Evect
·8 September 2025
Une ancienne de l'ASSE dénonce le système et parle santé mentale

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Yahoo sportsEvect
·8 September 2025
Ce n'est pas le premier témoignage dans ce sens dans le monde du sport et plus particulièrement du football. La santé mentale, trop souvent oubliée, est évoquée par l'ancienne stéphanoise Lalia Storti dans le podcast Une Histoire Une Vie.
Lalia Storti évoque l'arrêt de sa carrière en 2022 consécutif à une période très difficile pour elle mentalement : "En 2022, j'annonce la fin de ma carrière pour des raisons très simples. J'étais plus qu'au bord du gouffre. C'était très compliqué pour moi. Je n'avais plus cette étincelle. C'était devenu une corvée d'être sur un terrain de foot. J'en avais la boule au ventre, j'en ai la voix qui tremble encore. C'était une période difficile."
Lalia Storti explique les raisons des difficultés qu'elle a connues et dénonce le système autour du football, et notamment l'attitude de certains dirigeants ou encore coachs : "C'était difficile parce qu'on est poussé dans nos retranchements, on n'est pas accompagné pour ça. On est formaté à exceller, à dépasser des normes, une performance, auxquelles on n'est pas habitué, où ça commence très jeune. C'est une accumulation de plusieurs saisons où je me suis tue. J'ai encaissé. Moi quand j'ai craqué, j'avais 30 ans. Ça a dû s'accumuler pendant dix ans. Il y a moment où j'ai tout lâché et ça m'a fait un bien fou. J'en pleure aujourd'hui parce que je suis aussi émue et fière d'être revenue dans cette passion et ce ballon qui m'a accompagné toute ma jeunesse. J'ai arrêté huit mois. Pendant ces huit mois je me suis autorisée à manger ce que je voulais, à ne pas faire d'efforts physiques et mentaux. Juste à prendre soin de moi. (...)
Il y avait trop de pression et puis on n'est pas remercié pour ce que l'on donne. On va s'engager dans des clubs sur une certaine durée, on va donner deux et trois ans de notre vie et puis et à un moment donné on a envie d'un nouveau départ, ce qui est normal dans une vie. Et en fait à ce moment-là, on prend plein de critiques. On appartient à ces clubs et ces sociétés. C'est devenu malsain. Des présidents, des coachs, des membres d'un staff peuvent appeler des clubs pour nous refuser l'accès, pour nous dénigrer, pour dire des choses parfois fausses et c'est là que c'est malsain, parce que ça touche à l'humain. Je suis revenue parce que j'aime trop le foot. Je pense que j'ai remis les choses en ordres, j'ai remis mes priorités. Ma santé mentale est primordiale, j'ai remis le football à sa juste place. Le foot me fait grand bien dans ma vie mais il a ses limites. Le système que je dénonce n'a pas changé mais il m'atteint moins parce qu'aujourd'hui j'ai mis certaines barrières que j'ai construites avec la maturité et tout ce que j'ai vécu. Je le prends avec plus de recul."
Un témoignage qui n'est pas sans rappeler celui de Manon Uffren à Canal+ en 2024, elle aussi passée par l'ASSE puis le FC Nantes : "Pour moi il y a encore un an je ne me voyais plus jouer au football, c’était niet (sic), j’arrêtais. C’était après ma saison à Saint-Étienne, nous étions en D1 Arkema et nous sommes descendues. Le foot c’est beaucoup de pression, beaucoup de stress et il y a aussi beaucoup d’injustice, notamment chez les féminines. C’est ce que j’ai vécu plusieurs années, ça commençait à être pesant pour moi. À ce moment-là pour ma santé mentale, j’avais besoin que ça s’arrête. J’ai arrêté un an et demi, c’était très dur mais très réfléchi. J’avais vraiment besoin de ne plus parler de foot, de ne plus faire de foot. Cela m’a fait énormément de bien. Quand j’en parle aux filles, beaucoup comprennent, certaines n’osent pas arrêter mais je sais qu’elles comprennent cette décision-là. (...) Je suis revenu un an et demi après, je commençais à regarder les filles à la télé, forcément je me disais que j’aimerais bien y être. J’ai reçu un appel du coach de Nantes, c’était la première fois que j’avais eu un discours comme cela. En plus, j’avais Lalia (Storti) et Emi' (Burns) qui étaient déjà présentes au club avec qui j’avais joué auparavant avec Saint-Étienne. J’ai vite pris ma décision. Si elles n’avaient pas été là, je ne serais pas là."