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·25 de dezembro de 2025
Pailladins d’ailleurs #13 – Paul, réunion de famille

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La vie nous met parfois face à des choix impossibles. Que feriez-vous si la date de votre mariage tombait le lendemain d’un match décisif du MHSC, celui qui détermine la montée en Ligue 1 ? Pas facile, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est le dilemme cornélien auquel a dû faire face le père de Paul, en 2009, quelques heures avant de dire « oui » à la mairie. « Finalement, il s’est bien pointé à son mariage, mais il m’a toujours dit que pour lui, c’était une énorme preuve d’amour d’avoir raté ce match », me confie Paul. Lui ne s’en souvient pas. Logique, il n’avait que deux ans au moment des faits.
Du haut de ses 18 ans, Paul a aussi manqué les heures de gloire du MHSC du début des années 2010. La Coupe d’Europe, la finale de Coupe de la Ligue, le titre… il n’a rien vécu de tout cela. Il a vu les images : son grand-père avait même sorti le caméscope pour filmer le match contre Lille depuis les tribunes. Mais quand je l’interroge sur ses premiers souvenirs au stade, il m’évoque avec passion une anecdotique rencontre entre Montpellier et Troyes en fin de saison 2015-2016, où la Paillade s’était largement imposée 4-1. Il faut dire qu’à la Mosson, Paul n’aura jamais connu grand-chose de très affriolant. Même les années Delort-Laborde, il les a vécues à plusieurs milliers de kilomètres de l’Hérault. « Mon père avait pour rêve d’aller vivre à La Réunion, et en 2019, on a déménagé là-bas. Mon dernier match au stade, je m’en souviens bien : c’était Montpellier-Caen pour l’hommage à Loulou. » Comme un symbole.

Trois générations de supporters en une seule photo
En posant ses valises sur les rives de l’océan Indien, Paul découvre une terre acquise au PSG, où le fait d’être supporter du MHSC est presque suspect. « Tu sais, on parle beaucoup de Dimitri Payet, mais en fait, avant lui, il y a eu Guillaume Hoarau. C’est plutôt lui qui a marqué les esprits sur l’île, la star locale. Donc les gens sont naturellement pour le PSG, il y a une grosse ferveur pour Paris. Ça s’est encore vu lors de la victoire en Ligue des Champions : les gens sont sortis avec leurs drapeaux et maillots », m’explique Paul. « Moi, forcément, à côté, on m’a toujours un peu charrié sur le fait que je supporte Montpellier. Ils ne pouvaient pas comprendre mon attachement à ce club, on me demandait si j’étais vraiment triste parce que Montpellier avait perdu. » L’Île garde un lien fort avec le football métropolitain, mais à Saint-Denis, chez les jeunes comme chez les séniors, une rivalité rythme la saison. « On a quand même de bonnes équipes qui vont souvent en 32e de finale de Coupe de France. Sur la capitale, tu as deux équipes : le Saint-Denis FC et le Saint-Denis EFA. Je me souviens, j’étais allé voir un derby au stade de la Redoute, c’était à la fois chaud, avec des fumigènes, et familial. J’ai aussi beaucoup joué contre ces équipes en U17, moi qui jouais aux Juniors Dynonisiens. C’est un autre type de football, physique, avec des matchs à 14 h sous une chaleur écrasante. Les gens sont grands, donc il faut être bon physiquement. Malheureusement, un peu comme partout, il y a aussi beaucoup de violence. En catégorie U15, il y a des petits qui se sont fait attendre, les arbitres ne sont pas officiels, il y a beaucoup d’arrangements. »
Dans ces conditions, pas facile de faire vivre sa passion pour le MHSC, mais la Paillade fait parfois des miracles. « On partait en randonnée. Déjà, au niveau du parking, on avait vu une voiture immatriculée 34. Ce jour-là, j’avais mis mon maillot de Montpellier, et sur le chemin, quand on a croisé les propriétaires de la voiture, ils m’ont arrêté et on a commencé à parler du club. C’étaient des supporters aussi, qui sont devenus des amis. On allait voir les matchs chez eux, on a même assisté au baptême de leur fils. C’est fou comme le club peut unir des personnes, même à des milliers de kilomètres de la Mosson. » Depuis, Paul garde toujours un œil sur les voitures de l’île et leurs conducteurs, on ne sait jamais : « Quand je vivais à Saint-Denis, je voyais régulièrement un gars en survêt’ du MHSC avec un fanion accroché à son rétro. Je sais aussi qu’il y a quelques supporters de Montpellier au niveau du Tampon. »
Ok, on vient de prouver qu’il était possible de rencontrer des supporters de Montpellier à l’autre bout du monde, mais vous allez voir qu’en restant sur place, on peut faire carrément mieux. « Je m’en souviens, c’était l’anniversaire de ma mère, on lui avait offert une écharpe de la Paillade. On allait passer à table, on se retourne et on voit Laurent Nicollin. On l’interpelle pour lui demander une photo, on discute un peu, on était content. Lui, cinq minutes plus tard, il part fumer, et quand il revient, il me dit : “Tiens, c’est pour toi”, et il m’offre un maillot de Montpellier. Il n’était vraiment pas obligé, il nous avait signé un autographe, nous, on était déjà aux anges. C’est là que j’ai compris ce que mon père voulait me transmettre : l’esprit du club. »

C’est aussi pour se rapprocher de cet héritage familial que Paul a choisi de s’installer à Narbonne, à l’été 2025, où il suit des études de droit. « Quand on allait voir les matchs au stade en famille, on habitait déjà dans l’Aude, donc c’est un peu un retour aux sources. Là-bas, j’ai retrouvé un ami de mon père, qui est aussi fan de Montpellier, et son fils, qui a à peu près le même âge que moi, étudiant en médecine. Ensemble, on est allé voir le premier match contre le Red Star. Ça faisait bizarre de retourner au stade, on était très proche de la pelouse, des joueurs. À l’échauffement, il y a mon petit frère, qui a une dizaine d’années, qui interpelle Joris Chotard. Très sympa, il vient lui serrer la main, et mon petit frère lui lance : “T’es trop fort, reste à Montpellier !” Chotard était un peu gêné et il a juste lâché un “merci”. Bon, ça n’a pas trop marché. »
Malgré tout, Paul a tenu à garder une touche d’optimisme, il s’accroche au fait que « Montpellier est capable du pire comme du meilleur ». Et le pire, nous l’avons tous connu l’année dernière : « Je crois que ça a vraiment touché mon père. Au fur et à mesure des défaites, ça l’a un peu écarté du club. Les dernières saisons ont été difficiles à vivre pour lui, pourtant c’est un ancien ultra. Moi, je vais profiter d’être à Narbonne pour essayer de voir le maximum de matchs, même si les horaires ne sont pas toujours évidents. »
Ahhhhh, l’optimisme de la jeunesse… Je vais finir par croire que ça fonctionne. Fin septembre, quand j’ai réalisé cet entretien avec Paul, Montpellier pointait à la 11e place et sortait d’une défaite 3-1 contre Boulogne. Deux mois plus tard, au moment où j’écris ces lignes, le club est 6e.
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