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·05 de junho de 2025

Paris 13 Atletico : Paname, sueur et béton, la recette du maintien en National

Pas de grand discours, pas de grande foule. Juste des mecs qui courent, défendent, encaissent, résistent. Dans un championnat toujours plus exigeant, le Paris 13 Atletico a validé un maintien historique, en silence, mais pas en douce. Avec l'un des plus petits budgets de National, sans stars ni poudre aux yeux, le club du 13e arrondissement a traversé la saison comme il vit son football : sobrement, collectivement. Retour sur un exploit à bas bruit.

Dans l'intimité du stade Pelé, ce vendredi soir de mai 2025, 1 300 spectateurs laissent exploser leur joie. Fumigènes et fusées embrasent cette soirée historique. Le Paris 13 Atlético vient de se défaire de Concarneau (2-1) et de décrocher son premier maintien en National. Avec l'avant-dernier budget du championnat, ce club du 13e arrondissement parisien a signé le plus bel exploit de son histoire.


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L'histoire commence en 1968 sous le nom de Football Club des Gobelins. Depuis le quartier éponyme, cette formation de quartier a gravi tous les échelons. Niveau départemental dans les années 2000, Régional 3 en 2008, puis Régional 1 en 2014. L'ascension s'accélère : National 3 en 2017, National 2 en 2019, et enfin National en 2022. Une première expérience soldée par une relégation immédiate après une saison cauchemardesque (17e sur 18).

En 2020, le changement d'identité avait fait grincer des dents. Adieu FC Gobelins, bonjour Paris 13 Atlético. "Nous avons affronté des équipes de province et les dirigeants nous demandaient le pourquoi de ce nom", explique Frédéric Pereira, président depuis 2012 et fondateur de l'équipementier Kita. "Il y avait un côté péjoratif. On était ciblé comme un petit club alors qu'on compte 1 500 adhérents."

Aujourd'hui, le pari semble réussi. Avec ses 1 900 licenciés, Paris 13 Atlético est devenu le club le plus populaire de France. Pourtant, les moyens restent dérisoires : 150 000 euros de subvention municipale contre 500 000 pour le Paris FC. Le club survit grâce à l'investissement de son président et de quelques partenaires.

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Juin 2024. Après la montée arrachée in extremis face à La Roche Vendée en toute fin de saison, Paris 13 voit partir ses meilleurs éléments. Brandon Bokangu, meilleur buteur de la poule B en National 2, s'envole vers Nancy. Ismail Diallo, latéral droit titulaire formé dans le club du treizième arrondissement, rejoint Dijon. Le compère de Bokangu, Abdelmalek Amara (8 buts en 26 matchs) signe à Nîmes. Plus tard, Florian Dexet, troisième joueur le plus capé de l'histoire du club, décide de quitter le club à la mi-saison.

Frédéric Pereira orchestre un mercato à deux vitesses. Première stratégie : miser sur l'expérience. Par exemple, Bruno Ecuele Manga débarque avec ses 36 printemps et ses 184 matchs de Ligue 1 et 112 matchs de Championship. Ambroise Oyongo, libre depuis son départ de Montpellier en 2022, apporte ses 74 apparitions en L1 et son vécu international. Plus jeune mais tout aussi expérimenté, arrive librement en octobre et amène avec lui un joli parcours pour un joueur de 25 ans (30 sélections avec le Cap-Vert, 61 matchs de L2 et 46 matchs de D1 Belge). La seconde approche du mercato parisien est d'aller piocher en National 2. Onze recrues sur les douze premières viennent du quatrième échelon. Pour ne citer qu'eux : Issiaka Karamoko quitte Le Puy Foot,,Abdelsamad Hachem, frère de Ryad (Red Star), arrive du FC93 ou encore Enzo Valentim délaisse Créteil.

"On a décidé d'aller chercher de bons joueurs de N2, avec du potentiel et un état d'esprit qui correspond à l'ADN du club", assume Fabien Valéri au Parisien. L'entraîneur de la montée, lui, a choisi de rester malgré les courtisaneries de QRM. En 2022, il avait claqué la porte pour Chambly après la première accession. Cette fois, il veut aller au bout.

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Le réveil est brutal. À Concarneau, face à une formation reléguée de Ligue 2, Paris encaisse sa première défaite, dès la première journée. Le ton est donné. Six journées de souffrance s'ensuivent sans la moindre victoire. Trois petits points glané et une logique dernière place au classement. Quelques carences techniques sautent aux yeux face à ce niveau supérieur.

Au stade Pelé, l'ambiance est feutrée. Plus petit écrin de National, il y a un peu plus de 1 000 places disponibles. Une tribune unique, un parcage en dénivelé protégé par un imposant grillage, bref un stade légèrement dans son jus… ce qui fait aussi son charme. Quelques semaines avant l'entame du championnat, l'enceinte n'était même pas homologuée. La visite providentielle de Gianni Infantino, président de la FIFA, a débloqué la situation en juin.

