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·21 de agosto de 2025
Un ancien Vert pour ramener l’ASSE en Europe !

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Depuis sa création en 1933, l’AS Saint-Étienne a connu 44 entraîneurs différents, mais certains ont laissé une empreinte plus déterminante que d’autres. Voici le portrait des 15 entraîneurs qui ont le plus marqué l’histoire du club. Par souci d’équité, ils sont présentés par ordre alphabétique.
Douzième épisode
Laurent Roussey (58 matches de 2007 à 2009) L’ENTRAÎNEUR DU RETOUR EN EUROPE
Pour les supporters les plus anciens, le nom de Laurent Roussey évoque d’abord le jeune attaquant formé à l’ASSE, devenu à 16 ans et demi le plus jeune buteur de l’histoire du club en première division. Pur produit du centre de formation, il incarne la jeunesse insouciante du début des années 80, au moment où Saint-Étienne, bien qu’affaibli par l’affaire de la caisse noire, demeure un bastion du football français. Revoir son nom associé au banc vert en 2006, comme adjoint d’Yvan Hasek, avait donc une résonance particulière : c’était l’enfant de la maison qui revenait.
Le 19 mai 2006, la direction du club officialise ce duo inédit. L’expérience ne dure qu’un an. Le 1ᵉʳ juin 2007, après le départ de Hasek, Roussey, dont on dit qu’il a comploté en coulisses pour devenir le numéro un, franchit un cap et devient officiellement entraîneur principal. Pour lui, c’est plus qu’une promotion : c’est un rêve de gosse qui se réalise, celui de conduire les Verts vers le haut.
Ses débuts au Chaudron, le 11 août 2007, démarrent sous de bons auspices : victoire 3-1 contre Valenciennes. L’enthousiasme est réel, mais la régularité tarde à venir. L’équipe alterne le bon et le moins bon, et le 13 janvier 2008, une défaite 0-2 à Valenciennes provoque une explosion de colère des supporters, qui envahissent le centre d’entraînement de L’Étrat. Rarement la fracture entre le public et l’équipe aura été aussi visible.
Roussey, réputé exigeant, parvient pourtant à redresser la barre. Le 19 janvier, son équipe bat Rennes (2-0), puis inflige un 4-0 à Nancy le 16 février, le vrai déclic de la saison. Le 23 février, les Verts signent une victoire historique à Caen (3-1), marquée par un doublé de Geoffrey Dernis. Ce succès a une grande valeur symbolique : c’est le 2000ᵉ match du club en Ligue 1.
La dynamique est lancée et va culminer le 17 mai 2008. Ce jour-là, Geoffroy-Guichard vit une de ses plus belles soirées des années 2000 : l’ASSE écrase Monaco 4-0 et s’offre une place européenne, 26 ans après sa dernière participation. Pour un club à la mémoire continentale aussi forte, c’est un moment d’intense communion entre le Peuple Vert et son équipe. Bernard Caïazzo, président du directoire, n’hésite pas alors à qualifier son entraîneur de « Wenger stéphanois », saluant son apport tactique et sa capacité à relancer l’ASSE.
L’été 2008 marque un tournant. Roussey s’entoure de Luc Sonor comme adjoint. Mais la préparation est marquée par le départ de Pascal Feindouno, véritable maître à jouer de l’équipe. L’international guinéen, transféré au Qatar, laisse un vide immense. Malgré cela, les Verts font bonne figure en Coupe de l’UEFA. Le 18 septembre, ils s’imposent 2-1 à Tel-Aviv pour le dernier match de Feindouno en Vert. Le 23 octobre, ils signent un succès convaincant 3-1 à Copenhague, puis confirment le 6 novembre par une démonstration 3-0 face à Rosenborg. Geoffroy-Guichard, en manque de soirées européennes, retrouve enfin ses vibrations d’antan. L’espoir renaît : l’ASSE est de retour sur la scène continentale.
Mais en championnat, la situation se dégrade. L’équipe enchaîne les défaites, s’installe dans le bas du classement et peine à trouver des repères sans son meneur. La tension monte dans les vestiaires et avec la direction sportive. Le 9 novembre 2008, l’ASSE s’incline lourdement 0-3 à domicile face à Rennes. Le lendemain, la sanction tombe : Laurent Roussey est limogé. Un licenciement brutal, alors même que le club poursuit son parcours européen. Officiellement, la décision s’explique par une série de mauvais résultats et un risque de relégation. Officieusement, elle traduit aussi des tensions profondes avec la direction. Damien Comolli, directeur sportif arrivé peu avant, défendait une approche managériale et analytique que Roussey, attaché à son autonomie d’entraîneur, acceptait mal.
Ce départ divise les supporters : certains regrettent de voir partir l’homme qui avait ramené l’Europe, d’autres considèrent que le jeu proposé et la gestion humaine du groupe étaient insuffisants pour stabiliser l’équipe dans la durée.
L’affaire ne s’arrête pas sur le terrain. Le 5 janvier 2009, aucun accord amiable n’étant trouvé, Roussey porte plainte contre le club devant les prud’hommes, réclamant 2,5 millions d’euros d’indemnités. Le 17 mars 2010, il obtient une première victoire : 1,1 million d’euros lui sont accordés. La cour d’appel confirmera sa position le 15 février 2011, portant le montant à 1,65 million.
Ce feuilleton judiciaire révèle aussi les fractures internes de l’ASSE de l’époque : deux présidents (Caïazzo et Romeyer), une direction sportive en mutation, un entraîneur au style affirmé et un climat général de division. Dans ce contexte, le départ de Roussey symbolise l’incapacité du club à se stabiliser malgré des moyens financiers en hausse.
Il n’en reste pas moins vrai que Laurent Roussey, dans des conditions chaotiques, aura eu le mérite de remettre l’ASSE sur le devant de la scène et de ramener les Verts en Coupe d’Europe, 26 ans après leur dernière campagne. Ce qui n’est pas un mince exploit et constitue une référence au début des années 2000, au cours desquelles le Peuple Vert a été tant sevré de frissons.