Des féminines à la formation en passant par l'objectif Ligue 2 : la feuille de route de Dijon pour un retour au sommet | OneFootball

Descendu en National en 2023 après plusieurs saison en Ligue 1 (2016-2021), Dijon semble armé pour repartir de l'avant. Le club de Côte-d'Or réalise un bon début de saison en National et vise plus que jamais une montée en Ligue 2. Le DFCO est même la seule équipe encore invaincue en France cette saison.

Si vous cherchez la dernière équipe invaincue en France, il ne faut pas regarder du côté des équipes européennes qui se sont toutes inclinées au moins une fois cette saison, que ce soit le Paris Saint-Germain, l'Olympique de Marseille ou encore le RC Strasbourg. Toutes les équipes de l'élite se sont inclinées au moins une fois depuis le coup d'envoi de l'exercice. Même son de cloche en Ligue 2 où même l'épouvantail stéphanois a perdu une rencontre. Alors pour trouver la seule équipe encore invaincue dans l'Hexagone, il faut scruter en National. Le lauréat se nomme Dijon Football Côte-d'Or (DFCO). Et au-delà de cette invincibilité, le pensionnaire de National réalise un excellent début de saison.

Objectif podium

Bien que ce titre honorifique puisse être flatteur, en Côte-d'Or, l'objectif est ailleurs. Pour Paul Fauvel, directeur sportif, cette entame est surtout réussie car son DFCO démarre parfaitement l'exercice en vue d'une place sur le podium."On voulait faire mieux que la saison dernière, car on avait mal commencé le début de saison. On devait faire mieux. Aujourd’hui, on est dans les objectifs, il y a encore des choses à faire. On a fait deux 4e places, donc l’objectif, c’est le podium", martèle le dirigeant dijonnais auprès de Foot National.

En effet, les Bourguignons restent sur deux saisons plutôt réussies mais sans la consécration de revenir en Ligue 2. Cet objectif de podium est également partagé par l'entraîneur Baptiste Ridira, qui explique comment le locataire du stade Gaston-Gérard a pu aussi bien démarrer sa saison en National. "On a eu le temps de bien se préparer par rapport à la saison dernière, nous indique-t-il. La constitution de l’effectif est mieux préparée, on est sur une continuité par rapport à la saison dernière. Le club a affiché ses ambitions auprès des joueurs avec une forme d’exigence dès la préparation. On est sur un bon équilibre entre joueurs expérimentés, joueurs dont on a la certitude du niveau et des joueurs en plein développement".

Arrivé depuis Saint-Pryvé Saint-Hilaire (National 2) à l'été 2024, l'entraîneur dijonnais, néophyte en National la saison passée, a été choisi par le club pour sa capacité à avoir "des idées fraîches", lui qui est issu de la dernière promotion du BEPS. Le technicien de 42 ans veut faire de Dijon une équipe joueuse : "On est une équipe qui aime avoir le ballon depuis l’an passé. Dijon veut proposer un jeu avec une vraie valeur d’équipe. On cherche à faire vibrer les gens. On aime contre-presser, rester haut sur le terrain et essayer de déséquilibrer l’adversaire par pression haute." Une équipe joueuse qui bénéficie d'un très bon cadre de travail, hérité des années Ligue 1 qui permet à l'équipe première, mais pas seulement, de pouvoir travailler dans de bonnes conditions.

Un modèle "Dijon"

Au-delà de son équipe en National, le DFCO compte également une équipe féminine qui reste sur une saison historique conclue à la quatrième place d'Arkema Première Ligue, une réserve en National 3 ainsi que plusieurs sections jeunes performantes. En témoigne le groupe U18 qui s'est hissé jusqu'au Stade de France pour disputer la finale de la Coupe Gambardella en mai dernier (défaite 2-3 contre Rennes). Paul Fauvel, ancien Directeur Général au Bergerac Périgord FC (N2 à l'époque), évoque la particularité du club né de la fusion entre le Cercle Football Dijonnais et le Dijon Football Club en 1998.

"Le DFCO est le seul club en France à avoir une équipe pro masculine en National, une équipe en D1 Arkema, un centre de formation hommes et un centre femmes avec des structures solides. On est soumis à un cahier des charges fédéral que l’on respecte, ce qui nous permet de structurer l’encadrement sportif, les installations. Il y a une base saine et solide qui date de l’époque de la Ligue 1", indique-t-il.

Interrogé sur l'existence d'un modèle "Dijon" notamment sur le niveau des infrastructures, le directeur sportif dijonnais est affirmatif  "Oui, au niveau des installations, on a un Pro Center dédié à l’équipe masculine, flambant neuf. On a quasiment la même chose pour notre académie. Tout le monde est quasiment logé à la même enseigne, dans des structures dignes de ce nom pour pratiquer le football à très haut niveau".

