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·11 de setembro de 2025
Copenhague-ASSE : Les doutes avant l’Europe !

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·11 de setembro de 2025
Il y a cinquante ans, l’ASSE écrivait l’une des plus belles pages du football français. L’épopée des Verts en 1976 reste gravée dans la mémoire collective : une aventure européenne haletante qui a mené l’équipe de Robert Herbin jusqu’à la mythique finale de Glasgow, le 12 mai, face au Bayern Munich. Cette campagne n’a pas été seulement une suite de matches, mais un récit épique, ponctué de doutes, d’exploits et de rebondissements, qui a fait vibrer toute la France bien au-delà du seul peuple stéphanois.
À l’occasion de ce cinquantième anniversaire, nous vous proposons de revivre, presque au jour le jour, cette marche triomphale. Des premiers tours encore hésitants jusqu’au grand soir écossais, replongeons dans l’atmosphère de l’époque, entre blessures, choix tactiques, ferveur populaire et rendez-vous avec l’Histoire.
Premier épisode : Avant l’Europe, les doutes ! KB Copenhague-ASSE
Le déplacement de l’AS Saint-Étienne à Marseille avait tout d’un choc du football français. Le Vélodrome, avec ses 43 000 spectateurs, offrait le décor des grandes affiches. Les Verts, champions de France en titre, s’y présentaient avec un collectif rodé, mais aussi le poids de leur statut : tout le monde veut battre l’ASSE.
Quand l’ASSE se rend à Marseille, l’ombre de Salif Keita plane encore sur le Vélodrome. Trois ans plus tôt, le 19 novembre 1972, lors de la dernière défaite de l’ASSE en terre provençale, l’idole malienne avait fait ses débuts avec l’OM dans un climat explosif. Parti de Saint-Étienne dans la douleur, au terme d’un transfert polémique, Keita avait été suspendu trois mois par la FIFA avant de pouvoir rejouer. Ce soir-là, face à ses anciens coéquipiers, il inscrit deux des trois buts olympiens (succès 3-1 de Marseille). Un coup de poignard pour le public stéphanois, qui voyait son ancien héros célébré en Provence. Pour Keita, c’était une revanche, mais aussi une blessure intime : adulé à Saint-Étienne, il était devenu le symbole d’un départ conflictuel et mal digéré.
Robert Herbin devra se passer de Christian Sarramagna, en délicatesse avec son genou. Jean-Michel Larqué, pas encore remis de sa blessure face à Lens, a préféré différer sa rentrée. Enfin, Gérard Janvion est encore absent. Dominique Rocheteau un temps, incertain à cause d’un coup sur le genou involontaire de la part du Marseillais François Bracci lors du dernier rassemblement de l’équipe de France, sera bien présent.
Malgré le premier doublé de Rocheteau en Vert, promesse d’un avenir radieux, les Stéphanois s’inclinent lourdement face aux hommes de Georges Bereta qui a été obligé de troquer la couleur verte pour la blanche l’hiver précédent (4-2). Cette défaite rappelle deux réalités : la défense stéphanoise n’est pas toujours infaillible, surtout loin de Geoffroy-Guichard ; Rocheteau, encore considéré comme un joker de luxe par Robert Herbin, est déjà l’attaquant le plus incisif de l’effectif.
Ce revers, symbolique, casse l’élan et rappelle à certains qui imaginaient une domination sans partage de l’AS Saint-Etienne que la saison sera longue.
Trois jours plus tard, le 12 septembre, l’ASSE reçoit le Paris Saint-Germain. Le Chaudron vibre, car les Verts y enchaînent les succès depuis près de deux saisons. Vingt-huit victoires consécutives en championnat : une série impressionnante, qui contribue à l’aura du stade stéphanois, théâtre d’exploits et forteresse imprenable.
La saison précédente, le PSG avait déjà failli battre les Verts au stade Geoffroy-Guichard. Les Parisiens ne s’étaient inclinés que 3-2 avec deux buts stéphanois à la 89e et 90e minutes. Les dirigeants du BK Copenhague sont présents, en particulier l’entraîneur, Mario Astori, et le président venus superviser leur futur adversaire. Mais ils ne pourront pas voir Dominique Rocheteau qui a dû déclarer forfait.
Quand Oswaldo Piazza ouvre la marque à la 70e minute, le scénario semble écrit : une nouvelle victoire, une série prolongée. Mais à trois minutes du terme, François M’Pelé profite d’un moment de flottement et arrache l’égalisation (1-1). La série s’interrompt brutalement.
