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·19 de abril de 2025

Caen rélégué en National : récit d'une saison ridicule à tous les niveaux

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Jamais relégué en National depuis 1984, le Stade Malherbe Caen vit une saison 2024/2025 digne d’un mauvais scénario de série. Rachat sensationnel, direction floue, entraîneur inconnu, mercato douteux, crise sportive… Retour sur la descente aux enfers d’un club qui pensait voir plus grand, et qui regarde désormais vers le précipice.

Une promesse de grandeur

Le 31 juillet 2024, le football français est secoué : Kylian Mbappé, encore en activité, devient propriétaire du Stade Malherbe de Caen. L’événement est colossal, presque surréaliste. Dix mille abonnements sont enregistrés, record absolu du club en Ligue 2. L’enthousiasme est total. Depuis 1984, Caen n’a jamais connu la N1, et sort d’une saison encourageante, conclue à la 6e place, à un petit point des barrages. L’effectif, évalué comme le 6e plus cher de L2 par Transfermarkt, semble armé. L’ascension paraît à portée de main.


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Mais très vite, les promesses virent à l’absurde. Olivier Pickeu et Yohan Eudeline, président et directeur sportif, sont écartés. Jusqu’en septembre, c’est le flou total dans les organigrammes. Symbole de l’été caennais particulier, l’attaquant Norman Bassette disparaît de l’entraînement après un match de prépa, avant d’être transféré à Coventry (D2 anglaise) sans crier gare. Alexandre Mendy, meilleur buteur de L2 en 2023-24, est rappelé à l’entraînement à trois jours du premier match… alors qu’il avait un bon de sortie de la part de l’ancienne direction. Un retour express pour l’attaquant qui n’a donc pas pu faire la prépa avec le reste de l’effectif. Il reste. Forcé.

Le mercato ? Désorganisé. Le club perd Ali Abdi, son latéral gauche référence parti rejoindre l'OGC Nice en Ligue 1, et voit le départ de Hugo Vandermersch sans solution de rechange immédiate. Ce dernier résume bien la situation pour Ici : « On a été énormément dans le flou durant tout l’été. » La jeune pépite Tidiam Gomis, que le club cherche à prolonger à tout prix, finira par partir cet hiver contre 1 million d’euros. Parce qu’au fond, lui non plus n’y croit pas. La prépa estivale se conclut sur cinq défaites, une seule victoire… et deux blessés en prime. Bienvenue à Caen 2.0.

Flou artistique et débuts timorés

La saison commence sur les rotules : trois défaites en quatre matchs. Rien à voir avec les quatre victoires de l’année précédente au même stade. Mendy n’est pas prêt, plusieurs cadres sont absents. Après six journées, Caen est 13e. Et à la 12e journée ? Toujours 13e. Annoncé en haut de tableau, le SMC stagne juste au-dessus de la zone rouge.

Entre-temps, la vente à Coalition Capital est officialisée. Ziad Hammoud, gestionnaire des droits d’image de Mbappé, prend les commandes sans jamais être présent physiquement. Gérard Prêcheur, nommé directeur technique, a une solide expérience… du football féminin. Il est aussi un ancien formateur de Kylian à Clairefontaine. Le tout commence à ressembler à un album Panini version copinage.

Le seul rayon de soleil ? Un doublé d’Alexandre Mendy face à Martigues en octobre, qui lui permet de devenir le meilleur buteur de l’histoire du club. À ce moment-là, il reste la seule certitude dans un océan d’hésitations. Fin décembre, Nicolas Seube est remercié. Le club est 16e mais à égalité avec Ajaccio, avec seulement deux points de retard sur Clermont, premier non relégable. Il a récolté 16 points sur 54, ce n’est pas glorieux, mais loin d’être désespéré.

Seube éjecté, Baltazar parachuté

Seube paie une série de défaites, mais reste soutenu par les supporters et ne semble pas avoir perdu son vestiaire. Son choix fort d’écarter Mandréa des cages pour Clémentia n’a pas fait l’unanimité… mais pas la révolution non plus. Déjà durant l’été, la nouvelle direction voulait changer l’entraîneur et recruter un coach connu par le clan Mbappé : Zoumana Camara.

Pour remplacer Nicolas Seube ? Bruno Baltazar. Inconnu total. Il débute par une défaite contre Clermont, avec un but encaissé en fin de match. Puis une autre. Et encore. Sept matchs, sept défaites. Un but marqué. 0-0-7, le surnom est trouvé. Pendant ce temps, tous les concurrents au maintien prennent des points : Clermont et le Red Star ont récolté 8 points, Troyes et Martigues – alors bon dernier – empochent neuf point. Ajaccio et Grenoble sortent de la lutte pour le maintien grâce à leurs 12 et 16 points. Caen, lui, creuse.

La direction change encore : Gérard Prêcheur démissionne — ou est poussé dehors, personne ne sait — et laisse la place à Reda Hammache, ancien du Red Star… et proche du clan Mbappé. C’est lui qui aurait soufflé le nom de Baltazar. Le départ de Prêcheur est justifié par l’éviction de Seube, qu’il soutenait et une vision différente du projet avec le reste des dirigeants.

Le mercato d’hiver est à l’image du reste : incertain. Gomis vendu, Samuel Grandsir arrive, Jules Gaudin aussi. Mais aussi Alex Moucketou-Moussounda, défenseur central gabonais de D1 chypriote. Yassine Benrahou, prêté, se blesse après un match. Adriel Ba Loua, ailier venu de Pologne, aligne des prestations aussi ternes que son CV. Mauvais casting ou jeu d’agent ? Les hypothèses se bousculent.