Un modèle loin des standards en France, où la plupart des clubs sont soutenus par des investisseurs étrangers ou de grandes fortunes. Le DFCO fait presque figure d'ovni avec son jeune président Pierre-Henri Deballon (42 ans) issu de la région. "La notion économique n’est pas simple aujourd’hui, explique Paul Fauvel. Il faut faire des choix stratégiques forts, par exemple en réduisant la masse salariale, les charges… en étant très intelligent dans tout ce que l’on met en place pour économiser de l’argent. On doit exister à travers un développement de revenus comme les partenariats, les boutiques, la billetterie, des revenus qui comptent dans un club comme le nôtre. On vise un modèle qui ne dépende pas d’apports extérieurs." Fort de ce modèle, les Bourguignons peuvent s'appuyer sur un centre de formation performant, notamment pour un club pensionnaire de National.

L'épopée Gambardella, symbole d'un club qui mise sur la jeunesse

Véritable exploit, le club de National fait partie du cercle fermé des équipes qui ont envoyé leur équipe de Gambardella au Stade de France. Une aventure qui était pourtant loin d'être un objectif initialement, comme l'explique Sébastien Perrin, entraîneur des U19 et en charge de l'équipe de Gambardella la saison dernière : "C'était une épopée très heureuse. Ce n’était jamais fixé comme un objectif prioritaire. On a profité de l'état d'esprit pour aller le plus loin possible. C'était une vraie mise en lumière de notre formation. On veut faire de cette aventure-là une vitrine de la formation dijonnaise." Un constat que partage le directeur sportif dijonnais : "Notre objectif est plutôt la formation de joueurs, qui vont plus vite chercher le niveau senior avant la performance en Gambardella".

Mais alors que sont devenus les joueurs de la génération 2008  et héros du DFCO la saison dernière ? "Le seul de la Gambardella, c’est le gardien Ylann Marie-Rose qui est avec nous", avoue Ridira. Le coach dijonnais attend d'abord que ces jeunes se développent dans d'autres sections du club avant d'intégrer l'équipe première : "Il y en a plusieurs qui ont brillé mais ils passent d’abord par la phase U19. Les bons joueurs de Gambardella sont en U19 ou avec la N3. Pour le moment, on est très progressifs avant le groupe professionnel".

Dijon, une réussite aussi chez les féminines

C’était la grosse surprise de la dernière saison de Arkema Première Ligue. Le DFCO a terminé devant des cadors du football féminin comme Montpellier, Fleury 91 ou encore Reims. Les joueuses de Pierre-Alain Picard ont tout simplement déjoué les pronostics. Mais l’ambition du club reste avant tout de se maintenir durablement dans l’élite, comme l’explique l’entraîneur : "L’objectif, c’est de se maintenir très vite dans un premier temps, puis, de manière générale, d’installer le club dans le top 6. Parce qu’avant l’année dernière, c’étaient toujours des saisons où l’on jouait le maintien jusqu’à la dernière journée." Avec également la volonté de bien représenter le club dans les compétitions nationales, la Coupe de France et la nouvelle Coupe LFFP : "Au niveau des deux coupes, je reste soucieux de l’image qu’on peut donner. Les matchs de coupe sont un bon moyen de parler en bien de notre équipe".

Créée en 2006, la section féminine du DFCO peut donc elle aussi s’appuyer sur des installations de haut niveau, qui lui permettent aujourd’hui de rivaliser avec les meilleures équipes du championnat français. Un statut qu’assume pleinement Fauvel : "On vise un top 6, je pense que c’est la place du DFCO." Cependant, la section féminine doit faire face à des obstacles financiers importants, comme le confie le dirigeant : "Nous sommes à la recherche d’un partenaire financier qui pourrait venir nous épauler. Nous avons la chance d’avoir des joueuses internationales qui participent aux plus grandes compétitions. La vente, comme l’a fait Montpellier, est une piste de réflexion. Il y a des discussions en cours".

Un constat partagé par Pierre-Alain Picard, qui estime que son équipe doit désormais répondre à de nouvelles attentes avec un groupe largement remanié et très jeune : "Il y a eu beaucoup de départs et également beaucoup d’arrivées. Nous avons remplacé des joueuses d’expérience par de jeunes joueuses à potentiel. Il faut les développer, cela demande du temps. Il faut aussi reconstruire l’équipe." Après sa quatrième place, le club de Côte-d’Or est désormais attendu par ses adversaires : "C’est nouveau à Dijon. Je vois des équipes qui nous attendent. Avant, elles se disaient 'C’est Dijon, c’est entre 4 et 6 points.' Aujourd’hui, on sent vraiment que ça a changé, on est attendus".

Que ce soit chez les jeunes, les féminines ou avec l'équipe première, Dijon ne manque pas d'ambitions, porté par son expérience au plus haut niveau et sur des installations adéquates. Suffisant pour voir le club revenir dans les hautes sphères du football français ? Seul l'avenir nous le dira. En tout cas, le projet dijonnais est très prometteur sur le papier et ne demande qu'à être validé par des résultats sur le terrain.

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