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·13 de setembro de 2025
ASSE : Roland Romeyer est dans la tourmente !

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·13 de setembro de 2025
Accusé d’avoir instauré un climat sexiste à l’ASSE, Roland Romeyer, président emblématique des Verts entre 2006 et 2024, fait l’objet d’une enquête préliminaire du parquet de Saint-Étienne. Témoignages, enquête interne et démentis : retour sur cette affaire.
À 80 ans, Roland Romeyer, figure incontournable de l’AS Saint-Étienne, est désormais rattrapé par la justice. Comme révélé par Le Progrès début septembre, une enquête préliminaire a été ouverte pour outrages sexistes et harcèlement sexuel, avec circonstance aggravante liée à sa position hiérarchique.
L’Équipe a reconstitué la chronologie des faits et recueilli plusieurs témoignages de collaboratrices du club. Tous décrivent un comportement jugé déplacé et inapproprié de la part de l’ancien président, qui dirigea l’ASSE pendant près de deux décennies.
Des gestes insistants, des surnoms infantilisants et des propos graveleux seraient devenus, au fil des ans, une sorte de « normalité » dans les couloirs de Geoffroy-Guichard. « C’était Roland… », répètent plusieurs anciennes salariées, pour expliquer pourquoi ces comportements n’avaient pas été dénoncés plus tôt.
Lors d’ateliers de sensibilisation organisés par le club dans le cadre d’un partenariat avec l’association Her Game Too, plusieurs collaboratrices ont fini par livrer leur malaise. Selon des comptes rendus consultés par L’Équipe, les témoignages décrivent des comportements récurrents :
Un climat qui aurait marqué durablement certaines collaboratrices, quand d’autres, plus anciennes, avouent avoir minimisé la situation pour « protéger leur carrière » ou simplement « s’en accommoder ».
Alertée par ces témoignages, l’ASSE a mandaté un avocat parisien, Me Martin Pradel, pour mener une enquête interne entre février et mai 2025. Ses conclusions, dont des extraits ont été obtenus par L’Équipe, évoquent un « climat lunaire » où des comportements sexistes auraient été banalisés et tolérés.
Selon l’avocat, certaines victimes n’avaient pas conscience du caractère problématique de ce qu’elles vivaient. La hiérarchie, elle, aurait fermé les yeux, estimant qu’« aucune chose gravissime » n’était portée à leur connaissance. Une inertie qui a favorisé une « banalisation des comportements inappropriés ».
À l’issue de ce rapport, l’AS Saint-Étienne a transmis le dossier au parquet, déclenchant l’ouverture de l’enquête préliminaire. Le club a également réaffirmé dans un communiqué sa condamnation « de toute forme de violence ou de comportement inapproprié ».
Face à ces accusations, Roland Romeyer a immédiatement réagi par la voix de son avocat, Me Jean-Félix Luciani. Ce dernier affirme que son client est « blessé mais serein » et qu’il « conteste avoir commis le moindre fait de nature pénale ». L’ancien président nie tout harcèlement sexuel et dit « ignorer ce qu’on lui reproche », promettant de se défendre avec détermination.
Romeyer, qui a quitté la présidence en juin 2024 après la vente du club au groupe canadien Kilmer, avait toutefois conservé une forte présence à l’ASSE. Toujours impliqué dans le musée des Verts et l’association Cœur Vert, il n’hésitait pas à critiquer les nouveaux dirigeants. Une situation qui, selon plusieurs observateurs, était déjà source de tensions.
Pour l’ASSE, cette affaire tombe à un moment délicat. Après des années de turbulences sportives et financières, le club tente de se reconstruire avec ses nouveaux propriétaires. La révélation de tels faits fragilise l’image des Verts, déjà marquée par des crises répétées ces dernières années.
Du côté des associations engagées, comme Her Game Too, la libération de la parole est vue comme une avancée nécessaire. « Nous avons été soulagées de voir que ces ateliers aient permis aux femmes de s’exprimer », a confié Louise Poyard, responsable des opérations.
Ce dossier dépasse le simple cadre du football. Il interroge sur la place des femmes dans les clubs, sur la culture d’entreprise dans des institutions sportives très masculines, et sur les mécanismes de silence ou de banalisation qui entourent parfois les comportements sexistes.
Si la justice doit désormais faire son travail, cette affaire rappelle l’importance des dispositifs de prévention et de sensibilisation. Pour l’AS Saint-Étienne, l’enjeu est clair : tourner la page d’un passé encombrant et incarner, enfin, un modèle de respect.