur ville, qui jouent un rôle social très important, je pense notamment, je prêche pour ma paroisse, mais je pense à Saint-Étienne. On est une ville de 200 000 habitants. Tout le monde nous connaît. On n'intervient pas uniquement le week-end pour aller supporter notre équipe. On joue un rôle social, que ce soit avec les jeunes de la ville, que ce soit avec d'autres associations." Cette dimension sociale est trop souvent ignorée par les autorités, alors qu’elle constitue une part essentielle de l’existence de ces groupes.
Face à cette situation, la solidarité entre groupes de supporters s’est renforcée. "Vous touchez à un de nos groupes, vous touchez à tous nos groupes", martèlent-ils. Rivaux ou non, ultras ou supporters plus familiaux, tous se rassemblent derrière cette cause. "Nos associations ne sont pas des usines à délinquants", rappellent-ils, dénonçant les accusations contenues dans les documents justifiant la dissolution.
Enfin, les représentants des supporters critiquent l’absence totale de dialogue avec le ministère des Sports. "C’est la première fois qu’un ministre des Sports refuse tout échange depuis la création de l’ANS", regrettent-ils. Alors que les supporters se disent prêts à discuter, aucune ouverture n’a été proposée par les autorités. Cette fin de non-recevoir alimente leur détermination : "Nous ne laisserons pas passer cette attaque contre notre mode de supporterisme."
L’une des premières décisions fortes annoncées est la mise en retrait temporaire de l’ANS de l’Instance nationale du supportérisme (INS) au moins jusqu’au 2 avril. Cette instance, qui joue un rôle clé dans le dialogue entre les supporters et les institutions, se retrouve ainsi fragilisée. Toutefois, il ne s’agit pas d’une démission, mais d’un moyen de pression pour exiger un dialogue plus équitable. Par ailleurs, l’ANS appelle à une plénière extraordinaire de l’INS afin de discuter des récentes décisions gouvernementales.
Deuxième décision majeure : la suspension du dialogue entre l’ANS et les autorités nationales et locales, notamment la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), les Renseignements territoriaux et les SLO (Supporter Liaison Officers). Ce choix vise à contraindre les clubs et les institutions à prendre position face à une situation jugée injuste par les groupes de supporters. "Si nous ne sommes plus écoutés et que les décisions se prennent sans concertation, alors nous cessons de dialoguer", résume un représentant de l’ANS.
Enfin, l’ANS annonce une demande inédite : inscrire à l’ordre du jour de sa prochaine assemblée générale la dissolution volontaire de tous ses groupes membres. "Nous, on a un groupe de supporters qui regroupe des gens entre 14 et 60 ans à l'heure actuelle. On a forcément des réactions qui ont été soit dans l'incompréhension, soit des membres un peu plus aguerris qui se sont dit oui cette décision elle est politique et on veut nous couper la tête uniquement pour des raisons politiques." Sans groupes adhérents, l’ANS n’existerait plus et ne pourrait plus servir d’interlocuteur officiel pour les autorités. Une manière radicale de dénoncer un mépris institutionnel et de souligner le rôle indispensable des groupes dans l’organisation du supportérisme en France. Cette menace, si elle venait à être exécutée, marquerait un tournant majeur dans les relations entre supporters et institutions.
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