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·19 novembre 2024
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Propulsé manager général du RC Lens après le départ de Florent Ghisolfi, Franck Haise avait fait le choix, six mois avant son départ de l’Artois, de quitter ces fonctions pour retrouver un costume moins exigeant d’entraîneur de l’équipe première. Aujourd’hui à Nice, le technicien de 53 ans s’en explique et met en lumière la charge à laquelle son corps de métier est exposé.
À l’écouter, il ne semblait pas si loin du burn-out, et encore plus de l’année sabbatique. L’hiver dernier, quand la redéfinition de son rôle dans l’organigramme du RC Lens avait été actée, Franck Haise avait évoqué une volonté de se « préserver (son) énergie » et de se « reconcentrer sur son coeur de métier ». Presque un an après cet épisode marquant dans sa carrière, l’actuel entraîneur de Nice est revenu sur les contours de cette décision auprès de L’Équipe dans un long entretien centré sur la charge mentale et le surmenage.
RC Lens : « Là et bien là », Franck Haise voulait se « reconcentrer sur son coeur de métier »
« À l’été 2023, j’avais coupé physiquement mais pas suffisamment sur le plan psychologique, embraye l’ancien coach du RC Lens. Ensuite, il y a eu un premier enchaînement de matches, un mercato tardif, des choses à faire dans l’urgence, un début de saison avec des résultats compliqués. Et après la trêve de septembre, il y a eu l’enchaînement fort des matches. Il y avait très peu de moments de coupure et j’ai senti que la fatigue… Je sentais à un moment que mon énergie était moindre. Et puis, il y avait aussi le poste de manager, très intéressant pour avoir un regard transversal sur un club mais qui prend aussi de l’énergie. Parce que les comités de direction, les comités sportifs qu’on avait mis en place chaque veille de match après le dîner… Vous cumulez tout ça, vous ajoutez 500 interventions médias par an, et vous ne coupez jamais, psychologiquement. »
Autant de responsabilités et de prérogatives pour un coach qui, comme le RC Lens à l’échelle contemporaine, découvrait la Ligue des champions, son exposition et ses cadences infernales. « Vous faites des nuits de plus en plus compliquées, vous sentez que vous n’avez pas bien récupéré et, quand vous vous levez le matin, l’énergie que vous avez, ce n’est pas celle que vous avez habituellement, se souvient-il. J’avais écouté Arsène Wenger, qui était intervenu à la Fédé une fois et avait dit que quand il se sentait en manque d’énergie le matin, il pouvait, même à l’entraînement, laisser vraiment son staff agir et finalement très peu parler. »
Après des mois à tenter de s’accommoder de ce nouveau rôle, Franck Haise ne tient plus le choc. « Il y a eu un moment de bascule sur le fait que je décide d’arrêter le poste de manager, pose-t-il. Je faisais beaucoup moins mes balades, beaucoup moins de reconnexions à la nature, je zappais même le yoga alors que ça me faisait du bien. Entre décembre et début janvier, j’ai su qu’il fallait que je prenne une décision. Parce que je suis arrivé en vacances vraiment fatigué. Pendant une rando, et même plutôt une balade, je me suis pété fort le quadri en glissant. À peu de chose près, c’était l’opération. Sur un truc tellement anodin… Sur une glissade, tu ne te fais pas un truc comme ça. Ça veut dire que ton corps est en train de te parler. »
Cet hiver, je n’avais pas l’idée de l’année sabbatique. Plutôt de faire une coupure sur le poste d’entraîneur mais en gardant le poste de manager.Franck Haise, à propos de son surmenage
Ajoutez à cela deux jours de masterclass « très intéressants » au centre de recherche de la DTN consacrés à la gestion du stress chez les managers, et toutes les conditions sont réunies pour valider cette décision. « À ce moment, je n’avais pas l’idée de l’année sabbatique. Plutôt de faire une coupure sur le poste d’entraîneur mais en gardant le poste de manager, assure Franck Haise. Quand je suis revenu, après quelques jours de réflexion, discuter un peu avec mes proches, je me suis dit non, j’aime trop entraîner. Et puis c’est ce que je maîtrise le plus, surtout. Et là j’ai pris la décision d’arrêter le poste de manager. »
Un choix pour le moins fructueux : « Ça me faisait gagner 20 % de temps et de charge mentale. Mais c’a été direct une reprise d’énergie. Vraiment. Je me suis dit là, j’ai fait le bon choix. Je n’avais pas dormi trois heures de plus la nuit d’avant, je n’avais pas plus pris le temps de faire mes routines. Mais tout de suite, j’ai eu un regain d’énergie ». Un regain confirmé du côté de Nice, où l’ancien technicien lensois a mis en place une routine bien plus saine sur la durée, comme il l’explique dans cette longue interview à retrouver en intégralité sur L’Équipe.
Crédits photo : Baptiste Fernandez/Icon Sport