Autre particularité du club concernant son stade : aucune billetterie en ligne, que ce soit pour les supporters parisiens, comme pour les visiteurs. En début de saison un tarif unique de 8 euros règne. Seule formation de National avec ce système artisanal qui colle à l'identité populaire et familial du projet.

Le réveil sonne enfin à Bourg-en-Bresse, lors de la septième journée. Première victoire, éclatante qui plus est : 3-0 avec le premier clean-sheet de l'exercice. "On a gagné de belle manière", savoure Fabien Valéri. "Ça va faire du bien aux têtes. On a enfin été efficace et solides défensivement. Mais l'euphorie retombe vite. Deux défaites et un nul replongent Paris dans le doute. Après 11 journées, l'équipe pointe au 16e rang. Plus dernière, mais toujours en zone rouge.

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Octobre apporte un vent nouveau. Des supporters créent le "Gobelin Block", rapidement adopté par la direction. Effectifs réduits mais passion débordante pour ranimer un stade qui résonnait dans le vide. Sur le terrain, la transformation s'opère. Entre les 15e et 21e journées, Paris découvre l'invincibilité : cinq nuls, deux victoires. Onze points en sept rencontres. Seules trois équipes font mieux sur cette période. L'alchimie prend enfin.

Issiaka Karamoko commence à faire parler sa technique sur le flanc gauche de l’attaque. Enzo Valentim s'impose dans l'axe défensif. "En signant au Paris 13, je m'étais fixé comme objectif de jouer le plus de matchs possibles", confiera le défenseur. L'apothéose survient lors de la 18e journée contre Versailles, à l'extérieur. Menés 3-0, les Parisiens signent un comeback spectaculaire. Six minutes de folie pure entre la 60e et la 67e. Kenny Rocha Santos réduit l'écart, Cheikhou Cissé égalise de la tête, Issiaka Karamoko transforme le penalty qu'il a lui-même provoqué. 3-3.

Ce Cissé mérite qu'on s'y attarde. À 30 ans passés, cet attaquant cumule football et travail à la RATP. Au Parisien, il révèle être le seul joueur de National à avoir un métier en parallèle. Régulateur du trafic des bus dans le sud-ouest francilien, il gère 35 heures hebdomadaires tout en s'entraînant quotidiennement. Déjà au club entre 2017 et 2022, il avait même raccroché pendant un an et demi. Son retour en septembre 2024 relevait du hasard : prévu pour la réserve, il a tapé dans l'œil de Frédéric Pereira qui l'a fait monter avec les pros. À la mi-championnat, Paris occupe la 13e position avec trois longueurs d'avance sur la zone dangereuse. Pas encore tiré d'affaire, mais respirant mieux.

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La 20e journée apporte même un luxe. Le nul 0-0 arraché à Sochaux offre sept points de matelas. Le coussin le plus confortable de l'exercice pour Paris. Dans les bureaux du club, Namori Keita peut souffler. Ce directeur général bénévole jongle avec ses responsabilités chez les Gobelins et son poste chez Adoma. "L'amplitude normale pour moi, c'est 6-23 heures", confie-t-il. "Je n'ai jamais voulu travailler dans le sport. Le foot, c'est un lieu de décompression."

Mais le répit est de courte durée pour les joueurs. Trois défaites consécutives replongent Paris dans l'angoisse dont la 24e journée à Quevilly Rouen Métropole qui vire au cauchemar. Malgré une possession stérile, les Parisiens encaissent un lob du milieu de terrain, seul but de la rencontre. Plus qu'une unité d'avance sur le premier relégable. Cette défaite coûte son poste à Fabien Valéri. L'architecte des deux montées en National paie comptant. Décision douloureuse mais nécessaire selon les dirigeants.

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Maxence Flachez débarque en pompier de service. L'ancien coach d'Aubagne, évincé contre toute attente en février alors qu'il pointait au 7e rang, hérite d'une mission pas impossible, mais très compliquée : huit rencontres pour éviter la catastrophe. Le début est cauchemardesque. Au Mans (26e journée), quatrième défaite d'affilée, la première pour Flachez. La saison bascule une nouvelle fois et Paris partage la dernière place avec Nîmes et Châteauroux. L'abîme se profile.

C'est dans ce contexte que ce club de quartier révèle sa vraie nature. En prenant en compte seulement les rencontres entre les 27e et 34e journées, Paris 13 Atlético se hisse au 7e rang du championnat avec 11 points pris sur 24 possibles. Le tournant survient lors de la 27e journée face à Châteauroux, un match à six points sous des trombes d'eau. Au terme du temps réglementaire, une victoire vitale 3-2 avec les jeunes du club qui électrisent un stade Pelé transformé en chaudron. Paris n'avait plus goûté au succès depuis le 31 janvier contre Villefranche. "Rien n'est fait, mais maintenant on a notre destin entre les mains", souffle Maxence Flachez au Parisien.

