Foot National
·27 November 2024
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« Comme un gamin qui vient de voir le père Noël. » C’est peu dire que Patrick Guillou a apprécié le voyage et l’expérience. Ce dimanche 24 novembre, le consultant phare du diffuseur beIN SPORTS a effectivement commenté une rencontre de Régional 2 entre Ruffiac-Malestroit et Bruz (2-1) dans le Morbihan (Bretagne), en compagnie de son acolyte Jean-Charles Sabattier. Une initiative qui rentre dans l’opération « beIN Squad » lancée par la chaîne franco-qatarie ces derniers mois afin de promouvoir le football amateur, et qui semble donc avoir beaucoup plu au binôme davantage habitué à commenter les rencontres de Bundesliga, voire de Coupe du monde et d’Euro. Retour sur expérience, avec Patrick Guillou.
Patrick, avant de revenir sur le match de Régional 2 commenté dimanche en compagnie de Jean-Charles Sabattier, peux-tu nous exposer l’opération « beIN Squad » ?
C’est une volonté de se rapprocher de la base. BeIN SPORTS a décidé cette saison d’équiper des équipes au niveau amateur. De mémoire, je crois qu’il y a eu 2.500 candidatures. Un bureau a réfléchi sur des critères de sélection, et à partir de ce moment-là, vingt équipes masculines, vingt équipes féminines et dix handisport ont été choisies pour hériter des équipements beIN SPORTS. Cette volonté de se rapprocher de la base se traduit par des échanges et des passerelles. Et la passerelle qui a été choisie pour cette expérience, ou plutôt pour ce moment de vie-là, c’est d’envoyer un binôme de commentateurs sur place pour commenter en direct un match de Régional 2. Le tout, avec des moyens assez conséquents. Nous étions une équipe de huit, avec des JRI (journaliste reporter d’images), des preneurs de son, l’équipe de communication …
Comment s’est déroulée cette journée organisée autour du match entre Ruffiac-Malestroit et Bruz ?
Il y a toute une journée qui a été mise en place par le service de communication de beIN SPORTS et par la responsable de communication du club de Ruffiac-Malestroit. De 10h45 le matin jusqu’au moment où nous sommes partis vers 19h, nous avons fait une journée non-stop et en immersion avec le club. Nous avons été reçus dans un super cadre. Nous avons également échangé avec les joueurs de Ruffiac-Malestroit pour revenir sur leur parcours en Coupe de France phénoménal et historique (défaite au 7e tour contre Lorient le 16 novembre, ndlr). L’histoire est belle, parce que ceux qui ont choisi le club de Ruffiac-Malestroit ne pouvaient pas s’imaginer qu’il aurait un aussi beau parcours en Coupe de France. Nous, nous sommes arrivés une semaine après toutes ces émotions et ce match joué devant 2.500 personnes. On a surfé sur la vague de bonheur qu’il y avait déjà dans ce club-là. C’est un concours de circonstances. La journée a aussi été agréable pour nous car nous avons été mis dans des conditions exceptionnelles du début jusqu’à la fin. C’est tellement rafraîchissant de ressentir des émotions pures que peut procurer un club de foot. À côté du stade, dans la salle omnisports, il y avait aussi le marché de Noël. Il y avait ce sentiment de bien-vivre ensemble. Il y avait tout réuni pour nous rappeler le foot qu’on a aimé quand nous étions gamins et ce dont pourquoi on a aussi voulu faire ce métier par passion.
On sent que tu as beaucoup apprécié l’expérience …
On s’est laissé porter par le moment. Il y a aussi le scénario de la rencontre, des conditions parfois compliquées pour jouer au foot, à savoir le vent, la pluie, un manque de luminosité en fin de partie, puis la victoire (2-1) derrière un peu inattendue. Ça a été de moments magiques. Et ce qui rend le moment encore plus fort, c’est que l’équipe B et l’équipe C de Ruffiac-Malestroit avaient joué avant. Les trois équipes seniors étaient là. Il ne manquait que les vétérans, car c’est un club qui ne dispose pas d’équipes de jeunes. Mais tout le monde était presque là, tout le monde est venu après le match et il y a eu une communion extraordinaire. J’espère que les images retranscriront ce qu’on a pu vivre. À un moment, c’était la balade des gens heureux …
D’habitude, tu te prépares à commenter des matchs de Bundesliga, de Coupe du monde ou d’Euro. Ça n’a pas trop été difficile pour préparer celui-ci ?
Bien sûr qu’il fallait chercher des infos, qu’on peut avoir généralement sur des sites internet ou des réseaux spécialisés, sur des échanges, des coups de fil qu’on peut passer pour préparer les matchs. Dans les critères de sélection de beIN SPORTS pour équiper ces clubs amateurs, il fallait qu’ils aient une vie relativement active sur les réseaux sociaux. À partir de ce moment-là, ça a été facile de gratter quelques infos supplémentaires dans l’avant-match, que ce soit grâce à l’activité et au travail remarquable sur les réseaux sociaux de la community manager, mais aussi via le parcours en Coupe de France qui a largement été relaté dans les journaux locaux. Donc a eu accès à des articles qui nous ont facilité le travail aussi. Les entraîneurs des deux équipes ont été très disponibles en avant-match, nous ont donné un maximum d’infos. Ils sont venus compléter ce qu’on avait bossé en amont. Avec Jean-Charles, on a préparé le match comme on le fait d’habitude, à savoir chacun de notre côté, pour qu’on soit complémentaire à l’antenne. Nous étions vraiment dans une zone de confort, à partir du moment où la réputation des deux clubs est excellente. Le contexte n’était ni anxiogène ni belliqueux. C’était un bon match de foot du dimanche, dans une ambiance festive, champêtre. Après, il faut aussi savoir s’adapter. Si tu n’acceptes pas de venir dans un stade où il y a la main courante et où tu ne commentes pas surélever … On a commenté avec la pluie et les bourrasques de vent, sans ralenti ou de vision surélevée. Donc il faut être encore plus attentif et se mettre au niveau d’exigence qu’est le nôtre.
