Les mots saisissants de Pastore sur l’évolution du football

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Parisfans.fr

·11 September 2025

Les mots saisissants de Pastore sur l’évolution du football

Javier Pastore, ancien milieu offensif de l’Argentine et du Paris Saint-Germain (2011-2018) notamment, a raccroché les crampons en 2023 et se lance dans une nouvelle carrière dans le football. Pas celle d’entraîneur, mais plutôt un poste au sein de la direction. Lancé dans la formation avant de prendre un poste (même s’il a déjà eu des offres), El Flaco s’est confié auprès de L’Equipe. Il a notamment expliqué ce qu’il regrette dans l’évolution du football et ce qu’il aimerait changer.

Pastore « trop jeune, l’argent t’éloigne de la passion pour le football. »

« Il y a une chose que je regrette dans le sport : c’est que trop jeune, l’argent t’éloigne de la passion pour le football. Si un garçon de 18, 19 ans gagne 10 M€ par an, comment peut-il mettre la passion au premier plan ? Quand tu gagnes autant, il y a forcément des personnes qui se rapprochent de toi. On te parle d’investissements, de dix mille choses, mais on ne te parle plus de football. Moi, j’ai joué toute ma vie pour le foot. Les investissements, tout le reste, c’est après. Comment corriger cette évolution ? Cela passe par la formation. Il faut redonner goût au football. Aujourd’hui, on pense avant tout à créer un style de joueur pour le vendre ensuite. On ne pense plus assez à quelle qualité telle ou telle personne a pour devenir un joueur de foot différent.

Pastore « Il faut donner aux jeunes le droit de se tromper. »

On prépare des athlètes trop jeunes pour les faire jouer au foot. Je le vois avec mon fils qui a 7 ans et joue dans un club de quartier. J’entends parfois des entraîneurs dire aux enfants comment faire une passe, comme s’il n’y avait qu’une seule manière. Mon fils aime faire des passes de l’extérieur. S’il veut la faire de l’extérieur, pourquoi lui dire non ? Il faut donner aux jeunes le droit de se tromper. Tu ne peux pas apprendre si tu ne fais pas d’erreur. Si tu dis tout le temps de jouer à une ou deux touches, que fait un joueur dans une situation d’un contre deux ou trois, dans un petit espace ? Il jette la balle ? Parce que les jeunes ne savent plus assez dribbler.

Pastore « Je n’ai jamais utilisé le téléphone dans le vestiaire. Pour moi, le vestiaire était un lieu d’échanges. »

Ne redoutez-vous pas de tomber de haut quand vous allez revenir dans un club par rapport à l’état d’esprit des joueurs d’aujourd’hui ? J’aimerais essayer de changer petit à petit cette mentalité, de leur faire vivre le football de façon différente. Aujourd’hui, le foot est un travail. Tu vas deux, trois heures au centre d’entraînement, tu pars, tu vas jouer le week-end, tu gagnes de l’argent et c’est fini. Je l’ai vécu, ça, lors de mes deux ou trois dernières années de carrière. Tu arrives à l’entraînement et ils sont trente garçons, comme ça, sur leur smartphone à regarder les réseaux sociaux ou je-ne-sais-quoi, sans se parler. Je n’ai jamais utilisé le téléphone dans le vestiaire. Pour moi, le vestiaire était un lieu d’échanges. »

On comprend assez facilement la position de Pastore, surtout qu’il a toujours été un joueur plein d’instinct. Et beaucoup moins de puissance physique. Ce qui a tendance à être plutôt rare aujourd’hui, même s’il reste des joueurs avant tout créatifs. Mais il y a un bagage physique à avoir pour jouer au plus haut niveau. Ce que l’on peut comprendre, avec l’importance du pressing, les efforts à répéter, etc. Il ne faut cependant pas détruire les qualités des joueurs.

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Le football se joue avec des efforts collectifs, bien sûr. La défense n’est pas à négliger, évidemment. Il y a des « façons » d’attaquer, certes. Cependant, il y a aussi le plaisir des joueurs, leur créativité, leur capacité à surprendre. Ce sont aussi des éléments à conserver, à développer même. Pastore incarnait parfaitement ces qualités et saura certainement transmettre son idée du football.

On sent aussi une vraie importance pour lui dans le partage avec les coéquipiers et toutes les personnes autour. Il ne s’agit pas seulement de venir au club, faire son entraînement et repartir. Il faut vivre le moment, profiter. Sans oublier le staff, les intendants et autres personnes impliquées. On ne peut qu’aimer ce football de passion et de liens forts. C’est l’idée principale, avant l’argent et les réseaux sociaux.

Même si cela fait partie du « jeu » aujourd’hui, notamment pour les professionnels. C’est logique, c’est un métier et il faut avoir des revenus. Mais attention à ne pas perdre de vue le plaisir de jouer au football au quotidien et pendant les matchs. Ce n’est pas pour rien que l’on a vu certains joueurs à la carrière éphémère, alors que leur talent semblait les destiner à autre chose.

On ne peut que souhaiter à Pastore de réussir à trouver sa place dans un club afin d’installer sa philosophie. Pour cela, il peut compter sur l’aide du PSG.

Pastore accompagné par le PSG.

« Nasser al-Khelaïfi sait-il que vous suivez cette formation ? Oui. Et il me permet de parler avec les personnes qui travaillent pour lui. J’ai eu la chance de faire beaucoup de choses pour le PSG, comme ambassadeur du club. C’est un espace important. Quand je côtoie le marketing et les sponsors, j’apprends. Nasser m’invite souvent à l’ECA (l’Association européenne des clubs), aussi pour parler avec les autres présidents, les directeurs sportifs. Au PSG, Yohan Cabaye, le directeur sportif du centre de formation, m’a invité pour observer le fonctionnement, voir les féminines, se rendre dans les bureaux, faire un tour complet. J’irai. J’ai parlé également avec Luis Enrique (il sourit). Je lui ai dit : « Laisse-moi voir les entraînements, je me mets là, sur le côté. »

C’est toujours très appréciable de voir le lien qui s’est installé entre Pastore et le PSG. Il y aura toujours l’immense regret des blessures de l’Argentin, ne le laissant pas s’exprimer pleinement. Mais il n’y aura jamais de doute sur son amour pour le club et son investissement, et le PSG n’hésite jamais à mettre en avant son ancien joueur ou à l’aider.

Bien sûr, on peut déjà envisager une place pour l’Argentin un jour à Paris. Sauf qu’il n’y a rien pour le moment et il insiste dans l’interview sur le fait de finir ses formations d’abord. Il ne veut pas se précipiter et se rater, où que ce soit.