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·06 de novembro de 2024

Quand la France voit la vie en vert

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Ce 6 novembre 1974, Yves Triantafilos - Tintin pour les intimes - ne touche pas terre. Il vole, marche sur la lune et envoie les Verts au septième ciel. En apesanteur. Split avait cru en ses chances de côtoyer les étoiles. L'atterrissage fut difficile ! Le Chaudron était né. Cinquante ans plus tard, ce match de légende, album à succès dont on se délecte aujourd'hui des meilleures planches, est encore gravé dans toutes les mémoires et a installé durablement l'ASSE dans le cœur des Français.

Deux semaines auparavant, le 23 octobre, le match aller de ce huitième de finale de Coupe d'Europe des Clubs Champions avait viré au cauchemar. Brillantes individualités yougoslaves, climat hostile, arbitrage prêtant à caution : l'Hajduk Split, précédé d'une flatteuse et non usurpée réputation, avait été exact au rendez-vous (4-1). Les Brésiliens de l'Est, ainsi qu'on aimait à les surnommer, avaient pris ce soir-là, tout du moins l'imaginaient-ils, une sérieuse option et se voyaient monter, d'un pas assuré, dans le quart de la Coupe aux grandes oreilles. La suffisance est définitivement un vilain défaut. Elle causa, sans doute, leur perte et valut aux hommes de Robert Herbin, dont le talent n'avait d'égal que leur soif légitime de revanche, de réaliser, ce 6 novembre 1974, l'un de ces renversements qui deviendront bientôt leur marque de fabrique. Avec dans le rôle du héros de cette folle soirée, Yves Triantafilos, natif de Sail-sous-Couzan comme un certain Aimé Jacquet.


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Un héros surnommé Tintin!

Entré en jeu à la 79e minute, buteur sur l'un de ses premiers ballons à la 82e minute. "J'ai profité d'un bon service de Patrick (Revelli) pour arracher la prolongation d'une frappe croisée à ras de terre", se souvient-il. "Nous revenions de loin car il faut bien l'avouer, plus grand monde ne croyait en nous lorsque Split a égalisé à 1 partout. Heureusement, nous avons repris l'avantage sur l'engagement". L'exploit était là. À portée de crampons. "Le physique, nous en étions convaincus, allait faire la différence. En la matière, avec Robby, nous étions prêts". À aller au combat et à remporter, de haute lutte, une bataille de titans. "Jean-Michel (Larqué) et Georges (Bereta), tireurs patentés des coups-francs, étaient exténués. Georges m'a dit : il est pour toi, prends ta chance. Il m'a glissé le ballon. J'ai transpercé le mur et battu le gardien yougoslave sur la droite. Tout le monde m'a sauté dessus. Le stade a explosé. Mais lorsque vous êtes dans l'action, vous ne vous en rendez pas forcément compte. C'était le but de la délivrance. J'étais le sauveur. Mais il restait un gros quart d'heure à jouer. Il nous fallait ne pas tout gâcher et céder à l'euphorie", se remémore Tintin. "Ce surnom me vient de mon père prénommé Constantin".

Ce soir de novembre 74, Triantafilos a tutoyé les étoiles au terme d'une rencontre dantesque au scénario lunaire. La légende était en marche. Elle ne s'arrêterait plus dans ce Chaudron, ainsi baptisé par la plume inspirée d'émérites journalistes tout bonnement bluffés par l'ambiance hors normes de ce stade pas comme les autres. Quelques semaines plus tard, les Polonais de Chorzow s'en retournèrent également défaits et marris avant que le Bayern de Sepp Maier, du Kaiser Franz Beckenbauer et de Gerd Muller, "Der Bomber", ne vienne, déjà un an avant la finale de Glasgow et ses maudits poteaux carrés, mettre un terme à cette épatante épopée européenne.   .

Mercredi 6 novembre 1974

À Saint-Étienne (Stade Geoffroy-Guichard), AS Saint-Étienne bat Hadjuk Split : 5-1 (a.p.), mi-temps : 1-0.

Arbitre : John Paterson; 26 381 spectateurs.

Buts pour Saint-Étienne : Larqué (36e), Bathenay (61e), Bereta (71, s.p.), Triantafilos (82e, 104e).

But pour Split : Jovanic (60e).

Avertissement à Saint-Étienne : Janvion (39e).

Avertissement à Split : Boljat (44e).

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