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La suite tient du miracle. Match après match, cette équipe sans moyens refuse de plier. Germain Sanou, gardien historique arrivé en 2020, multiplie les parades décisives, comme tout au long de la saison. Le capitaine Moussa Diarra, recordman du nombre d'apparitions avec l'équipe première (176 matchs), galvanise ses troupes et assure en défense avec Valentim et Ecuele Manga. Kenny Rocha Santos, discret sur l'ensemble de la saison, devient providentiel dans les moments cruciaux.

L'avant-dernière journée à Rouen confine au thriller. Paris ouvre le score, Rouen égalise dans le temps additionnel de la première période. Paris reprend l'avantage, Rouen arrache le nul dans les dernières secondes. Scénario cruel. À une journée du terme, Paris occupe la première place non-relégable… mais à égalité de points avec Châteauroux. Dernier, Nîmes est déjà relégué.

Comme la saison dernière pour la montée, tout se joue donc lors de l'ultime journée. Cette fois-ci face à Concarneau. Celui-là même qui avait gâché la première. Dans un stade Pelé bondé comme jamais, les Parisiens s'imposent 2-1. Kenny Rocha Santos, encore lui, scelle le maintien. Les fumigènes embrasent la pelouse. Les jeunes du club envahissent le terrain. Histoire de maintien, histoire d'un club qui refuse l'abdication du début à la fin. "Je suis très fier pour le club. On a rempli une mission", savoure Maxence Flachez. À Aubagne en début de saison, l'entraîneur aura maintenu les deux plus petits budgets de National.

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Premier maintien historique en National, 14e place finale. Mais ces statistiques ne disent pas tout. Derrière cet exploit se cache une singularité française. Club le plus prolifique en licenciés, Paris 13 Atlético évolue avec l'avant-dernier budget du championnat (2,2 millions d'euros). C'est aussi l'avant-dernier club du championnat en valeur marchande, selon Transfermarkt.

"Ce maintien est d'autant plus méritoire qu'il a été obtenu dans un contexte difficile, marqué par un manque criant de soutien des collectivités locales", souligne Jamel Sandjak, président de la Ligue de Paris IDF. "Le club évolue sur des installations indignes du troisième échelon français, alors qu'il est de loin le premier en nombre de licenciés."

La saison n'aura pas été exempte de rocambolesques péripéties. En avril, un escroc se faisant passer pour le directeur sportif du HJK Helsinki propose 140 000 euros pour un joueur parisien. Mais il réclame 7 200 euros pour organiser la visite médicale. Frédéric Pereira flaire l'arnaque en découvrant que le mercato finlandais avait fermé la veille.

Quelques individualités émergent de cette épopée. Issiaka Karamoko termine meilleur buteur avec 8 réalisations en 32 apparitions. Le jeune attaquant attise désormais les convoitises de clubs de Ligue 2 et devrait signer à Bastia dans les prochains jours. Germain Sanou dispute l'intégralité des minutes et comptabilise 7 clean-sheets. Le gardien vient tout juste de prolonger avec les Gobelins. "Dans l'effectif, on a un groupe qui vit super bien et qui est dans la même optique : se maintenir", résume Enzo Valentim.

Horizon incertain

Selon Transfermarkt, l'intégralité de l'effectif arrive en fin de contrat. Reconstruction obligatoire, une fois de plus. Les meilleurs éléments seront courtisés. Le Paris 13 Atlético devra réinventer son collectif avec les moyens du bord.

La saison prochaine, certaines rencontres se dérouleront au stade Charléty après le déménagement du Paris FC, d’après Le Parisien. Mais la vraie révolution viendra de la métamorphose du stade Pelé, désormais actée pour un budget de 14 millions d'euros. En 2026-2027, le National devrait basculer dans le professionnalisme. Paris 13 Atlético, fort de son maintien historique, s'offre le droit de rêver à cette nouvelle ère. Maxence Flachez, reconduit, portera cette lourde responsabilité.

Dans l'intimité du stade Pelé, ce soir de mai 2025, une page d'histoire s'est écrite. Celle d'un club qui transforme ses faiblesses en forces et prouve que le football récompense encore l'authenticité. "Je félicite le Paris 13 Atletico, ce qu'il a fait est grand", salue Jamel Sandjak. Cette performance témoigne de la détermination et du travail remarquable de l'ensemble du club.

Dans l'univers formaté du football moderne, le Paris 13 Atlético a démontré qu'une autre voie demeure praticable. Pas par miracle, mais par le labeur et la foi inébranlable en ses principes.

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