Cet accroc est lourd de sens. Il marque la fin d’une invincibilité symbolique et rappelle que, même à domicile, les Verts ne peuvent plus se permettre la moindre baisse de régime. Chaque adversaire, du plus modeste au plus ambitieux, se transcende face au champion. Pour le PSG, club encore en construction, ce nul a valeur d’acte fondateur. Pour Saint-Étienne, c’est une alerte avant l’Europe.
Le 14 septembre, la nouvelle tombe : Dominique Rocheteau n’est pas rétabli et est encore indisponible. Coup dur, tant le jeune attaquant incarnait une promesse offensive dans un collectif souvent jugé rigoureux, mais parfois prévisible. Sa vitesse et sa capacité à déborder manqueront cruellement dans une équipe qui s’apprête à retrouver la Coupe d’Europe.
Robert Herbin doit revoir ses plans. L’entraîneur n’aime pas bouleverser son équilibre tactique. Mais Rocheteau représentait une arme unique. En son absence, l’ASSE doit compter sur Patrick Revelli qui grapille du temps de jeu, le malheur des uns faisant le bonheur des autres.
Le 15 septembre, c’est en coulisses que l’ASSE bouge. Roger Rocher, président visionnaire et bâtisseur de la réussite stéphanoise, nomme Louis Arnaud et Lucien Dumas vice-présidents du club. Ces nominations ne relèvent pas seulement d’une formalité : elles traduisent la volonté de structurer durablement l’institution. L’ASSE n’est plus un simple club de province. Elle est devenue une vitrine nationale, bientôt européenne. L’organisation doit suivre l’ambition. Ces évolutions témoignent aussi de la pression nouvelle : gérer les finances, les contrats, les déplacements, mais aussi l’exposition médiatique croissante. Dans un football français encore balbutiant sur la scène internationale, l’ASSE s’impose comme un pionnier de la professionnalisation.
Le 16 septembre, les Verts s’envolent pour le Danemark. Destination : Copenhague, où les attend le KB, Kjøbenhavns Boldklub, champion local. Les Verts seront logés à Helsingor, situé à 45 km de Copenhague, afin de profiter du calme des installations pour préparer un match qui pourrait se révéler plus piégeux qu’attendu.
Sur le papier, l’adversaire semble à la portée des Stéphanois. Mais l’histoire pèse : cela fait huit ans que l’ASSE n’a pas gagné un match de Coupe d’Europe à l’extérieur. Leur dernier succès remonte au 4 octobre 1967, face aux Finlandais du Kuopion Palloseura (3-0). Depuis, la Coupe d’Europe est un terrain d’apprentissage douloureux pour les Verts : éliminations frustrantes, voyages décevants, impression d’une équipe brillante à domicile, mais incapable d’exporter son football. Ce déplacement danois est donc bien plus qu’un premier tour : c’est une occasion de briser une malédiction et de démontrer que le club a grandi face à des adversaires qui sont tous amateurs, mais qui ne se présenteront pas pour autant en victimes désignées.
Robert Herbin a concocté une surprise dans son onze de départ face à Copenhague. Il a préféré s’appuyer sur un milieu plus dense en titularisant Christian Synaeghel qui est venu s’intercaler entre Jacques Santini et Dominique Bathenay. Ce milieu renforcé offre plus de liberté à Jean-Michel Larqué qui sera plus proche des frères Revelli associés en attaque. C’est donc Yves Triantafilos qui fait les frais de cette réorganisation tactique en cédant sa place.
Les supporters stéphanois se sont déplacés en nombre au Danemark. Deux avions ont été affrétés et certains n’ont pas hésité parcourir les 2 000 km de Saint-Etienne à Copenhague pour venir prendre place au Frederiksberg Idraetspark stadion.
La victoire tombe, nette et rassurante : 2-0 à Copenhague. Enfin, Saint-Etienne s’impose hors de ses bases. Ce succès n’a pas seulement une valeur comptable. Il marque une rupture dans l’histoire européenne du club. Pour la première fois, l’ASSE prouve qu’elle peut imposer son jeu à l’extérieur, dans une compétition où les matches hors de France sont souvent déterminants.
Les Verts ont parfaitement répondu au défi physique imposés par les Danois, seule arme qu’ils pouvaient présenter face à la supériorité technique affichée par les Français.
Les Stéphanois ont été sérieux et ils ont su accélérer en seconde période avec l’ouverture du score par Patrick Revelli à la 52ᵉ minute. Il rentabilise à la perfection le temps de jeu dont il bénéficie alors qu’il aurait dû être plutôt cantonné au banc de touche. Jean-Michel Larqué, en bon capitaine, a parachevé le succès de sa formation à la 71ᵉ minute, offrant pour les siens une avance confortable pour le match retour dans quinze jours.
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