Ce n’est pas tous les jours que Jean-Charles Sabattier et Patrick Guillou commentent une rencontre de foot amateur … As-tu senti les joueurs un peu inhibés par l’événement ?
Pas du tout ! Parce que du côté de Ruffiac, ils ont vécu ce superbe parcours en Coupe de France. L’aspect médiatique, ils ont dû le gérer une semaine auparavant avec toutes les demandes des journaux, de la PQR, des radios, … Ils étaient tous contents que le match contre Lorient commence tellement il avait été énergivore en amont. L’expérience de la semaine précédente leur a permis d’aborder sereinement leur rencontre contre Bruz. Et puis il y a eu le discours fédérateur du coach de Ruffiac, qui voulait voir comment son équipe allait réagir à l’élimination en Coupe de France. Surtout après deux contre-performances en championnat. C’était un match tournant pour eux, un match charnière. Face à une équipe qui, globalement – et ils en étaient bien conscients dans l’avant-match – était footballistiquement plus forte qu’elle.
Sans spoiler le reportage (diffusion dans le courant de la semaine prochaine, ndlr), Jean-Charles Sabattier nous a-t-il gratifié d’envolées dont il a le secret ?
Effectivement, Jean-Charles a eu quelques envolées comme sur le but égalisateur de Bruz. On l’entend aussi sur un arrêt sur coup-franc de Florian Le Breton, le gardien de Ruffiac. On a vraiment commenté de la même façon que d’habitude ! Sauf que dans la prononciation, il y a plus de noms à consonances bretonnes qu’allemandes (sourire).
C’est plus facile à prononcer en Bundesliga ?
Par respect pour les noms et pour les pays, quand on commente, on essaye d’avoir la prononciation adéquate. Peut-être qu’il nous est arrivé d’écorcher quelques prénoms typiquement bretons … Mais on a essayé, encore une fois, d’apporter la même rigueur que sur un match allemand.
Au-delà de l’aspect sportif, ce que tu sembles particulièrement retenir de cette expérience, c’est sa dimension humaine.
Les gens étaient vraiment contents de nous recevoir. En une fraction d’heures, tu as eu, à nouveau, des rapports humains que tu n’as quasiment plus dans le football professionnel moderne. Tu as toujours quelqu’un dans un club qui possède un peu de pouvoir, qui va te dire « Non, ça vous n’avait pas le droit de faire », « N’allez pas sur la pelouse c’est interdit », « Non vous ne pouvez pas poser cette question », … Du coup, tu as une barrière professionnelle qui se dresse. Sans faire le vieux guerrier, à mon époque de joueur, il y a des journalistes qui descendaient dans le vestiaire, on pouvait dire ce qu’on voulait. Aujourd’hui, les caisses de résonnance sont différentes avec les réseaux sociaux. Mais à la base, nous sommes tous venus d’un match qu’on a commenté hier. C’est le plaisir qu’il y a eu sur ce match-là, même si oui, techniquement et tactiquement, c’est moins fort qu’en professionnel.
L’opération sera renouvelée ?
Dans le cadre de beIN Squad, il va y avoir une série de sept reportages. Celui-ci était le premier. Sur le premier, on dit toujours qu’il faut être indulgent parce qu’on essuie les plâtres, on essaye de sentir les situations, on se demande si les clubs vont jouer le jeu … Il y a toujours un peu d’appréhension de chaque côté. Mais si essuyer les plâtres c’est qu’on a vécu dimanche, c’est plus qu’une bonne pâte ! T’as pas mis les fondations en place, t’as déjà mis les rooftops, tu vois ? Ce qu’on a vécu dimanche, c’est un truc de fou ! Je me suis retrouvé avec mon âme de gamin, à chanter avec les gars dans le vestiaire, à prendre le micro devant le kop … Alors oui, ce n’est pas un kop de 35.000 personnes hein. Mais l’ambiance était tellement bienveillante, tellement chaude malgré les conditions climatiques. Tout le monde est resté jusqu’à la fin, abrité sous la buvette. Un truc à l’ancienne, quoi. On a l’impression que les moments vécus dimanche sont surannés, alors que nous sommes dans notre siècle. C’est le football que j’aimais quand j’étais gamin et qui m’a donné envie de jouer. Et encore : si on avait accepté tous les canons qu’on nous a proposé, on serait encore à la buvette. Les gens ont la main sur le cœur. C’est là qu’on voit le côté fédérateur du foot, et surtout l’importance d’un club de football pour tisser le côté social d’un village, d’une ville. Il y a quelque chose qui se passe autour d’une buvette ou d’un bord de terrain, des interactions sociales entre les uns et les autres. C’est comme si tu étais à une veillée et que tout le monde se réunissait autour du feu. Et ça, c’est génial. J’espère vraiment que durant les sept minutes du reportage, on parviendra à faire ressentir les émotions et les ondes positives vécues dimanche. C’est un instantané de la vie auquel on a eu le droit.
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