La 20e journée, face à Guingamp, marque le point de bascule. Moussounda, fautif sur le but, incarne malgré lui l’échec du mercato. Caen est avant-dernier. Martigues revient à égalité, les équipes devant prennent le large. Les supporters, excédés, envahissent le terrain pour confronter pacifiquement les joueurs.

Le grand effondrement

Yann M'Vila, blessé depuis octobre, insiste pour revenir malgré les risques pour son corps. Un des rares à incarner encore une forme de flamme. Baltazar finit par sauter le 11 mars. Juste après une défaite contre Annecy, il dirige l’entraînement… avant d’être viré dans la foulée. Caen est dernier, à 3 points de Martigues, 10 de Clermont, 11 du Red Star. Et toujours aucune idée claire dans les bureaux. Baltazar laisse un champ de ruines.

Le 12 mars, Michel Der Zakarian débarque. Remercié quelques mois plus tôt par Montpellier, dernier de Ligue 1, il traîne pourtant une réputation de redresseur d’équipes. Deux montées avec Nantes, plus de 600 matchs pro coachés. Lueur d’espoir. Mbappé, pour la première fois depuis le rachat, se déplace à Caen. Caméras prévenues, déclaration grave : « C’était important pour moi d’apporter mon soutien. Encore plus dans la situation actuelle. Mais le football a montré que rien n’est impossible. »

Première avec Der Zak ? Un nul contre Pau (2-2), dans un match burlesque : deux pénaltys concédés, un raté de Mendy, un carton rouge pour Thomas pourtant buteur cinq minutes plus tôt. Puis vient un rayon de soleil à Clermont. Caen domine, obtient un penalty. Et là, Mendy, capitaine d'un jour, tente une panenka... que le gardien clermontois capte sans bouger ! Le timing du geste technique doit être apprécié avec l'épée de Damoclès au-dessus du SMC. Heureusement, les remplaçants sauvent la mise et offrent à Caen sa première victoire depuis novembre. Il reste neuf journées. Les supporters recommencent à faire des calculs. Der Zakarian, lui, croit encore au maintien.

Pour y croire, tout Caen (ou presque) vient pousser l’équipe contre Laval. Ambiance record : 17 746 spectateurs. Mais dès la 5e minute, Laval marque. La suite ? Domination stérile, 0 point. Retour brutal à la réalité. Contre Amiens, Der Zak tente un coup de poker : sept changements dans le XI de départ. Perdu. Défaite 2-1. À Paris, c’est encore pire. 3-0 à la mi-temps, défense à trois expérimentée sans succès. Puis Alexandre Mendy craque à la fin de la rencontre. Devant les caméras de beIN SPORTS, il balance : « Les erreurs qu’on fait sont à l’image de notre saison. [...] Tout le monde sait ce qu’il s’est passé lors de ce mercato d’été. Voilà ce que ça donne aujourd’hui. On récolte ce que l’on sème », lâche-t-il, évoquant un mercato d’été houleux où plusieurs joueurs (surtout lui) attendaient un départ qui n’est jamais venu. Résultat : pas d’énergie, pas d’envie. Il règle ses comptes. Sans penser aux supporters, blessés par cette déclaration. Et lui, visiblement dégoûté de toujours être là.

Martigues, le match "d'une vie"

Contre Metz, Caen sort un match solide. Un nul 2-2 face à un candidat à la montée en Ligue 1. Der Zakarian félicite ses joueurs et s’en prend aux arbitres : « On est tombé sur un arbitrage catastrophique. Un scandale » — répété cinq fois, pour être sûr que le message passe. À Rodez, match à haute tension. Le SMC mène deux fois, mais Rodez égalise à la 90e. Résultat ? 2-2. Une équipe qui s’accroche, certes, mais qui n’avance plus. Le maintien direct devient un mirage, alors qu’il reste seulement quatre rencontres en championnat. Sept points de retard sur Clermont, le barragiste. Sept aussi sur Martigues, relégable comme Caen. Il reste une dernière chance : un duel face à Martigues.

Avant ce match capital, Der Zakarian joue la carte du discours mobilisateur : « Il faut qu’on joue notre match à fond. Pas d’autre alternative. » Il demande de la hargne, du collectif, de la lucidité technique. Une déclaration presque désespérée : « Il faut qu’on se lâche. » Car une défaite condamnerait définitivement Caen. Même son de cloche du côté de l'ex-international français Yann M'Vila, pourtant habitué aux joutes européennes : « C’est le match de nos vies. Peut-être pas pour les jeunes, mais pour moi, à 34 ans, ça peut être le dernier. » Il parle famille, club, salariés, supporters. Plus qu’un match, une survie. Mais le SMC chute – une nouvelle fois – et cet effectif et cette gestion condamnent le club à une relégation en National.

Sur le terrain, les symboles d’un naufrage était présent, malgré les 15 000 spectateurs présents en moyenne au stade Michel d’Ornano. Alexandre Mendy, trois saisons consécutives entre 16 et 22 buts, n’en a mis que 8 (à changer s’il marque) cette année. Symbole d’un groupe malade, démobilisé, déconnecté. Caen a battu un triste record cette saison : neuf défaites consécutives, du jamais-vu en Ligue 2. Et la descente pourrait entraîner un plan social touchant les salariés du club. Le SMC vit au-dessus de ses moyens depuis trop longtemps. Et le National, avec ses pièges, ses pelouses incertaines et ses voyages galères, n’offre aucune garantie de rebond rapide.

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